Daphné et Chico
73 pages
Français

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Daphné et Chico , livre ebook

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Description

Une révélation qui mène aux quatre coins du monde


Chico et Daphné convoquent cet ami de longue date et très proche du couple dans un bout du monde : ils ont un secret à lui confier, un souhait à formuler. Ils se ratent une première fois, puis une seconde, mais jouissant d’une grande disponibilité, le narrateur va se prêter au jeu de rencontres improbables auxquelles Chico et Daphné le convient loin de chez lui. Le narrateur finira-t-il par apprendre ce qu’ils ont à lui dire, ou attend-il autre chose de ce périple ?


Des scénarios que Daphné et Chico lui proposent pour assouvir sa soif de découverte sensuelle des autres, du monde, de son foisonnement, de son humanité, de ses marges ? Ou plutôt la quête d’un amour retenu, envolé, d’un amour à venir ?

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 24 mars 2020
Nombre de lectures 4
EAN13 9782368329894
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0045€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Daphnéet Chico
D’îleen île
La SAS 2C4L — NOMBRE7,ainsi que tous les prestataires de production participant à laréalisation de cet ouvrage ne sauraient être tenus pourresponsables de quelque manière que ce soit, du contenu engénéral, de la portée du contenu du texte, ni dela teneur de certains propos en particulier, contenus dans cetouvrage ni dans quelque ouvrage qu’ils produisent à lademande et pour le compte d’un auteur ou d’un éditeurtiers, qui en endosse la pleine et entière responsabilité.
Bertrand Péguillan


