Histoires des quatre saisons

Plenard Marilyn

Informations

• Publié par: Flies France Éditions
• Nombre de lectures: 9
• EAN13: 9782373800463
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 3 Mo

Extrait

« La Caravane des contes » a repris la route, en quête des mystères du temps qu’il fait et du temps qui passe… Tour à tour, sous le soleil ou le grand vent, sous le ciel bleu ou les orages, elle croise le chemin de l’hiver dans son manteau blanc, du printemps enrubanné de rose et de vert tendre, de l’été éclaboussé d’or pur, de l’automne rou geoyant, de l’hiver, à nouveau, dans une ronde autour de la Terre, à la rencontre des hommes et des dieux de tous les temps, à l’écoute des bêtes et des plantes, à la décou verte d’êtres de légende dont le pouls bat la chamade, à l’unisson, au rythme des saisons.

9 782910 272340

ISBN 2910272346

14,50 euros

Histoires des q uatre saisons

Marilyn Plénard

Marilyn Plénard

Histoires des quatre saisons

Illustrations de Delphine Bodet

Flies France

La caravane des contes

Marilyn Plénard

Histoires des quatre saisons

Illustrations de Delphine Bodet

Les Douze Mois

conte de Slovaquie

Au temps jadis, une mère Histoire de l’art Giuseppe Arcim- avait deux filles : la sienne et sa boldo, un peintre bellefille. La sienne, Holéna, e qu’elle aimait tendrement, était italien du XVI siècle, exécuta beaucoup moins belle que Ma des portraits pas rouchka, c’est pourquoi la mère comme les autres appelés « têtes ne pouvait même pas la regarder composées ». Son Printemps en face. Mais Marouchka igno n’est composé que de fleurs ; son rait qu’elle était si belle et elle Eté, de fruits ; l’Automne, de ne comprenait pas pourquoi sa fruits d’automne : poires, pommes… L’Hiver, de branches bellemère fronçait les sourcils chaque fois qu’elle croisait son d’arbres et de feuilles. Enfin, son portrait de l’empereur regard et se demandait constam germanique Rodolphe II est un ment ce qu’elle avait fait de mal. florilège de légumes, fleurs et Le fait est que Marouchka fruits des quatre saisons. s’occupait de tout à la maison alors qu’Holéna ne s’intéressait qu’à ses robes et ses bijoux. Pourtant tous les reproches qui sortaient de la bouche de la mère s’adressaient à Marouchka, qui souffrait beaucoup de cette injustice. Sa situation empirait chaque jour et cela seulement parce que Marouchka chaque jour devenait plus belle alors qu’Holéna devenait plus laide. La mère et sa fille se dirent que, lorsque le temps serait venu que les garçons fréquentent la maison, ils ne regarderaient que Marouchka. C’est ainsi qu’elles imaginèrent un sort terrible pour la belle.

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Le jour suivant était le lendemain du jour de l’an. Le froid était atroce. Holéna voulait sentir le parfum des violettes. Elle dit à Ma rouchka : – Va dans la forêt et cueillemoi un bouquet de violettes. Je veux en porter un à la ceinture. – Mon Dieu, sœur chérie, répondit la pauvre fille. Qu’estce qui te vient à l’esprit ? Aton jamais vu des violettes pousser sous la neige ? – Vilaine, tu n’as pas à répliquer, menaça Holéna, quand je t’ordonne quelque chose. File ! Si tu ne m’apportes pas de violettes, je te tuerai. La mère ellemême poussa Marouchka dehors dans le froid gla cial. Elle ferma vite la porte derrière elle et tira le verrou. Marouch ka, en pleurant, se dirigea vers la forêt. Il y avait de véritables mu railles de neige et nulle part on ne voyait la trace d’un pied humain. La belle erra longtemps, longtemps. Elle eut faim, elle eut froid. Elle souhaita mourir. Tout à coup elle aperçut une lumière dans le loin tain. Bientôt Marouchka arriva au sommet d’une montagne. Il y avait là un grand feu et autour de ce grand feu on voyait douze pierres et sur ces douze pierres étaient assis douze hommes. Trois d’entre eux avaient la moustache blanche, trois étaient plus jeunes, trois en core plus jeunes, les trois derniers encore presque des enfants. Ils étaient assis et ne parlaient pas. Ils regardaient le feu sans mot dire. Ces douze hommes, c’étaient les douze mois. Le grand Janvier était assis sur la pierre la plus haute. Ses cheveux et sa moustache étaient blancs comme la neige et il tenait une massue. Marouchka eut peur et resta sans parler. Puis, prenant son courage à deux mains, elle s’approcha et demanda : – Mes braves hommes, permettezmoi de me réchauffer, j’ai si froid.

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Le grand Janvier hocha la tête en signe d’assentiment et deman da : – Que cherchestu ici, ma fille ? – Je cherche des violettes. – Ce n’est pas la saison pour chercher des violettes, mon enfant, il y a trop de neige, répondit Janvier. – Oh oui ! Je le sais bien, mais ma sœur Holéna et ma bellemère m’ont ordonné de leur rapporter des violettes de la forêt. Si je ne le fais pas, elles me tueront. Savezvous où je puis en trouver ? A ces mots, le grand Janvier se leva de son siège, s’approcha du mois le plus jeune, mit dans sa main la massue et dit : – Frère Mars, assiedstoi làhaut sur mon siège. Le mois de Mars s’assit sur la pierre la plus haute et brandit la massue audessus du feu. Le feu grandit, la neige se mit à fondre, les arbres bourgeonnèrent, sous les hêtres l’herbe verdit et dans l’herbe on aperçut des fleurs. C’était le printemps. Entre les buissons, ca chées sous les feuilles, des violettes étaient écloses. Il y en avait telle ment qu’il semblait que la terre s’était couverte d’un voile bleu. – Cueille vite, Marouchka, ordonna Mars. Enchantée par un tel miracle, Marouchka se dépêcha de cueil lir les petites fleurs dont elle fit un gros bouquet. Elle remercia les mois et retourna vite à la maison. Holéna et la méchante marâtre furent bien étonnées de voir revenir Marouchka avec des violettes. Quand elles ouvrirent la porte, le parfum des fleurs se répandit dans toute la maison. En colère, Holéna demanda : – Où les astu cueillies ? – C’est làhaut, sur la montagne, sous les buissons, qu’elles poussent. Holéna lui arracha le bouquet, qu’elle accrocha à son corsage. Dès le lendemain, Holéna exigea des fraises des bois. Comme la

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veille, Marouchka crut bien mourir de froid dans la forêt. Cepen dant, elle se dirigea directement à l’endroit de la montagne où sié geaient les douze mois. Cette fois, c’est frère Juin qui s’occupa de la satisfaire. Il s’assit sur la plus haute pierre à la place du grand Janvier et soudain ce fut comme un bel été qui commence. Les arbres étaient couverts de feuilles, les oiseaux chantaient à tuetête, partout il y avait des fleurs. Sous les buissons, des petites étoiles mûrissaient : c’étaient les fraises des bois. Il y en avait tellement qu’on aurait cru que la terre avait été arrosée de sang. – Va vite les cueillir, Marouchka, dit l’aimable mois de Juin. Holéna et sa mère, au lieu de remercier Marouchka de retour à la maison, mangèrent aussitôt toutes les fraises des bois, affamées qu’elles étaient par la colère, et n’en laissèrent pas une seule à la jolie jeune fille. Le matin du troisième jour, c’est de pommes bien rouges qu’Ho léna eut envie.

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