Amélie & Amélia
302 pages
Français

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Amélie & Amélia , livre ebook

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Description

« Nous restons sans voix devant la toile Luxe, Calme et Volupté de Matisse : environ deux mètres vingt sur un mètre trente : trois femmes nues, se découpant sur un fond marin vert et brun, sans aucun arbre à l'horizon. Une femme debout, une femme agenouillée, une femme en arrière-plan tendant un bouquet de fleurs. Le trait est net et épais, cela ressemble à une esquisse, et on comprend la complexité du travail en s'approchant. Mon Charasson reste sans voix, comme tétanisé. Il tourne et retourne, s'éloigne et se rapproche jusqu'à presque toucher la toile du nez. Il la sent, il la respire, il s'en imprègne. » Amélia, étudiante en histoire de l'art, découvre le journal de son aïeule rédigé au début du siècle dernier. Entre drame familial, découverte du monde des artistes, émancipation féminine et journalisme, Amélia va aller de découvertes en découvertes jusqu'à forger son propre destin.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 15 décembre 2017
Nombre de lectures 0
EAN13 9782342158090
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0097€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Amélie & Amélia
Jean-Luc Monceaux
Société des écrivains

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Société des écrivains
175, boulevard Anatole France
Bâtiment A, 1er étage
93200 Saint-Denis
Tél. : +33 (0)1 84 74 10 24
Amélie Amélia
Toutes les recherches ont été entreprises afin d’identifier les ayants droit. Les erreurs ou omissions éventuelles signalées à l’éditeur seront rectifiées lors des prochaines éditions.
 
