Café de la Gare
102 pages
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Café de la Gare , livre ebook

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Description

Plongez au cœur de ces sept nouvelles originales et naviguez au gré des personnages !

Revivez les derniers moments de la vie d’un certain Michel Colucci, faites connaissance avec des chefs d’entreprise un peu particuliers et suivez l’escapade nocturne d’un enfant bien trop curieux. Découvrez comment un voyage en train se transforme en ligne droite vers l’inconnu, comment le quotidien solitaire d’un écolo bougon se retrouve tout à coup chamboulé, et rappelez-vous ce que c’est qu’être adolescent...

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 19 décembre 2014
Nombre de lectures 0
EAN13 9782332796752
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0045€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composér Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d'adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-332-79673-8

© Edilivre, 2015
Dédicace


A mes parents
Préface
Ô cher ami lecteur, bonjour à toi.
Tu t’apprêtes à entrer dans mon monde fait de nains de jardin qui parlent, d’esprits vengeurs et d’Univers carré. Détends-toi, ça ne fait pas mal. Laisse ton esprit apaisé vagabonder au gré de ces courtes histoires pendant que je prends le temps de te remercier pour l’intérêt que tu leur portes. J’espère qu’elles sauront s’en montrer dignes. En attendant, bonne lecture. Force et honneur.
Tom Dels
 
