ADELAÏDE… ou L’histoire d’une vieille
124 pages
Français

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ADELAÏDE… ou L’histoire d’une vieille , livre ebook

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Description

« J’ai 93 ans et je les emmerde. Mes dernières analyses sont excellentes. Il paraît que j’ai un cœur de jeune fille. Mon médecin dit que je les enterrerai tous ; si ça pouvait être vrai ! ».


Vous aimez l’aventure, les grands espaces, l’imprévu, les rebondissements, la sensualité et l’érotisme. Oubliez... Adélaïde vous ouvre ses pensées et sa vie. Vous pourrez vous nourrir d’ennui, de monotonie, de mesquineries, de rancœurs, de jalousie, d’immobilisme, d’étroitesse, de méchanceté mais aussi de pudeur, de courage et d’humour. Oserez-vous vous inviter dans son quotidien ?

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 27 juin 2018
Nombre de lectures 1
EAN13 9782414244355
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0045€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-414-24433-1

© Edilivre, 2018
Remerciements

Un grand merci à Nathalie, mon épouse, et Christine (qui se reconnaîtra), mes premières lectrices et correctrices.
Matinée du mardi 22 Avril 2008 ou du 34 326 ème jour
J’ai 93 ans et je les emmerde. Mes dernières analyses sont excellentes. Il paraît que j’ai un cœur de jeune fille. Mon médecin dit que je les enterrerai tous ; si ça pouvait être vrai !
Pour mon mari c’est déjà fait, il y a une vingtaine d’années. C’était le 20 septembre 1990. Comme on dit : « le cancer l’a emporté ». Je me souviens, ce fut rapide. Il ne voulait pas rester à l’hôpital. Il faut dire qu’il pensait avoir une mauvaise grippe. Ce que les hommes peuvent être naïfs et sots. Mon entourage m’encourageait à le laisser rentrer mourir chez lui. Franchement, mourir c’est mourir, ici ou ailleurs, quelle importance ! Et puis je n’avais pas envie de me réveiller un matin à côté d’un macchabée. Bien sûr, je l’ai aimé, sinon jamais je ne l’aurais épousé. J’ai aimé ce qu’il avait été ; je n’aimais plus depuis longtemps ce qu’il était devenu. Je l’ai rencontré dans un bal, sur Paris. Il est intervenu dans une rixe entre bandes. Il était gendarme et s’est courageusement interposé. Téméraire et inconscient car les protagonistes s’en sont finalement pris à lui. J’ai dû m’en mêler. Je connaissais quelques gars d’une des bandes. Ils venaient assez souvent dans le bistrot où j’étais serveuse à cette période-là. Une fois remis sur ses pieds il m’a invité à danser. Piètre danseur mais bel homme, et puis gendarme en 1938 cela signifiait quelque chose ! La gendarmerie n’avait pas encore ouvert en grand ses portes aux idiots. Notre mariage eut lieu dans l’année ; pour lui comme pour moi il s’agissait de secondes noces. On a fait simple. La nuit de noces fut agréable, ce n’est pas comme la première. Albert n’était certes pas d’une intelligence inouïe mais avait du bon sens. Au lit c’était quelqu’un, un chaud lapin, les portes cochères de notre rue à Paris s’en souviennent probablement encore ! Malheureusement, suite à l’opération de la prostate il est devenu comme Bouboule, notre chat, qu’on avait fait castrer. Qui est-ce qui fait ce boucan ?
– Adélaïde, t’es là ?
– Voilà, voilà, j’arrive.
– Bonjour, il est presque dix heures, et tes volets étant fermés. Je m’inquiétais.
– Jeannot, est-ce que je passe devant chez toi pour m’assurer que tes volets sont ouverts ? Non, alors fous-moi la paix, fiche le camp.