 
Aigurande, Indre, 1945
La lumière, râlait-il.
Pas de lumière, pas de couleur. Pas de couleur, pas de peinture. Pas de peinture, pas de Charasson.
Je m’appelle Amélie. Amélie Charasson. J’aime la vie, j’aime ma famille, mon village d’adoption, mes enfants et mes amis. Et mon Charasson, surtout mon Charasson.
Mais il y en a aussi que je n’aime pas.
Je ne vous aime pas, vous, les critiques, les journalistes médiocres, les galeristes d’infortune. Vous qui jugez, qui commentez, qui n’avez d’autre valeur que de persifler. Rassurez-vous, vous qui regardez, vous qui critiquez le travail. Ce n’est pas moi qui peins. Moi je ne suis que Femme, sa femme. Toute sa vie, il m’a appelé Femme. Pas Amélie, pas ma chérie, pas ma femme ou mon épouse, non juste Femme. Avec un grand F. Comme notre amour, avec un grand A.
Je ne l’ai jamais appelé Eugène ni mon mari, encore moins mon homme ou très cher, comme le fait parfois ma mère, Marie, en s’adressant à mon père, Alexandre. Non, mon Charasson, c’était tout. Avec un grand C, bien sûr.
Je suis née à Paris, en 1875. Mon père, petit maçon creusois monté à la Capitale, a fait fortune dans la charpente métallique. Il faut dire qu’il avait eu la bonne idée de se faire embaucher dans une toute nouvelle entreprise, chez Gustave Eiffel. Il est resté ami toute sa vie avec un voisin d’enfance, Pierre Charasson, marchand de vin aisé dans un village aux confins de l’Indre et de la Creuse : Aigurande. Superbe port de pêche, comme disait mon Charasson, à cinquante kilomètres de Châteauroux. Le village avait été prospère, à l’époque des très riches heures du duc de Berry. Il paraît même que la plus importante foire médiévale de vente de cochons s’y déroulait. Pour dire… L’époque était bien révolue.
1900 ne fut pas pour moi que l’année du changement de siècle. Cela fut également celle du changement de vie : du jour au lendemain, je suis passée du statut de jeune fille de bonne famille à celle d’épouse d’un petit bourgeois de province, et quelle province : la Creuse, noire et profonde, pauvre et austère. Mariée avec un marchand de vin, Eugène, l’Eugène pour tout le monde, mon Charasson pour moi, d’un an mon aîné.
Marchand de vin ? Si seulement… Je suis en colère, c’est vrai, contre le monde entier, contre vous, même si vous n’êtes pas seuls responsables. Je suis en colère depuis le fameux jour, le jour où…
Et pourtant, avant tout, mon Charasson était peintre, artiste peintre…
Bordeaux, août 2017
Bonjour !
Je me présente. Amélia.
Amélia, mi-provinciale mi-parisienne, accro à la théine, aux vieux livres, à la musique et au bio. Végétarienne ? Demain peut-être, sûrement même… ou pas. Vingt-deux ans, blonde depuis peu, mais pas blonde… enfin tu comprends.
Ah oui, j’oubliais aussi, demain, j’arrête de fumer.
Je passe la majeure partie de ma journée le nez fourré derrière un écran, le reste du temps je mange et je dors. Quand j’écris, j’abuse souvent des parenthèses, souvent j’y mets des trucs qui ne servent à rien, mais que je veux quand même mettre (j’aime bien, je trouve ça sympa) (ça y est, je commence déjà !). Je suis fan de l’anglais et de l’Angleterre, alors j’use et j’abuse de mots anglais au quotidien.
J’ai la fâcheuse manie de me découvrir des passions aussi virulentes qu’éphémères (je me mets au tricot, non au crochet et tiens pourquoi ne pas apprendre l’origami et aussi jouer du piano, non de la guitare, du ukulele c’est plus facile et si j’apprenais à faire des bougies, en tout cas la cuisine comme dans Top Chef, mais pas tout de suite…).
Qui suis-je d’autre ? Question sans intérêt… ou déterminante si vous voulez faire ce bout de chemin avec moi. Ce qui importe, c’est que je veux faire un blog.
Je recherche une proximité, avec vous, lecteur ou lectrice, qui que vous soyez. Donc je m’adresse directement à vous toutes et tous et vous tutoie, et j’attends avec impatiences vos réactions, commentaires ou réponses. Ce – futur ( I hope ) – blog se veut donc un entretien au fil de l’eau – de la Toile – sur les rêves et les émotions d’une fille d’une vingtaine d’années d’aujourd’hui : un mi-chemin entre un carnet de réflexions journalières et un récit où j’utiliserai le « je », vous suivez ? Donc parfois, si j’ai envie, je mets des dialogues. Je fais comme je veux, c’est O.K. ?
J’espère déjà vous entendre, vous que j’imagine si impatient (e). Ce que je souhaite, c’est partager ! Qui êtes-vous ? Où vous cachez-vous ? J’aimerais bien en savoir plus. Peut-être que vous-même, vous vous demandez qui se cache derrière Amélia.
Mon but pour ce blog était au départ qu’il devienne une petite pause joyeuse dans la journée de mes lecteurs, un petit plaisir pour les yeux et le moral. Bref, un énième blog pour rejoindre la communauté de la Toile. Mais ça, c’était avant.
Désormais, tout a changé. Cette idée n’est plus une lubie, j’ai réalisé que c’était le résultat d’un long chemin intérieur, d’une quête qui m’a menée loin, très loin… à la découverte de mon arrière arrière-grand-mère. C’est elle qui m’a soufflé l’idée, dans mon inconscient (ou mon subconscient ??? Je ne connais pas la différence en fait), qui m’a aidé. Mon chemin commence aujourd’hui.
Mais avant, laissez-moi vous raconter…
Bon, par où commencer ;
Je vais d’abord parler de mon cauchemar, toujours le même. Pas de quoi en parler à un psy, mais bon, cela revient un peu trop à mon goût, et surtout depuis bien trop longtemps. Encore cette nuit. C’est important pour moi parce que… cela me réveille régulièrement… et que j’ai enfin compris où cela me conduisait, grâce à l’arrière arrière-grand-mère (on en revient à l’idée du blog, vous me suivez). Je recommence depuis le début donc, back il y a quelques jours, en pleines vacances d’été…
* * *
Dans mon sommeil, la vague avance, puissante, impitoyable, touchant le ciel et sublimant l’horizon. Ciel et mer ne font plus qu’un, se confondant en une menace terrifiante. Tout autour, le silence. Il n’y a aucun bruit. Ou bien effacé, dominé par la lumière, qui avale tout. L’impact arrive, effroyable, inévitable, insurmontable. Derrière, la falaise, dérisoire, minuscule. Mais infranchissable, totalement infranchissable. Dès lors, l’issue est simple, inéluctable. Je frissonne, la terreur court le long de mon corps.
Inutile de fuir, pour quoi faire ? Des tressaillements d’impuissance, un regard apeuré, rien d’autre. Des jambes lourdes, si lourdes, empêchant toute fuite, de toute façon vaine. Une tonne à chaque jambe, allez comprendre pourquoi. Regarder, faire face, malgré la terreur implacable. Toujours pas un bruit, pas un son, encore moins un cri.
Ce point lumineux qui arrive, qui se mélange subitement avec les flots.
La mer qui se reflète dans les yeux. La lumière devient noire, un regard désespéré. L’écume est désormais visible, démontrant la rage des éléments, la colère des flots déchaînés. L’eau est là, le sel brûle, le choc brutal arrive. Hurler pour prévenir. Hurler pour exorciser la peur. Hurler pour appeler sa mère. Qui ne répond pas. De toute façon, pas un son ne sort.
Toujours pas un bruit, pas un bruit, pas un…
En général, la sonnerie retentit alors pendant de longues secondes, abrutissante. Je ne sais pas pour vous, mais pour moi, le réveil est quelque chose de très très dur. En fait, j’ai trois réveils, qui prennent le relais les uns derrière les autres, et parfois cela ne suffit pas. Je me relève péniblement. Premier geste de la journée : ma main trouve mes lunettes, généralement du premier coup. Les lentilles, c’est pour dans une heure. Je passe ma main dans les cheveux en me grattant le haut du crâne. Je ne me suis toujours pas faite à ma nouvelle coiffure, blonde décolorée, cheveux courts (depuis le temps que je dis que j’allais le faire !!! Je n’ose pas encore me regarder dans la glace, peur du regret, d’un coup de déprime sur mes cheveux courts).
En général, ma main gauche trébuche, hésitante, avant de trouver mon iPhone. J’appuie avec une vigueur inutile pour taper les quatre chiffres de mon code. Couper cette sonnerie stridente.
Donc, ce cauchemar est récurrent. Il faudrait que j’en parle vraiment, un jour peut-être. (Je l’ai déjà dit). De ça et d’autres choses… À qui ? (Autre question).
Il faut que je vous raconte mon arrivée à Châteauroux. (Oui, je sais, ça part un peu dans tous les sens, mais soyez patient, tout va se relier).
Département de l’Indre, juillet 2017
J’ai dormi dans le train quasi tout le temps. Un coup d’œil à ma montre : seize heures trente, quelques heures de sommeil. Toujours mieux que rien. Je ne vais pas me plaindre : seule dans un compartiment de seconde classe pouvant accueillir jusqu’à six voyageurs. Une chance : je déteste la promiscuité avec des inconnus. Il reste vingt minutes avant l’arrivée à la préfecture de l’Indre. Largement le temps de me mettre la tête à l’endroit. Je me recoiffe, c’est bon, personne à séduire de toute façon.
Châteauroux : comme port de pêche, on fait mieux, pas vrai ! Comme lieu de villégiature, encore plus. Normal que j’aie été seule dans le compartiment. Surtout, que ce n’est pas là que je me rends, mais dans un endroit encore plus paumé.
J’ai enfilé mes baskets blanches soigneusement alignées le

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