Dans le souffle du vent
171 pages
Français

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Dans le souffle du vent , livre ebook

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Description

Au cours d’une indiscrète visite dans le grenier de ses grands-parents, Jacques Colson, dix-sept ans, découvre un journal intime à l’intérieur d’une malle poussiéreuse. Il croit reconnaître l’écriture de sa mère et s’en empare. Le soir, sa lecture timide lui fait l’effet d’un choc ; il y découvre que son père, selon les propres doutes de sa mère, ne serait probablement pas son géniteur. Cette atroce révélation éclairant soudain son présent, il entrevoit les raisons qui conduisent son père à faire de lui son souffre-douleur. Il comprend sa partialité vis-à-vis de son frère, son injustice, sa brutalité voire sa haine, autant de signes exprimant le rejet d’un enfant qui n’est pas le sien.


Une dernière querelle, autant absurde que provocante, met le feu aux poudres. Il n’a plus qu’un objectif : fuir cet abîme sans amour qui lui abîme l’âme. Échapper à cette autorité illégale qui taille en pièce ses velléités d’épanouissement.


Verdun, Aix-en-Provence, Buenos Aires, Montevideo, Arlit au Niger. Atteindra-t-il l’inaccessible étoile ?

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 septembre 2022
Nombre de lectures 0
EAN13 9782383512103
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0075€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Dans le souffle du vent
 
La SAS 2C4L — NOMBRE7, ainsi que tous les prestataires deproduction participant à la réalisation de cet ouvrage ne sauraient être tenuspour responsables de quelque manière que ce soit, du contenu en général, de laportée du contenu du texte, ni de la teneur de certains propos en particulier,contenus dans cet ouvrage ni dans quelque ouvrage qu’ils produisent à lademande et pour le compte d’un auteur ou d’un éditeur tiers, qui en endosse lapleine et entière responsabilité .
Pierre-Étienne Maincent
 
Dans le souffle du vent
 
 
 
