Babilus
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Babilus , livre ebook

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Description

« Pendant ce temps, la ville s'éveille. Indéchiffrable. Élastique. Éternelle. Avec la stupidité des gens, ou leur intelligence, atténuées, presque effacées, cachées. La ville comme couverture. Ici, on est sceptique. Ici, on ne croit pas dans la réalité, on n'éprouve pas de sentiments forts, d'émotions fortes, ni aucun désir fort. Pas de haine, pas d'ambition. Ici, c'est un excellent endroit pour se cacher, particulièrement doux, entre l'indifférence des gens et du fleuve. Un lieu idéal pour vivre et mourir seul, sans que cette solitude ne soit dramatique ni ennuyeuse ; d'ailleurs, ici, on ne perçoit jamais le danger... On y meurt sans s'en apercevoir. Ville fantôme, ville imaginaire, somnambule, favorisant de grandes et calmes hallucinations. Une personne pourrait y feindre d'être folle et y vivre une vie cachée, marginale, et succomber sous le poids de fautes très anciennes, ancestrales. » La Rome antique, l'Occident moderne. Deux époques, deux mondes. Une même décadence. Babilus conte «?la solitude. La nostalgie des valeurs, aujourd'hui flétries dans un monde avide et corrompu?». Avec l'élégance d'un opéra, Gianni Fasciani convoque les voix d'antan et compose un chant funèbre empreint de nostalgie. Peuplé de figures déchirées entre hier et aujourd'hui, hanté par des fantômes et des regrets, son requiem dénonce la crise millénaire d'une société qui n'en finit plus de sombrer, recroquevillée dans son agonie culturelle. Acide et poétique, un voyage troublant au cœur des ruines.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 30 mars 2018
Nombre de lectures 0
EAN13 9782342160314
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0049€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Babilus
Gianni Fasciani
Société des écrivains

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Société des écrivains
175, boulevard Anatole France
Bâtiment A, 1er étage
93200 Saint-Denis
Tél. : +33 (0)1 84 74 10 24
Babilus
Toutes les recherches ont été entreprises afin d’identifier les ayants droit. Les erreurs ou omissions éventuelles signalées à l’éditeur seront rectifiées lors des prochaines éditions.
 
 
 
À Claudie, Ettore et Cesare
 
 
 
 
« Si tu fais attention, tu verras que la plus grande partie de la vie se passe à mal faire, une grande à ne rien faire, et le tout à faire autre chose que ce qu’on devrait faire. Montre-moi donc un homme capable de donner un prix au temps, qui sache ce que vaut un jour, qui comprenne qu’il meurt un peu chaque jour ! Sois compl è tement ma î tre de toutes tes heures. Tu d é pendras moins du temps de demain si tu sais prendre en main le temps d ’ aujourd ’ hui.   »
Sénèque
 
 
 
 
…Et toutes ces pierres partout qui n’en finissent pas de sortir, des morceaux ici et là, des fragments. Il y a même des objets là-dessous même qu’il en sort des statues blanches et qu’elles étaient nombreuses dans les maisons des riches, et dans les rues… pour les autres.
 
C’est à la nuit tombée qu’un air antique se lève avec orgueil. Alors, les voix de la cité résonnent dans ces poudreuses ruines, des murs audacieux qui servent encore d’exemples. Jusqu’à l’aube, elles vagabondent à travers les places sous les portiques dans des ruelles encore pavées.
 
Les désœuvrés y erraient déjà alors. Pour beaucoup, la préoccupation de la journée consistait à se procurer de la nourriture. Le long des berges du fleuve, lieu de refuge, l’un d’eux… Paride s’abandonne contre le soutènement de pierre, contre la ville. Il s’apaise. Et il se met à rire même, pouffant, la main devant la bouche, invoquant le nom du Seigneur et le peu de vin qui reste dans la fiasque. Avant, le fleuve portait des bateaux qui transportaient des marchandises et des hommes, maintenant c’est plus qu’un décor.
 