Il m’agace ce jeune blanc-bec de maire. Il ferait mieux de s’occuper de sa Gisèle et de ses quatre mouflets dont elle est bien incapable de fournir le pedigree. Ou encore de la Louise qui passe son temps sur les bancs de l’église et qui ne peut pas ouvrir la bouche sans évoquer le Bon Dieu. C’est quand même un comble d’adorer quelqu’un qui tient autant de place dans votre vie et qui rend si peu de services ! Avec tout ça j’ai perdu mon chiffon à poussière, et j’ai perdu aussi le fil. Donc Bouboule, enfin Albert, puisque après cette fameuse opération, je l’appelais comme tous les chats que nous avons eus. Cinquante ans c’est jeune pour ce type d’intervention. Pour moi ce n’était pas trop gênant, je sollicitais plus mon amant.
Des amants, j’en ai pour ainsi dire toujours eu. A la belle époque, juste après la naissance en 1939 d’Eric, mon petit dernier, je travaillais dans une brasserie à Paris dans le 11 ème arrondissement. Il s’y côtoyait des flics, des voyous, des avocats, des ouvriers et des filles de joie. J’ai vite remarqué que j’avais tapé dans l’œil d’un jeune et élégant avocat. Tenir un restaurant c’est un sacré boulot, mais j’ai réussi à trouver du temps pour lui. Notre liaison a duré jusqu’en 1940. Avec la guerre c’était devenu impossible et puis j’avais depuis quelques mois un pompier à m’occuper ! Avec Albert ça faisait trois bonshommes, plus le travail et les enfants, ce n’était pas tenable. D’ailleurs 1940 a été aussi une année de grande tristesse puisque Bouboule nous a quitté. Bouboule, le chat, premier du nom. C’était vraiment un être exceptionnel et j’ai eu énormément de peine.
Qu’est-ce qu’il peut y avoir comme poussière sur les meubles, pourtant je fais le ménage régulièrement. La dernière fois ce devait être… Je ne sais plus trop, pourtant j’ai dû le faire récemment et à 93 ans ce n’est pas coton de tenir une maison. De plus, j’ai ma chienne Lybra, qui est adorable, mais salit partout. Ma fille Jeanne, le troisième enfant de mon premier mariage, une peste celle-là, m’a dit la dernière fois qu’elle est venue qu’elle avait trouvé des crottes séchées sur le lit de la chambre d’amis. Pff, des bêtises ! Je sais que j’y vois de moins en moins mais tout de même. Je les aurais senties au moins. Mes ingrats d’enfants veulent me voir quitter ma maison, ils cherchent tous les prétextes, en inventent. Ils chantent partout que je ne peux plus rester seule. C’est ma maison qui les motive et mes meubles. J’ai du mobilier de valeur. Cette armoire dans la salle à manger, elle était à mon arrière-grand-mère. Elle vaut une petite fortune et j’en possède une autre dans ma chambre. J’ai toujours acheté du beau et de la qualité. J’ai déjà réservé mon cercueil, parce que je sais que mes enfants prendraient le moins cher. Le seul qui vient encore me voir c’est Edouard. Les autres : Marthe l’aînée et Jeanne la troisième me téléphonent quelques fois. Eric, le benjamin, je n’en n’ai plus aucune nouvelle. Marthe est bien gentille, mais ce n’est pas une lumière, non vraiment pas. Si vous lui donnez de l’eau froide et de l’eau chaude elle aura bien des difficultés à vous faire de l’eau tiède ! Elle a épousé une tête d’ahuri, un Gascon têtu. Nous étions opposés à ce mariage. Dans le couple c’est lui qui décide de tout. Ils ont deux enfants qui sont grands maintenant : Joël et Béatrice. Oui, ce doit être ça. Je sais qu’ils sont mariés également et ont des enfants dont je ne me souviens plus des prénoms, ce qui n’est pas bien gênant. Je n’ai pas envie de voir débarquer des gosses criards ou des ados débiles qui vont tout me saccager. Les parents d’aujourd’hui pensent tous avoir fait des anges qu’il n’est pas nécessaire d’éduquer. Moi j’ai été élevée par un père sévère mais juste. On ne se prépare pas à affronter la vie dans la ouate. Papa était un homme admirable.
