Un bistrot dans les nuages
128 pages
Français

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Un bistrot dans les nuages , livre ebook

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Description

Histoire extraordinaire que celle de Jojo, parti à moto un matin. Un virage, un arbre et puis plus rien ! Sauf que non...


Plus vivant que mort, dans son nouveau statut d’intermittent de l’au-delà, et doté d’un bistrot très particulier, il nous conte ses interventions auprès des humains.


À travers ses aventures et de pittoresques rencontres, comme Einstein ou Jésus, sans oublier Coluche, ce guide singulier nous questionne.


Et si c’était nous-même que nous rencontrions...

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 22 juillet 2021
Nombre de lectures 0
EAN13 9782381536736
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0067€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Un bistrot dans les nuages
La SAS 2C4L — NOMBRE7,ainsi que tous les prestataires de production participant à laréalisation de cet ouvrage ne sauraient être tenus pourresponsables de quelque manière que ce soit, du contenu engénéral, de la portée du contenu du texte, ni dela teneur de certains propos en particulier, contenus dans cetouvrage ni dans quelque ouvrage qu’ils produisent à lademande et pour le compte d’un auteur ou d’un éditeurtiers, qui en endosse la pleine et entière responsabilité.
Marie Guillon





Un bistrot dans les nuages
Tout mortel a le sien, cet ange protecteur,
cet invisible ami veille autour de son cœur.
Alphonse de Lamartine
1
Jojo
Je suis mort le13 septembre 1953.
Enfin j’croyais…
Pardon, je me présente,moi c’est Jojo. Simple et sans histoires. En fait si, j’enai une de belle à vous raconter. Le genre d’aventureabsolument extraordinaire qui n’arrive qu’une fois dansune vie. En général à la fin, voyez. Un trucvraiment balèze qui m’a donné des ailes. J’aieu du mal à réaliser au début, et puis je mesuis dit : partage, mon Jojo, partage, tu ne peux pas garder çapour toi. Je devais vous raconter des bribes de ma non-existence.Alors voilà…
Je vous rassure, avantcela j’étais un garçon de dix-huit ans tout cequ’il a d’ordinaire. Pas une beauté, pas laid nonplus, plutôt drôle et bien élevé, merci,bonjour, au revoir, pardon, merci papa maman. Je me consacrais corpset âme, surtout le corps, à mes deux passions : lesjolies nanas et la motocyclette. À cet âge où estle mal ? J’avais du succès auprès desfilles, elles me disaient gentil et pas compliqué. Enfant,j’avais poussé comme un champignon, obéissantpar-devant, un vrai bêtisier par-derrière, jamais maladeà part une rougeole carabinée à cinq ans. Làoù je suis à présent, je conserve quelquessouvenirs d’avant, mais cela ne durera pas, alors je souhaitevous les livrer avant qu’ils ne s’inscrivent àjamais dans le Grand Livre. Ainsi, vous connaîtrez un peu leJojo d’avant.

