Beauté fragile du hasard
222 pages
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Beauté fragile du hasard , livre ebook

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Description

Dans ce recueil de nouvelles tout à fait atypique, l’auteur n’hésite pas à mélanger les genres, (science-) fictions, aventures, épouvante... « Saccage » met par exemple en scène une journée dans la vie de Leonor, parisienne, donc pressée, un peu égocentrique, et la relation qu’elle entretient avec un accessoire typiquement féminin. Et l’originalité de ce récit est que cet accessoire prend vie. Il devient le narrateur de cette histoire, décrit la façon compulsive dont sa propriétaire le touche, le tripote, le bourre d’objets plus ou moins utiles, et nous fait découvrir la journée de Leonor de son point de vue à lui. Dans un tout autre registre, la belle et poétique nouvelle « Maladresse perlée » nous entraîne dans la douce errance d’un homme au petit matin, au bord de l’océan. Il croise des individus qui paraissent aussi tristes que lui l’est à ce moment, leur invente des histoires, des destins. Il fantasme brièvement dans un ascenseur sur une belle jeune femme vêtue d’une courte robe rouge, s’émeut d’une chanson douce. Mais finalement, cette aube naissante sera le début d’une autre vie, un nouveau départ.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 26 septembre 2018
Nombre de lectures 0
EAN13 9782414178360
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0060€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d'adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-414-17834-6

