CONTES ET LEGENDES DE TUNISIE
225 pages
Français

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CONTES ET LEGENDES DE TUNISIE , livre ebook

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Description

Des chèvres volantes On raconte que deux amis, rentrant chez eux le soir à la nuit tombée, aperçurent des animaux au bord d’une lagune. Le premier prétendit que c’étaient des chèvres. Le second, étonné que des chèvres pussent se trouver à cet endroit, lui affirma que c’étaient plutôt des flamants roses. – Ce sont bien des chèvres, insista le premier. – Des chèvres au bord d’une lagune ! Cela m’étonnerait. dit le second. Ils s’approchèrent si près que les oiseaux, paniqués, s’envolèrent. – Tu vois ! fit ce dernier. – Je maintiens ce que j’ai dit. Ce sont bien des chèvres. – Mais tu vois bien qu’ils volent ! Le premier, ne voulant pas donner raison à l’autre, lui dit : – Cesont des chèvres, même si elles volent. Boubaker Ayadi est né en 1949 à Jendouba, en Tunisie. Il vit en région parisienne depuis 1988. Il a publié, en arabe, trois romans, quatre recueils de nouvelles et dix contes pour enfants. Derniers parus :Le dernier des sujets(roman), et dans la collectionLa légende des Mondes:Le rêve du sultan, Le présage, La monture du roi Grenouille(éditions l'Harmattan).

