Bavâni, l avatar de Mata Hari
276 pages
Français

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Bavâni, l'avatar de Mata Hari , livre ebook

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Description

Le roman de Krishna Nagarathinam décrit la longue quête identitaire vers l'épanouissement personnel de plusieurs figures féminines. Par-delà les frontières et les préjugés socio-culturels, ses protagonistes imposent leur personnalité riche et complexe. Situant à la fois son action dans la France contemporaine et celle du début du vingtième siècle, l'auteur brouille la chronologie historique pour réunir personnages réels et fictionnels. Le lecteur est tenu en haleine au fil d'une enquête sur la mort mystérieuse d’une jeune indienne originaire de Pondichéry, confondue avec la célèbre espionne Mata Hari. Sa fille part à la rencontre de ceux qui l'ont connue pour découvrir la vérité qui se cache derrière le mythe. À travers elle, c'est une part de l'histoire de l'émancipation féminine qui nous est racontée.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 14 avril 2017
Nombre de lectures 1
EAN13 9782414048458
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0075€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composér Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d'adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-414-04843-4

© Edilivre, 2017
Bavani, l’avatar de Mata Hari

« Dans les fossés de Vincennes
Quand fleurissait la verveine
Au petit jour, les yeux bandés,
Au poteau l’espionne est placée
Et celle qu’on va fusiller
C’est elle ! C’est sa bien-aimée !
Fermant les yeux pour ne pas voir
Il cria : « Feu ! » C’était son devoir !
Dans les fossés de Vincennes
Le soleil se lève à peine
Sous les murs du fort
Est passée la mort.
Et l’espionne a subi sa peine !
Et lui, brisé par l’effort,
Le cœur pris de folie soudaine
Éclate d’un grand rire alors
Dans les fossés de Vincennes ! »
– Cami –
1
L’Histoire, dit-on, raconte les événements du passé ; il n’y a pas que les victoires qui la déterminent, les échecs aussi ; le décès en fait partie au même titre que la naissance, car il se déroule en un lieu, en un temps, de façon irréversible.
Le 10 février 1992, un entrefilet d’un journal venant de l’Est de la France, mentionnait le fait qu’une jeune Pondichérienne s’était immolée par le feu. Au début, l’effet qu’avait produit cette nouvelle n’était pas si intense… J’étais comme un habitant de Chennai qui apprenait, par le journal, un simple fait divers qui avait eu lieu à Pondichéry. Ce fut seulement quand je considérai la défunte comme quelqu’un de la famille, que je commençai à sentir la gravité de la situation. La perte et l’échec nous paraissent énormes quand ils nous concernent personnellement, n’est-ce pas ? L’Histoire ne s’intéresse qu’aux faits, mais quelle contradiction ! Son corps calciné et l’odeur de sa chevelure brûlée me hantent encore aujourd’hui. Je n’ai pas fermé l’œil de la nuit pendant plusieurs jours. En adoptant le jargon journalistique populaire, on aurait dit : « Bavâni de Pondichéry s’est donné la mort par le feu mystérieusement. »
Le temps m’avait pourtant aidé à l’oublier. Cependant, une nuit, une femme d’une trentaine d’années se trouva tout près de mon lit. M’étant bien assuré que celle qui était couchée à côté de moi sous les draps était mon épouse, je jetai un nouveau regard, une fois de plus, à la femme qui se tenait debout. Un frisson traversa mon corps de la tête aux pieds. Je me frottai les yeux. Elle restait immobile. L’image de Mata Hari me revint à l’esprit, car, par hasard, je venais de lire un ouvrage sur elle. Chez nous, on a l’habitude de dire que celle qui périt à la fleur de la jeunesse continuera à hanter jusqu’à la fin de l’âge qui lui avait été accordé par le sort.
Écartant toute pensée de fantôme, je la scrutai : elle était de marbre, une forme scintillante qui s’était faufilée au milieu des ténèbres, les yeux figés, les lèvres crispées et les cheveux longs, soyeux, avec une brillance incomparable. Le lit se glissa hors de moi et s’éleva. Je fis un effort pour réveiller ma femme qui dormait à poings fermés, mais la main de l’inconnue s’allongea et m’embrassa comme une couleuvre. Me libérant de son étreinte, je me dirigeai vers mon bureau. Installé devant ma table, j’allumai mon ordinateur et me mis à travailler, alors que je sentais la présence de cette femme derrière moi.
– Krishna !
Je sursautai.
– Qui est-ce ?
– C’est moi, dit-elle avec un éclat de rire.
– Mata Hari ?
– Comment ? M’as-tu oubliée si tôt ? Je ne suis pas Mata Hari… Je suis Bavâni.
Je sentis ses doigts caresser légèrement mes cheveux et frôler ensuite mes joues.
– Pourquoi as-tu la sueur froide ? me demanda-t-elle, tout en regardant l’écran de mon ordinateur.
Quelques minutes s’égrenèrent silencieusement…
– Comment ? s’écria-t-elle. Tu emploies les termes « démone » et « diablesse » ? Laquelle d’entre nous deux est démone ? Laquelle est la diablesse ?
– Ces termes ne collent bien ni à toi ni à l’autre, mais les traits communs que je trouve chez toi et chez Mata Hari me paraissent étonnants. Aujourd’hui, c’est sur Mata Hari que je voulais écrire…
– En m’oubliant, alors ?
– Sans toi, cette histoire n’existe pas. En effet, tu en es la source principale.
– Hier j’ai vu Harini ; elle m’a donné deux documents qui t’auraient appartenu. Elle y a inclu quelques détails sur elle aussi. C’est ta fille qui a commencé cette fiction.
– Tu ne peux pas écrire cette histoire sans moi !