Je suis une force du Passé . Dans la première partie, le poète décrit certaines ruines antiques, dont plus personne désormais ne comprend ni le style ni l’histoire, et d’horribles constructions modernes que tous comprennent. Le jour se lève et avec tout son présent qu’il déteste, Paride s’endort à l’abri, là sous le monde, jusqu’à la prochaine nuit.
 
… Et dire que mes courtisans les appellent les ravissantes distractions de l’empereur. Quel ennui, quel ennui, quel ennui ! Un ennui déprimant. Écoute. Ici on entend le fracas de la mer qui se brise contre les rochers… sur les blancs rochers du Levant. Buvons mon ami. Un bon verre de Falerne dissipe les ombres… Que se passe-t-il !!? Encore ces bandits masqués !? Ils ont pris ma villa de l’Appia !? Et tu me dis ça comme ça ? D’abord les chrétiens et maintenant ces bandits sans visage. Ils ont volé mes coffres sous vos yeux !! Tué mes soldats et distribué mon or au peuple !!… Oui. Ils me volent pour donner au peuple. Mais pourquoi ? Que visent-ils ? Toi qu’en penses-tu ? Chaque puissant a ses ennemis. Mais vous les écraserez comme des insectes ! Seulement… parfois les insectes glissent entre les doigts. Retourne dans la Subure. Prends des prétoriens de ma garde. Prends tous les soldats que tu veux, mais reviens avec ces maudits bandits masqués ! Je veux les voir en face !... Tous hostiles. Tous ennemis. Je vous hais. Je hais tout et tous. Moi… que les Dieux me préservent.
 
Il y a la mythologie et il y a ces pierres partout qui n’en finissent pas de sortir. Des morceaux des fragments qui parlent de tombes ici sur le Quirinal et là sur l’Esquilin et ailleurs… qui parlent de rites des habitants passés modestes et homogènes, sans vraiment de certitudes. Et puis il y a des statues blanches qui parlent d’une aristocratie… et de ses mythes qui rejoignent l’histoire inscrite dans ces pierres.
Le vieux comte Della Rovere vit seul dans l’antique palais, demeure familiale, en compagnie d’un groupe de fantômes tous membres de sa famille, tous décédés de morts violentes. Son frère aîné, Trottolino, mort dans l’explosion d’une chaudière qu’il tentait de réparer. Son arrière-grand-père Tatone tombé d’un balcon pour fuir un mari jaloux. Son père, Angioletto, mort empoisonné par on ne sait qui. Et Donna Dina qui s’est suicidée par amour. Son excellence Della Rovere dans sa robe de chambre grimacée cohabite donc avec ses ancêtres. Déambulant dans le vieux palais délabré, ils poursuivent leur existence d’autrefois.

D’abord, l’héritier, comte Teobaldo Della Rovere, dit Trottolino, gourmand, hante les cuisines récitant des menus… « La faim est la meilleure sauce »... dans son gilet en piqué de lin blanc sous lequel fluctue son ventre piriforme et proéminent faisant rebondir une lourde chaîne d’or garnie de colifichets. Une bête solidement bâtie. D’ailleurs, son long nez carré pronostiquait des qualités morales hors du commun, quoique un peu rustaudes, mais capable de dépenser tout son esprit en sentiment.

Puis, le galantin, Federico Della Rovere, dit Tatone, habituellement vêtu d’un costume bleu barbeau, voilà un autre gaillard au buste bien développé, des mains épaisses fortement distinguées aux phalanges par des bouquets touffus de poils d’un roux ardent… « Le bonheur est la poésie des femmes »… qu’il convoite en leur glissant des billets doux. Son histoire aurait fourni le sujet d’un livre. Il existe une anecdote intéressante concernant Federico Della Rovere : lors d’une course poursuite dans les couloirs d’un bordel, il fut blessé au visage et perdit l’œil droit. Il subit une opération chirurgicale d’alors, pour casser son arête nasale afin d’agrandir son champ de vision, comme on peut le voir sur tous les portraits faits de lui après son accident où il présente son profil gauche.