Informations

Publié par
Nombre de lectures 132
EAN13 9782373800234
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0038€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Des chèvres volantes On raconte que deux amis, rentrant chez eux le soir à la nuit tombée, aperçurent des animaux au bord d’une lagune. Le premier prétendit que c’étaient des chèvres. Le second, étonné que des chèvres pussent se trouver à cet endroit, lui affirma que c’étaient plutôt des flamants roses. – Ce sont bien des chèvres, insista le premier. – Des chèvres au bord d’une lagune ! Cela m’étonnerait. dit le second. Ils s’approchèrent si près que les oiseaux, paniqués, s’envolèrent. – Tu vois ! fit ce dernier. – Je maintiens ce que j’ai dit. Ce sont bien des chèv-res. – Mais tu vois bien qu’ils volent ! Le premier, ne voulant pas donner raison à l’autre, lui dit : – Ce sont des chèvres, même si elles volent.
Boubaker Ayadi est né en 1949 à Jendouba, en Tunisie. Il vit en région parisienne depuis 1988. Il a publié, en arabe, trois romans, quatre recueils de nouvelles et dix contes pour enfants. Derniers pa-rus :Le dernier des sujets(roman), et dans la collec-tionLa légende des Mondes:Le rêve du sultan, Le présage, La monture du roi Grenouille(éditions l'Har-mattan).
ISBN 978-2-910272-59-3
20
Aux originesdu monde Tunisie Contes et légendes de Tunisie
Aux origines du monde Flies France
Dans la même collection
Contes et légendes de France
Contes et légendes d’Ukraine
Contes et légendes du Japon
Contes des peuples de la Chine
Contes et légendes de Flandre
Contes et légendes de Centre-Asie
Contes et récits des Mayas
Contes et légendes du Maroc
Contes et mythes de Birmanie
Contes et légendes de Turquie
Contes et légendes de Suède
Contes et légendes de Corée
Contes et légendes du Congo
Contes et légendes des Comores
Contes et légendes d’Allemagne,
de Suisse et d’Autriche
Contes et histoires pygmées
Contes et légendes de Russie
Contes et traditions d’Algérie
Contes et légendes des Inuit
Contes et légendes d’Italie
Contes et légendes du Burkina-Faso
Contes des Juifs de Tunisie
Contes et légendes des Philippines
Contes et légendes des Balkans
Aux origines du monde Contes et légendes de Tunisie
Réunis et traduits par Boubaker Ayadi
Illustrations de Susanne Strassmann
Flies France
Collection dirigée par Galina Kabakova
Relecture : Anna Stroeva
© Flies France, Paris, 2008 ISBN 978-2-910272-59-3
À la mémoire de ma grand-mère Fatma
Remerciements
Nous disons notre gratitude à Galina Kabakova et Anna Stroeva qui ont assuré la préparation éditoriale de l’ouvrage. Nous voulons également remercier chaleureusement tous ceux qui nous ont aidé à élaborer ce recueil.
Boubaker Ayadi
Avant-propos
Ce recueil est tiré d’un répertoire d’une ex-trême richesse de contes populaires, transmis et enrichis à travers les siècles par des conteurs ou des conteuses anonymes, véritables gardiens de la tradition orale. On distingue trois grandes catégories pour l’ensemble de ce répertoire : – les contes et les légendes d’origine berbère, phénicienne et romaine, – les contes, les légendes et les gestes d’ori-gine arabe, – les contes proprement tunisiens. On peut y ajouter les contes empruntés aux différentes cultures du bassin méditerranéen, qui, à l’instar des contes des deux premières ca-tégories, se sont imprégnés des valeurs et des coutumes locales au point de se confondre avec les contes du terroir. L’ensemble reflète en effet les divers aspects de la vie collective tunisienne et témoigne de la vivacité créatrice de ce peuple, même s’il présente parfois des traits communs à l’ensemble du monde arabo-musulman. Ces contes apparaissent comme un exemple de la richesse de l’imaginaire tunisien. Ils tra-duisent, dans une abondance d’intrigues, d’aventures et de quêtes, une sagesse millénaire. Car conter est divertir et enseigner en même temps ; rares sont les contes qui ne prêchent une morale, ne prônent une conduite, ou ne pro-diguent un enseignement. Depuis longtemps, en Tunisie, comme par-tout dans le monde arabe, le conte avait un rôle très important à tenir dans la vie quotidienne. Il se devait de traduire le poids de la religion, des
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croyances et des valeurs grâce à un langage simple (le parler tunisien) pouvant être compris par tous. 1 Selon Othman Kaâk , hormis l’époque an-téislamique où l’on a peu d’indices sur la ma-nière dont se déroulaient les séances de contes et qui laisse supposer que cela se passait en milieu familial ou tribal restreint pendant les veillées, l’art de conter est devenu, avec l’arrivée e des Arabes à la fin du VIIsiècle, une véritable institution. Les conteurs tenaient le haut du pa-vé, dans les enceintes des mosquées, relatant les mythes et les légendes de la péninsule ara-bique des temps préislamiques (l’épopée de Saïf 2 Ibn Dhî Yazan , les aventures de Antar Ibn 3 Chaddâd ), les faits marquants des compa-gnons du Prophète, l’épopée de la conquête isla-4 mique (les conquêtes du Yémen et d’Ifriqya ), et 5 plus tard, la geste des Béni Hilâl . Ils ont été délogés des mosquées par les jurisconsultes le jour où ils ont repris des contes d’origine israé-lite, pour s’installer sous les remparts des grandes villes ou sur les places publiques. L’art du conte connaît son essor sous les 6 Fâtimides qui ont importé avec eux les contes déjà célèbres au Moyen-Orient, telsLes mille et une nuits, Kalila et Demna,les contes de Jeha 7 ainsi que les contes des Alaouites . Face à l’en-gouement de la population, les Fâtimides se 8 servent des conteurs ainsi que du haschisch comme moyens de détourner les gens des af-faires politiques. On assista alors à la proliféra-tion d’officines spéciales(mikhâna) aménagées dans ce but, où les fumeurs de haschisch et les amateurs de contes s’en donnaient à cœur joie. À cette époque, les conteurs étaient rassemblés
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en des corps de métier et les services de ceux qui parvenaient à la notoriété étaient rémunérés et retenus à l’avance. 9 Lorsque Aboulhassan al-Chadli introduit e le café en Tunisie au milieu du XIII siècle, le conteur devient un personnage incontournable. À cette époque, les cafetiers s’attachaient les services d’un conteur pour égayer la soirée et attirer une clientèle férue de contes. Les cafés rassemblaient chaque soir pour des veillées tar-dives un public adulte venu se divertir, s’ins-truire et rêver. Se tenant généralement assis sur une es-trade surplombant l’assistance, une canne à la main, le conteur,fdawien parler tunisien, dé-clamait les contes de mémoire, épisode après épisode, et parvenait ainsi à tenir en haleine des spectateurs émerveillés. Il faisait des coupures chaque fois qu’il percevait des signes de lassi-tude, et entamait alors des séances denawâdir10 et dem’hall châhed. À la fin, le serveur faisait le tour parmi l’assistance, un plateau à la main, pour recueillir le prix de l’audition, sorte d’obole qui servait à payer le conteur. Avec les places publiques où les conteurs tenaient des séances diurnes, offrant aux ba-dauds des contes ponctués par des chants po-pulaires ou liturgiques, le café demeura long-temps leur lieu de prédilection, même sous l’occupation française, jusqu’à l’avènement de la radio qui va les évincer définitivement. Ils ont dû alors se contenter des places publiques. Ainsi, dans le vieux Tunis, les places de Halfaouine, HafsiaetSouk-el-Âsrvont connaître leur heure de gloire. Au milieu d’une foule cu-rieuse toujours avide de sensations, les conteurs
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côtoyaient des saltimbanques de tous bords : charmeurs de serpents, montreurs de singes, voyants, jongleurs, joueurs de cartes, briseurs de chaînes, vendeurs d’herbes médicinales et 11 dessellek-el-wâhlineCela dura jusqu’à l’aube de l’indépendance, où les nouvelles autorités dirigeantes, sous l’im-12 pulsion de Bourguiba qui voulait moderniser le pays, s’emploient à éradiquer les racines du sous-développement et sortir la nation de sa tor-peur. On s’acharne alors sur les symboles de la société traditionnelle. Tout ce qui avait un trait à la tradition était voué aux gémonies : tatouage, tenue vestimentaire (voile, turban, fez stambou-liote), rassemblement de quelque nature que ce soit sur la voie publique, jeûne du ramadan, même la langue classique, jugée trop pédante et trop conformiste a cédé la place, du moins en partie, au parler de tous les jours. Certains choix ont été judicieux : abolition de la polygamie, maîtrise de la démographie, émancipation de la femme, nouveau code de la famille, scolarisation des jeunes filles… D’autres ont eu un effet rava-geur. Ainsi en est-il des conteurs qui, depuis la fin des années cinquante, n’ont plus droit de ci-té. Chassés des places publiques, remplacés dans les cafés par la radio puis par la télévision, ils se sont éteints dans l’insouciance totale. Au début des années soixante, seul Abdela-13 ziz El Aroui a été autorisé à diffuser, à travers les ondes de la Radio nationale, des contes mo-ralisateurs inspirés de la sagesse des nations, manière de soutenir la politique d’émancipation de la population entreprise par le pouvoir. Conteur émérite, à la voix posée et agréable, il tenait en haleine, chaque dimanche, des di-
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