Bêtise ou cadeau des cieux
94 pages
Français

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Bêtise ou cadeau des cieux , livre ebook

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Description

« Quelle déception pour cette arrogante femme ! Les jumelles furent loin d'être belles et parfaites, comme elle l'aurait pensé. Elles n'étaient même pas identiques, on peut même dire qu'elles étaient très différentes l'une de l'autre. L'une s'appelait Tiki Paka, ce qui signifiait en langage inventé “Trahie des dieux”, et l'autre Tiki Poko, ce qui signifiait “Oubliée des dieux”. Wélé, le dieu de la rigolade, avait tenu sa promesse, il s'était vraiment payé la traite. Tiki Paka avait un petit corps tout frêle et avait une tête énorme. Quant à Tiki Poko, elle était très grosse et très grande, mais sa tête était minuscule. Sans réfléchir aux conséquences, il avait joué avec la vie de deux êtres humains innocents, qui n'avaient rien à voir avec la méchanceté de leur mère, leur seul péché étant d'avoir été mises au monde par Bellissima. C'étaient maintenant elles la risée de toute la ville. » Physiquement... atypiques, les jumelles Tiki Paka et Tiki Poko n'ont évidemment pas eu de chance. D'abord abandonnées par leur mère, puis par leur père, elles seront élevées par leur oncle. C'est là, au sein de leur nouvelle communauté, que ces personnages aussi singuliers qu'attachants apprendront à vivre et à apprécier leurs différences. Leur élan d'optimisme changera à jamais leur entourage... Marie-Paule Normil signe avec ce conte haïtien une belle leçon d'espoir et de tolérance.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 03 juin 2016
Nombre de lectures 0
EAN13 9782342052053
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0052€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Bêtise ou cadeau des cieux
Marie-Paule Normil
Société des écrivains

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Société des écrivains
175, boulevard Anatole France
Bâtiment A, 1er étage
93200 Saint-Denis
Tél. : +33 (0)1 84 74 10 24
Bêtise ou cadeau des cieux
 
Toutes les recherches ont été entreprises afin d’identifier les ayants droit. Les erreurs ou omissions éventuelles signalées à l’éditeur seront rectifiées lors des prochaines éditions.
 
 
 
Retrouvez l’auteur sur son site Internet :
http://marie-paule-normil.societedesecrivains.com
 
 
 
Cette histoire, je l’ai inventée et écrite pour mes enfants, Emmanuelle et Gabrielle Théodore, qui me l’ont inspirée ; il s’agit de deux sœurs si différentes, mais qui se complètent tellement.
Je dédie mon livre à mon vieil ami, Pierre Chaput, qui a eu foi en moi au point de me trouver la maison d’édition qui me publie. Je souhaite que cet homme au grand cœur puisse toujours rester mon ami.
Je le dédie aussi à tous les laissés-pour-compte, à cause de leur différence, et qui ont malgré tout pu tirer le meilleur d’eux-mêmes.
Ils ont réussi à faire la différence en prouvant aux autres qu’ils étaient des gens à part entière, grâce à leur courage et à leur détermination.
Je souhaite à ces gens exceptionnels de trouver la sérénité, car la force, la détermination et le courage font partie intégrante de leur vie. Ils sont un exemple de dépassement de soi, ils sont mes héros ; en signe de respect et de reconnaissance, je leur tire mon chapeau.
 
