La malédiction des serpents de mer
148 pages
Français

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La malédiction des serpents de mer , livre ebook

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148 pages
Français

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Description

Alors qu'elle mène une vie (trop) paisible avec son père adoptif, la jeune Nel est enlevée par un dangereux capitaine. Il lui apprend qu'elle abrite l'âme de la Reine des Serpents de mer, de redoutables créatures qui sèment la désolation. Elle découvre également que son père adoptif était un pirate, victime des Serpents de mer. Pour les empêcher de s'emparer de Nel, il va fuir le navire avec d'anciens compagnons pirates. S'ensuivront des batailles sur mer et sur terre, des rencontres avec une sorcière, des bêtes sanguinaires, des fantômes. Sans oublier le capitaine, bien décidé à se venger...

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 30 novembre 2020
Nombre de lectures 2
EAN13 9782733891919
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0450€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

© Éditions Auzou, 2019
24-32, rue des Amandiers, 75020 Paris
 
Mise en pages : IGS-CP
 
Tous droits de traduction, de reproduction et d’adaptation strictement réservés pour tous les pays.
Loi n o  49-956 du 16 juillet 1949 sur les publications destinées à la jeunesse,modifiée par la loi n o  2011-525 du 17 mai 2011.
Dépôt légal : avril 2019
Imprimé en Serbie.
Produit conçu et fabriqué sous système de management de la qualité certifié AFAQ ISO 9001.
 
