Contes et Légendes de Bretagne (Tome 4)
214 pages
Français

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Description

Dans les trois volumes de Contes et Légendes de Bretagne que j’ai publiés précédemment, j’ai eu l’occasion de toucher à de nombreuses et importantes questions du Folklore breton. Il y a en particulier un sujet que je n’ai fait, à vrai dire, qu’effleurer, celui de la Mort. Où allons-nous ? Dans quelles conditions partons-nous ? Que devenons-nous dans l’au delà ? Comment s’opèrent l’expiation et la rétribution dans l’autre monde ? Comment concevoir les habitats des âmes, l’Enfer, le Purgatoire, le Paradis ? C’est tout cela que j’ai cherché à faire connaître, afin de montrer l’âme bretonne dans une de ses pensées les plus chères et dans la façon ingénieuse dont elle résout le plus important des problèmes, celui de la destinée. J’ai abordé une autre question à laquelle les Bretons ne laissent pas que de donner aussi de l’importance, celle des Fantômes. Toujours est-il que la campagne bretonne s’est peuplée de personnages fantastiques, sorte d’êtres d’apparence humaine, mais doués de moyens d’action autrement puissants que ceux des hommes, d’une nature plus subtile et aussi plus perverse, ennemis jurés d’ailleurs de l’homme dont ils se jouent ou qu’ils maltraitent. Il existe une autre catégorie d’êtres qui, ceux-là, sont en chair et en os, quoique apparentés avec les puissances mauvaises de l’au delà, au moins par leur âme qu’ils ont donnée au Diable et aussi par leurs façons d’agir qui ne tendent pas à autre chose qu’à nuire à leurs semblables, ce sont les Sorciers. La Mort, le Fantôme et le Sorcier, tels sont donc les trois personnages, trois ennemis de l’homme, inégalement puissants, inégalement redoutables... » (extrait de l’Avant-propos, édition originale de 1922).


Les Contes & légendes de Bretagne (1914, 1919, 1922) et les Nouveaux Contes & légendes de Bretagne (1922, 1925), sans compter les onze fascicules qui les précèdent, publiés entre 1903 et 1914 (et partiellement repris dans les Contes et Nouveaux Contes), font l’objet de cette nouvelle édition, entièrement recomposée qui comprendra 6 tomes.


François Cadic, (1864-1929), né à Noyal-Pontivy (Morbihan), prêtre, professeur d’histoire, écrivain et folkloriste qui a consacré toute sa vie à recueillir contes, légendes et chansons de Bretagne. Il crée, en 1897, l’association la Paroisse bretonne de Paris et rapidement le journal du même nom où seront publiés, initialement, la plupart des contes et légendes de Bretagne. Avec François-Marie Luzel, il est aujourd’hui considéré comme un des collecteurs majeurs de la littérature orale de la Basse-Bretagne.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 08 avril 2023
Nombre de lectures 0
EAN13 9782824056630
Langue Français
Poids de l'ouvrage 6 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0075€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

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isbn

Tous droits de traduction de reproduction et d’adaptation réservés pour tous les pays.
Conception, mise en page et maquette : © Eric Chaplain
Pour la présente édition : © edr/ EDITION S des régionalismes ™ — 2023
Editions des Régionalismes : 48B, rue de Gâte-Grenier — 17160 cressé
ISBN 978.2.8240.1123.3 (papier)
ISBN 978.2.8240.5663.0 (numérique : pdf/epub)
Malgré le soin apporté à la correction de nos ouvrages, il peut arriver que nous laissions passer coquilles ou fautes — l’informatique, outil merveilleux, a parfois des ruses diaboliques... N’hésitez pas à nous en faire part : cela nous permettra d’améliorer les textes publiés lors de prochaines rééditions.


AUTEUR

FRANÇOIS CADIC






TITRE

CONTES & LÉGENDES DE BRETAGNE
tome iv (AVEC COMMENTAIRES EXPLICATIFS)