 
 
Chapitre 1
 
 
 
L’histoire se passe dans un pays très lointain, situé dans une ville côtière appelée Gonaïves. À cette époque-là, les simples gens rêvaient de pouvoir être des dieux, pour un jour, où les dieux deviendraient simples mortels.
Il y vivait une superbe femme, son prénom était Bellissima. Elle habitait la plus grande et la plus belle maison de la ville. Celle qui était située tout en haut sur la colline, surplombant la prairie. Elle était peinte d’une couleur très gaie, d’un beau bleu cobalt aux reflets d’or, ses volets étaient d’un jaune tout à fait exceptionnel et de très beaux arbres fruitiers entouraient la maison.
En présence de ces arbres aux fruits si délicieux et appréciés, les papilles gustatives se mettaient automati­quement en gestation. On n’avait qu’à allonger le bras pour en cueillir certains délectables et exceptionnels, tels que le pomelo ou chadèk, une sorte de gros fruit à la peau verte ou jaune. Sa chair était d’un jaune pâle presque transparent, généralement très sucrée ; on pouvait la consommer nature, mais souvent, il était transformé en jus. La partie blanche était très amère, mais on s’en servait pour faire une bonne confiture maison, même la peau servait de remède contre l’acidité ou les aigreurs d’estomac.
Des mangues, des noix de coco, se balançaient en grosses grappes perchées tout en haut de leur tour. Des pommes grenades, des abricotiers, des corossols, des avocatiers, des papayers, des quenèps, des bananiers, de la canne à sucre avec laquelle on préparait le clairin (une sorte de boisson alcoolisée très répandue et utilisée parmi la classe populaire).
 
Le fruit préféré de Bellissima était de loin la siwèl, un petit fruit rare doté d’un noyau ; il ressemblait un peu à une petite pêche mais, une fois mûr, sa couleur rappelait plus celle d’un abricot, mais en plus délicieux et plus succulent encore. Étant donné sa petitesse, il fallait en manger une bonne quantité pour être pleinement rassasié. Si on en trouvait qui avaient bien mûri sur l’arbre et qui étaient bien dodus, miam-miam ! que c’était bon.
Bellissima raffolait de ce petit fruit. D’ailleurs, étant toute petite, elle passait une grande partie de ses journées sur un des arbustes donnant ce petit fruit si délicieux ; elle lui avait même donné un nom : konpayèl mwen , ce qui signifie « mon ami ».
Cela faisait enrager sa mère, elle était découragée de voir sa fille passer plus de temps sur cet arbre que sur la terre ferme. Elle redescendait de l’arbre plus que souvent avec ses belles robes toutes déchirées. D’autant plus que, selon la croyance populaire, quand des filles montaient dans un arbre fruitier, celui-ci était censé donner des fruits moins succulents à la longue.
Bellissima, elle, au contraire, trouvait que plus elle grimpait dans son arbre préféré, plus les fruits devenaient délectables ; c’était une question de point de vue et de croyance, ou du moins, cela dépendait de la fille, disait-elle.
Elle avait de la peine à partager son arbre préféré avec les poulets qui y grimpaient la nuit venue pour aller dormir. C’était une vraie comédie de la voir descendre de son arbre pour aller se coucher et regarder les oiseaux y monter pour la même raison. Elle y restait le plus tard possible, tant que sa mère lui permettait d’y rester.
De superbes fleurs de toutes sortes et de toutes les couleurs ornaient la maison. Lorsque les rayons du soleil plongeaient dans la rivière et envoyaient leur reflet sur cette superbe maison de style colonial, le vent jouant allègrement avec les feuilles des arbres en même temps, avoir le privilège de poser les yeux sur ce beau paysage enchanteur donnait l’impression d’être au paradis.
Le soir venu, on avait l’impression que tous les oiseaux chanteurs de la terre s’étaient donné rendez-vous, leur seul but étant de donner un concert improvisé auquel seuls les amoureux de la nature étaient conviés.
 