Àtous ceux qui ont créé leur existence sans la subir. À tous ceux qui ontvaincu, parce qu’ils ont osé !
La révélation
Avec le temps, un mystère sans espoir de révélation devient unefrustration.
Ronald Wright
Il y a des évènements dont onredoute l’échéance. Celui-ci, je m’y étais préparé depuis longtemps, néanmoinsà son annonce, je restai muet au téléphone. J’hésitais à raccrocher comme si lefait de poursuivre la conversation suspendait l’information. Je crois que jen’ai rien su dire d’autre que : « Je vous remercie de m’avoiraverti ». À l’aune de ses cent ans, la Covid avait fauché ma mère dans sonEHPAD de Verdun. Mon père, lui, l’avait devancée depuis quarante-trois ans.Pour lui, je ne m’étais même pas déplacé.
Tant que l’on a ses parents, on nese croit pas vieux. S ubitement,je devenais le plus âgé et théoriquement le prochain sur la liste de la camarde.Je ressentais subitement la vieillesse se poser sur mes épaules. Moi qui avaistout fait pour retarder sa venue, voire en ignorer les agressions qu’elle commettaitchaque jour un peu plus sur mon visage, voilà qu’elle m’arrivait brusquement, meforçant à admettre la réalité en me rappelant mes quatre-vingts annéesd’existence.
J’étais arrivé d’Aix-en-Provence laveille et avec mon frère Paul, dans un silence qui n’était pas celui durecueillement, mais qui montrait que nous n’avions rien à nous dire depuis trèslongtemps. Mutiques, nous suivions le fourgon qui emmenait notre mère jusqu’aupetit cimetière de Saint-Mihiel, où reposait la famille. À cent ans, il ne luirestait plus beaucoup d’amis, et les rares qui avaient été épargnés par la fauxdu temps, étaient peu enclins à venir visiter leur prochaine demeure. J’imagineque ma mère, dans ses derniers instants de lucidité, devait s’étonner d’êtreencore en vie. A posteriori je revoyais, avec regret et nostalgie, toutes lesannées durant lesquelles elle avait dû vivre mon absence, avec tristesse. Ainsi va la roue de la vie  !
Les circonstances extirpaient de mamémoire cette phrase qui surgissait de mes souvenirs scolaires. Je revoyais alorsmonsieur Ritier, notre instituteur de l’école Raymond Poincaré de Verdun,un laïc convaincu qui donnait cours en blouse noire, nous en parler. Il avaitsu m’apporter le goût de la lecture, tant il parlait de littérature avec une passionqu’il avait su me transmettre. Cet homme n’était pas un instituteur, c’était untransmetteur de savoir. Être dans sa classe était une bénédiction.Pardon ! Il aurait détesté ce mot, étranger à son vocabulaire laïc. Jegarde un excellent souvenir de son enseignement et de l’éveil qu’il sût créeren moi. Il nous avait fait apprendre et lire le roman « le château de mamère » de Marcel Pagnol.
« Le temps passe, il faittourner la roue de la vie comme celle des moulins, on emportait notre mère pourtoujours. Telle est la vie des hommes, quelques joies très vite effacées pard’inoubliables chagrins. Il n’est pas nécessaire de le dire aux enfants ».
Ce texte m’avait fait longtempsréfléchir et a accompagné ma vie. Pourquoi ne pas le dire aux enfants ? Dansma vie d’homme, j’ai souvent pensé aux enseignements de monsieur Ritier et jesuis heureux de l’avoir rencontré, il faisait partie de ces enseignants qui nese contentaient pas de débiter un programme. Il perfusait plus que du savoir, ildonnait l’envie d’apprendre. Je lui en garde une profonde reconnaissance. Nousnous levions lorsqu’il entrait en salle de cours, ce n’était pas un aveu desubordination mais simplement le signe de respect qu’il méritait. C’était letemps où l’école était encore le temple du savoir, elle a bien changé.
Étudier était pour moi le moyen d’échapperà la réalité d’un monde qui ne m’était pas agréable et qui aujourd’hui encore, melaisse des traces profondes d’amertume et de souffrance. J’étais l’aîné et jevivais une injustice qui contribua à armer ma révolte. Alors que j’étais bienmeilleur élève que mon frère cadet, je ne récoltais jamais aucun compliment demon père. Au contraire je ne canalisais de lui que des reproches, j’étais sacible favorite, celui qui recevait les claques voire les fessées, alors quePaul, avait droit aux sourires et aux éloges. C’était injuste. J’étais sonsouffre-douleur. Il s’arrangeait toujours pour me réprimander ou me frapper enl’absence d’un tiers. « Si tu le dis à ta mère, je t’en colle une autre ».Après les gifles, il fallait que j’attende dans un coin, sans bouger. Cettedouble peine, je n’en compris que plus tard les raisons. Elle servait à laisseraux traces de doigts le temps de disparaître de ma joue. Ma mère, ni même monfrère, n’en surent jamais rien. Voilà comment grandit ce sentiment d’injusticequi alimenta et fit grandir ma révolte contre ce père partial et hélas, aussi contremon frère Paul. Ce sentiment ne me quitta pas, il me poursuivit toute ma vie.
