Mémoire d un autre temps au Rwanda - Tome 3
66 pages
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Mémoire d'un autre temps au Rwanda - Tome 3 , livre ebook

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Description

« C'était au tour de Museke et elle se dit qu'elle ferait comme ses copines. Pour se donner encore plus de chance, avant de sortir, elle mit un peu de boue dans sa bouche pour atténuer la blancheur de ses dents. Elle alla dehors, sourit timidement mais malgré la boue, le blanc de ses dents la trahit et la foudre lui dit : — C'est bien toi que je cherche ! Soudain, un bruit assourdissant éclata et fit trembler la terre si fort qu'on l'entendit dans toute la région, et jusqu'au pays voisin... Museke fut emportée au ciel et disparut sans laisser de traces. » Nouvelle étape d'un voyage ensorcelant sur les terres rwandaises, ce troisième volet poursuit son exploration de l'imaginaire africain. Magie et leçons de vie se conjuguent au fil de contes colorés et surprenants, illustrant avec charme les traditions et mystères d'une contrée méconnue.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 05 août 2016
Nombre de lectures 0
EAN13 9782342058840
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0049€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Ce livre est dédié à ma mère qui mourut le 11 janvier 2010.
C’était son projet de publier ce livre, et j’ai voulu qu’il aboutisse même si elle n’est plus.



Avant-propos
Ceci se passe dans les terres du milieu, ces lieux où les pharaons eux-mêmes allaient pour collecter leurs pierres précieuses et leur or. Plus précisément dans la région des mille collines, aujourd’hui communément appelée le Rwanda.
Ces histoires se passent dans des contrées si lointaines et secrètes que nous en tairons les noms et leur emplacement.
Dans ce royaume, les Hommes et les animaux peuvent se comprendre, certains ont des pouvoirs, d’autres pas. Mais chacun est indispensable à l’autre…
Il n’y a pas beaucoup de personnes qui peuvent se vanter d’avoir eu le privilège d’être allées dans ce royaume, mais celles qui eurent le courage de revenir — je dis courage car il en faut vraiment pour quitter ces contrées paisibles et ce pays magnifique — nous sont revenues avec des histoires afin de nous faire connaître ce fabuleux endroit.
On dit que les portes qui mènent à ce royaume sont plus nombreuses qu’on ne le pense, mais elles sont bien cachées… Elles se trouvent au bout de longs chemins de pèlerinage et elles ne s’ouvrent qu’aux cœurs purs et méritant d’y accéder. Alors, que les cœurs sages écoutent ces histoires et que ceux qui écoutent ces histoires deviennent plus sages encore…