Ma plus grosse bêtiseremonte à ce vendredi de Pâques de 1943 où, duhaut de mes huit ans, j’avais entraîné mes copainsdans une chasse un peu particulière. Le butin étant lesclés de la ruelle ! Toutes celles que nous pourrionsdénicher remplaceraient les œufs colorés auxpelures d’oignon et les sachets de friture en chocolat. Celan’avait rien de compliqué à l’époque,les digicodes n’existaient pas et le mot confiance recelaitencore sens et valeur. Les voisins planquaient leur sésamesous un paillasson ou un pot de fleurs à l’envers, lependaient à un clou, derrière un volet ou ledissimulaient dans une fissure de mur. Pendant la messe, nousfaufilant telles des fouines curieuses, nous en avions rafléune belle quantité en à peine une heure, sans oubliercelles des cabanes au fond des jardins mitoyens, et avions courubalancer le tout dans le lavoir. Pourquoi ici ? Pourquoi pas ?Ah, il en aura abrité des fredaines, ce lavoir…Malheureusement, Gabriel, le nigaud puissance dix de la bande,perdit la seule qu’il avait réussi à chaparder.Celle du bourrelier, parti livré des harnais au haras desBrousses pendant que Madame s’agenouillait tant bien que mal àl’église. Enceinte de leur troisième enfant, elleapprochait du terme, mais pas question de rater la messe un vendredisaint. Et rester debout lui aurait valu le courroux à peinevoilé du Père Montinet.
Ce grand efflanquéà la voix de stentor arborait d’une part une moustachede sinistre réputation, et d’autre part appliquait desméthodes fort catholiques mais peu chrétiennes. Lesenfants l’appelaient Martinet, c’est vous dire, et jevous épargne les caresses en douce dans la sacristie, dontpersonne ne devait causer sous prétexte de finir rôtidans le four à Satan ! Dans ses culottes courtes, leJojo, avait les yeux et les oreilles à la traîne departout. Un soir après la messe, j’avais pousséla porte entrebâillée et surpris la main du curédans le short du fils du garde-champêtre. Je m’étaisenfui sans tout comprendre du manège, mais l’image d’unPierrot figé, le regard vide et pluvieux, m’avaitconvaincu que c’était mal. Au coucher, perturbé,je refusai de faire ma prière, signant le plus gros caprice dema période enfantine. Ma mère en fut mortifiée,son rêve de me voir intégrer la troupe des enfants dechœur piquait du nez dans l’eau bénite. Je ne luiai jamais rapporté les agissements du curé, foi deJojo, cependant, plutôt mourir que de passer l’audition !Ne comprenant pas mon entêtement, elle me conduisit plusieursfois elle-même au catéchisme. De force. Dèsqu’elle avait tourné les talons, je demandais àfaire pipi et je prenais la clé des champs.
Mais en ce vendredi desPâques, d’autres clés faisaient la une…
Quand, les uns aprèsles autres, les habitants rentrant du labeur réalisèrentnotre forfait groupé, ils se rassemblèrent au milieu deleur ruelle commune, à hauteur du lavoir. La marmaille futsommée de rappliquer séance tenante sous peine d’êtreramenée par les oreilles. Au pied ! Nous n’enmenions pas large, fixant nos godasses, la queue entre les jambes.Sauf Freddy le rouquin qui gloussait bêtement, son béretà la main. Et Marguerite, Simone et la grande Marcellineévidemment, de vrais garçons manqués, cestrois-là ! Sans surprise, les soupçons seportèrent d’abord sur qui ? Sur mézigue, surle Jojo, connu pour dissiper ses camarades en classe. Gaby pleurait,tellement apeuré qu’il en avait mouillé sonpantalon à carreaux. Il faisait peine. Le bourrelier étaitau bord de l’apoplexie.
— Sije l’attrape, le morveux qui m’a joué un tourpareil, je vais lui passer l’envie de recommencer, qu’ilse dénonce ou préparez vos fesses, hurlait-il saceinture à la main. Je tardais encore à avouer.
Il faut le comprendre,non content de lui avoir chapardé sa clé, Gaby – vasavoir ce qui lui était passé par le crâne –avait fermé la porte à double tour avant de déguerpir.Et hop, pour le fun, comme vous dites à présent. Lebrave homme avait toqué chez la voisine d’en face, peuloquace.
— L’aivue partir à l’église, vot’ femme, c’esttout.
Il questionna Germaine,la concierge du quartier, l’équivalent de vos camérasde surveillance d’aujourd’hui. Exceptionnellement ellen’avait rien vu, clouée au lit plutôt qu’àsa fenêtre par une crise de goutte.
— Encore uncoup de ces petits voyous, ils ne savent plus quoi inventer commepolissonneries, lui avait-elle crié à travers la porte.
Comble de scoumoune, laMaryvonne avait perdu les eaux pendant la communion ! Aprèsmoult génuflexions sous le regard noir du curéallergique aux affaires de bonnes femmes, elle s’étaitsauvée par la petite porte, soutenue par le tailleur et safemme. Les braves gens proposèrent de la ramener dans leurrutilante Panhard Dyna Z noire. Un crochet par le chemin des acaciaspour alerter le docteur, et celui-ci les suivit dans sa 4CV grisetout juste sortie des ateliers Renault. Hélas, rendue àdestination, branle-bas de panique : la femme du bourrelieravait aussi trouvé sa porte close. Le futur bébéfrappait fort à la sienne, elle devait absolument entrer pourrécupérer son nécessaire de naissance. Aprèsavoir escaladé un muret accédant au jardinet àl’arrière de la maison, le tailleur péta uncarreau de fenêtre et réussit à s’introduirepar la souillarde. Ensuite, ils avaient rapatrié Maryvonnedeux rues plus loin, chez Clarisse, son amie couturière.Edwige avait pointé là le bout de son nez, tandis qu’onnous récitait le chapelet de nos punitions. Ma mère meramena à la maison par le bout de l’oreille et là,mon père encore aux champs, elle se chargea de m’administrerla fessée du siècle. Elle avait la main leste.Inévitablement son laïus préférésuivit, celui sur Saint Pierre et ses clés du paradis, ce versquoi il fallait tendre.
— Jure surla bible familiale de ne jamais rejouer pareil tour de cochon àquiconque !
Je jurai, on ne saitjamais…
À l’école,friand de récréations et de liberté, je brillaispar mon attitude tantôt dissipée, tantôt rêveuse.Depuis la fenêtre, rien ne me captivait autant que l’enginde l’instituteur. Oh la, ne vous méprenez pas, l’avaitpas viré sa cuti, le Jojo ! Je matais seulement sonvélomoteur Pe

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