De l intérieur
292 pages
Français

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De l'intérieur , livre ebook

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Description

David aime les mots et le rock'n'roll. Il joue de la guitare dans un groupe de rock amateur et tombe amoureux alors que son groupe accède lentement à la notoriété. Ses sentiments, ses peurs et ses doutes sont vécus de l'intérieur. Il nous conte la saga de son groupe et comment sa sensibilité à fleur de peau vient le torturer au fil des succès et des déceptions.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 02 novembre 2016
Nombre de lectures 0
EAN13 9782342057553
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0082€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

De l'intérieur
David Perdrix
Mon Petit Editeur

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Mon Petit Editeur
175, boulevard Anatole France
Bâtiment A, 1er étage
93200 Saint-Denis
Tél. : +33 (0)1 84 74 10 24
De l'intérieur
 
Prologue
Je n’oublierai jamais ce soir-là. Même en mille ans, je ne pourrai l’oublier. Mes doigts étaient en train de parcourir rapidement le manche de ma guitare électrique. J’étais au beau milieu du solo de Conscience , l’une des dernières compositions de notre groupe, Tsunami . Cela faisait quarante-cinq minutes que nous tenions la scène du Good Rockin’ Festival de Meillonnas, petite commune de l’Ain à proximité de Bourg-en-Bresse. Il nous restait encore un petit quart d’heure à déverser notre Rock corrosif sur le public avant que ne sonnent vingt-trois heures et que nous ne laissions la place au groupe suivant.
Depuis le début du concert, comme à mon habitude, je n’avais presque pas levé les yeux sur le public. Tantôt, mes yeux se contentaient de suivre les déplacements de mes doigts sur le manche ou, pendant quelques instants, se perdaient dans la contemplation du sol pour que mes oreilles et mon esprit puissent être parfaitement concentrés sur la musique. Je ne sors qu’exceptionnellement de cet autisme visuel pour un rapide coup d’œil en direction des autres membres du groupe. Je n’avais dû regarder le public qu’une ou deux fois depuis le début du concert. Il devait y avoir environ mille cinq cents personnes en train de s’agiter joyeusement sur l’étendue d’herbe au pied de la scène, ce soir du vingt-deux mai mille neuf cent quatre-vingt-dix-neuf.
Les conditions météorologiques étaient clémentes et tout se passait pour le mieux. Dom, notre chanteur, venait de finir le refrain de la chanson et sautait sur place pour chauffer le public quand je fonçais tête baissée dans ce solo de guitare aux accents hendrixiens. À ce moment, mon âme et mon corps ne faisaient qu’un avec la musique, mes jambes faisaient un pas en avant, puis un en arrière, pendant que je me courbais vers l’avant avant de me redresser rapidement. Ma tête allait librement, de gauche à droite et d’avant en arrière, pendant que mes yeux restaient fermés. Ces mouvements se répétaient frénétiquement, créant ainsi l’illusion d’une danse proche de la transe d’un pantin désarticulé et libre.
Après quelques dizaines de secondes, je ne sais pourquoi, j’ouvris les yeux en direction du public. Je ne pus les refermer avant la fin du concert. À peine les avais-je ouverts, que mon regard se trouva capturer par celui d’une jeune femme qui, à quelques mètres de la scène, me dévorait des yeux. Elle avait de longs cheveux bruns qui tombaient en cascade sur ses frêles épaules, les traits de son visage étaient fins et délicats et ses yeux étaient d’un mélange de vert et de gris. Mais ce qui me frappa le plus, c’était son sourire. Mon Dieu que ce sourire était beau, léger, sincère, bordé de fines lèvres plus rouges que mon désir et laissant entrevoir quelques dents à la blancheur nacrée. Je ne saurais expliquer pourquoi, mais je ne pouvais plus la quitter des yeux. Ce n’étaient pourtant pas des critères de beauté qui retenaient mon regard. Je crois bien que j’ai eu l’impression de regarder un ange, un visage ouvert, sincère et innocent. Jamais je n’aurais cru pouvoir être touché à ce point-là par un simple sourire.
Je continuais à jouer alors que mes yeux se noyaient dans ceux de cette inconnue. Je ne jouais plus pour le public, mais pour elle. Rien que pour elle ! Je sentais tous les poils de mon corps se dresser sur ma peau frissonnante. Les notes que je jouais s’allongeaient sensiblement, ralentissant un peu le rythme de la musique et lui donnant plus de langueur et de sensualité. Inconsciemment, je voulais transmettre à cette fille, par le biais de la musique, un peu de la chaleur qui m’habitait en cet instant. Mon solo se termina alors et nous finissions la chanson sous les feulements de nuit d’un Dom plus charismatique que jamais. Lui, comme tout le groupe, fut transporté par ce petit quelque chose qui était apparu dans notre musique.
Nous avons joué encore deux morceaux avant de quitter la scène sous les applaudissements nourris du public. Je n’ai pas détourné mon regard de celui de cette fille jusqu’à ce que le moment soit venu de débrancher ma guitare et de tourner le dos au public pour rejoindre nos petites loges à l’arrière de la scène.
