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Description

« Les rencontres se font, se répètent si on le souhaite. Le désir de l’autre vient ou ne vient pas, s’en va, revient ou disparaît à jamais. C’est selon. En fonction de nos paramètres personnels ». Ceux d'Hélène, Vigo, Xiao et Lise laissent tour à tour rêveur, désemparé ou simplement heureux.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 28 octobre 2015
Nombre de lectures 0
EAN13 9782334004497
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0060€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-334-00447-3

© Edilivre, 2015
Citation


« Puisque ces mystères nous dépassent, feignons d’en être l’organisateur. »
Jean Cocteau, Les mariés de la Tour Eiffel
CTRL + S
Ils s’étaient mis en quête de quelque chose. Tous cherchaient. Le père, la mère, la fille. Cette dernière, à vrai dire, faisait un peu semblant ou cherchait par intermittence. Elle n’était qu’une enfant après tout. Une enfant qu’un seul petit mouvement de nuage emportait vers des aventures d’un instant, elles-mêmes avortées par d’autres.
La scène se passait dans un jardin, un beau jardin d’été où les feuilles de figuier s’entêtent à vous transporter plus loin que vous n’êtes. Avec des hortensias énormes, bien sûr, et un abricotier prometteur, pour une fois, cette année-là.
Mais le décor n’avait pas d’importance. La mère semblait excédée.
– Mais enfin, tu ne te rappelles pas où tu l’as oubliée ? Il n’est pas si grand ce jardin, quand même. C’est la deuxième paire en quinze jours !
Le père, plus raisonneur, plus inquiet.
– Tu es montée à l’arbre, aujourd’hui ? Hein, Lise ?
La petite fille les défiait par son silence et fixait un point droit devant elle. Le père essaya de nouveau.
– Tu réponds, Lise ? Le train part dans une demi-heure.
Lise l’interrompit.
– Juste avant la gare du Mans.
– Quoi ? Pourquoi tu dis ça ?
– Pour rien. C’est quelque chose qui me vient comme ça.
La mère devint livide et répéta, les lèvres tremblantes :
– Comme ça ?
– Oui. Comme ça. Tu sais bien, j’ai des phrases dans ma tête qui me viennent. Ne t’inquiète pas… Et ma chaussure, je l’ai mise là-haut. Sur Béré.
– Là-haut. Sur Béré ? C’est l’abricotier que tu appelles Béré ?
– C’est son prénom. C’est lui qui m’a dit qu’il s’appelait Béré.
Le père, sans dire un mot, se précipita sur l’arbre et le secoua fortement. Un objet tomba. Une sandale. L’homme la tendit à son épouse et annonça qu’il les attendait dans la voiture puisque maintenant tout était réglé. Les bagages dans le coffre, la maison fermée.
ALT + ENTR
Bien des années plus tard, je révélais cette petite séquence filmée lors d’une soirée entre amis. Tous fous de vidéo et de photo numérique dès la première heure, nous avions coutume de nous réunir une fois par mois pour rendre publiques nos modestes créations. Ils furent surpris de mon initiative. Certains étaient même mal à l’aise.
– Cela ne t’a pas gênée de filmer une scène en cachette ?
Entrer dans l’intimité des gens…
Je me défendis devant ces réactions disproportionnées.
– L’intimité ? N’exagérons rien ! Et puis, c’était complètement fortuit. J’étais la voisine d’à côté.
Un ami, cette année-là, m’avait rapporté un téléphone portable des Etats-Unis. Je voulais tester la fonction caméra. Encore peu répandue en France, à cette époque. Et soi-disant, très performante. C’était tout. Pas plus méchant que cela.
Vigo, convié depuis quelques mois dans ce cercle très privé par un ami commun, réagit d’une façon différente des autres. Il était aussi le seul à ma connaissance à ne pas jouer avec les petites révolutions technologiques et observait nos querelles d’amateurs avec distance. Parfois, il donnait son avis. Sincère, critique. Et cette fois-ci, peu convaincu.
– Mouais… pourquoi pas ? Mais ça serait intéressant de le montrer aux protagonistes. Cela remonte à quand ?
– Onze ans… au dernier été passé dans la maison familiale. Mon père est mort peu de temps après. La maison est restée fermée pendant six ans puis j’ai été contrainte de la vendre.
Vigo continuait de penser tout haut. Avec peut-être une idée derrière la tête.
– La gamine avait… quoi ?… sept… huit ans…
– Dans ces eaux-là.
Cet homme qui commençait mystérieusement et malheureusement à me plaire, ajouta :
– Est-ce que vous revoyez ces gens ? Ce serait vraiment intéressant de leur montrer le film !
Et là, je ne sais encore pourquoi, j’ai menti.
– Non… ce n’étaient que des parisiens qui avaient loué la maison d’à côté pendant deux années consécutives. Ils passaient leurs journées à la plage. Le soir, ils ne mangeaient jamais dans le jardin. Toujours à l’intérieur. Bonjour. Bonsoir. Nos relations étaient juste polies.
Vigo n’était pas quelqu’un qui abandonnait facilement la partie. Au regard de sa profession, j’aurais dû me méfier dès le départ. Il insista.
– Hélène, avec le net, maintenant, si vous avez un nom, les mystères se dissipent assez rapidement.
Je le trouvais séduisant, certes, mais il commençait à distiller en moi un filet d’agacement qui me donnait l’envie d’être plus sèche et de rompre cette conversation déplaisante.
