Contes de fils et d eaux
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Contes de fils et d'eaux , livre ebook

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Description

CONTES DE FILS ET D’EAUX est le résultat d’un projet de résidence et de création initié par l’Alliance Française du Manitoba et La Maison Gabrielle-Roy. Il associe, d’une part, Bertrand Nayet, auteur et illustrateur manitobain et, d’autre part, Eveline Ménard, conteuse, musicienne et fileuse québécoise. Ce projet a réuni les deux artistes pour créer des histoires qui sont publiées dans ce recueil de contes oralisés et illustrés.
Dans « Le Chant des Pistes », Bruce Chatwin écrit que les Aborigènes d’Australie parcouraient leur continent grâce aux chants inventés par leurs ancêtres au « temps du rêve ». Les voyages et les histoires de Baladère nous permettent de parcourir la terre de la rivière Rouge et d’y découvrir les gens, leurs histoires et leurs rêves qui sont aussi les nôtres.

Informations

Publié par
Date de parution 10 août 2014
Nombre de lectures 8
EAN13 9782896114108
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0090€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Tous droits r serv s.
2013 ditions des Plaines
Texte 2013 Bertrand Nayet, Eveline M nard, Alliance fran aise du Manitoba, Maison Gabrielle Roy Illustrations 2013 : Bertrand Nayet
ISBN : 978 2 89611 408 5
Aucune partie de ce livre ne peut tre reproduite ou transmise sous aucune forme ou par quelque moyen lectronique ou m canique que ce soit, par photocopie, par enregistrement ou par quelque forme d entreposage d information ou syst me de recouvrement, sans la permission crite de l diteur.
Les ditions des Plaines reconnaissent l aide financi re du gouvernement du Canada par l entremise du Fonds du livre du Canada et du minist re de la Culture, Patrimoine et Tourisme du Manitoba, pour leurs activit s d dition.
L Alliance Fran aise du Manitoba et la Maison Gabrielle Roy Inc. remercient leurs bailleurs de fonds : The Winnipeg Foundation, le Programme de soutien aux communaut s ethnoculturelles du Gouvernement du Manitoba, le Secr tariat aux affaires intergouvernementales canadiennes du Qu bec et Francofonds. Les deux organismes tiennent galement remercier Fran ois Lentz, Anne Marie Maupertuis et Delphine Lavy pour leur participation au comit de lecture ainsi que les membres de leurs conseils d administration respectifs pour leur soutien ind fectible.
D p t l gal 2013 :
Biblioth que et Archives Canada, Biblioth que nationale du Qu bec et Biblioth que provinciale du Manitoba.
Design de la couverture : Relish New Brand Experience Image de la couverture : Bertrand Nayet ditrice en chef : Joanne Therrien ditrice d l gu e : Andr e Anne Boisvert R vision : Pierrette Blais

ditions des Plaines
C.P. 123 Saint Boniface (Manitoba) Canada R2H 3B4
T l. : 204.235.0078 admin plaines.mb.ca www.plaines.ca
" Genevi ve et Gilles


Les flots et les glaces arrach rent les arbres, les maisons et les tables, emport rent les moutons, les parents et les enfants.
BALAD RE
I l tait une fois, sur les berges de la rivi re aux Roseaux, de jeunes mari s qui attendaient leur premier enfant. Ils avaient t les premiers tablir leur ferme sur les berges de la rivi re, au creux d un m andre, l abri d un bosquet de ch nes et de saules. Lui, s appelait Godendar et tait bucheron, tourneur de flute, guide des caravanes qui partaient vers les monts du Pembina. Elle, s appelait Mo ra et tait berg re, fromag re et fileuse de laine. Une nuit, l approche du premier hiver de leur mariage, Mo ra r veilla Godendar :
- Ton fils, ton fils marche en mon ventre.
Godendar r pondit en caressant le ventre de sa douce Mo ra :
- Tu es bien press d arriver au bout de tes pas, mon fils
Mo ra d clara :
- Son nom sera donc Balad re.
Et c est le nom qu elle broda sur la couverture d enfant qu elle tricotait pendant sa grossesse. L enfant naquit la nuit du solstice d hiver. Il avait les membres fermes, les yeux vifs, la voix forte et toujours, dans son berceau, dans les bras de son p re, au sein de sa m re, avant m me de marcher, il marchait d j . Au temps o naissent les agneaux, Balad re se tenait debout sans aide et faisait ses premiers pas.
Hors, il advint que cet hiver l , la neige fut plus abondante et le froid plus vif que de coutume. Lorsque le printemps arriva, mille et un ruisseaux des Plaines devinrent autant de grands, gros et gargouillants torrents qui firent grossir les rivi res. La d b cle provoqua de furieux emb cles. Une nuit, l eau monta, monta, monta. La crue de la rivi re Rouge recouvrit la Plaine, fit refluer le cours de la rivi re aux Roseaux. Les flots et les glaces arrach rent les arbres, les maisons et les tables, emport rent les moutons, les parents et les enfants. Le seul rescap fut le petit Balad re endormi dans son berceau qui vogua sur la crue de la rivi re aux Roseaux puis sur celle de la rivi re Rouge.
Au soir le berceau fut pris dans des taillis au bord d un chemin. L enfant eut faim, il pleura. Ses cris attir rent le Vieux Routard, un colporteur de lames de couteaux, de nouvelles fraiches et de vieilles rumeurs. Il vit le berceau et le bambin, les sortit du cours de la rivi re et s exclama :
- D o sors tu mon p tit bonhomme
Sit t que ses pieds touch rent le sol, le bambin partit au galop. Le Vieux Routard poursuivit l enfan on :
- Hep O t en vas tu mon p tit baladeur
Le sauvetage devenait jeu, devenait rire, devenait complicit .
Pr s de l , les Passeurs avaient leur bac, et sur leur bac, leur cabane. Ils y accueillirent l homme et l enfant pour attendre la d crue. Dans le berceau, le Vieux Routard trouva une flute, quelques pelotes de laine et la couverture de l enfant brod e son nom. Un fil de laine attach une des bretelles de Balad re retint ses pas, la flute dont joua le vieil homme calma sa peur et la couverture accueillit son sommeil.
Lorsqu enfin les rivi res reprirent leur lit et que le Vieux Routard se pr parait poursuivre sa route, la Passeuse lui dit :
- Si tu veux, nous n avons pas d enfants, le p tit pourrait demeurer avec nous.
Le vieil homme r pondit, incertain :
- C est une id e...
Le Passeur lui dit :
- La nuit porte conseil. Tu d cideras demain.
Au matin, le Vieux Routard profita de la premi re travers e des Passeurs pour franchir la rivi re Rouge. Une fois sur l autre rive il annon a :
- C est facile pour un homme qui pr f re la route au foyer de prendre soin d un enfant qui ne demande qu voir la terre d filer sous ses semelles. Mais je vous laisse le berceau, sans doute servira t il un jour.
Ainsi le Vieux Routard adopta Balad re.
De fermes en villages et de villages en villes le Vieux Routard troquait ses lames, colportait des nouvelles de naissances ou des rumeurs de guerre. Pendant que le vieux tait ses affaires, le petit Balad re courait d un passant l autre, jouant d bobiner et rembobiner ses fils de laine entre les gens. C est ainsi qu il vint reconna tre les liens invisibles qui nous lient les uns aux autres.

