Figures de Style De La Fontaine à Booba
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Figures de Style De La Fontaine à Booba , livre ebook

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Description

N'en déplaise à Zemmour, les figures de style sont partout ! Elles se cachent dans les livres, bien sûr, mais aussi dans les textes de rap, les films, les sketches, les publicités… Alors pas question de se contenter des classiques ! Comme l'a dit Rimbaud lui-même : "Il faut être absolument moderne !". Vous croiserez donc ici : Booba près La Fontaine, IAM aux côtés de Baudelaire, Hugo collé à TSR, Lucio devant Bukowski ou encore Jean-Rictus face à Vîrus, histoire d'apprendre à reconnaître toutes ces figures dans un style ... "à la fois fois old-school et moderne comme un texto de ta grand-mère"(Fuzati). Pour le prix d'un kebab vous aurez au menu : 60 figures de style expliquées et illustrées avec 120 exemples classiques et rapologiques, 90 rappeurs et 70 auteurs classiques cités, 60 exercices corrigés pour s'entraîner et 100 punchlines de rap en bonus, ça vaut le coup de sauter un repas !

Informations

Publié par
Date de parution 07 juin 2019
Nombre de lectures 42
EAN13 9782379790324
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0007€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Figures de style :
De La Fontaine à Booba
ISBN : 9782379790324
© Valentin Martinie


À mes figures tutélaires :
Maternelles et Paternelles.
Dédicace à Jean-Poule,
Qui fait consonner
Les Lettres et
Saint-Pourçain-sur-Sioule


Lettre à Éric Zemmour
Cher Monsieur Zemmour,
Je tenais à vous remercier car vous m’avez offert l’autre jour un magnifique exemple d’ hyperbole en déclarant à la télé : « le rap est une sous-culture d’analphabètes 1 » !
Votre formule est un véritable cas d’école, et je voudrais la soumettre à mes lecteurs, en exposant de la manière suivante tous les procédés stylistiques d’exagération que vous utilisâtes :
1° L’article défini : vous dites « le rap », comme s’il s’agissait d’un genre musical parfaitement homogène, et l’astuce est géniale, parce qu’elle permet de mettre tous les rappeurs dans le même sac ! (Je vous avoue que, moi aussi, quand j’entends Christophe Maé, j’ai envie de cracher sur la chanson française !)
2° Le présent gnomique 2 : en amorçant cette formule par « le rap est » , vous faites valoir avec raison votre savoir encyclopédique, et la définition brillante qui s’annonce dissuade illico les imbéciles et les incultes (ça va souvent de pair, évidemment) de donner leur avis !
3° Le préfixe sous- : accolé au mot « culture », il rappelle à juste titre l’infériorité culturelle des rappeurs face à Rimbaud. Effectivement, notre grand Poète ne rappait pas, Lui ! Alors il s’agirait pour ces troubadours sauvages d’éviter toute comparaison ! (À ce titre, j’attire votre attention sur un « vers » scandaleux de Booba, dans lequel il ose affirmer : « J’suis meilleur que Molière 3 »… Non mais, oh… ! J e crois bien que s’il n’était pas si musclé, je lui mettrais mon poing dans la figure … ! )
4° Le mot analphabètes : c’est à peine exagéré. Comme le rap est un genre très oral, on peut tout à fait imaginer que les rappeurs ne sachent ni lire ni écrire… Peut-être même qu’ils emploient des nègres … Qui sait ? C’est peut-être Jean-Jacques Goldman qui écrit toutes leurs chansons… ? (Vous qui connaissez du monde, ça vous embêterait de lui demander ?)
Voilà, j’espère n’avoir rien oublié. Le cas échéant, auriez-vous la bonté de m’apporter vos lumières sur cette admirable figure de style ?
Merci infiniment,
Je vous prie, Monsieur, de bien vouloir garder la pêche.
V.M.