Dessin de M. le Prince Bianchi de Médicis.
AVANT-PROPOS
D ans les trois volumes de Contes et Légendes de Bretagne que j’ai publiés précédemment, j’ai eu l’occasion de toucher à de nombreuses et importantes questions du Folklore breton. Je suis loin d’avoir épuisé la matière, car la mine est tellement riche qu’elle suffirait à l’activité d’une armée de chercheurs.
Il y a en particulier deux sujets que je n’ai fait, à vrai dire, qu’effleurer, celui de la Mort et celui des Fantômes. Le premier, on le sait, a été traité de façon magistrale par M. Anatole Le Braz, dans ses deux volumes de la Légende de la Mort. J’ai pu moi-même lui consacrer plusieurs chapitres de mon second livre de Contes et Légendes . Mais nous sommes loin l’un et l’autre de l’avoir vidé. Il est resté une glane assez abondante pour former de nouvelles et magnifiques gerbes.
Il n’est pas en effet de sujet qui ait aussi vivement sollicité les esprits et les cœurs en Bretagne que celui-là. Comme l’écrit Anatole Le Braz, « de tous les peuples celtiques les Bretons sont peut-être celui qui a conservé le plus intacte l’antique curiosité de la race pour les problèmes de la mort ». Leur vie entière est ordonnée par rapport à ce problème, et leur principale préoccupation est d’en trouver la solution avantageuse.
Où allons-nous ? Dans quelles conditions partons-nous ? Que devenons-nous dans l’au-delà ? Comment s’opèrent l’expiation et la rétribution dans l’autre monde ? Comment concevoir les habitats des âmes, l’Enfer, le Purgatoire, le Paradis ? Telles sont les questions qui se posent sans cesse devant leur esprit et qui, alors que leur religion n’était encore que le Druidisme, longtemps avant que le Christianisme ne fût venu et n’eût fait des Fins dernières l’un des points fondamentaux de son enseignement, étaient sans cesse étudiées par eux.
On peut croire qu’en pareille matière leur imagination n’a pas manqué de se mettre de la partie. Elle n’a pas craint de déchirer le voile de mystère que la volonté du Maître souverain a tendu devant les yeux des vivants, et, une fois dans les régions de l’au-delà, elle s’y est comportée comme en terre conquise. Innombrables sont les croyances singulières et les superstitions qu’elle en a rapportées.
C’est tout cela que j’ai cherché à faire connaître, afin de montrer l’âme bretonne dans une de ses pensées les plus chères et dans la façon ingénieuse dont elle résout le plus important des problèmes, celui de la destinée.
Mon enquête s’est étendue sur un vaste champ qui comprend la Bretagne entière, quoique la plus large part de ma documentation m’ait été fournie par la Cornouaille et le Pays de Vannes, régions qui sont demeurées davantage la terre du souvenir et du passé traditionnel.
Après avoir consacré plusieurs chapitres de mon travail à l’étude de ce sujet, j’ai abordé une autre question à laquelle les Bretons ne laissent pas que de donner aussi de l’importance, celle des Fantômes.
Ici nous sommes en plein domaine de l’imagination, et non plus en face d’une réalité trop vraie, comme celle de la Mort. Est-ce la peur engendrée par le mystère des ténèbres de la nuit ? Est-ce vague souvenir des Esprits de l’ombre et des Fées auxquels le paganisme croyait si fermement, et dont il implanta le culte parmi les simples ? Toujours est-il que la campagne bretonne s’est peuplée de personnages fantastiques, sorte d’êtres d’apparence humaine, mais doués de moyens d’action autrement puissants que ceux des hommes, d’une nature plus subtile et aussi plus perverse, ennemis jurés d’ailleurs de l’homme dont ils se jouent ou qu’ils maltraitent.
Si on voulait leur donner une famille, ce serait plutôt parmi celle des Fées et des Korrigans qu’on les classerait, à ne considérer que leur intelligence supérieure, leurs dispositions natives au mal et leurs formes extérieures indécises, Néanmoins peu à peu le peuple des campagnes a fini par les assimiler de préférence aux Revenants ou aux Suppôts du Diable, répandus sur la terre pour le tourment de l’espèce humaine. Sans doute y a-t-il encore des contrées où le Bugul-Noz, le Hopper-Noz et les Kannerezed-Noz sont demeurés des personnages sui generis , mais c’est l’exception. En général, ils ont perdu leur individualité et ne sont plus que des esprits malfaisants vomis par l’Enfer.
Il existe une autre catégorie d’êtres qui, ceux-là, sont en chair et en os, quoique apparentés avec les puissances mauvaises de l’au-delà, au moins par leur âme qu’ils ont donnée au Diable et aussi par leurs façons d’agir qui ne tendent pas à autre chose qu’à nuire à leurs semblables, ce sont les Sorciers.
