Dans le creux du songe
98 pages
Français

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Dans le creux du songe , livre ebook

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Description

Ce songe est un conte. Ce conte est un bateau. Il nous mène dans un monde pictural et musical inexploré, où tout, n’est que beauté et volupté.
Tel un alchimiste, Am.Sud, crée un élixir envoûtant et hypnotique, découvrant un pays d’émotions où seule l’âme des choses et des êtres importe.
Un paradis... enfin retrouvé.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 22 janvier 2014
Nombre de lectures 0
EAN13 9782332673831
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0045€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composér Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d'adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-332-67381-7

© Edilivre, 2015
Ce songe est un conte.
Ce conte est un bateau.
Il nous mène dans un monde pictural et musical inexploré, où tout, n’est que beauté et volupté.
Tel un alchimiste, Am.Sud, crée un élixir envoûtant et hypnotique et découvre un pays d’émotions où seule l’âme des choses et des êtres importe.
Un paradis…enfin retrouvé
Rencontre du troisième type
Ursule tomba par hasard sur Chaaliska la savoureuse. Savoureuse sa voix, mais aussi sa démarche et cette façon de se poser légèrement, à l’aise, au milieu de n’importe quelle assemblée.
Ce jour, l’assemblée bavait devant des petits fours et sirotait du thé infâme en enfilant les rituelles perles sur la pluie et le beau temps.
Chaaliska ne crevait pas l’écran lisse de la bienséance, pourtant Ursule butta dessus, comme sur un mur : un mur transparent, limpide, liquide, d’une totale évidence.
Ursule était vieille mais… jeune aussi. Son ancienne gaieté, son cœur d’enfant, ses impulsions d’ados, revinrent au galop quand ses pupilles fatiguées accrochèrent, par hasard, l’iris plombé de Chaaliska.
N’y voyant plus très bien de près, elle s’éloigna, tourna en rond, en carré, en spirale autour de ce morceau de grâce inhumain, incroyable, unique, absolument… divin.
Chaaliska était une cantate en chair et en os. Ursule la musicienne, seule, la remarqua.
De joie, elle serra des mains qui sortaient de nulle part et prit une coupe qui déambulait en pleine lévitation mystique.
Tout le reste de la salle s’estompa dans une grisaille opaque. Le regard d’Ursule n’était plus qu’un faisceau concentré convergeant vers Chaaliska et celui-là crevait l’écran.
Chatouillée par cette multitude d’électrons, Chaaliska chercha d’où ils pouvaient venir, ne vit pas Ursule si petite, si petite, mais ressentit, à la seconde, la tension de ce rayon lumineux.
Chaaliska-la-jeune bougea, se retourna, gratta sa nuque électrisée, n’y compris goutte, s’énerva, chercha, mais quoi ?
Tout ce brouhaha, soudain, lui sciait les tympans et, décidément, les gens semblaient enfler à vue d’œil au point de saturer l’atmosphère.
Ursule s’éloignait à petits pas, heureuse et comptant bien le rester.
A force d’y croire son rêve se tenait à deux pas et se nommait : Chaaliska.
Une vie s’était écoulée, autant dire une éternité.
Preuve en était faite : l’imagination engendrait bien des réalités. Chaaliska était ce rêve palpable, pure création d’Ursule, Frankenstein à côté n’était que l’œuvre d’un boucher rustre et maladroit.
Si Ursule était heureuse comme un poisson de nager dans les eaux profondes de son rêve, Chaaliska, elle, pataugeait dans la semoule.
Une tristesse insondable s’abattit sur ses belles épaules.
Elle avait perdu quelque chose qu’elle n’avait pas encore trouvé.
Cette absence d’une absente fut à ce point insupportable, qu’elle partit brusquement de la salle, bousculant l’hôtesse-candélabre dont le sourire laqué s’écroula en miettes.
Dehors, il pleuvait.
Chaaliska était à pieds – demi-nus – sans fric et sans parapluie : la « grâce » n’étant pas du genre prévoyant.
Il pleuvait à rendre l’âme dans un grand éternuement. Ursule, heureusement, focalisait un max sur la nuque trempée de Chaaliska. La flamme de ce regard lui sauva la vie.
Elle s’approcha enfin si près que de la vapeur émana des vêtements de Chaaliska.
Celle-ci se figea, tous les yeux de son dos s’ouvrirent en grand, chaque poil de sa peau mate se dressèrent, ses pupilles se dilatèrent, son esprit surencombré de sensations vira au rouge puis, préféra faire le mort.
– Puis-je vous raccompagner ? J’ai comme arme fatale ce parapluie d’avant guerre, et deux personnes ne sont pas de trop pour le maintenir.