Il vit le berceau et le bambin, les sortit du cours de la rivi re...
D s qu il eut appris parler, de villes en villages, et de villages en fermes, Balad re annon ait la boulang re que tel meunier avait belle farine, au meunier que telle fermi re avait beau bl , la fermi re que tel forgeron avait belle charrette et au forgeron que telle fille d leveur de chevaux cherchait mari. Ainsi sur son passage, il trouvait toujours bon pain, bon vin et beaux sourires de filles.
la fin d un autre de ces rudes hivers de la contr e, pour la premi re fois depuis sept ans, le vieil homme et l enfant revinrent au bac des Passeurs. Le Vieux Routard toussait depuis des semaines et m me si son sac de lames, de nouvelles et de rumeurs tait de plus en plus l ger, ses pas, eux, taient de plus en plus lourds.
Cette nuit l , dans la cabane des Passeurs, Balad re joua de la flute pour accompagner le dernier sommeil du Vieux Routard puis, avec la moiti d une de ses pelotes de laine, il aida la Passeuse coudre le linceul du vieil homme.
La Passeuse lui dit :
- Si ce n tait du Vieux Routard, nous ne t aurions pas reconnu.
Balad re demanda :
- Je suis d j pass par ici
Le Passeur lui r pondit en lui montrant le berceau o dormait pr sent le chat du bac :
- Il y a sept ans, lors de la Grande Inondation, le Vieux Routard t a trouv dans ton berceau, toi, ta flute, tes bobines de laine et ta petite couverture. Il t a trouv sur l autre rive.
Balad re reconnu sur le berceau comme un ar me familier de laine et de copeaux de bois.
Le gar on demanda :
- Qu est ce qu il y a sur l autre rive
La Passeuse r pondit :
- Au nord, la m me chose qu ici, des gens et leur vie.
Le Passeur ajouta :
- Au sud, autour de la rivi re aux Roseaux, personne, que des ruines et des os.
La Passeuse rench rit :
- M me les caravanes ne passent plus par l . On dit que c est hant .
Un frisson glissa dans le dos de Balad re. Il demanda :
- Vous en avez vus, des fant mes
Le Passeur r pondit :
- Faudrait tre fou pour s y risquer. Nous sommes passeurs, pas explorateurs.
La Passeuse lui prit la main et dit :
- Si tu veux, nous n avons pas d enfant, tu pourrais demeurer avec nous.
L enfant r pondit, incertain :
- C est une id e...
Le Passeur lui dit :
- La nuit porte conseil, tu d cideras demain.
Au matin, Balad re profita de la premi re travers e des Passeurs pour franchir la rivi re Rouge. Une fois sur l autre rive, il vit combien les Grandes Plaines taient vastes et vides. Il dit :
- Ici, un temps on m a trouv , ici, un temps je demeurerai.
Ainsi les Passeurs adopt rent Balad re.
Sur le bac passaient gens de fermes, de villages et de villes, et tout comme dans ses voyages avec le Vieux Routard il avait t un des fils qui courent entre les uns et les autres, ici Balad re fut un des n uds qui lient les uns aux autres. qui n avait pas de b ton de marche, le gar on donnait une des lames du Vieux Routard. qui avait un accroc, il laissait un bout de fil de laine. qui avait besoin de courage pour allonger le pas, il jouait un air de flute. Si bien que nombre de voyageurs faisaient un d tour pour rencontrer le fils des Passeurs qui savait dire au cordonnier que telle tanneuse avait bon cuir, la tanneuse que tel boucher avait belles peaux, au boucher que telle berg re avait grasses b tes, et la berg re que tel fils de bucheron d frichait une riche terre. Ainsi re ut il toujours bonnes chaussures, bons gigots et beaux sourires de filles.
Mais un gar on aux semelles de vent ne peut s arr ter longtemps. Un soir, Balad re chassa le chat de sa couchette, d monta son ancien berceau et le r assembla en une hotte entrecrois e de tresses de laine. Le lendemain, alors que les Passeurs attendaient le voyageur sur la rive entre les plaines du No

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