J’ai cru devoir en parler dans la troisième partie de ce livre. J’ai cherché quelles pouvaient être leurs origines, quel était le rôle qu’ils jouaient en Bretagne, dans quelle mesure il y avait à faire crédit à leurs pratiques, où il entrait d’ordinaire plus de supercherie que de diabolisme, mais qui n’en tendaient pas moins à abuser de la crédulité des ignorants et des sots.
La Mort, le Fantôme et le Sorcier, tels sont donc les trois personnages, trois ennemis de l’homme, inégalement puissants, inégalement redoutables, que j’ai étudiés en ce livre.
Pour mener à bien un travail de cette importance, il m’a fallu chercher des concours. Ils se sont offerts nombreux, et je ne fais que remplir un devoir de gratitude, en disant publiquement le service qu’ils m’ont rendu. Les uns m’ont fourni la matière légendaire, les autres les notes utiles pour étayer mes commentaires. Leurs noms se retrouveront, au fur et à mesure que se succéderont les chapitres, avec l’indication de la part contributive qui revient à chacun.
Je dois surtout une particulière reconnaissance aux premiers, à M. l’abbé Le Moing, missionnaire à Sainte-Anne-d’Auray, qui m’a conté l’histoire du Revenant de Kerjagu et montré comment on entre au Paradis, à M. Lecomte qui m’a présenté Les Sorciers de Guer, à M. Le Pahun qui m’a révélé l’apparition de saint Eutrope au Cimetière des Cordiers de Muzillac, à M. Méliau Le Cam de Pluméliau, conteur intarissable, qui m’a appris qu’on pouvait recevoir des cadeaux des morts et que le Tambour du roi avait réussi à faire des miracles, à M. J. Conan, de Melrand, qui m’a renseigné sur la façon dont Dieu avait changé en hibou et en chouette, oiseaux AVERTISSEURS de mort, un vieil homme et une vieille femme trop ambitieux, à M lle Perrine Le Gall et à M. Guillou, tous deux également de Melrand, qui m’ont dit, la première, comment trois jeunes gens avaient trouvé la Route de la fortune, le second la triste mésaventure du Filleul DE l’Ankeu et les exploits de L’Ane du Diable, à M lle Marie Seven, de qui je tiens le récit de l’acte de vengeance exercé par le Damné de Brennilis sur la personne de son meilleur ami, à M. LE Gac, de Saint-Divy, qui m’a raconté comment une jeune fille devint la Femme de l’Ankou et comment trois jeunes hommes qui étaient allés courir les aventures échappèrent miraculeusement aux griffes d’une méchante sorcière.
Je terminerai, en faisant mention spéciale de l’excellent, M. le Prince Bianchi de Médicis, et de conteurs qui furent longtemps de fidèles et précieux collaborateurs, M. l’abbé Cadic, ancien recteur de Bieuzy, à qui je dois la légende de Jébédic le Ribet. M. l’abbé Morvan, de Pluméliau, qui me confia la Dette du Mort, Sœur Marie-Louise de la Conception, du couvent de Kermaria, qui me découvrit les magnificences du Paradis breton.
Dieu veuille, car ils ne sont plus, que les trois conteurs entrent au plus tôt en ce Paradis breton vers lequel, de leur vivant déjà, montaient leurs désirs, et où se retrouve l’image de la Bretagne de la terre avec ses beautés et sans ses misères.
Et maintenant, que ce livre parte sur les traces de ses trois aînés ! Je souhaite qu’il trouve comme eux une accueillante hospitalité sous le toit du pauvre et du riche et qu’il y fasse aimer davantage ma chère Bretagne.
27 Novembre 1922.



I. LA MORT EN BRETAGNE
1° - Avant la Mort
LA FEMME DE L’ANKOU
O n doit s’attendre à tout en ce bas monde. Une jeune fille de noble maison, riche des dons de la fortune et des grâces de la nature, était parvenue à l’âge de se marier. Libre de disposer de son cœur et de ses biens, ses parents n’étant plus, elle offrait un séduisant parti aux épouseurs. Il en arrivait par batelées, tous gens de qualité, de France et d’Angleterre, d’Espagne et d’Italie, mais plus il s’en présentait, plus elle se montrait rebelle. Nul n’avait l’heur de se faire agréer, et l’un après l’autre ils s’en retournaient, l’oreille basse.
Elle avait un frère qu’elle aimait beaucoup et auquel elle finit par confier sa pensée secrète :
— Jamais, lui dit-elle, je ne prendrai un de ces chercheurs de dots. Ils prétendent réaliser une affaire. Il me faut un mari plus désintéressé.
— Voudrais-tu par hasard, lui répondit son frère, un paysan, un mendiant, un homme de rien ?
— Moins encore si possible.
— Je ne comprends plus.
— En effet, l’époux que

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