Cœur d Afrique
68 pages
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Cœur d'Afrique , livre ebook

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Description

Française d'origine togolaise, Afi Ayaba Mawena vit en France depuis de nombreuses années. Gérante d'un magasin de prêt-à-porter pour hommes et femmes, elle est aussi conseillère en image. Elle a vécu ses premières années professionnelles au Togo en tant que styliste et artiste. Sa double culture lui a inspiré ces contes d'aujourd'hui, contes originaux, pleins d'humour et de surprises qui ont une saveur africaine inoubliable.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 07 décembre 2016
Nombre de lectures 0
EAN13 9782342058819
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0034€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Cœur d'Afrique
Ayaba Mawena Afi
Mon Petit Editeur

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Mon Petit Editeur
175, boulevard Anatole France
Bâtiment A, 1er étage
93200 Saint-Denis
Tél. : +33 (0)1 84 74 10 24
Cœur d'Afrique
 
Abi la belle Africaine et son albinos
Il était une fois une jolie fille d’Afrique. Son nom était Abi. Elle confia un jour son rêve à ses amies d’enfance : elle voulait à tout prix épouser un homme blanc. « Le plus blanc possible », ajoutait-elle. « Et plus il aura la peau claire, plus je l’aimerai. » Qu’importe la nationalité ! « Du blanc de chez blanc », disaient ses amies.
 
Un jour, elle croise deux hommes : un Africain albinos et un Mauritanien. Ils étaient en train de se disputer pour savoir lequel des deux avait la peau la plus claire et ressemblait le plus à un Blanc.
 
Voyant passer Abi, ils l’interpellèrent :
 
—  Mademoiselle, d’après vous, qui a la peau la plus blanche ?
 
Abi les regarda longuement. Ne sachant trop quoi dire, elle répondit :
 
—  Toi ! En montrant l’Albinos.
 
Et elle reprit son chemin en souriant. Il fallait n’avoir rien à faire pour se demander qui était le plus blanc. Elle avait des préoccupations plus importantes. Une heure après, elle avait oublié cet épisode comique.
 
Mais le lendemain, elle se reprit à penser à ces deux hommes. Elle avait désigné l’Albinos pour donner une réponse et repartir au plus vite. Plus les jours passaient, plus elle repensait à cet homme. Selon les croyances africaines, les Albinos étaient considérés différemment. Dans certaines régions, on les rejetait car ils étaient censés apporter le malheur alors que d’autres les vénéraient car leur différence portait bonheur.
 
Pour Abi, elle avait la certitude au fond d’elle-même que cet homme rencontré au hasard de son chemin serait un jour… « son homme. » Depuis leur rencontre, l’image de ce visage anormalement blanc s’imposait à elle. Elle se mit à sa recherche et finit par le retrouver.
 
Il s’appelait Hermann. Et entre Abi l’Africaine et l’Albinos africain blanc une histoire d’amour était née. Noire et… Blanc : son rêve se réalisait.
 
Mais Abi était obstinée. Son Hermann, elle le voulait encore plus blanc. Ses amies riraient d’elle, de cette obsession, c’est sûr, mais elle s’en moquait.
 
Elle voulait métamorphoser son Hermann. Sur un coup de tête, Abi décida de défriser les cheveux de son Albinos et de les teindre. Puis de le changer en play-boy. Elle lui acheta deux paires de lunettes : une paire pour tous les jours afin de lui cacher ses yeux rouges qu’elle ne trouvait pas terribles et une autre pour le protéger du soleil.
 
Elle lui interdit d’aller au soleil de peur qu’il ne bronze et ne soit plus aussi clair que le jour de leur rencontre. Quant à ses dents, elles devaient conserver leur blancheur d’origine et le tabac fut supprimé au cas où les dents deviendraient… noires.
 
Le changement fut radical pour le pauvre Hermann qui se pliait aux quatre volontés de sa Vénus car Abi était remarquablement belle. Il était trop heureux d’être ainsi aimé et cajolé par sa « déesse noire. »
 
Les changements qu’Abi voulait lui imposer n’eurent pas tous le même succès. Pour elle, son homme blanc se devait d’avoir le torse velu. Plus facile à dire qu’à faire. Elle acheta toutes sortes de crèmes. L’hivernage étant une période chaude et humide, tout devait pousser… sauf les poils sur le torse d’Hermann. Ah ! Elle aurait voulu poser sa joue sur cette douceur cotonneuse des pectoraux de son chéri. Hermann était sceptique sur les résultats des crèmes qui servent plus à épiler qu’à renforcer le système pileux humain. Et puis, il ne cessait de dire à Abi :
 
—  Si mon torse devient velu, il ressemblera plus à la savane qu’à la forêt. Mais, forcément, les poils seront noirs.
 
Devant cette perspective d’un torse noir, Abi renonça. Elle voulait son Hermann blanc de la tête aux pieds. Adieu donc sa tête reposant sur ce qui était pour elle un signe de virilité.
 
—  Tant pis pour les poils ! Hermann, je t’aime. Tu es « mon Ange » et un ange est forcément… blanc. C’est ce que disaient les missionnaires autrefois à nos parents. Mais un ange, s’il est blanc, doit également être beau et fort.
 