C’était une autre époque ! Lesgarçons et les filles étaient dans des lycées différents et celles-ci n’offraientpas encore leur « fleur » au premier garçon venu, pour se débarrasserrapidement d’une virginité pesante. J’étais jaloux de mes camarades quisemblaient être gâtés, aimés, par leurs parents. Je feignais l’enthousiasme etmes jovialités étaient inversement proportionnelles à l’indifférence de monpère et aux silences de ma mère.
Saint-Mihiel ! Qui connaîtSaint-Mihiel ? Les Américains peut-être, à cause des morts qu’ils ontlaissés sur notre sol durant la Première Guerre mondiale et qui sont désormaisalignés au cordeau dans leur cimetière meusien. Même dans le département de laMeuse, il y a des habitants qui ne connaissent pas cette ville. C’est là où, àtrente-sept kilomètres de Verdun, mes grands-parents avaient fait construireune résidence secondaire, « les pieds dans la Meuse », comme le disaitmon grand-père. L’expression me faisait rire, car souvent lors des crueshivernales de ce fleuve indomptable, la maison devenait une île ; l’eauétait dans la cave. Pour mes yeux d’enfant, cette maison était immense. C’étaitla parfaite manifestation des signes extérieurs du « nouveau riche ».Elle reposait sur un ensemble de caves voutées, dépourvues d’éclairage quiapportaient à la fois la frayeur du noir et l’angoisse de l’inconnu. C’étaitl’endroit que, dans nos craintes d’enfant, Paul et moi n’affrontions que dansde rares occasions.
Dans cette maison, nous passions nosvacances d’été, entre l’indifférence affective de ma grand-mère et les exhortationsau travail d’un grand-père qui ne connaissait pas le repos. Lui, c’était lepatriarche, issu d’une famille de paysans meusiens qui, à la fin du XIXe siècle,avait créé à la force du poignet, une quincaillerie à Verdun. Après la GrandeGuerre, elle avait acquis une belle réputation, on trouvait tout chez Colson, elleétait connue de tous les Verdunois. C’est vrai que l’on y trouvait tout, sauf…sauf de l’affectif ! Mon grand-père travaillant trois-cent-soixante-cinqjours par an à raison de onze heures par jour, n’avait pas eu le temps demettre cet article en rayons. Cet homme ne connaissait que le travail, c’estdire que durant une bonne dizaine d’années, confiés l’été à nos grands-parents,nous n’eûmes pas de vacances. C’est une des raisons pour laquelle Paul et moitenions cette maison en horreur.
Il fallait se lever à l’aube – parceque traîner au lit encourage la fainéantise –. Sous prétexte que j’étaisl’aîné, je devais : tailler les branches, tuteurer les framboisiers – sansavoir le droit d’en manger - arroser le potager et biner les betteraves,alors que le petit Paul était félicité pour son efficacité à retirer lesmauvaises herbes du chemin qui cerclait la propriété.
Entre deux « corvées », j’avaistaillé et creusé dans une branche de sureau, deux sarbacanes. J’avais montré àPaul comment s’en servir en lui faisant une démonstration. À partir de mie de pain,j’avais confectionné des projectiles que j’avais perfectionnés en lestraversant d’une épingle à tête ronde. Ensuite, j’avais réalisé une cible etnous faisions des concours. Je reconnais que le petit Paul était plus doué etcomptabilisait souvent beaucoup plus de points que moi. Voilà qu’un jour, je nesais quel démon passa dans sa tête, il eut l’idée de prendre pour cible lepostérieur de mon grand-père. Le projectile fusa et se planta dans ses fesses…et ce sont les miennes qui chauffèrent sous les claques du papi sous le prétexteque j’en étais l’inventeur ! Cette injustice me marqua et ne servit pasl’affection que je devais à mon petit frère. Bref, cette maison n’était pas pourmoi agréable, je m’y sentais comme en prison, enfermé par un travail constant.J’étais fatigué au point que le soir je ne pouvais même plus retrouver meslivres et m’échapper de cet enfer. Je m’écroulais de fatigue.
Un jour, jedevais avoir neuf ou dix ans, n’y pouvant plus, je m’échappais, ignoranttotalement les risques que j’encourais. Je me souviens avoir erré dans les ruesde Saint-Mihiel et avoir été abordé par un homme qui me demanda : « Tues perdu, où habites-tu » ? Au lieu d’indiquer la propriété de mesgrands-parents, je lui répondis « Verdun ». Heureusement, une bonneétoile avait mis sur mon chemin un brave homme. Dans l’innocence de mon âge, etmal averti, j’aurais pu tomber entre les mains d’un prédateur. Il décida de meramener, lui aussi sans aucune prudence et sans doute parce que mes réponses nedevaient pas être très claires, chez mes parents à Verdun. Par un hasardeux contrôlede police, il aurait pu être arrêté ; il risquait alors d’avoir bien desennuis, car bien sûr mes grand

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