Les histoires extraordinaires de mon grand-père : Limousin
140 pages
Français

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Les histoires extraordinaires de mon grand-père : Limousin , livre ebook

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Description

Les histoires extraordinaires de mon grand-père : Limousin - Rares sont les ouvrages qui vont chercher ce qui se cache derrière cette terre de cartes postales. Or cette vieille province possède bien d'autres trésors, bien d'autres richesses, un patrimoine oral particulièrement original et varié, transmis de génération en génération depuis ces temps que l'on dit " immémoriaux ". Ce sont ces histoires, à faire sourire, à faire peur, à faire rêver... que nous racontaient nos grands-pères et leurs pères avant eux.


Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 17 janvier 2013
Nombre de lectures 77
EAN13 9782365729246
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0022€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Un personnage historique : Saint-Étienne de Muret


Né en 1046 à Thiers, en Auvergne, Etienne, fils du Comte de Thiers, est confié dès l’âge de douze ans à un ami, Milon, archevêque de Bénévent, en Italie. Ordonné clerc, puis diacre, Etienne refuse cependant, par humilité, de devenir prêtre. Mais, désireux de mener la même vie d’ermite que des moines rencontrés à Bénévent, il rentre à Thiers et fait ses adieux à ses parents. Puis il part à la recherche d’un lieu propice à une solitude absolue. Au bout de six ans, il découvre la forêt de Montcocu (aujourd’hui Montméry), près d’Ambazac, en Haute-Vienne. S’arrêtant sur la petite colline de Muret, il construit de ses mains une petite cabane et commence sa vie de prière. Quelque temps plus tard, des bergers découvrent sa retraite et sont très étonnés d’entendre cet homme, qu’ils prenaient pour un sauvage, leur parler si bien. La renommée d’Etienne commence de s’étendre à partir de ce moment : on est en 1076, Etienne a trente ans.
Très vite, deux hommes viennent le trouver et le supplient de leur permettre de vivre avec lui cette vie d’ermite. Puis d’autres compagnons se joignent à eux : son plus fidèle disciple est un certain Hugues La Certa. Eux aussi construisent leurs cabanes, appelées « celles ». Mais le terrain devient trop exigu : le seigneur de Rancon, Amélius de Montcocu, leur donne des terres, sur lesquelles ils bâtissent une chapelle.
Leur vie est d’une grande austérité : la nuit, ils dorment sur deux planches, vêtus seulement d’un cilice de cottes de mailles ; le jour, ils ne font qu’un seul repas, composé de pain, d’eau et de fruits. Ne négligeant pas pour autant les proches habitants, ils sont appelés “les Bonshommes” à cause de leur grande bonté.
Les compagnons d’Etienne étant chaque jour plus nombreux, d’autres communautés sont créées. Chaque dimanche, les compagnons d’Etienne se retrouvent à Muret pour entendre la messe dite par un prêtre de l’une des communautés.
C’est alors qu’un événement capital se produit : l’impératrice Mathilde, princesse d’origine anglaise, épouse d’Henri V d’Allemagne, entend parler de la vie exemplaire que mènent Etienne et ses amis. Elle offre à Étienne une dalmatique de diacre, aux dessins de soie jaune d’or sur fond pourpre, comportant deux aigles dont l’une est l’emblème du Saint Empire Romain Germanique et des inscriptions en langue arabe. Le don de cette dalmatique, très bien conservée à l’église d’Ambazac, sera suivi de bien d’autres, de la part notamment de la maison royale d’Angleterre.
Des princes de l’Église se déplacent à Muret pour recevoir les conseils d’Etienne, et non des moindres : c’est le cas, par exemple, du Cardinal Grégoire, élu Pape en 1130 sous le nom d’Innocent II.
Huit jours plus tard, Etienne a, dit-on, le privilège de connaître le jour et l’heure de sa mort. Il meurt quelques jours après dans la chapelle de Muret le 8 février 1124, à 78 ans. Il est enterré à l’emplacement d’un oratoire encore visible.
Étienne voulait vivre dans la solitude… il fut entouré d’un grand nombre de disciples. Il est reconnu comme le fondateur de l’Ordre de Grandmont… mais ne vécut jamais à Grandmont !
Il est canonisé le 21 mars 1189 par le Pape Clément III.
Et si l’on parle de Grandmont lorsqu’on évoque ce saint, c’est parce qu’après une querelle avec les bénédictins d’Ambazac, les moines y avaient élu domicile quelques années après la mort d’Etienne. Bien sûr, ils avaient emporté le corps de leur fondateur qui fut enterré très secrètement sous la marche de l’oratoire de l’abbaye construite sur un terrain donné par Amélius de Montcocu.
L’ordre de Grandmont connut pendant de longs siècles une notoriété qui s’étendit à travers toute l’Europe. Il fut soutenu notamment par Henri II Plantagenet et par Richard Cœur de Lion. Après de multiples vicissitudes et de nombreuses guerres meurtrières, l’Ordre disparut en 1769. Le dernier Abbé, Messire François-Xavier Mondain de la Maison Rouge, 49ème successeur d’Etienne de Muret, dut soutenir une lutte sans merci contre l’évêque de Limoges, l’archevêque de Toulouse et même contre le Pape Clément XIV. Il s’éteignit en 1787, deux ans avant la Révolution, comme l’avait annoncé une prophétie de 1536 !
L’évêque de Limoges, désigné comme propriétaire de l’ancienne Abbaye, se livra alors à une véritable curée et provoqua un véritable drame, culturel et historique, en dispersant le trésor considérable des successeurs d’Etienne de Muret à travers tout le diocèse : il n’hésita pas à vendre… au poids à un imprimeur et à un relieur tous les livres et tous les documents de la bibliothèque des moines, ainsi que les archives de l’Abbaye ! Tous ces livres, tous ces documents termineront leur vie… en dossiers de livres ! Un gigantesque scandale !… Ainsi ont disparu sept siècles d’histoire d’une Abbaye qui avait rayonné sur l’Europe entière. Quant aux bâtiments, l’évêque fit vendre le plomb des toitures pour 30 000 livres, livrant les bâtiments aux intempéries.
L’abbé Vitrac, curé de Saint-Sylvestre, dont dépendait Grandmont, écrit le 2 janvier 1791 : “Cette belle et célèbre Abbaye n’offre que des ruines et les hordes de barbares ne l’auraient pas réduite à un état plus déplorable et plus triste”.
Les poutres, les chevrons, la fonte, les briques sont vendus, sauf celles choisies par les habitants de Grandmont pour construire la Chapelle actuelle, inaugurée le 15 juin 1825 par le dernier religieux grandmontain, Dom Vergniaud.
Ainsi prend fin, de manière déplorable, l’épopée de ce Monument Historique qui apporta tant au village, au Limousin, à l’Eglise et à la France : l’Abbaye de Grandmont ! Si vous vous promenez dans le village, peut-être, en soulevant les ronces et les arbustes ici et là, pourrez-vous apercevoir de lourdes pierres taillées qui furent celles de ce saint lieu !

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