Le père de Bellissima était Amony Timalen Eskariot, mais tous les gens du village l’appelaient affectueusement « Amo ». C’était un homme simple et bon, un riche commerçant du pays. Lui-même issu d’une famille riche, il traitait tout le monde avec égard et gentillesse.
Après la mort de leurs parents, Amo et sa sœur Machoune avaient vécu seuls dans la grande et luxueuse maison familiale, entourés d’une trôlée de domestiques. Mais tout le village avait veillé sur eux. Amo avait dix-neuf ans à cette époque, il était déjà un homme. Il n’avait pas eu le choix, il avait dû mûrir très vite – sa sœur n’en avait que treize – pour faire marcher la plantation, diriger la maison et surtout prendre soin de sa petite sœur.
Machoune était une espèce de garçon manqué, mais également une très jolie jeune fille, avec de longs et beaux cheveux noirs. Elle adorait monter à cheval ; c’était sa passion. En grandissant, elle était devenue une très belle femme certes, mais elle demeurait très effacée et très timide, on ne la voyait presque pas, elle parlait peu.
Elle s'était transformée plus tard en une femme d’affaires très consciencieuse et très ordonnée, c’était en partie grâce à elle si la fortune des Eskariot était devenue ce qu’elle était. Malgré sa très grande beauté, sa richesse, et son rang social, c’était une femme exceptionnelle, tout comme son frère, elle était très humaine, d’une très grande gentillesse avec tout le monde.
 
Amo et sa sœur s’étaient toujours bien entendus, jusqu’à l’arrivée de la femme qui allait devenir l’épouse d’Amo. Il avait toujours été très protecteur avec elle ; les adultes le félicitaient pour son sens des responsabilités. Quant aux jeunes hommes, ils le qualifiaient de tyran.
On ne pouvait pas en dire autant de la mère de Bellissima. Elle s’appelait Mardochée. Personne ne savait qui elle était, ni d’où elle venait, mais ce qu’on se rappellerait toujours à son propos, c’était sa grande beauté et la rapidité avec laquelle elle s’était fait épouser par l’homme le plus riche et le plus aimé de toute la ville, pour ne pas dire de tout le pays.
Elle avait débarqué au port un beau matin d’avril. Les gens étaient tous curieux de savoir qui elle était. Son apparition sur le quai d’une petite ville côtière n’était pas passée inaperçue et, en peu de temps, une foule de curieux s’était amassée autour d’elle.
Tel un ange, on aurait dit qu’elle marchait sur un nuage tellement sa démarche était légère. Elle affichait une assurance déconcertante, peut-être due au fait qu’elle se savait très belle et admirée. Le vent jouait allègrement dans ses beaux cheveux roux ; on avait l’impression que le soleil prenait son énergie directement dans les reflets dorés qu’ils dégageaient.
Elle avait pour tout bagage les vêtements qu’elle portait : une belle jupe blanche en lin très large qui lui arrivait jusqu’aux chevilles, le bas de la jupe étant orné de belles broderies bleues sur de la dentelle blanche. Quant au corsage, il était blanc cassé, et visiblement trop décolleté pour la saison. Elle avait aux pieds des sandales en cuir noir avec de fines lanières tressées.
Ce qui attirait surtout l’attention sur sa tenue vestimentaire était un très beau et gros collier fait de jolis coquillages, qu’elle portait au cou et qu’elle tournait sans cesse entre ses longs doigts. Elle avait de très beaux et longs ongles, d’une couleur rose transparente ; on aurait dit qu’elle les avait fait vernir.
Elle était de passage, disait-elle, car il n’y avait rien d’intéressant pour elle dans ce coin perdu. Foutaises, quand on y pense, car elle n’avait jamais plus quitté la côte ; elle s’était même installée confortablement.
Amo l’avait accueillie et était devenu son mari, il était le père de Bellissima. Malheureusement, il était décédé deux ans après la naissance de celle-ci. Les mauvaises langues disaient qu’il avait été empoisonné par la belle Mardochée, mais personne n’osait l’affirmer publiquement.
 
 
 
Chapitre 2
 
 
 
Bellissima ne portait pas ce prénom pour rien, car elle était scandaleusement, même odieusement, belle. Elle avait des yeux plus que magnifiques, une très belle peau, des cheveux d’une couleur exceptionnellement

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