Auto-Reverse
118 pages
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Auto-Reverse , livre ebook

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Description

Grenoble, fin juin 1990. Aldric fait le guet pendant que Simon emprunte discrètement la voiture de son père. Quelques mois plus tôt, les médias prédisaient l’avènement d’une ère nouvelle et meilleure pour l’humanité: le Mur de Berlin venait de s’écrouler. Mais les deux compères, à la veille des vacances de leur première année universitaire, n’en ont que faire: leur nouvelle vie, c’est les filles, et leur rêve, perdre leur pucelage. Vendredi soir, dans la Renault 21 du paternel, direction Lans-en-Vercors, Isabelle et les autres. Ils ne savent pas à quel point cette virée va les marquer… Tout en fantasmes et maladresses, l’euphorie et l’insouciance incarnées noir sur blanc: Stéphane Marquier signe le portrait d’une génération et de son époque en orchestrant avec un plaisir contagieux une soirée inoubliable: décalée, bourrée d’humour et de tendresse envers ses losers de héros, plongée nostalgique rythmée au son des tubes des eighties, "Auto-reverse", malgré son accident de la route et son cadavre "à emporter", est une virée décidément plus comique que tragique.

Informations

Publié par
Nombre de lectures 17
EAN13 9782748357226
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0060€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait












Auto-Reverse Stéphane Marquier










Auto-Reverse






















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IDDN.FR.010.0115040.000.R.P.2010.030.31500




Cet ouvrage a fait l’objet d’une première publication aux Éditions Publibook en 2010


On laisse un peu de soi-même…
En toute heure et dans tout lieu.

Edmond Haraucourt



Chapitre 1



Simon m’a demandé de faire le guet au cas où son père
rentrerait plus tôt que d’habitude. Alors je me suis posté
au bout de la rue Aimé Berey, à quelques pas de la gare.
Faute de places de stationnement suffisantes, les habitants
du quartier se garent des deux côtés de la chaussée et la
circulation se fait à sens unique. De part et d’autre,
quelques immeubles aux loyers modestes dont les façades ne
se souviennent même plus de leur dernier ravalement. Les
gaz d’échappement et la fumée des usines environnantes
ont eu raison de la peinture ocre d’origine. C’est là que les
parents de mon ami se sont installés dans les années
soixante après avoir quitté leur Italie natale. Des années de
labeur et de sacrifices plus tard, le père de Simon a investi
ses rares économies dans l’acquisition d’un garage, au
sous-sol de leur montée sans ascenseur.
Fébrilement, Simon introduit la clé au centre de la
poignée ronde en plastique et la fait tourner d’un quart de
tour. La grande porte blanche en tôle d’aluminium
nervurée pivote puis coulisse le long des glissières fixées de
chaque côté du garage. Contre le mur du fond, une
ampoule qui pendouille au bout d’un fil éclaire un établi
surmonté de quelques outils. Tournevis, marteau et autres
clés à pipes sont maintenus à la verticale par de longs
clous plantés sur une large planche. Leur contour est
représenté au crayon afin d’optimiser leur utilisation et leur
rangement. La faible largeur de l’emplacement oblige
Simon à se glisser sur le siège conducteur en entrouvrant de
quelques degrés à peine la portière. Contact. Une fois en
dehors du parking, la voiture à cheval sur le trottoir, il sort
9 en laissant tourner le moteur. D’un geste de la main, il me
fait signe de monter à bord. Délicatement, il referme la
porte du garage en évitant de la faire claquer.