Et en l’apercevant se déployer comme une ombre grise et menaçante le long des coursives et galeries… Le père, Anselmo Della Rovere, dit Angioletto, épilogue sans fin sur les portraits de ses aïeux, critique l’attitude d’un oncle, blâme la conduite d’une sœur, les mœurs d’une cousine, désapprouve les manières des uns et les allures des autres, tout en agitant nerveusement sa canne à pomme d’ivoire jauni… « Le temps met la vérité au jour ! »… Père impressionnant de crainte par un certain regard obscur plein d’ordonnance et à sa façon de lancer un jet de salive, Angioletto n’en était manifestement pas un.

Enfin, quand dans les vastes salons baroques et ténébreux, on entend le froufrou d’une robe de soie et le pas gracieux d’une femme belle et légère rythmant l’écho de ses paroles tendrement prononcées… on voudrait se hisser au noble rang de chevalier de la conversation amoureuse pour lui répondre d’un compliment bien placé, car, Donna Dina possède remarquablement les secrets de cette attitude aristocratique par laquelle une femme efface le passé.
Personne ne peut les voir évidemment. Sauf le vieux comte Della Rovere, convaincu de leur présence. Il sait ou devine leurs affaires, tandis que nul ne peut pénétrer ni ses pensées ni ses occupations malgré son apparente familiarité. Il leur parle régulièrement et passe pour un fou auprès de son entourage… « On dit que les heures de sommeil sont du temps volé à la vie, moi je voudrais bien être d’accord, mais, si on ne va pas se mettre au lit que fait-on pour arriver jusqu’au matin ? Tiens, une autre dalle cassée, avec celle-ci ça fait trente-huit. Comment faire si je veux cacher tous ces carreaux cassés ? Je dois déplacer tous les meubles de la maison ! Regarde comme c’est vilain, et si je trébuche ? C’est un lieu de passage, je vais le cacher avec ce guéridon… Ah ! Et là y en a un autre ! Comment faire ? Pasqualina, c’est ton tour, il n’y a rien d’autre à faire, patience, faisons comme ça, regarde, je vais te ramener avec le tapis un peu par-là, qu’est-ce que tu en dis hein ? Tu y seras bien et c’est un endroit plus digne ! Ça t’embête d’avoir été déplacée ? Hein ? Alors ? Celle-ci ne parlait pas de son vivant, alors maintenant qu’elle est empaillée… Bonne nuit, Pasquali… ! Les perroquets sont comme les enfants, ils font des sons avec la bouche, et les parents enthousiastes… venez, venez, il a parlé, il a dit ceci, cela… ! Et le vendeur qui me disait : prenez-le ! Pour vous c’est une compagnie, le matin il vous dira bonjour, fera des chansonnettes ; le soir, il vous saluera, récitera Léopardi… Penses-tu ! Celui-là en dix ans n’a prononcé que des brrribrrri… Oui, il le disait bien, mais seulement brrribrrri… Qui sait s’il le faisait exprès ? Mystère de la nature ! Patience, par-dessus tout… Voyons voir ce qu’il me reste à lire ? Sang sur l’oreiller , celui-ci je l’ai déjà lu, tant mieux, je m’endormirai plus vite, la position du cadavre constitue une nouveauté dans les crimes de l’étrangleur , autre différence avec les forfaits précédents… »
 
Finalement, le vieux comte décide de poursuivre les pages faits divers du journal. […] Niccolo B. un retraité de soixante-dix ans a été hospitalisé après s’être fait poignarder dans un restaurant pour une part de panettone. Le coupable, Alfredo M., âgé de soixante-deux ans, a poignardé sa victime à l’aide de son couteau de table. La dispute aurait éclaté, car aucun des deux hommes ne voulait céder la dernière part de gâteau restant sur le buffet. Alors qu’il tentait de s’échapper, Alfredo M. a été interpellé par deux policiers… Della Rovere commence à partir dans ses pensées et fixe un point dans le vide sans le faire exprès et tout autour devient flou. Puis s’adressant à son frère à voix haute : « Ces derniers temps, des chroni

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