– Qui vous dit que j’ai le nom ? Et pourquoi l’aurais-je ?
Vigo comprit qu’il allait trop loin mais il ne put s’empêcher d’ajouter un mot.
– Un nom, ça se trouve aussi.
Je lui lançai un regard glacial.
– Si on en a envie.
En réponse, il me sourit et me dit :
– Si vous en avez envie. Hélène.
Il avait prononcé mon prénom, presque sur un ton lyrique. Comme s’il voulait en marquer le côté aérien. Cette nuit-là, mon futur époux, l’homme auprès de qui j’avais pris congé pour aller enfin me coucher, frappa à la porte de ma chambre. Droit comme un i, il reprit exactement la même phrase qu’il avait prononcée quelques heures auparavant. Mais sans me nommer, cette fois.
– Si vous en avez envie.
Je n’ai pas refusé. Même si je ne le désirais pas particulièrement. Non. Je me souviens exactement pourquoi je l’ai entraîné vers le sol. Je pensais que faire l’amour ensemble, mettrait un terme à son insistance au sujet du film que j’avais fait la bêtise de montrer. Je n’aimais pas que l’on s’appesantisse sur mes créations numériques. Cela me gênait. Je détestais me justifier. Si je rendais cette nuit inoubliable, voire singulière, demain il aurait tout oublié. Et il était peut-être temps de m’appliquer dans ce rôle de femme, à l’écoute du corps long et brun que j’allais prendre soin de contenter pendant quelques années.
Les rencontres se font. Se répètent si on le souhaite. Le désir de l’autre vient ou ne vient pas. S’en va. Revient. Ou disparaît à jamais. C’est selon. En fonction de nos paramètres personnels.
CTRL + V
De v.dalpont@influences.com
A helene.m@frenchparadis.fr
Objet : question
Hélène,
Nous nous croisons depuis quelques mois. Il semblerait que notre binôme fonctionne assez naturellement. Ainsi, je vous proposerais d’unir de façon plus solennelle nos deux entités.
J’attends une réponse assez diligente de votre part. Je n’aime pas me ridiculiser. N’hésitez pas à me faire connaître vos objections, s’il y en a. Justifiez-les au besoin.
Bien cordialement,
Vigo Dalpont
La personnalité toute entière de cet homme résidait dans ce mail. Froide. Hautaine. Antipathique.
Et pourtant je l’ai épousé. Pour trois raisons. La première, parce qu’il ne s’embarrassait pas d’émotions inutiles. La deuxième, parce qu’il possédait le talent de synthétiser au mieux sa pensée. Enfin, parce qu’il était une de ces rares personnes que le silence ne terrifiait pas. Nous parlions, bien sûr, mais nous pouvions également nous taire longuement sans que l’atmosphère ne s’alourdisse. Je n’ai jamais retrouvé véritablement cette qualité chez un homme.
Vigo ne pesait pas dans ma vie quotidienne. Même mariés, nous continuions à nous « croiser ». Durant la semaine, il était rarement là. Toujours en déplacement. Il glissait sans gêne aucune sur un emploi du temps vertigineux. Il avait le goût des endroits anonymes où les sentiments étaient seulement de passage. Les gares, les aéroports, les hôtels. Il n’avait pas vraiment d’amis. Seulement quelques relations. Et il affectionnait les rendez-vous avec des personnes qu’il ne reverrait jamais. Son agenda était peuplé de noms inconnus qu’il devait rencontrer un jour et à une heure précis. A quelques minutes d’ici ou au bout du monde. Il ressentait même une certaine excitation à imaginer physiquement son prochain interlocuteur. Juste en lisant un nom et un prénom. Il ne me parlait jamais de son travail et lorsque je le questionnais sur le sujet, il restait évasif.
– Qu’est-ce que tu vas faire avec Monsieur Poulain à Nantes ?
– Nous regardons des chiffres et ces chiffres nous parlent.
– C’est tout ?
– C’est tout.
J’aurais voulu lui dire. Moi jamais les chiffres ne me parlent. Ils me tuent, les chiffres. Ils augmentent tout. L’âge, les cellules malignes, les cheveux blancs, le taux de cholestérol et ce que je dois. Je suis, je me sens redevable. Obligée. Depuis toujours. Sans savoir pourquoi. Toi, Vigo, tu sembles si libre. Tu prends des trains et des avions qui partent et arrivent toujours à l’heure.
Et les semaines étaient identiques. Il rentrait de voyage le vendredi et repartait le dimanche. Et pendant notre vie commune, le même scénario se répétait, le vendredi et le samedi soir. Nous faisions l’amour et il m’emmenait au restaurant. Ou parfois l’inverse. Il mangeait avidement et parlait toujours peu. Je ne mangeais pas grand-chose et parlait un peu plus. De tout. De rien. Lorsque j’évoquais une destination de vacances, un projet, il ne s’y opposait jamais.
– Si tu veux.
Et à la fin du week-end, il se remettait en route pour passer d’un point à un autre. De façon naturelle. Presque inhumaine. Lentement, je me suis lassée de notre relation, de sa personne si désincarnée. Vigo était froid comme l’acier, lui-même cerné par la glace. Quand il franchissait le portail pour regagner sa voiture, je le regardais par la fenêtre. Il glissait. Semblable à un brise-glace avançant sur l’étendue gelée de l’existence. Invincible. Ignorant les obstacles. Les contournant avec une facilité déconcertante. Parfois, j’aurais aimé entailler légèrement son poignet pour savoir s’il

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