– J’ai des documents nécessaires sous toutes les formes !
– Tu peux parler de Mata Hari… Mais cela sera-t-il aussi authentique que si elle-même prenait la parole ?
– Où veux-tu en venir ?
– Tu dois laisser la parole à Mata Hari !
– Ce n’est pas encore clair pour moi…
– Je m’en occuperai. Quelle heure est-il maintenant ? Il est minuit, l’heure où les fantômes et les esprits se promènent. Va te coucher !
On entendit un éclat de rire.
* * *
2
Harini avait la bouche sèche, la gorge nouée. Comme d’habitude, elle s’était levée à six heures. Le poids du cœur se faisait sentir sur la tête. La lumière qui perçait l’ombre était le seul signe consolateur. Ses yeux étaient encore lourds de sommeil. La fatigue l’assommait. En pliant les doigts, elle s’essuya les yeux. Son regard se posa d’abord sur l’image suspendue au mur. Sans enlever le drap, elle étendit les jambes. Quand elle leva les bras, un léger bâillement lui échappa. La veille au soir, elle avait travaillé très tard ; l’entreprise qui l’employait était en pleine croissance ; elle était baptisée Dracula.com. Avec une vingtaine de personnes à son service, elle s’enrichissait énormément ! Depuis cinq ans, vingt pour cent d’entreprises françaises, disait fièrement Harini, ne comptaient que sur elle pour recruter leurs employés ; on affirmait que Dell avait établi environ trois cents centres à travers le monde, de la Nouvelle-Zélande aux États-Unis, en passant bien sûr par l’Inde, rien que pour le Dracula.com. Hier, l’entreprise avait signé un contrat important avec le géant Digital Communications. Étant sous le contrôle direct du PDG, Harini ne pouvait pas rentrer en laissant tout en plan. Entre la préparation du contrat et la signature éventuelle, avant et après, il y avait des tâches à accomplir : préparer soigneusement le contrat avec l’aide des services concernés, dresser la liste des négociations, assurer le bon déroulement de la réunion, la participation au dîner, et enfin, son PDG en question n’était qu’un jeune homme de trente ans ! Ainsi donc le retard s’accumulait et elle n’était rentrée chez elle que vers quatre heures du matin. Ses vêtements traînaient encore dans le salon, comme des témoins immortalisés.
Les jours de travail, elle se levait à 6h. Le temps de faire sa toilette, elle sortait la voiture du garage normalement à 7h30 pour qu’elle pût entrer dans son entreprise qui se trouvait à trente kilomètres de chez elle et dire bonjour à Jennifer qui s’occupait de l’accueil, à 7h50. Le week-end, n’ayant aucune obligation à sa charge, elle s’habituait à jouer la montre : elle restait en état de veille longtemps, avant de quitter le lit ; elle prenait le petit-déjeuner à dix heures ou onze heures ; elle se brossait les dents quand l’envie lui en prenait ; elle se mettait devant l’ordinateur pour taper quelques lignes pour son blog « Les jasmins de l’Est ». Après une brève pause pour aller aux toilettes, elle se remettait au travail. Entre temps, l’envie lui venant de parler à son amie Camille, elle se précipitait sur son téléphone ; en trébuchant parfois sur son numéro, elle arrivait enfin à la joindre et c’était alors le commencement d’un bavardage à bâtons rompus qui s’éternisait. Pour couper court, son interlocutrice disait parfois « C’est moi qui te rappelle ! », avant de raccrocher brusquement.
En écartant le drap blanc en coton qui soulignait encore une odeur fraîche, elle éteignit du bout de ses doigts la sonnerie de son réveil. Sa robe de chambre en mousseline glissa à ses pieds. Elle la franchit sans se soucier des convenances. Elle semblait jouir d’une liberté sans entraves. Elle vivait dans son royaume. Ce royaume, situé au quatrième étage d’un immeuble, avenue Wilson, à Strasbourg, se composait de deux pièces ; le plancher du salon était recouvert d’un tapis iranien acquis tout récemment ; aux murs, de couleur jaune foncé, pendaient des tableaux de style Thanjavur ; au centre, trônaient un canapé en cuir et une petite table ; tout le long du mur de droite se dressait une bibliothèque bien garnie d’ouvrages en français, en anglais et en tamoul, admirable assortiment d’auteurs d’hier et d’aujourd’hui : Simone de Beauvoir, Betty Friedan etc…, auteurs que sa maman aimait, auxquels s’ajoutaient ceux qu’elle aimait, elle : Le Clèzio, Modiano, Tom Clancy, et les auteurs importants indiens.
Elle étendit les bras à droite et à gauche, puis les ramena sur ses hanches. Entrant dans la cuisine, en marche arrière, elle ouvrit le frigo, en sortit un yogourt et en versa le contenu dans un bol, y ajoutant quelques morceaux de fraises et elle se mit à en manger avec une cuillère, tout en faisant les quatre cents pas dans sa chambre. Puis, sur un coup de tête, elle se dirigea vers le balcon et jeta un coup d’œil au dehors. L’une des branches du Rhin s’écoulait lentement, sans le moindre bruit. Sur les deux bords, se dressaient des érables au milieu desquels s’insinuaient des pêchers, tels des bambous. Des merles qui y perchaient aiguisaient leurs becs contre les rameaux ; de temps en temps, ils prenaient un envol circulaire avant de regagner leur place sur l’arbre ; essayant d’attirer leur attention, elle se tapait parfois dans les mains. Au sud-est, des hautes cheminées des usines de Kronenbourg, sortaient des fumées noires. A perte de vue s’étendaient des toits couleur cendre, sur lesquels se hérissaient des antennes aériennes. Un TGV, en provenance de Paris, glissait doucement à l’approche de

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