J’étais le dernier à descendre de la scène et je suivais les autres, ma guitare en bandoulière. Je les suivais, les pieds dans l’herbe fraîche et humide qui couvrait le pré derrière la scène. C’est là qu’avaient été installés quelques abris de chantier pour l’occasion. Nous arrivions alors rapidement à celui qui nous avait été attribué. Une fois à l’intérieur, je posais ma guitare dans un coin de la pièce et m’affalais dans un vieux canapé. Je me saisis de mon paquet de cigarettes et de mon briquet que j’avais laissé sur la table basse à proximité du canapé. Je sortis une cigarette de son paquet et la fis tourner quelques instants entre mes doigts avant de la porter à mes lèvres. Je l’allumais et pris une longue et lente taffe que je gardais quelques secondes dans mes poumons avant de laisser la fumée bleutée ressortir très lentement de ma bouche. Mon regard se perdait dans la contemplation des formes étranges que décrivaient les volutes de fumée. Pourtant, personne ne semblait encore remarquer mon absence.
Les autres étaient occupés à vider le contenu du frigidaire et à l’entreposer sur une grande table. Il y avait là toute sorte de choses, des alcools divers et variés, des jus de fruits, de la charcuterie, du fromage et des pâtisseries. Ils sortirent aussi, d’un petit placard, des gâteaux salés et sucrés ainsi que des chips et du pain. Bref, tout ce qu’il fallait pour requinquer cinq jeunes gens épuisés, certes, mais épris de pousser la fête un peu plus loin dans la nuit. Désormais, la loge venait de se transformer en une véritable salle de banquet. Tous étaient en train de s’affairer autour de la table, à imaginer d’improbables cocktails et à se goinfrer de gâteaux apéritifs. Ils discutaient aussi et j’entendais tout ce qu’ils disaient. Ils parlaient du concert de ce soir et étaient ravis de notre prestation ; surtout de la fin de notre set. Tous avaient remarqué les subtiles différences que j’avais apportées à mon jeu de guitare lors du solo de Conscience et ils avaient l’air de penser que l’amélioration était nette. Soudain, Dom me sortit de ma torpeur en m’interpellant :
— Eh ! Debout le Guitar Hero ! Vient boire un coup avec nous et manger quelque chose !
M’arrachant à mes pensées, j’écrasais ma cigarette dans un cendrier et me levais lentement pour rejoindre mes amis. À peine étais-je arrivé à la table, que Dom me tendit un grand verre rempli d’un liquide à l’étrange couleur vert pâle.
— Est-ce que je peux savoir ce qu’il y a là-dedans ? Demandais-je.
— On ne sait plus trop ce qu’il y a là-dedans, mais je te garantis que ça envoi du lourd ! Me répondit-il.
Je commence à être habitué à ce genre de cocktails expérimentaux. Après chaque concert, c’est la même chose, et, aussi étrange que cela puisse paraître, les résultats sont souvent intéressants et goûteux. Je portais le verre à mes lèvres et bu une gorgée de ce liquide. Ce mélange, au fort goût de citron, paraissait doux au palais bien que l’arrière-goût de rhum m’avertît qu’il était manifestement très alcoolisé. Oubliant la fille du concert pendant quelques instants, je prenais part aux discussions tout en me restaurant et me désaltérant.
Après une demi-heure d’orgie, il fut décidé d’aller faire un tour au concert car le groupe programmé après nous a déjà commencé à jouer depuis quelques minutes. Tous voulaient profiter de l’occasion pour se défouler avec le public qui nous avait applaudis peu avant. Je fus bien sûr de l’avis général, mais mes pensées étaient revenues à cette mystérieuse inconnue. Si je voulais moi aussi aller devant la scène, c’était plus pour tenter de la retrouver que pour prendre un bain de foule. Je n’en dis pourtant rien aux autres qui étaient occupés à changer de tee-shirt, car ceux que nous portions étaient encore imbibés de transpiration. Je les imitais, silencieusement, puis allumais une nouvelle cigarette avant que nous ne quittions nos loges en direction de la scène.
Tout au long des quelques dizaines de mètres qui séparaient nos loges de la scène, de multiples questions me venaient à l’esprit. La retrouverai-je ? Est-elle encore là ? Pourquoi la chercher ? Peut-être seras-tu déçu si tu la rencontres. Qui te dit que cette fille est intéressante ? Que feras-tu si tu la rencontres ? Bien sûr, je ne trouvais pas de réponses à mes questions mais, au fond de mon Cœur, quelque chose me disait qu’il fallait que je la retrouve. Je voulais juste revoir son sourire et son regard, ne serait-ce qu’une seule fois. Et je voulais aussi connaître son nom. Nous arrivions alors derrière la scène et la contournions. Grâce aux badges que les organisateurs nous avaient remis le matin même, les vigiles nous laissèrent passer les barrières métalliques postées devant la scène et, ainsi, nous nous retrouvions aux premières loges pour le concert. À peine étions-nous dans la fosse, que mes incorrigibles amis se firent une place parmi les premiers rangs de spectateurs et commencèrent à sauter sur place dans ce joyeux bordel. Ils avaient tous l’air de beaucoup apprécier la musique du groupe qui tenait la scène.
Pour ma part, je ne prêtais pas attention à la musique mais allais et venais dans la fosse à la recherche de mon inconnue. Je ne la trouvais pas d

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