1
— Qu’est-ce que j’aimerais savoir siffler ! soupira Nel.
Le Flamand avala de travers sa gorgée de soupe et recracha tout sur la table en toussant.
— Et d’où te vient cette idée ? parvint-il enfin à articuler.
Le tonnerre roula au-dessus des toits de Maracaibo.Nel, pensive, fit le tour de la table pour aider son pèreadoptif à nettoyer les taches de soupe.
— Je ne sais pas. Parfois, je rêve que je sais siffler. Etpuis je me réveille et je me rappelle que j’en suis incapable.
— Ce n’est pas si terrible, tu sais. Il y a des tas de genstrès bien qui ne savent pas. Ta mère a toujours considéréque c’était de la dernière impolitesse ; et puis ça portemalheur. Ne te risque pas à apprendre. Tu ferais lever unetempête, ou bien c’est le Cornu en personne qui nous rendrait visite ! Va barrer la porte. Il est temps d’aller dormir.
Le Flamand semblait effrayé et Nel, habituée à ses accèsde superstition, préféra lui obéir sans discuter. Il pouvaitfinir par se fâcher, et décider de punir la jeune fille en luiinterdisant de sortir de la maison pendant plusieurs jours.La mère de Nel, Marieke, n’était plus là pour arrondir lesangles entre eux.
Nel soupira de nouveau. Elle ne craignait pas les tempêtes dans leur petite maison au cœur de Maracaibo ;surtout si l’orage permettait de faire diminuer un peu lachaleur qui emprisonnait la ville dans une gangue poisseuse. Tout doucement, s’assurant que son père adoptif nela voyait pas, la jeune fille arrondit les lèvres et souffla. Ellen’obtint qu’un léger chuintement, mais elle crut bien avoirréussi à siffler, sur la fin. Elle n’osa pas recommencer alorsque le Flamand s’agitait dans la cuisine.
Dehors, une pluie torrentielle tambourinait sur la ville,traversée de temps à autre par la lueur d’un éclair. L’orageavait duré une bonne partie de la journée et, maintenantque la nuit était tombée, il commençait tout juste à faiblir.Un temps à décourager les passants et, du même coup,les clients. Mauvaises affaires, mauvaise humeur… Sanscompter que le Flamand, qui avait peur de tout, tressaillait au moindre coup de tonnerre et qu’il devait être fatiguéd’avoir tremblé pendant des heures.
Nel cessa d’y réfléchir, s’empara d’un bougeoir et passadans l’autre pièce du rez-de-chaussée : la boutique duFlamand.
À la lueur de la bougie, des dizaines de visages en boispeint apparurent autour de la jeune fille. De grands yeuxfixes soutinrent son regard sombre. Les poupées s’alignaient sur les étagères par douzaines, adossées aux coffrets garnis de pions ou de minuscules soldats. Le Flamandfabriquait également des dés et leurs cornets, des cerceauxet des balles, des chevaux à bascule, des jouets à tirer aubout d’une ficelle, des toupies ; et surtout, il était réputépour ses bateaux miniatures, même s’il n’en créait que surcommande et à des prix exorbitants. Le seul exemplairequi trônait dans sa boutique, dans les ombres au-dessus dela porte d’entrée, s’appelait le Cygne , et pour ce que Nelen savait, il s’agissait de la réplique d’une véritable frégateanglaise, jadis commandée par Henry Morgan en personne.Le Flamand n’avait jamais accepté de vendre le Cygne , nide le mettre en valeur dans un coin plus accessible de saboutique. Il restait accroché là-haut, plein de poussière etde toiles d’araignées, comme une sorte de talisman tombéen disgrâce. Depuis la mort de Marieke, huit ans plus tôt,personne n’y avait jamais touché.
Nel traversa la boutique à pas lents. Elle n’avait pas souvent l’occasion d’y entrer pendant la journée ; le Flamandpréférait qu’elle s’occupe de tenir le reste de la maison, defaire les courses, livrer les commandes et de fabriquer lesrobes de poupées en chiffons et dentelles, installée dans lacuisine, comme sa mère avant elle. Lui régnait en maîtredans cette pièce remplie de jouets. Et dans ses mains agiles,le moindre fragment de bois se changeait en bibelot exquis.
Il naviguait entre son établi et son comptoir, épiant sesclients d’un air maussade, et prenant soin de marcher lemoins possible en public. Une rumeur tenace à Maracaiboprétendait que le Flamand possédait une jambe de boismagique, articulée comme une jambe de chair et d’os, ettout aussi vivante. Certaines personnes curieuses lui rendaient donc visite tout exprès afin de l’examiner, sans s’intéresser à ses jouets. Et le Flamand détestait cordialementce genre de client. Il avait vite fait de mettre les indiscretsà la porte, en leur jetant ses outils à la tête s’il le fallait. Cesconfrontations le laissaient cependant dans un état prochede la panique, et souvent, ces jours-là, il parlait de fermer la boutique et partir s’établir ailleurs, à Carthagènepeut-être, ou encore plus au nord. Mais la perspective dedéménager réellement l’effrayait toujours trop pour qu’ilmette ses menaces à exécution, au léger regret de Nel, quis’ennuyait ferme à Maracaibo.
— Cornelia ! cria le Flamand depuis la cuisine.Dépêche-toi un peu ! J’ai éteint le feu.
La jeune fille ne jugea pas utile de répondre. Elleentendit le Flamand grimper à l’échelle qui menait àl’étage de la petite maison, et bientôt le plancher de sachambre grinça à un rythme irrégulier. Il serait vite couché et endormi.
Nel déposa son bougeoir sur une étagère près de laporte, puis elle jeta un coup d’œil distrait à la fenêtre auxminuscules carreaux de corne.
Un nouvel éclair fendit la nuit. Nel se figea de surpriseen découvrant une silhouette d’homme collée contre lafenêtre.
Il était trop tard pour faire les boutiques ; de plus, larue se trouvait à l’écart du passage habituel des clients detavernes. Aucune personne sensée n’aurait pu se trouverlà par hasard. La jeune fille attrapa la barre de la porte etl’engagea dans les verrous avec fébrilité. Elle n’aimait pasdu tout l’idée que quelqu’un, au-dehors, affronte l’oragepour épier par la fenêtre, sans frapper ni essayer de se faireconnaître.
Elle venait à peine de barrer la porte que de violentscoups de bâton résonnèrent contre le pan de bois.
Au-dessus de sa tête, le plancher grinça tandis que leFlamand, alerté, se hâtait de redescendre.
— Qui est là ? Qu’est-ce qui se passe ? cria-t-il, tout ensaisissant le tisonnier dans la cheminée de la cuisine.
Il n’avait pas encore eu le temps de se déshabiller et ilsemblait aux abois. Nel haussa les épaules. Elle avait déjàsoufflé la bougie et reculé de plusieurs pas.
— J’ai juste vu… une ombre à la fenêtre, répondit-elleà voix basse.
La personne qui frappait à la porte secoua la poignéeet donna des coups de pied. Le Flamand attrapa le bras deNel pour la pousser vers la cuisine.
— Allez-vous-en ! hurla-t-il en espagnol d’une voixchevrotante.
Pour faire bonne mesure, il le répéta en anglais et enhollandais.
— Musaraigne, oh, Musaraigne ! brailla une voixd’homme, en anglais, de l’autre côté de la porte. Ouvredonc à un vieil ami !
— Allez-vous-en ! répéta le Flamand, le visage décomposé. Ah, si seulement Marieke était là… Elle saurait quoifaire…
Un bâton passa à grand fracas à travers la fenêtre. Nelpoussa un cri de frayeur. Le Flamand, se reprenant un peu,lui montra l’échelle dans la cuisine :
— File dans ta chambre. Quoi qu’il arrive, ne faisaucun bruit, ne te montre pas. Compris ?
La jeune fille voulut protester :
— Mais toi, ils vont…
— Je n’ai pas grand-chose à craindre d’eux, bredouillale Flamand en agitant son tisonnier. Toi, par contre, c’estune autre affaire. Alors, disparais !
Nel se plia à son ordre de mauvaise grâce. Elle était persuadée qu’elle aurait pu prendre le tisonnier et charger leshommes qui les envahissaient. Sa mère lui avait donné desleçons de lutte et d’escrime à lui en décrocher les bras ; et,malgré ses réticences, le Flamand avait poursuivi son enseignement. Mais ce soir-là, il n’y pensait pas une seconde etsemblait déterminé à protéger lui-même son foyer.
Le temps que Nel grimpe à l’échelle, le bâton avait finide réduire

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