Daphnéet Chico
D’îleen île

Roman
Le nez dans la traductiond’un volumineux roman argentin depuis plusieurs mois, je peineà me concentrer ce matin.
D’ordinaireje voyage beaucoup, mon opium, emportant mes travaux de traduction.Là, c’est différent, la densité et larichesse du texte m’ont assigné à résidencedans mon deux-pièces de la capitale. Mon bureau couvert dedictionnaires et d’un monceau de revues témoigne del’ampleur de la tâche.
Àma table de travail depuis déjà sept heures, en quêtede mots justes, je bute sur un passage particulièrementdélicat concernant la perception du réel. J’ensuis à mon troisième café et j’ai faitquelques allers et retours vers la cuisine et le réfrigérateurpour y dénicher de quoi grignoter. Le problème, enréalité, n’est pas seulement la traduction, c’estaussi mon esprit qui vagabonde depuis quelques jours. Rien de biennouveau pourtant, qui puisse justifier ce trouble, mis à partcette privation momentanée d’exotisme. Oui, une soifd’imprévu, c’est peut-être ça quim’agite. Saisi par la quarantaine, le milieu de la vie comme ondit, avec peu d’attaches et de relations familiales – mesparents sont disparus, je n’ai ni frère ni sœur –,avec une vie sentimentale dispersée et discontinue, avec uncertain confort matériel et du temps libre, je ressens unsentiment de solitude et ai l’impression de traverser un momentde basse intensité.
C’estdonc en pleine spéculation que Chico me surprend au téléphone.Il forme avec Daphné un couple très cher que je n’aipas vu depuis plus de dix ans. Ils souhaitent me rencontrer, ils ontquelque chose d’important à me dire. Chico est bref.Puis-je les rejoindre, c’est loin  ? Del’inattendu. Je saisis la balle au bond, je m’engage, jeme débrouillerai. Le rendez-vous est fixé. Chicoraccroche. Je reprends ma traduction, plus léger àl’idée d’une perspective nouvelle.
1
Les sables
Ma voiture s’étouffe,agonise. La panne absolue. J’étais prévenu. Je nel’ai pas payée cher, juste quelques centaines de réaux.« Quand elle s’arrête, tu l’abandonnes.Tu la laisses là. Où que tu sois, on a l’habitudedans ce fichu pays  ! » Le problèmec’est que je suis au milieu de nulle part, encore loin de laroute principale que je dois rejoindre. À droite et àgauche, les immenses étendues de terre battue sèche etrouge qui me cernent ne m’inspirent pas. Une désolation.J’ai rendez-vous dans une heure au Rainha Palace hôtel etje vais être en retard, j’ai oublié mon téléphonechez Sofia. Il fait chaud. Je m’énerve. La végétationclairsemée – des arbres misérables, de rarescactus – ne me rassure pas. L’hôtel se situelà-bas, dans un ensemble de buildings, de tours et de dômesd’une architecture futuriste et anguleuse. Je presse le pas. Jeplisse les yeux. L’horizon finit par s’éclaircir,par s’humaniser. Un gars tranquille pousse une brouette chargéede gravats. Un couple à pied chemine, elle porte une roberouge à bretelles sur un corsage blanc, lui un pantalon noiret chemise blanche. Où vont-ils  ? Un homme galopesur son cheval, des motards filent, des jeunes tapent sur un ballon.Il y a bien de la beauté aussi, le ciel rose, les oiseaux quipépient. J’accélère encore, je regagneenfin la civilisation, la route qui mène à l’hôtel,une file de voitures à touche-touche, l’embouteillage.Inutile de faire du stop. Alors j’entame une petite course. Despubs géantes m’éclaboussent. Je longe une pièced’eau. Je ruisselle. Je m’avance au milieu des tours. Aupied de l’une d’elles un groupe de personnes est installésur de vieux tapis pour vendre quelques objets. Une jeune femme enrobe noire me propose une immense calebasse.
— C’estpour faire quoi  ?
— Desinstruments de musique.
Je lui souris.
Un vieil homme se tientau milieu de livres anciens défraîchis. Un autre, plusjeune, en costume crème se meut lentement, il improvise despas de danse pendant que grésille un air d’opérasorti d’un gramophone. Tous doivent lutter contre le vent et lesable qui s’engouffrent dans les larges avenues. Le calmesemble les habiter, alors qu’une agitation extrême aenvahi les rues et que beaucoup se hâtent. Les oiseaux se sonttus.
J’atteins enfinl’hôtel. Une façade démesurée. Unhall d’entrée immense. Une vaste étendue demoquette vert gazon recouvre le hall. Au fond se tient le comptoir dela réception. Un silence impressionnant règne.
— Vous venezrendre visite à quelqu’un  ? me demandel’hôtesse qui s’apprête à partir.
Mon absence de bagageimposant me vaut sans doute cette question.
— Pardon  ?J’ai beaucoup de retard.
— De toutemanière ils sont tous partis, enfin presque. Vous n’avezpas entendu les nouvelles  ? Bon, je vous laisse, je nevais pas moisir ici. Faites le tour des chambres si vous voulez.
— Attendez  !Les nouvelles  ?
Elle file, glisse surla moquette.