« Qui comprend l’humanité recherche la solitude »
– Hazrat Ali
La routine… et autres banalités
Lucien devait ce mercredi soir sortir les poubelles. Il avait décidé cela sur un coup de tête, s’accordant alors le droit de descendre dans ce bas monde qui le terrifiait plus que tout. Peut-être cette incroyable décision irréfléchie lui permettrait-elle de renouer avec ce monde avec lequel il avait coupé tout contact, de peur de se faire « embarquer dans cette société de consommation pourrie où l’Homme n’est plus qu’un individu égocentrique, disait-il, j’en passe et des meilleures ».
Lucien, confiant dans son audace, ramassa alors les nombreux emballages bio – Lucien est écologiste – qu’il tria soigneusement par sachet avant d’entreprendre de passer timidement un orteil, puis un pied, puis la jambe, puis enfin le corps entier à travers l’embrasure de la porte pour descendre jusqu’aux bennes déjà remplies à ras bord de divers déchets.
Dans le couloir Lucien est prudent. Il marche à égale distance des deux murs, en suivant une ligne qu’il appelle depuis si longtemps « ligne de survie ». De cette façon Lucien se protège des attaques des voisins trop entreprenants. Depuis que Lucien sait qu’il y a trois ans, Chirac a fait 84,7% dans son immeuble aux présidentielles de 2002, il lui semble que cette ligne de survie demeure sa seule alliée face à l’envahisseur de droite (Le Pen a obtenu quant à lui 13.2% des suffrages dans l’ensemble du bâtiment). Tout à coup, Lucien est brutalement déstabilisé et manque de vaciller. Une porte, la 27B très exactement, vient de s’ouvrir et un cheveu, puis deux, puis une tête blonde apparaît. Lucien ne bouge plus. Il a reconnu le fils Martineau. A ce qu’il paraît, il est déjà le portrait craché de son père. Pauvre enfant !
Lucien sent ses membres ankylosés par la peur et resserre ses doigts jusqu’au sang autour de la poignée du sac plastique « Protégeons l’environnement ». Les lèvres jusqu’alors soudées de l’enfant se séparent lentement. Lucien a peur. L’enfant déglutit. Lucien a peur. L’enfant prend son souffle. Lucien a peur. L’enfant dit : « Bonjour, monsieur Baro ». Lucien n’a plus très peur. L’enfant esquisse un sourire. Lucien se dit que, peut-être, tout espoir n’est pas perdu dans cet immeuble. Interdit, le visage éclairci, Lucien ne répond pas. Il entreprend toutefois un sourire plus grimaçant qu’amical, puis passe sa route parce qu’il se dit que, tout de même, chez les Martineau, c’est 100% Sarkozy.
Lucien suit donc toujours sa ligne de survie. Depuis son autarcie, Lucien n’a jamais parcouru autant de chemin. Déjà trois portes ! Lucien est fier de lui. Il veut en faire partager les autres. Lorsqu’une autre porte s’ouvre, c’est cette fois-ci la veuve Beckett qui sort de son appartement. Epris de folie, Lucien se risque à la saluer :
– Bonj…
– Ecologisss ! Communisss ! Ordure ! maugrée la vieille avant de lui claquer la porte au nez.
Lucien se dit que madame Beckett vote Le Pen pour avoir des pensées aussi extrémistes. Ce n’est pas lui qui aurait de tels préjugés. Il songe qu’il serait temps de déménager, car cet immeuble sent le roussi, mais peut-être n’en trouverait-il pas la force.
Déjà deux étages ! Lucien a donc atteint le rez-de-chaussée, dernier rempart avant le monde extérieur, et l’on peut lire sur son visage une joie intense, malgré sa rencontre quelque peu refroidissante avec la veuve Beckett (les incontinences de Lucien l’ayant alors soudainement repris). La félicité dans le regard de Lucien fait brusquement place à une authentique terreur. Il franchit la dernière marche et pose le pied sur le sol. Tremblant comme une feuille, il passe devant les boîtes aux lettres incrustées dans les murs du hall de l’immeuble : Famille Martineau – boîte pleine, Sylvie et Jérôme Boniface – cinq lettres, Beckett « pas de prospectus » – trois lettres, Lucien – rien. C’est normal, Lucien est seul. Comme beaucoup d’hommes, Lucien se complait dans sa solitude mais regrette au fond de lui de n’avoir jusqu’alors sérieusement rencontré personne. Oh, bien sûr, il avait essayé : speed-dating, tchat, téléphone rose, parfois même certaines boîtes branchées de la capitale. Mais ce qu’il préférait, et cela était en partie dû à son âge avançant, restaient les meetings politiques. En vain. Il y avait malgré tout eu Capucine. On ne peut pas dire qu’il ne l’avait pas aimée, mais leurs tempéraments opposés avaient transformé leur histoire pourtant bien engagée (trois enfants tout de même) en désastre amoureux. Lucien avait renoncé à rencontrer l’âme sœur le jour où il comprit – ou plutôt qu’une émission de télévision qui passait à quatre heures du matin lui avait fait comprendre – que la réussite de sa vie quotidienne et amoureuse demeurerait étroitement liée aux taux de représentation aux différentes élections des opinions politiques qu’il défendait. Et, il faut bien l’avouer, Lucien avait pris un sacré coup sur la carafe en apprenant le score des Verts au premier tour de la présidentielle en 2002.
Plongé dans ses pensées, Lucien remarque à peine que les quelques mètres le séparant de l’extérieur se sont mués en quelques minuscules millimètres, les plus durs selon lui. Lorsqu’il franchit le perron les bras chargés d’ordures, c’est un air impur et lourd qui emplit soudainement ses poumons. Lucien suffoque, Lucien tousse, Lucien souffre. Comme un nouveau-né, il s’acclimate petit à petit à ce nouvel environnement qu’il avait délaissé il y a quelque temps de cela. Face à cette immensité, Lucien se rappelle l’austérité de son studio spartiate et stérilisé. Tout est maintenant déstructuré, démesuré. La ligne de survie est inutile ici, car les murs ont volé en éclats pour laisser place à d’immenses bâtiments de béton irrégulièrement répartis dans toute la ville, que Lucien ne reconnaît désormais que trop peu.
Une façade à longer, un boulevard à traverser, quelques pas. Voilà les dures épreuves que doit encore affronter Lucien pour arriver aux bennes, celles de son immeuble ne pouvant plus accueillir le moindre déchet supplémentaire. Il reste cependant le trajet du retour, tout aussi problématique car Lucien n’aime pas réitérer les actions pénibles. Porter les poubelles jusqu’aux bennes de son immeuble, passe encore. Mais se mêler à cette société de consommation, il fallait pour cela qu’un véritable sang froid circule dans les artères parfaitement saines de Lucien à ce moment-là.
Le petit bonhomme du feu passe au vert et Lucien entame péniblement la traversée périlleuse. Il garde les yeux fixés sur la bouche à incendie de l’autre côté de la rue. Il a peur. Il compte les bandes blanches du passage piéton. Plus que sept.
Enfant, il s’amusait à ne poser le pied que sur celles-ci, sautant comme un cabri (il aimait tellement ça qu’il priait pour ne jamais voir le bout de ces bandes). Aujourd’hui, Lucien ne prie plus, mais espère fortement que tout ceci se termine rapidement, et invoque le bon vouloir des êtres chers qu’il espère reposant au ciel. Lucien ne prie plus depuis que sa mère, adepte d’une secte chrétienne non reconnue par le Vatican en raison de ses méthodes trop violentes, s’était adonnée au suicide collectif par flagellation avec ses compères.
Plus que six. Plus que cinq. Le trottoir paraît plus proche que jamais. Plus que quatre…
Lucien y croyait pourtant. Peut-être aurait-il réussi à surmonter ses vieux démons une fois dans sa vie. Maculée de sang, la chaussée lui rappelle son enfance. Il considérait le macadam gris comme un océan infesté de requins et autres chimères marines, strié de bandes blanches comme autant d’îles isolées mais accueillantes. Allongé sur le bitume, Lucien ne distingue désormais plus que les bancs de requins, habillés et portant chapeaux, chaussures et cannes. Puis plus rien.
* *       *
Noir. Lucien croit entendre sa mère qui l’appelle. Il s’approche d’elle. Elle lui sourit. Il perçoit clairement ses dents d’un blanc éclatant….
– Maman ?
– Ah non, désolée.
– Mais…
– Non, reposez-vous monsieur…
– Plus que quatre…
– Reposez vous c’est préférable, monsieur… Lucien Baro, c’est ça ?
– 9792YZ92
– A mon avis, ça c’est plutôt la plaque du poids lourd qui vous a renversé. Heureusement que je vous ai trouvé à temps. Si mes souvenirs sont exacts, j’ai entendu un bruit de tôle, puis un bon kilo d’ordures est venu s’encastrer dans mon pare-brise. Heureusement que ma voiture est assurée tous risques. J’ai tout de suite accouru et je vous ai amené chez moi. Enfin, à mon travail… à l’hôpital quoi !
Lucien revenait à lui peu à peu. Un coup de klaxon, un crissement de pneus, et ce lit douillet et chaud. Puis il tourna la tête pour remercier sa bienfaitrice. Après tout, elle lui avait sauvé la vie, il pouvait bien faire un effort. Avec une grande pénibilité et au prix d’une douleur fulgurante, il parvint à tourner la tête vers l’infirmière. Il lui fut alors donné d’admirer cette femme d’une beauté simple mais flamboyante. Ses cheveux châtain clair illuminés de reflets d’or que leur donnait la lumière du soleil tombaient délicatement sur ses épaules simplement recouvertes d’une blouse blanche qui épousait par ailleu

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