© Edilivre, 2018
Bonjour lecteur inconnu,
Merci d’avoir acheté puis ouvert ce livre.
Commençons par un avertissement. Les nouvelles de ce recueil ne sont pas classables dans un genre précis. Il ne s’agit pas :
– d’aventures ni d’épopées, encore que l’on y croise des chevaliers, des gardiens de pont…
– d’horreur ou d’épouvante, encore que seul un humain sur dix en réchappe et qu’un démon fréquente les bars…
– de thriller ou de policier, encore qu’un policier enquête sur un homme volant et qu’un autre cherche qui découpe des quidams en rondelles.
Ce ne sont pas non plus :
– des récits historiques, sauf si l’on considère comme telle l’aventure étrange d’un héros méconnu,
– du réalisme, sauf si l’on admet qu’un jeu d’enfant est bien réel,
– de science-fiction, sauf si un voyage avec une statue de bronze dans des mondes parallèles pourrait y faire penser.
Serait-ce un mélange de tout cela autour d’aventures de la vie quotidienne avec quelques touches de fantastique pour l’esprit, de petites doses d’humour pour la détente et des soupçons de romantisme pour le cœur ?
Je vous laisse découvrir, ce n’est pas vraiment cela non plus…
Vous y trouverez ce que vous y apporterez et j’espère que vous prendrez autant de plaisir à les lire que moi à les écrire.
Pour vous habituer à mon « style », commençons par un cri en forme de clin d’œil, rapide à lire.
Aimez-moi !
Entre la fin du début et le début de la fin, je n’ai pas eu le temps de respirer ! Je suis morte le jour de ma naissance. À peine achevée, j’ai basculé sans transition préalable vers un état immuable, exposée aux regards impertinents d’inconnus en quête de sensations.
Dès ma conception, la faim d’autrui m’a poussée vers une issue que je n’ai jamais comprise. Je savais que je n’arriverais jamais à assouvir ses faims. J’ai peur de disparaître quand je n’aurai plus conscience d’être, quand je serai couchée définitivement sur mon lit de papier.
Le temps s’est écoulé sans me laisser l’opportunité de le compter, de savourer son passage inexorable, de m’attarder à le câliner. Des maux m’ont rempli au compte-gouttes, traces noires déposées sur le blanc immaculé de ma conscience. Je ne pouvais m’y opposer, résignée à subir cet acte créateur, je me suis offerte, apportant ma confiance innocente à mon créateur tout-puissant. J’ai essayé de l’aider en me montrant sous mon meilleur jour, policée et justifiée.
Il allait vite, faisant peu d’allers-retours, survolant l’ensemble à grandes louches, de gauche à droite et de bas en haut. Le dialogue s’instaurait entre ma bouche, matérialisée par un écran sans saveur, et le bout de ses doigts qui cachaient quelque chose, je le sentais, loin au bout des bras qui les portaient. Je prenais forme, à défaut d’avoir encore un sens.
Justement, là est bien ma question. Qui voudra de moi ? Qui prendra le temps de me parcourir du regard, de s’arrêter à mes signaux ? Je devine l’heure de ma mort. L’accouchement arrive à son terme. Je veux continuer à être créée, à vivre, à foisonner, à changer. Devenir immuable, gravée dans le marbre est un cauchemar. Est-ce que je serais toujours reliée par un indicible lien à l’être qui a abusé de moi sans vergogne, fait de moi ce qu’il a voulu. Je ne suis qu’un de ses enfants.
La fin se rapproche, le début est pourtant si proche. Je redoute le point final, il ne faut pas qu’il vienne. Avant, je dois découvrir le but de mon existence. Puisque personne ne peut me répondre, me montrer des pistes, je vais faire acte d’autosatisfaction en induisant un biais dans le schéma narratif. Voilà, je veux plaire, que les gens me contemplent et m’admirent. Qu’ils me copient sans état d’âme, qu’ils me partagent même, s’ils le souhaitent. Je veux être imprimée sur du velours rouge sang en caractère bleu ciel et pendre sur un immense tapis oriental accroché au mur d’un château médiéval sombre et frais. Répandez-moi dans le réseau à travers vos échanges afin que je trouve un jour mon âme sœur, un lecteur intrépide. Telle est ma prière.
Toute nouvelle, je suis déjà finie •
* * *
Ces deux nouvelles (la précédente Aimez-moi ! et la suivante Promenade à sept temps) parlent, sous des formes très différentes, de l’écriture et du mystère de la « création » d’un texte : un mélange de scénario structuré et d’instinct, avec énormément de hasard.
Au premier jet, les phrases viennent prendre leur place les unes à la suite des autres pour constituer une œuvre « brute de fonderie », sympathique, mais illisible !
Il faut relire et corriger, modifier de très nombreuses fois, pour en faire un produit fini.
Il échappe alors à son créateur, pour vous appartenir, à vous, lecteur, qui pourrez l’aimer ou le détester…
Je remercie au passage mes « premiers lecteurs ». Leurs retours me sont précieux pour rendre plus clairs certains passages, alléger les tournures trop lourdes et ne conserver que ce qui est utile au récit, et pas ce qui plaît à l’écrivain. Enfin, essayer en tout cas…
Remettre sur le métier son ouvrage pour arriver à en être satisfait : dur exercice de taper le point final alors que des améliorations seraient toujours possibles.
Entreprenons maintenant ensemble un voyage assis à l’ombre d’une statue.
Un cerveau peut fabriquer, seul, et sans demander l’avis d’une conscience rationnelle, une irréalité fantasmagorique pour subvenir aux besoins non assouvis d’un corps trop utilisé par un mental sous pression.
Comme vous l’avez déjà sûrement compris, l’idée de ces petits intermèdes est de vous donner quelques clefs de lecture avant la nouvelle et des explications après…
Promenade à sept temps
Le monde est un livre et ceux qui ne voyagent pas en lisent seulement une page.
Saint Augustin
Pourquoi ai-je accepté ce déjeuner d’affaires en plein mois d’août dans un Paris vidé de ses habitants, échangés mystérieusement contre des touristes de les toutes nationalités, alors que ma charge de travail ne me laisse même pas le temps de rêvasser ? Je connais à peine mon interlocuteur. Cela va se résumer à un exercice de politesse pour le bon entretien de mon réseau de relations.
Je suis en retard, la faute à une réunion trop longue que je n’ai pas réussi à écourter. Pendant le trajet, rendu stressant par l’urgence, j’ai slalomé de file en file, m’efforçant en parallèle de recharger le contexte, passant en revue nos anciennes discussions. Je me dois d’être à la hauteur. Juste avant d’arriver, je me suis visualisé sur ma chaise. Il me faudra lutter contre l’avachissement et garder le dos droit. Vœu pieux que je ne réalise jamais.
Au moment d’aborder la table, où il m’attend depuis quelque temps en pianotant sur son smartphone, je me focalise sur mon objectif : essayer de bien comprendre ses besoins, pour trouver une opportunité d’affaires ou la possibilité d’autres relations.
Épuisé, j’insère une pile neuve dans mon moteur. Il faut que je maîtrise ma présence corporelle, que j’adapte mes mouvements et mon attitude, que je contrôle mon ton et son amplitude. Produire des sourires, les pensées en ébullition, se mettre en mode écoute active, comme dans les livres. Je suis là, et je me regarde être là. Double consommation du peu d’énergie qui me reste.
Après l’apéritif, un Negroni bien tassé, j’entame le repas par une entrée légère – attention au cholestérol. Vient une pause avant le plat, je dois me dépenser pour occuper le temps et l’espace. Ingurgiter une sauce trop épaisse avec le poisson me pousse aux limites. Je me force toujours à finir mon assiette, je n’aime pas gâcher.
Et encore l’attente, la trop longue attente, pour le café. Il faut meubler la conversation. Je ne tiendrai pas !
Temps zéro
L’énergie me fait défaut. Mon corps est une masse qui m’attire vers le bas. Je suis en sueur, la chaleur envahit mes tempes. Respirer est une épreuve. Tout est accablant. Mon ventre épais est gonflé. Je suis une larve molle.
Penser me fatigue, mon cerveau est grillé, mes neurones saturés. J’ai l’impression d’avoir un casque qui me compresse la tête. Assis dans ce restaurant bondé, la digestion qui commence me vide.
Sentiment d’usure prématurée, d’inutilité. Fatalité de l’épuisement.
Il faut que je m’allonge, que je garde les yeux fermés. J’arrive à prévenir mon interlocuteur juste avant de me répandre au sol. « Ce n’est pas grave. Il faut que je laisse la machine refroidir, que j’y mette un peu d’huile de sieste. Dans dix minutes, cela ira mieux. »
À terre, allonge au milieu des tables, des serveurs loin au-dessus de moi, des voix assourdies et inquiètes, je commence ma visite des pommiers. Chute de tension… manque d’irrigation. Respiration par le ventre, profonde, les yeux fermés, relâchement des épaules. Sentir mon corps, le parcourir muscle après muscle. L’important, c’est d’expirer à fond, de se vider. Le remplissage est automatique, inspiration nasale pour oxygéner directement le cerveau.
Ça va mieux. J’ai juste assez de force pour sortir respirer.
C’est lui qui paiera. Je lui dis : « Au revoir ». Je lui propose un autre rendez-vous, plus tard dans l’année. Nous avons le temps, nous sommes encore jeunes.
Dehors, sur le trottoir, je souffre le martyre. Le passage brutal d’une atmosphère climatisée à ce tourbillon de courants d’air brûlant qui montent du bitume m’achève. J’ai beau thermoréguler , la chaleur m’infiltre.
La carte de visite qu’il m’a donnée m’échappe et s’envole. Acte manqué ? Comment ramasser ce bout de papier ? Si je baisse la tête, je ne pourrai pas me relever. Il fait trop lourd, un mètre de chute libre serait intolérable pour ma tension encore bien trop basse.
Je m’assois par terre à côté du bristol blanc à l’ombre de l

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