J’ai peut-êtreencore une chance de trouver Chico et Daphné.
Depuis plusieurs jours,il y a des alertes, des menaces. Un cataclysme climatique  ?Une bande de cinq cents mafieux qui déferlent depuis lafrontière sur les grandes villes du pays  ? Je medis qu’il y a sûrement une certaine volontéd’intoxication dans ces rumeurs. De toute façon, je nepeux plus reculer, mon objectif – rencontrer Chico etDaphné – me tient à cœur.
J’hésite àm’engager dans les étages. Peut-êtrem’attendent-ils au rez-de-chaussée, dans un des vastessalons où conduit le couloir qui s’ouvre devant moi. Jerisque de les manquer. D’impatience, ils ont pu déciderde quitter l’hôtel. Une douce panique règne. Desattardés abandonnent l’hôtel comme àregret.
J’aperçois,dans une salle tapissée de livres, une femme que je crois êtreDaphné. Elle porte un chapeau de feutre vert mélèzeceint d’un ruban rose fuchsia, ce qui n’était pastout à fait le style de Daphné, mais sait-on jamais  ?Elle arbore aussi des lunettes noires, ça oui, Daphnéen usait plus que de raison. Cette femme a pourtant quelque chose deDaphné, une frange, de longs cheveux châtains, la taillefine, un côté éternelle jeune fille, uneinnocence espiègle. Pour en revenir au style, Daphnéétait capable de bizarreries extrêmes, mais non, cen’est pas elle. Cette femme a entreposé autour d’elledes piles de livres, tous reliés. Les rayonnages paraissentavoir été dévastés. Je m’approchede la prétendue Daphné, risquant le françaispour m’excuser de mon insistance à l’observer  :
— Je vous aipris pour une autre, dis-je, souhaitant me faire pardonner maméprise.
— On esttoujours l’autre de quelqu’un, répond-elle avec unaccent à peine perceptible.
— Vous êtesune grande lectrice, à ce que je vois  ?
— Non, ceslivres… enfin, je m’amusais, jeune fille àglisser des poèmes dans des volumes de la bibliothèque.Mes parents adoraient cet endroit, cet hôtel particulièrement,et nous y sommes revenus plusieurs années de suite. J’yrestais souvent seule – mes parents avaient une intensevie mondaine –, alors pour chasser l’ennui,j’écrivais.
— Vousparlez bien le français.
— Je suisfrançaise par mon père.
— Et alors,la pêche est bonne  ?
— Tant devolumes ont disparu. Les sauvages. Des pillards.
— Vous neconnaissez pas Daphné, par hasard  ?
— Bien sûrque si. Elle était là il n’y a pas si longtemps,avec Chico. Quel charmant couple  !
— J’airendez-vous avec eux, je les cherche.
— Allez-yvite, le temps presse, le vent, le sable sont la cause de tout cedésordre. La tempête menace, les gens se souviennent decet ouragan qui dévasta le pays il y a dix ans.Personnellement je n’y crois pas, mais les politiquesentretiennent un sentiment de panique pour garder la main sur lepeuple.
Tout en parlant elle necesse de se balancer sur un fauteuil à bascule.
— Vous êtesbien détendue  !
— Dépêchez-vous,allez voir au fond, là-bas, du côté de lapiscine.
— Vous vousappelez comment  ?
— Gilda.
— Bonnepioche  !
Je poursuis mon avancéevers le parc, derrière l’hôtel. J’aperçoisenfin la piscine. Je fais vite le tour des personnes qui s’ytrouvent. Le nu semble de mise, incongru. Ont-ils perdu toute pudeurà l’approche de la catastrophe qui s’annonce  ?Pas de Chico et Daphné. Plouf  ! Un homme a sautédepuis le plongeoir des trois mètres. Je m’approche d’uncouple. Ils ne m’ont pas entendu arriver, la pelouse qui bordela piscine assourdit mes pas et l’alerte basse fréquencequi n’a pas cessé depuis mon arrivée gomme biendes sons. La femme lèche consciencieusement l’épaulede son compagnon.
— C’estdrôle, tu es salé, ce n’est pourtant pas de l’eaude mer.
Ils se retournentbrusquement vers moi.
Une jeune femme plongeà son tour.
— Vouscherchez quelqu’un  ?
— Oui, Chicoet Daphné.
— Ah, ilsétaient là il y a deux minutes. Ils ont dûremonter.
— Àquel étage est leur chambre  ?
— Audeuxième.
— Vousconnaissez le numéro  ?
— Non, nousne sommes pas intimes. Vous savez, nous allons nous marier.
— Félicitations  !
Et ils me tendent unverre qu’ils ont rempli de bulles de champagne. Je trinque aveceux et ne m’attarde pas. La femme a bien dix ans de plus quel’homme, et ça me réjouit, je ne sais pourquoi.Je me dirige vers les étages. Avant de monter, je jette un œilau salon-bibliothèque. Gilda, en m’apercevant brandit unpapier au-dessus de sa tête  :
— J’enai trouvé un.
— Magnifique.
— Je vous lelirai.
Je hâte le pas.Le sable commence à pénétrer les couloirs durez-de-chaussée. Ils auraient pu fermer les portes de l’hôtel.Il est vrai que tout le personnel a déserté. Lesclients de l’hôtel sont sans doute partis depuisplusieurs jours. Certaines salles du rez-de-chaussée ont déjàété occupées par des squatteurs. Ici, un dortoirpour enfant avec des lits superposés, j’y aperçoisquelqu

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