1 Emission « L’Hebdo » diffusée sur France Ô le 27/12/08.

2 Rien à voir avec les gnomes, c’est le nom savant du présent de définition.

3 Booba, « Garde la pêche », Ouest Side, 2006.




Qu’est-ce qu’une figure de style ?
Comme dit le rappeur Lucio Bukowski, les figures de style sont des « effets spéciaux 4 ». Ce sont des procédés linguistiques qui ajoutent une dimension par rapport à l’expression la plus plate qui soit. Ce sont des techniques verbales qui permettent de dépasser le « niveau zéro » de la parole, et de produire des « sensations fortes » sur notre auditoire. Prenons tout de suite un exemple : Proposition 1 : « J’ai très froid. »
Ici, le style est neutre. Sujet, verbe, complément, terminé, bonsoir ! Prop. 2 : « L’hiver entier vraiment me dévore. »
Dans cette seconde tournure, en revanche, il y a manifestement un travail sur la forme : le froid est maintenant évoqué par le mot « hiver » ( métonymie ). L’hiver est d’ailleurs présenté comme une bête sauvage ( métaphore ), qui « dévore » le locuteur. La force de cette image est encore amplifiée par l’adjectif « entier » ( hyperbole ), et par l’adverbe « vraiment », qui est en outre placé de manière inhabituelle dans la phrase ( inversion ). Enfin, on pourrait ajouter que l’ allitération en « vr » imite le bruit d’un frisson ( harmonie imitative ), mais faut pas déconner non plus…
Ce que je voulais vous montrer, c’est qu’une même idée peut s’exprimer sous des formes très différentes 5 . Et ces formules créent chacune, par le sens et/ou par le son, des impressions particulières. Voilà pourquoi Flaubert testait inlassablement ses textes à voix haute, dans une pièce qu’il appelait son « gueuloir »...
Et, l à-dessus, sachez que nous sommes tous comme Flaubert. Conscients du pouvoir des mots, nous choisissons nos paroles avec soin, et, tous les jours, nous employons des figures de style ! (S i, si, même quand un « tu fais chier ! » nous échappe, sachez que c’est une métaphore .) Le problème, c’est qu’il y a toujours un écart entre le résultat que nous visons et l’effet réellement ressenti par nos interlocuteurs. Il faut donc distinguer trois choses dans l’analyse des figures de style :
A. le procédé stylistique employé par l’auteur ;
B. l’effet recherché par l’auteur ;
C. l’effet produit sur le public.
A. Le procédé stylistique utilisé par l’auteur
Pas de chance, les figures de style sont quasiment toutes répertoriées depuis l’Antiquité, et c’est justement pour ça qu’elles ont des vilains noms de maladie… Mais c’est trop tard pour changer, et il va falloir retenir un peu de vocabulaire pour faire plaisir aux professeurs de français…
Cela dit, comme je suis un mec sympa, j’ai codé un algorithme pour vous les classer par ordre alphabétique. Et puis j’ai essayé de varier les plaisirs. À c haque page, vous trouverez une figure de style accompagnée d’une définition et de deux exemples bien différents : une citation tirée d’une œuvre classique 6 ; une citation tirée d’un texte de rap (ou, comme disait Aristote, d’un texte rapologique .)
Et, vu que je suis un mec vraiment sympa, des exercices corrigés vous attendent à la fin du bouquin (p. 75), pour apprendre à reconnaître toutes ces procédés stylistiques .
B. L’effet recherché par l’auteur
Une fois que vous avez repéré une figure de style , le travail n’est pas terminé. Il faut encore chercher ce que l’auteur a voulu exprimer grâce à ce procédé. S’il a choisi d’utiliser une métaphore , par exemple, c’est bien que cette image exprime pour lui quelque chose de précis. Et si l’image vous semble un peu floue, peut-être que vos connaissances (biographie, contexte historique…) vous aideront à y voir plus clair.
Néanmoins, l’analyse littéraire repose aussi sur l’interprétation, car il est impossible de connaître avec certitude les intentions d’un auteur quand celui-ci n’est pas là pour nous en parler. D’ailleurs, l’auteur lui-même ne sait pas tout ce qu’il dit à travers une métaphore … Il a beau maîtriser son style, une part mystérieuse d’inconscient s’exprime malgré lui. Et ça, c’est une raison de plus pour faire confiance à vos sensations de spectateur !
C. L’effet produit sur le public
Et oui, les effets ressentis à la lecture ou à l’écoute d’un texte varient nécessairement d’une personne à une autre. Notre sensibilité est faite d’ un corps, d’ une imagination, d’ un sens de l’humour, d’ une culture, d’ une histoire personnelle, et d’ un rapport intime aux mots. Voilà pourquoi le commentaire littéraire n’appelle pas une seule bonne réponse, pourquoi c’est aussi une affaire de goût !
Bref, entraînez-vous avec n’importe quel texte, qu’il soit classique ou rapologique , mais n’oubliez pas qu’après avoir identifié un procédé stylistique, il faut encore répondre à ces deux questions fondamentales : « Qu’est-ce que l’auteur veut dire par-là ? » et « Quel est l’effet que ces mots produisent sur moi ? »
Allez, c’est parti ! Première figure …


4 « Les seuls effets spéciaux que je maîtrise sont des figures de style » (Lucio Bukowski, « Stalker », Requiem / Nativité, 2017)

5 Pour une démonstration plus fournie, voir les Exercices de style de Raymond Queneau.

6 Pour avoir une meilleure idée de la notion de classique, je vous renvoie à l’excellent article du Dictionnaire des idées reçues de Flaubert : « Classiques (l

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