Où ai-je posé ma cire ?
– Que fais-tu là Lybra ? La salle à manger t’est interdite. Allez, sort ! Tu es une bonne chienne. Dans dix minutes je te préparerai ta gamelle.
L’aspirateur, je dois passer l’aspirateur. Ma chienne je vais lui donner du poulet à midi. Qu’est-ce qui bouche l’aspirateur ? C’est quoi ça ? On dirait une crotte séchée ! Lybra… J’ai beau lui interdire, elle n’écoute rien. Comme Eric, il nous en a fait voir celui-là aussi.
– Eh bien Lybra, tu as toujours peur de l’aspirateur.
C’est comme ma bru, la femme d’Eric, l’aspirateur devait la terrifier pour si peu l’utiliser. Une fille de rien cette Irène et une bonne à rien. Deux fois rien au final ça fait moins que rien. Le genre de personne à cesser d’être intelligente avant de l’avoir été. Je crois qu’elle possédait un CAP d’esthéticienne. C’est toujours les plus moches qui choisissent ce métier ! Pourtant Eric était un beau garçon, il aurait pu trouver mieux que ce bout de chiffon. Ai-je fait le salon ? Sûrement puisque je suis dans la salle à manger. Je vais aspirer le hall du rez-de-chaussée et après je ferai à manger à Lybra. Il aurait pu épouser une belle femme, une femme du monde… C’est stupide ce que je dis, une femme est forcément du monde, comme nous tous. Une femme de la bourgeoisie, de la haute société, une aristocrate même ! Eric était musicien, il chantait, dansait. Il avait du charisme. Il a fait les beaux-arts et a un diplôme d’ingénieur dans le domaine de l’électronique. C’était un grand sportif. Je suppose qu’avec toutes ses responsabilités il n’a plus le temps. Voilà que mon aspirateur est arrêté… Une panne, il ne manquerait plus que ça. Je suis loin de tout ici, et pour un dépannage je vais devoir payer le coût du déplacement. A moins que je ne demande à Serge, mon neveu et voisin, de regarder. Je ne l’aime pas mais il bricole fort bien. Je l’appelle immédiatement.
– Allo !
– Serge, c’est Adélaïde !
– Oui, que se passe-t-il ?!
– J’ai mon aspirateur qui est en panne.
– Il n’est pas récent !
– Penses-tu, c’est du haut de gamme, du costaud, fait pour durer. Viens jeter un coup d’œil.
– Maintenant ?
– Oui, maintenant ! A moins que tu ne te déplaces plus que sur rendez-vous.
– Bon, j’arrive.
– Lybra, tu as faim. Comme promis du poulet, des légumes et du riz. Doucement, arrête de sauter, laisse-moi poser ta gamelle et ne te goinfre pas ! Où vas-tu Lybra, arrête d’aboyer. C’est Serge, je sais que tu ne l’aimes pas mais il vient pour me rendre service, alors ne lui mordille pas son pantalon.
– Adélaïde ! Mets ta chienne dans le garage avant que j’entre.
– Elle ne va pas te manger !
– Elle est teigneuse. Dans le garage ou je pars !
– D’accord, d’accord… Tu peux entrer.
– Voyons cet aspirateur.
– Il s’est arrêté d’un coup.
– Hum, et tu l’as débranché ?
– Non.
– En tout cas il est débranché.
– Qu’est-ce que tu racontes ?!
– Ecoute… Il fonctionne parfaitement une fois branché. Tu perds la tête Adélaïde.
– Je te dis qu’il s’est arrêté d’un coup.
– Tu as du tirer sur le fil sans t’en rendre compte.
– N’importe quoi ! Je l’aurais senti. Non, il a un problème, un faux contact.
– Toujours est-il que le fil était débranché et que maintenant il fonctionne.
– Je ne l’ai pas débranché, c’est pourtant clair !
– Tu n’as simplement pas du t’en apercevoir.
– Je m’en serais rendu compte !
– Explique-moi

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