The Truth - Veux-tu savoir la vérité ?
175 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

The Truth - Veux-tu savoir la vérité ? , livre ebook

-

175 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Description

Pour Sidney, aucun doute : la mort de son père n’était pas un accident. Seul psychiatre de la ville, il connaissait les petits secrets de tous ses habitants… Qui, parmi tous ses patients, aurait eu intérêt à déguiser sa mort en accident ?D'où proviennent les mystérieux textos qu'elle reçoit soudainement après son décès ?Et pourquoi est-ce que June, la fille la plus populaire du lycée, assiste t-elle à son enterrement ?Malgré tout, l’arrivée de June dans sa vie lui donne enfin un aperçu d’une vie plus belle. Malheureusement, les secrets ne restent jamais longtemps dans l’ombre…Une question reste en suspens : Veut-elle vraiment connaître la vérité ?

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 20
EAN13 9791039500425
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0500€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

L’édition originale de ce livre a été publiée en anglais pour la première fois en 2019,
sous le titre « The Truth about keeping secrets », aux éditions Penguin Random House.
Pour le texte © Savannah Brown, 2019
Pour la couverture © Penguin, 2019
Les personnages et lieux cités dans ce livre sont la propriété de l’auteur
et ne peuvent être utilisés sans son autorisation.
Tous droits réservés.
 
© 2020, éditions Auzou
24-32, rue des Amandiers, 75020 Paris – France
 
Pour l’adaptation française de la couverture : La bonne adresse
Mise en pages : IGS-CP
Correction : Catherine Rigal / Caroline Vanhoove
Page 54 : Extrait du poème
« Do not go gentle into that good night » de Dylan Thomas, 1951.
 
Tous droits réservés pour tous pays.
Loi n o  49-956 du 16 juillet 1949 sur les publications destinées à la jeunesse,
modifiée par la loi n o  2011-525 du 17 mai 2011.
Dépôt légal : octobre 2020
Imprimé en Serbie.
Produit conçu et fabriqué sous système de management de la qualité certifié AFAQ ISO 9001.
 


 
 