Le regard de Chaaliska-la-grande, après une rapide mise au point, se ficha dans le faisceau d’Ursule-la-petite : un vrai rayon de soleil ou… de miel ou, peut-être, la coulée liquide de l’or en barre.
Elle eut chaud, froid, se mit à trembler puis à transpirer.
A cette allure, l’explosion menaçait.
Ursule, craignant de voir son rêve se désintégrer dans le néant citadin, la prit dans ses bras menus et lui susurra les mots qui apaisaient ordinairement sa jument :
« Tout beau, tout doux, calme, calme… belle, tu es belle… douce, douce… »
Ça marchait ! Tout le corps rompu de Chaaliska se dénouait nœud après nœud, une vraie pelote à démêler.
Ursule s’empara d’un fil doré et Chaaliska sourit.
Ah ! Ce sourire !
Un éclat de ciel trempé dans une source mythique. Un rayon de lune frappant le miroir des songes. La douceur d’une pêche nue, la fraîcheur d’un lit de mousse dans le cratère d’un volcan. La peau de la mer ou la mer dans la peau ? Ursule en perdait son latin.
Le silence les cristallisait, les statufiait.
Arrêt sur image, « clic-clac » temporel. Les dieux se rinçaient l’œil, se délectaient d’une ivresse enfin à leur hauteur.
« Clic-clac » fit aussi l’homme à l’abri sous le porche.
La rapidité de son geste, l’escamotage de l’appareil photo dénonçait le vrai pro.
Il était pourtant ivre comme un poète, un poète à gueule de d’Artagnan.
Ses vêtements fripés, ses chaussures trouées ne dissimulaient pas son allure royale, un roi évadé – hors du temps probablement ?
« Pas croyable ces deux là ! On dirait ces machins cellulaires qui s’attirent ! »
Il s’approcha d’Ursule, s’empara avec le culot des ivrognes du parapluie et le déploya avant qu’elles ne meurent d’une double broncho-pneumonie.
– Il est en plomb ce parapluie, ou quoi ?
Le monument se secoua, se scinda, se réveilla : Chaaliska comme un chien qui s’ébroue, Ursule avec regret et lenteur : le voyage avait été si lointain !
– Il a fait la guerre…
– Donc il est plombé, enchaîna Chaaliska.
– Mais pas troué, il peut même abriter une armée entière, on dirait ? constata le photographe.
– … ou la dissimuler, dit Ursule.
– … peut-être qu’on pourrait en le retournant, franchir des océans ? Tendre une voile sur son manche ? Enfin…sur son mât.
La voix de Chaaliska, lente, grave, se déployait à l’intérieur d’Ursule comme une vague chaude, elle caressait de l’intérieur dans le sens du poil.
Chaaliska ne s’adressait qu’à elle, mais ça ne dérangeait pas l’homme, se sentant aussi bien qu’auprès d’un feu de cheminée.
– Gentes dames, traversons ensemble cette morne place et menez-moi en face dans ce bistrot-prometteur que mes pieds soient au sec et mon gosier arrosé.
Elles regardèrent l’homme, se regardèrent et, acquiescèrent.
Tous les trois connaissaient ce troquet datant pour le moins du siècle dernier. Nul flipper à se taper la boule et la migraine, nulle télé à vous décerveler – la tête et les cervicales –
Sur les tables en bois on pouvait piquer un roupillon à l’aise et le cul des chaises était culotté à merveille. D’ailleurs, les clients semblaient assis depuis des lustres, à lire le journal, taper la carte et à siroter l’élixir. A cette heure, il y régnait une ambiance de monastère avant la prière.
Isaac, le roi en guenilles, fit comme s’il ne connaissait personne et s’installa avec son miracle de femmes autour d’une ronde table, à l’écart, dos au mur pour garder une vision large.
L’appareil photo fut jeté négligemment sur une chaise. Ursule enregistra le boîtier usé et généreusement cabossé.
Chaaliska regardait Ursule regarder, et Isaac regardait ces deux là avec des yeux de chinois, mais, plein de tendresse.
– J’ai volé vos âmes, savez-vous ? Elles sont là dans la boite.
– En sécurité, alors ? répliqua Ursule.
– Et dans le noir… en plus, ajouta Chaaliska.
Ce fut au tour d’Ursule de se troubler comme l’eau de son verre qu’elle avala cul sec, en redemanda un autre : « le même », se leva, se rassit, gratta son genoux droit, rougit de voir Chaaliska-la-moqueuse qui saisit au vol la main agitée. Ursule se figea illico.
Chaaliska déposa cette main dans le creux des siennes et la tint pareille à un oiseau blessé. Leurs yeux se rebranchèrent sur la même fréquence, codée, grave.
Chaque tonalité émise s’accordait au quart de tour, tissant la trame chatoyante d’une mélodie inconnue.
Les yeux bridés d’Isaac s’étrécirent plus encore :
– Je ne sais si ce truc passerait ? Faut aller voir le premier cliché. Venez avec moi à l’atelier.
Après la prière des moines-clients, c’était...

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