Elle inscrivit donc son amoureux dans un club de gymnastique et de musculation… Six mois plus tard, Hermann était transformé. Ce n’était pas un athlète digne de remporter la compétition « Super Monsieur Muscle » mais Abi était contente et fière de son amoureux.
 
À la vérité, Hermann était aussi le plus heureux des hommes. Il n’était plus l’Albinos dont on se moquait depuis son enfance, on l’admirait, on le respectait, on l’enviait aussi d’être le fiancé d’Abi, une beauté qui faisait tourner la tête à bien des hommes.
 
Abi l’avait transformé, Abi lui donnait le bonheur dont tout homme rêve. Il avait au quotidien avec elle l’amour, la tendresse, la beauté. Il se devait donc d’entretenir sa forme pour sa « Reine d’Afrique ».
 
Chaque week-end, les deux amoureux faisaient leur footing avant que la chaleur de la journée transforme la ville en torpeur. Un dimanche matin, un homme s’approcha d’eux. Il demanda à Abi si elle était la domestique du beau sportif.
 
—  Non, je suis sa future épouse.
L’homme s’approcha du couple et glissa un petit carton dans une des poches du survêtement d’Hermann sans rien dire. Les deux amoureux ne remarquèrent rien et reprirent leur course de plus belle en éclatant de rire.
 
Cet épisode intrigua Abi. Pourquoi l’homme avait-il cru qu’elle était la domestique d’Hermann ? Elle réfléchit longuement, se regarda dans sa glace et elle ne se reconnut pas. Elle s’était tellement préoccupée de l’apparence de son amoureux qu’elle s’était laissé aller et qu’elle se négligeait de plus en plus. Tant et si bien que tout le monde pensait qu’elle était « le toutou » d’Hermann. L’essentiel pour elle était que tous admirent son amoureux. Et sur ce point, elle avait réussi.
 
En fouillant dans ses poches, Hermann trouva une carte de visite. Il reconnut l’homme qui les avait interpellés pendant leur jogging. Aucun doute possible : la photo était ressemblante. Il s’agissait d’un réalisateur de films et de défilés de mode. La carte donnait ses coordonnées avec cette phrase : « Appelez-moi, vous ne le regretterez pas ».
 
Hermann ne le regretta pas du tout en effet. Le lendemain, il se présentait à l’homme qui le remercia d’être venu aussi vite. Le réalisateur n’y alla pas par quatre chemins.
 
—  Votre profil m’intéresse à plus d’un titre. Voici deux contrats à votre nom si vous acceptez de les signer. Le premier fera de vous un mannequin remarqué pour un défilé de mode masculine et pour un calendrier. Le second… est, comment dirais-je ? plus délicat. Voulez-vous faire du cinéma ?
 
—  Du cinéma ? Évidemment ! C’est le rêve de tout homme.
 
—  Parfait ! J’ai un rôle en or pour vous. Signez ici.
 
Hermann s’apprêtait à signer quand il eut la présence d’esprit de demander le genre de film dans lequel il jouerait.
 
—  Je t’ai examiné l’autre jour pendant que tu faisais ton jogging. Tu es musclé, athlétique. Excuse-moi de te poser une question indiscrète : tu as bien le torse sans poils ?
 
—  Oui, hélas ! répondit Abi.
 
—  Parfait ! C’est un homme comme toi que je recherche pour jouer dans mon film.
 
—  Oui, mais quel film ? demanda Hermann légèrement agacé.
 
—  Un film… euh… gay, très gai.
 
—  Quoi ? dirent en chœur les deux amoureux.
 
—  Désolé ! répondit Hermann. Jouer au mannequin je veux bien mais jouer dans un film gay, je ne peux pas par respect pour ma fiancée. Je ne serais pas sur le point de me marier, je vous aurais dit oui sans problème. Mais dans ma situation, je dois également prendre en compte mes parents et mes futurs beaux-parents.
 
Le réalisateur accepta le choix d’Hermann et l’engagea pour les défilés de mode et les photos. Pour nos deux tourtereaux, les affaires marchaient bien. Trop bien même. Abi sentait que son amoureux lui échappait. Les jolies filles, les femmes d’affaires tournaient sans cesse autour de lui. Hermann n’était pas insensible à leur charme.
 
Abi décida de prendre les choses en main. « Ou je perds mon Hermann si je ne fais rien ou j’essaie de le reconquérir en étant plus forte que la nuée féminine qui le suit » se dit-elle. L’argent, elle en avait maintenant. Elle mit au point son opération séduction qu’elle baptisa : « Il faut sauver mon soldat Hermann ».
 
Et Abi se transforma en femme fatale, distinguée et raffinée. Elle se fit faire des tresses très fines jusqu’au niveau de la taille. Elle changea toute sa garde-robe et se donna un look nouveau. Abi était une femme bien faite aux proportions idéales selon les canons de la beauté internationale. Elle aurait bien voulu une poitrine plus généreuse mais ne céda pas aux sirènes trompeuses de la chirurgie esthétique...

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