AUZOU
Chapitre 1
Voir le corps est censé être libérateur. Mais l’hommeaux lèvres rougies n’était pas mon père.
Enfin, si. Mais pas vraiment. Il y avait si peu de monpère en lui que, d’un point de vue émotionnel, on auraitpu comparer cette vision à celle d’un steak géant portantun costume : une sensation d’inconfort et une étrange fascination mais, surtout, une envie que ça se termine. Çaparaît insensible. Peut-être que ça l’est. Peut-être aussi quej’avais un peu trop poussé mes recherches : la veille au soir,j’avais passé beaucoup de temps à lire des textes sur l’embaumement des corps afin de m’y préparer et, à présent, laseule chose qui retenait mon attention, c’était ses paupièrescollées, sa bouche cousue et ses membres gonflés engoncésdans des vêtements suffisamment bien coupés pour quetout le monde oublie qu’il ressemblait à une marionnettedu Muppet Show.
Benjamin Whitaker, à savoir mon père, a percuté unpoteau téléphonique tout en roulant à une vitesse approximative de quatre-vingts kilomètres/heure. Virage, impact, disparition. Bon, pas tout à fait, mais « virage, impact,perte de connaissance » n’a pas le même cachet. Le souci,c’était ses poumons. Enfin, leur absence, surtout. Ils ontéclaté comme des ballons, ce qui n’est pas super propiceà la vie. Il a quand même survécu jusqu’à son arrivée àl’hôpital, mais pas tellement plus. Et lorsqu’il n’y a plus eupersonne à maintenir en vie, ils ont essayé de comprendrepourquoi. Les officiels en charge. La police. Une enquêtea été ouverte, mais elle n’a conduit qu’à davantage d’incertitudes. L’avant de la voiture avait pratiquement fondu etil n’y avait aucun moyen de savoir si c’était à cause desfreins défaillants, de sa conduite ou je-ne-sais-quoi. Laseule chose qu’ils ont pu dire, c’était que peut-être il s’étaitendormi ou avait écrit des SMS ou avait voulu se suicider,ou avait percuté une biche ou une personne, ou peut-être,tout simplement, qu’il n’avait pas fait attention.
Je me doute bien que, pour quelqu’un d’extérieur, tousces cas de figure sont probables. Mais aucune de ces personnes ne connaissait mon père.
Au fait, j’ai exagéré. Il n’avait pas l’air si mal. Il avaitl’air bien. Assez pour qu’on le reconnaisse. Sous le fondde teint et le rouge à lèvres rose, on devinait sa barbe detrois jours, figée dans le temps, sa mâchoire carrée et sesmembres ramollis. Mais poser son regard sur sa poitrineétait déconcertant. Un massif montagneux qui se seraitcreusé de part en part, vu que le papier journal roulé enboule sous sa chemise s’était aplati.
Soudain, quelque chose m’a sauté aux yeux.
— Putain, pourquoi il a ses lunettes ?
Ma mère a pivoté vers moi. Elle se rongeait la jouede l’intérieur. Elle était toute rouge : lèvres rouges, blushrouge, cheveux roux noués dans un chignon. Un rougecoulant dans ses veines et qui semblait presque le narguer.
— Pas de gros mots, s’il te plaît.
J’ai dit la même chose, mais avec « Punaise ».
Elle a soupiré, parce qu’elle savait où je voulais en venir.
— C’est un geste symbolique, Sydney.
Je savais que c’était un geste symbolique. Mais parfois,j’aime bien dire des choses juste pour les dire.
Ma mère m’a observée de la tête aux pieds. Elle étaitaussi stoïque que moi ; elle ne pleurerait pas ici non plus.
— Remets bien ta jupe, chérie, tu ne ressembles à rien.
J’ignorais à quoi je ressemblais mais je l’ai crue – elleen savait plus sur les jupes que moi – et donc je me suisappliquée à en lisser les plis jusqu’à ce qu’elle soit satisfaite.Pourquoi se préoccupait-elle de ça ? Aucune idée. (« Oui, lacérémonie était très émouvante mais la partie inférieure decette fille était mal fagotée, vous n’avez pas trouvé ? »)
— Je vais passer aux toilettes avant que tout le monden’arrive, a-t-elle dit. Tu veux venir ?
Ce n’était pas tant une question qu’une recommandation.
— Non, ça va.
Ma mère voulait protester mais c’était comme si le fantôme de mon père lui disait de laisser tomber et elle s’est éloignée, seule. La vilaine moquette étouffait le bruit de sestalons aiguilles.
La maison funéraire Crawford était affreusement déprimante. Un problème de lumière, je pense. L’éclairage jaunâtre se répandait sur des fauteuils trop raides, des faussesplantes en pot et des peintures de lieux bien plus beauxqu’ici. D’ailleurs, ces tableaux étaient la seule chose indiquant qu’un monde existait en dehors de cet endroit ; il yavait des fenêtres de la taille d’un trou de serrure et les horribles motifs baroques sur les murs donnaient l’impressionde vous étouffer peu à peu. Je n’étais pas vraiment claustrophobe mais, dans cet espace, chacune de mes respirationsme coûtait. Mais c’était peut-être là l’objectif – transmettreaux gens le sentiment qu’ils allaient être enterrés.
Rick Crawford, lui, semblait très à l’aise. C’était ledirecteur des pompes funèbres. Il était bien habillé et courtaud et parlait d’une voix traînante. La maison appartenaitaux Crawford depuis des générations et on aurait dit quele type n’avait jamais été un enfant, qu’il était apparu unjour directement sous sa forme adulte. Cela dit, ce n’étaitpas un métier facile. Surtout ici. J’étais à peu près sûre qu’ilavait croisé la moitié des personnes qu’il allongeait sur satable tous les matins. Un peu comme mon père.
Mon père était le seul thérapeute de Pleasant Hills etj’aurais parié que, à eux deux – lui et Rick Crawford –,ils connaissaient la plupart des secrets de la ville. Passés etprésents.
Notre cercle de famille était restreint – les parentsde mon père étaient morts jeunes et ma mère n’était pasproche des siens –, les gens qui entraient m’étaient doncpeu familiers. De vieux amis de mes parents. (« Comme tescheveux ont poussé, waouh, et blond vénitien en plus, ettu as les taches de rousseur de ta mère, waouh, en première,déjà ? Waouh, waouh, waouh. ») Des profs que j’avais euset qui se sentaient obligés. Des brandisseurs de Bible. Desqui marmonnaient. Les femmes que ma mère fréquentaità la gym, à ses rencontres Tupperware, et qui disaient deschoses comme « son temps était venu », encore et encore.Et beaucoup d’étrangers – des patients. Qui nous remerciaient pour tout ce que mon père avait fait pour eux. Jene les connaissais pas, ce qui signifiait que mon père avaitatteint son but : il tenait beaucoup à ce que je reste à l’écartde cette partie-là de sa vie. Des voitures qui se garaientdevant chez nous avant l’école, après l’école, le dimanche,des murmures et des plus-que-murmures en provenancede son bureau fermé, des poids qui tiraient toujours davantage ses yeux cernés vers le bas.
Mais à présent, ils étaient tous là et ils me regardaient,tous. Et n’importe lequel d’entre eux pouvait avoir faitle coup.
 
Olivia et moi, on était meilleures amies par défaut. Onn’avait pas grand-chose en commun hormis le fait que ledestin avait décidé qu’on habiterait dans le même cul-de-sac – elle à trois heures et moi à midi –, mais elle me laissait parler de films et je la laissais parler

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents