Au revir et merçoi !
274 pages
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Description

La politique ? On en a soupé, penseront certains après y avoir goûté lors de JT bâclés. Eugen Berthold Friedrich Brecht, pourtant, prétendait, lui, que «?le pire des analphabètes est celui politique, et que c'est l'ignorance politique qui produit la prostituée, l'enfant de la rue, le voleur, le pire de tous les bandits et surtout le politique malhonnête, menteur et corrompu, qui lèche les pieds des multinationales?». Quant à la religion, comment l'oblitérer quand c'est la couleur locale de notre époque ? C'est pourquoi ces deux thèmes, ordinairement jugés déplacés dans une conversation, ont été soigneusement noyés dans un maximum de réflexions distrayantes pour en rendre, autant que possible, leur lecture supportable au plus grand nombre de curieux. Enfin, est-il utile que je le précise ? N'oubliez jamais que je dépeins un monde souvent à l'envers, tant il y a d'autres choses que je préfère vous passer sous silence, les laissant généreusement aux enfonceurs de portes ouvertes. De Daesh à la nécessité d'une VIe République, Au revir et merçoi ! est un nouveau kaléidoscope du monde passé sous le prisme de la critique infernale d'Édouard-Émile Alyac. Avec la verve et la fantaisie qui le caractérisent, notre infatigable chroniqueur parvient à analyser la sinistrose ambiante sans oublier de la tourner en une salvatrice dérision. Un bouillon de culture et d'humour à consommer sans modération.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 23 septembre 2016
Nombre de lectures 0
EAN13 9782342055948
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0090€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Au revir et merçoi !
Édouard-Émile Alyac
Société des écrivains

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Société des écrivains
175, boulevard Anatole France
Bâtiment A, 1er étage
93200 Saint-Denis
Tél. : +33 (0)1 84 74 10 24
Au revir et merçoi !
 
Toutes les recherches ont été entreprises afin d’identifier les ayants droit. Les erreurs ou omissions éventuelles signalées à l’éditeur seront rectifiées lors des prochaines éditions.
 
 
 
Retrouvez l’auteur sur son site Internet : http://edouard-emile-alyac.societedesecrivains.com
 
Sinistrose et bavardages autour de l’inexplicable
Allez droit au but, disent les gens pressés. Droit au but ? Comme vous y allez ! Nous ne sommes pas ici sur un carré de gazon et j’ai des visées plus lointaines : songez que, qui voudrait marcher d’un bon pas, disons à cinq kilomètres/heure et se fixerait par exemple un but distant de quarante mille bornes, droit devant lui, devrait marcher durant huit mille heures, mais surtout, il serait bien étonné de se retrouver, au bout de ce temps, à l’endroit précis d’où il était parti trois cent trente-trois jours plus tôt ! Car rien ne sert de courir, à qui veut voyager loin : il lui faut savoir arrondir ses chemins. Pourquoi ne pas plutôt ménager sa monture en insérant dans sa course stérile quelques nuits de-ci de-là ? Ne meurt-on pas bien assez tôt par ces temps qui courent à notre perte ? Qui sait d’ailleurs si je serai encore parmi vous lorsque vous me lirez ? Toutefois, je tiens à vous rassurer quand même, personne ne me suit partout pour me protéger : ce que j’écris est intemporel, bien que susceptible de servir un jour à quelque historien en mal de dates.
 
Il y a, dans le cosmos, plusieurs classes d’étoiles, aux caractéristiques bien différentes les unes des autres : certaines, qu’on appelle les naines oranges, moins massives que notre soleil, ont des durées de vie trois fois plus longues que notre luminaire, permettant d’imaginer que des planètes gravitant à des distances adéquates de leur astre ont plus de chance que notre bleu vaisseau spatial d’abriter une vie intelligente susceptible de profiter de plus de temps que notre Humanité pour s’épanouir et gommer peu à peu toutes les imperfections de leurs débuts.
Un jour que j’attendais ma moitié sur le palier des ascenseurs, la main sur la poignée de la porte de notre appartement pour la maintenir contre mon pied, la calant de sa largeur pour garantir une ouverture propice à la conversation tout en empêchant nos chats de s’échapper, faisant le grand écart parce que l’autre pied dans l’embrasure de ces nacelles, si pratiques dans les buildings pour s’éviter les escaliers, lorsque personne ne les bloque comme je le faisais précautionneusement, passant en revue les raisons impérieuses qui poussent nombre de femmes à avoir toujours quelque chose à faire quand enfin elles ont déclaré être prêtes, je compris, comme le Bouddha sous son figuier, qu’il ne servait à rien de tempêter et que le ciel, forcément, finirait par s’ouvrir un jour, malgré la météo alarmante.
Qu’avions-nous à faire de si impérieux à cette heure, sinon prendre un peu l’air à l’occasion de courses pour parer aux derniers achats pour pouvoir subsister deux ou trois jours supplémentaires, en attendant le coup de fil qui nous délivrerait ? Et même s’il s’agissait de simplement marcher quelques kilomètres contre un fort mistral en tirant une poussette de marché, dans l’espoir qu’en rentrant nous apprenions que l’argent avait enfin été viré et que les clés tant attendues de notre nouvelle thébaïde étaient désormais disponibles, là-haut à Saint-Yrieix-la-Perche.
Quel beau petit village que cette cité médiévale de sept mille neuf cents habitants et qu’il fleure bon la France d’antan. Mais avant de chanter ma nouvelle région d’adoption, je devais d’abord profiter de ce temps perdu, gentiment imparti par ma compagne, pour en finir avec deux ou trois choses que je tenais à partager avec vous pour m’en soulager la conscience, qui, si elles étaient avouées plus tard, risqueraient de déprécier le charme de l’endroit, au rappel de ce qu’il nous avait coûté de disputes pour le mériter.
 
Quitter la Réunion ne s’était pas fait sans mal : je comparerai notre départ à une évasion, tellement je me souviens avoir croulé sous les formalités aussi débiles que contraignantes, comme si le pays avait entre-temps été vaincu par une puissance encore plus paperassière que celle étouffante que j’avais quittée quatre ans plus tôt, et avait imposé à la nation de nouvelles lourdeurs ubuesques. En tout cas je me souvenais d’un rêve, peut-être éveillé, où je souhaitais si fort le contraire, que la masse des mécontents m’avait entendu et permis cette opportune mise sous tutelle de la France par la première puissance libérale qui en avait les moyens coercitifs, grâce auxquels elle s’était proposée de nous libérer de notre chape de plomb, par le biais du droit d’ingérence que nous avions inventé, changeant l’Hexagone en pays merveilleux, où les gens retrouvaient le sourire et goût à la vie. Mais tout cela est aujourd’hui derrière nous, comme cette île chantant contre vents et marées et c’est tant mieux ! Oui, chantant : car à la Réunion, malgré la crise, chaque année étaient organisés, dans une programmation éclectique, au moins six concerts gratuits. Cela se passait lors des Nouvel An chinois (de la chèvre de bois en 2015), Nouvel An tamoul en avril ; Fête malgache en juillet ; Fête de l’Eïd en août ; Fête du maloya en octobre ; Festival Liberté Métisse en novembre ; sans compter les nombreux autres festivals payants, dont le fameux Sakifo, et tous les groupes locaux qu’on ne dénombre plus mais qui se produisent à l’occasion d’autres festivités : Miel Vert, la fête agricole de la Plaine des Cafres (c’est une gourmandise produite par les butineuses du tan rouge, un arbre dont la particularité est que ses graines germent souvent sur les troncs des fougères arborescentes !) ; des Florilèges du Tampon ; de la foire de Bras Panon, la plus importante de l’île ; du Port également, dont les Floralies présentent un nombre extravagant de variétés d’orchidées ; enfin celles de sa capitale, Saint Denis.
Mais adieu 21°sud, 56°est ! Bonjour sommet largement émoussé du triangle équilatéral de base Périgueux-Tulle, ou encore, pour les plus exigeants, sommet de l’angle droit du triangle isocèle rectangle dont l’hypoténuse s’étend entre ces deux préfectures ! C’était la douzaine de jours de l’éruption du Piton de la Fournaise, commencée le quatre février à onze heures, qui, additionnée au petit rot de lave du vingt et un juin deux mille quatorze, m’avait fait comprendre que cette somme pouvait enfin être véritablement considérée comme ayant exaucé mon vœu de voir une vraie manifestation de ce point chaud, dont on se faisait il y a peu des gorges chaudes au point d’oser le comparer à celui d’Hawaï pour tenter de booster le tourisme de l’île, malgré ses atermoiements qui, dorénavant, lui faisaient plutôt mériter l’appellation d’Arlésienne, et ses rivières, lorsqu’il daignait nous en montrer, ses ruisseaux de lave, devrais-je dire plutôt, n’atteignant jamais plus – tant mieux pour ses riverains – la nationale deux comme ils le faisaient par son glorieux passé, du temps où ses effusions, grandioses parce qu’on pouvait approcher le phénomène de tout près, attiraient les foules des quatre coins du département. Donc, que notre libération pouvait être estimée prochaine, du moment où l’achat d’un domicile au milieu de l’Océan indien pour pouvoir assister à ce certes un peu court spectacle, mais qui s’était systématiquement refusé à nous lors de chaque courte incursion que nous faisions auparavant dans l’île lors de nos vacances d’été depuis quatre-vingt-trois, bien que bradé à un point que je n’ose avouer pour pouvoir enfin regagner nos pénates la tête haute, n’avait pas été complètement vain ! Mon plaisir de humer bientôt l’air métropolitain et d’imaginer nos animaux, toujours en bonne santé auprès de nous malgré le choc d’un transport si inconfortable pour des êtres sensibles, était sans borne.
En même temps, mes rêves de liberté paperassière, comme avoués, restaient à l’état de chimère : comment n’aurais-je pas eu la nostalgie des années quatre-vingt, où, par comparaison avec l’époque actuelle, la vie, sans ces nouvelles contraintes administratives, pouvait paraître belle en toutes circonstances ? Non, il ne s’agit pas ici de radoter, mais au contraire de réfléchir. À cette même époque, où le Piton de la Fournaise pétait trois fois par an et parfois durant quatre mois d’affilée, n’existait pas encore toute cette publicité à la télévision, qui nous mange nos heures de sommeil et ne sert à rien d’autre qu’à permettre aux marchands de tous bords de soustraire au fisc une plus grande quantité de leurs impôts. Ne dites pas non : avez-vous vu toutes ces publicités pour sonotones ? Or, que je sache, les sourds n’en achètent pas, moi qui en connais au moins deux qui l’ignorent souverainement ? Certes les trente glorieuses étaient derrière nous, mais le chômage ne faisait pas encore ces dégâts qui tournent la tête aux hordes sauvages venues du « Méridion » dans l’espoir de glaner les millions qu’en se baissant on peut ramasser sous les pneumatiques de nos chevaux-vapeur ; le risque du sida ne vous privait pas encore des plaisirs de la chair ; les malheurs de la guerre étaient oubliés et le terrorisme généralisé était inconnu, de sorte qu’on ne vous mettait pas à nu lorsque vous preniez l’avion et que vous présentez une heure avant le départ était suffisant, y compris pour l’international ! Quand

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