Quelques feux tricolores plus tard, nous nous
retrouvons sur les grands boulevards. Larges et droits comme
s’ils avaient été tracés pour accueillir des défilés de chars
d’assaut soviétiques. Au-dessus des toits des grands
immeubles gris qui bordent l’avenue, quelques hirondelles
profitent de la chaleur des premiers jours de l’été.
Redoutant de croiser un membre de sa famille au détour d’un
croisement, Simon est tendu. Enfin le pont de Catane.
C’est la fin de la semaine mais les heures de pointe sont
passées. Le trafic est fluide. Nous franchissons le Drac
quelques centaines de mètres avant qu’il ne se jette dans
l’Isère. En cette période de fonte des neiges, le débit est
encore important. Dans notre dos, l’imposante silhouette
du massif de Belledonne se détache sur fond de ciel
orangé. Quelques cirrus au-dessus de la station de ski de
Chamrousse se font chatouiller les gouttelettes par les
derniers rayons du soleil couchant. Devant nous, dressées
contre le Moucherotte, les Trois Pucelles narguent de leur
légendaire virginité les habitants de la région.
— En réalité, il y en a quatre ! précise fièrement Simon
en me montrant du doigt les aiguilles rocheuses.
— Tu crois qu’il y en aura ce soir ? lui demandé-je sans
plus de précision.
— Qu’il y aura quoi ?
— Des pucelles ! rajouté-je comme par évidence.
— Les filles de notre âge sont déjà toutes passées à la
casserole depuis longtemps ! me répond-il avec cette
connotation culinaire qui manque singulièrement de
romantisme à mon goût.

Dans la zone d’activités de Seyssinet-Pariset, locaux de
petites entreprises et hangars des concessionnaires
auto10 mobiles cohabitent sans la moindre cohérence
architecturale. Les chicanes et les massifs en béton ornés de fleurs
de saison sont censés réduire la vitesse des véhicules. En
ce vendredi soir de la fin du mois de juin, les rues sont
désertes. Le quatre-vingt dix magnétique flanqué sur la
malle arrière de la voiture n’empêche pas Simon d’en
profiter pour rouler plus vite que ne l’autorise le code de la
route. Son permis en poche depuis peu, il cherche
apparemment à m’épater. M’étant moi-même pris, de temps à
autre, pour un pilote au volant de la Talbot Samba de ma
grande tante qui ne conduit plus depuis qu’elle s’est brisé
le col du fémur, je ne suis guère impressionné. Tout juste
un peu barbouillé. D’autant qu’un rond-point se profile et
que Simon, au lieu de filer tout droit, décide d’en faire
plusieurs fois le tour, histoire de faire couiner les pneus de
la Renault 21 qu’il a empruntée à son paternel sans son
autorisation. Surpris par notre manège pour le moins
inhabituel, un automobiliste d’une soixantaine d’années
engagé sur le rond-point pile brutalement. Les yeux
écarquillés, il se cramponne au volant de sa Citroën BX 19
TRD à la fameuse suspension oléopneumatique qu’il
n’échangerait pour rien au monde. Sauf peut-être pour une
autre BX 19 TRD plus récente et mieux équipée. Alors
que notre trajectoire s’élargit sous l’effet de la force
centrifuge, nous lui offrons nos plus belles grimaces. Au bout
de trois tours, j’essaye de convaincre Simon d’arrêter de
tourner en rond.
— Arrête ! On va finir par s’enquiller le retraité !
— T’es tout pâle Aldric ! Cool !
Tout en continuant de se moquer de moi, il quitte le
rond-point, non sans avoir fait crisser une dernière fois les
quatre roues.

Alors que la route commence déjà à monter, nous
passons à proximité des bois des Vouillands. Aux abords
d’une épingle assez serrée, le parking recouvert de
gravil11 lons accueille les voitures des urbains désireux de
s’adonner aux activités de plein air. Pique-nique sur table
pliante pour les plus modestes, randonnée sur VTT avec
fourche télescopique pour les plus sportifs. D’un coup sec
de frein à main, Simon provoque le dérapage de la voiture
autour d’un petit obélisque gris, un monument aux morts
érigé à la mémoire de jeunes résistants fusillés par les
Allemands au cours de la seconde guerre mondiale. Surpris
par son geste brutal, je me mets à crier.
— Ca suffit ! Tu vas planter la caisse de ton père !

Mon argument ramène enfin Simon à la raison.
Direction Saint-Nizier du Moucherotte, un petit village perché à
mille mètres d’altitude sur les premiers contreforts du
Vercors. Très vite, nous laissons derrière nous Grenoble et
son épais halo de pollution. Juché sur une petite colline, un
vieux donjon de pierre tombe en ruine. La Tour sans venin
empoisonne pourtant la vallée de ses ondes hertziennes,
depuis qu

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