Histoire de la famille Bwenge
Cette année-là, la sécheresse était particulièrement longue et, de ce fait, les récoltes étaient vraiment maigres. Les hommes souffraient cruellement de la faim car, l’herbe se faisant rare, les vaches ne produisaient plus beaucoup de lait et commençaient à maigrir.
Cette situation désappointait le roi de telle manière qu’il décida de réunir tous ses conseillers, les chefs de colline, ainsi que ses sujets afin de trouver une solution pour enfin sortir de cette famine !
Lorsqu’il posa le problème, le silence qui suivit montra leur impuissance à le résoudre. Cela l’inquiéta fort car il s’agissait de son devoir de monarque : s’occuper de son peuple.
Durant le conseil, un homme pauvre qui passait par là se mit au courant. Comprenant qu’il s’agissait d’une opportunité pour sortir de la pauvreté, il pensa : « Les vaches sont le seul espoir de survie qui reste car, grâce au lait et au fromage, le peuple pourrait sortir de la famine. »
Alors, il prit son courage à deux mains, s’avança et dit :
— Seigneur, si vous me sauvez, je suis prêt à sauver vos troupeaux !
Le silence se fit et tous les regards se fixèrent sur l’homme. Le roi, intrigué, fit appeler son conseiller le plus fidèle et lui chuchota à l’oreille :
— Donne-lui de quoi se nourrir et s’habiller, à lui ainsi qu’à sa famille. Il est le seul à avoir une solution donc on va lui faire confiance !
C’est ainsi que la famille de Bwenge put sortir de la pauvreté. Après avoir mangé, Bwenge et sa famille partirent loin, bien loin avec les troupeaux. Ils étaient si loin qu’ils avaient pénétré les terres du Burundi. Ils s’enfoncèrent dans la forêt profonde, loin de tout territoire humain.
C’est là que le bétail trouva de la bonne herbe et qu’il put se reconstituer une santé, si bien qu’il y eut bientôt des naissances et les troupeaux commencèrent à s’agrandir. Les vaches donnaient beaucoup de lait et la prospérité des troupeaux du roi fut totale !
En ce temps-là, lorsqu’une vache avait vêlé plusieurs fois, on lui parait les cornes avec des colliers faits de petites ferrailles fabriquées par des forgerons spécialisés. Ces colliers se nomment imidendes . Les vaches portant des imidendes étaient considérées comme chef de troupeau et lorsqu’elles marchaient, cela produisait des sons si agréables et mélodieux qu’ils endormaient le roi du Burundi.
Un jour, le roi du Burundi organisa une très grande chasse dans ses forêts. Il était accompagné de ses chiens et des Pygmées de sa cour. Ils chassèrent des jours et des jours, lorsqu’un matin, le roi vit une colonne de fumée au loin.
— Cela doit certainement être des forgerons ! lui dit-on.
Le roi posa la question à trois personnes, et à chaque fois, il reçut la même réponse.
— Non ! dit-il. Cette fumée provient d’un troupeau de vaches où se trouve un taureau royal. J’entends au loin le bruit des imidendes qui m’est apporté par le vent ! C’est un troupeau énorme et les vaches font beaucoup de petits, je le veux !
Et il décida donc d’aller voir de plus près.
Tout en se dirigeant vers la fumée, ils continuèrent à chasser. Après quelques jours, ils se trouvèrent devant des kraals contenant de magnifiques bêtes. Le roi appela Bwenge et lui demanda le nom du propriétaire de ces bêtes, ce que le brave homme se garda bien de dévoiler. Il donna des noms d’autres personnes prétendues propriétaires de ces troupeaux et leur discussion continua. À un moment donné, le roi vit passer Bwenge mu Ruhimbi qui n’était autre que la première fille de Bwenge.
Sa chevelure, la grâce de sa silhouette, la douceur de sa peau et l’élégance de son maintien faisaient d’elle une épouse royale parfaite. Il fut frappé par sa grande beauté et tomba amoureux. Sans tarder, il demanda sa main pensant que, du même coup, il pourrait s’approprier les vaches !
Le roi rentra chez lui et fit envoyer huit vaches comme dot pour Bwenge mu Ruhimbi et une suite de serviteurs pour ramener sa future épouse à la cour royale.
Le mariage donna lieu à de grandes festivités dans le pays. Le roi appréciait à sa juste valeur l’intelligence de sa nouvelle épouse, Bwenge mu Ruhimbi, avec qui les conversations étaient d’un tout autre niveau que ce qu’il avait connu jusqu’ici. Ils vécurent un amour passionnel durant quelques mois jusqu’à cet après-midi ; alors que le roi n’avait rien à faire, il se rendit chez son épouse pour jouer au jeu du ikibuguzo avec elle. Le roi prononça les termes du jeu avec des sous-entendus :
— Et d’un, de deux, de trois, de quatre, de cinq, de six, de sept, de huit, de neuf, de dix : nous verrons les cornes s’entrechoquer auprès de moi !
Du tac au tac, Bwenge mu Ruhimbi répondit :
— Et d’un, de deux, de trois, de quatre, de cinq, de six, de sept, de huit, de neuf : vos doigts s’entrechoqueront d’envie et d’impuissance !

Ikibuguzo : célèbre jeu mental traditionnel burundais.
Désappointé, le roi mit fin au jeu et repartit dans ses quartiers.
C’est ainsi que Bwenge mu Ruhimbi comprit que son époux le roi voulait s’approprier de force les vaches que son père soignait. Il lui fallait agir vite pour prévenir sa famille : elle envoya donc son fidèle serviteur dans l’étable des veaux pour détacher les grosses tiques qu’il trouverait sur les bêtes et les lui ramener. Puis, elle chercha un fin bâtonnet, sur lequel elle enfila les tiques soigneusement. Ensuite, elle mit le tout dans un joli petit panier qu’elle redonna à ce serviteur pour aller le déposer dans la pirogue qui servait d’abreuvoir aux vaches gardées par son frère Bwenge mu Nyana.
Le serviteur s’exécuta et vint lui confirmer, le soir, que tout était fait selon ses désirs.
Tôt le lendemain matin, Bwenge mu Nyana prit une cruche et partit vers la rivière pour remplir l’abreuvoir d’eau. Lorsqu’il vit le petit panier, il le prit, l’ouvrit et trouva les tiques enfilées sur le bâtonnet ; il réfléchit et comprit le message de sa sœur :
— Le sang versé dans le troupeau de bétail !
Bwenge mu Nyana courut chercher son père. Ils rassemblèrent vite les vaches et Bwenge partit en laissant son fils à l’abreuvoir pour le remplir afin de faire diversion pour qu’il puisse avoir le temps de s’enfuir.
Lorsque le soleil atteignit son point le plus haut dans le ciel, Bwenge mu Nyana vit arriver le roi accompagné de sa suite. Celui-ci lui adressa la parole avec beaucoup de courtoisie, et fit traîner la conversation en attendant le moment où les vaches viendraient s’abreuver pour les prendre de force.
Mais comme elles semblaient ne jamais arriver, il finit par demander où étaient...

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