Denis ou le citadin espiègle
312 pages
Français

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Denis ou le citadin espiègle , livre ebook

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Description

« ... Allez, André, donne-moi une bonne raison, une seule bonne raison, de me priver de l’espoir d’un jour rencontrer quelqu’un qui me démente que les êtres humains gagnent à être effleurés, mais certainement pas à être connus. »
Qui fait le mal, qui fait le bien ? La justice elle-même peut-elle en décider ? Denis, jeune architecte brillant et léger, provoque morale et bon droit avec une effronterie qui ne lui sera pas pardonnée. Mais les tribulations de ce jeune homme n’en rappellent-elles pas d’autres, que les scènes n’ont jamais cessé de conter depuis 350 ans ?
En route pour une double lecture...

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 18 août 2016
Nombre de lectures 0
EAN13 9782334156639
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0082€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-334-15661-5

© Edilivre, 2016
Vous pouvez contacter l’auteur à l’adresse e-mail suivante : didier.paquot@hotmail.com
Dédicace


à J–B. P.
clin d’œil et poignée de main
Parodos
STROPHE
Là, à l’arrière de grands immeubles jumeaux, là, dans cet étrange cube de lumière suspendu dans le ciel noir, là, dans l’annonce d’une aube automnale pluvieuse, là, à cet endroit et à ce moment, Denis de Traymoye de Pezay et son fidèle associé, André Verniers, secondés par le jeune Martin Harmon, mettent la dernière main à un projet urbanistique.
Nous entrons dans le drame.
Sur ce projet, insensé à l’aune d’une si petite équipe, Denis de Traymoye joue son avenir. Il y a brûlé ses dernières ressources, y a jeté toute son énergie, jusqu’à négliger plus qu’il n’eut fallu ses autres chantiers. Qu’il ne gagne pas ce concours et Denis de Traymoye de Pezay n’aura d’autre choix que de fermer son atelier et de quémander, tête basse, une fonction subalterne où l’on voudra bien de lui.
Des jours et des nuits que ces trois jeunes hommes travaillent. Des dizaines d’heures sans avoir connu le sommeil. Les yeux sont rouges, les tenues négligées, les mentons et joues salis par des barbes déjà envahissantes. Dans un coin de l’atelier, se distingue, provenant de divers restaurants et pizzerias, un amas de boîtes mélangées à des gobelets que hérissent des pailles mordillées. Denis de Traymoye, courbé sur sa table à dessin, relit les différents plans. André Verniers s’applique à introduire sur l’écran les ultimes ajustements. Martin Harmon surveille l’impression des cahiers des charges qu’il relie à l’aide de spirales flexibles. Chacun est concentré sur sa tâche, silencieux. Leurs gestes sont pesants de fatigue. Ils sont hors du temps depuis tant de temps. Ils doivent cependant y revenir, car le jour commence à pâlir la nuit. L’échéance du dépôt officiel des projets approche. Au loin, par de-là l’ombre des grands immeubles, le ronflement de la circulation s’amplifie.
Denis de Traymoye et André Verniers sont maintenant affairés autour de la grande et large imprimante. Leurs regards mouillés par le manque de sommeil fixent les copies des plans qui naissent lentement une à une du cliquetis langoureux de la machine. Ils s’en emparent avec virtuosité et délicatesse pour leur éviter de s’effondrer dans la corbeille. Ils les laissent sécher, puis les glissent dans un large dossier à soufflet.
Le crachin se fait de plus en plus visible à travers les grandes baies du cube de verre. Les différentes pièces constitutives du dossier sont rassemblées sur la table ronde enfoncée dans le plancher. Denis de Traymoye enfile un gros gilet de laine beige dont il relève la fermeture Eclair, puis endosse par dessus son lourd paletot de marin aux boutons argentés. Il disparaît dans l’escalier d’aluminium qui, en colimaçon, tombe dans un box de garage transformé en hall d’accueil. André Verniers se couvre d’un duffle-coat bleu nuit, et Martin Harmon se glisse dans son blouson de cuir étroit. L’un se charge de la caisse avec les CD-Rom et les livrets, l’autre de l’encombrant dossier à soufflet.
Dans la cour, ils rejoignent Denis de Traymoye qui est au volant de sa surnaturelle Chevrolet Impala, svelte, imposante, verte et blanche. L’immense voiture traverse la ville dans le souffle tranquille de sa boîte automatique, et, sans trop d’encombrements, atteint l’immeuble médiocre qui abrite l’administration de l’urbanisme.
André Verniers et Martin Hamon sortent du long salon roulant, munis de tous les précieux documents, et disparaissent derrière les portes vitrées du bâtiment administratif.
Et quand Denis de Traymoye, après avoir garé l’Impala, monte à son tour les escaliers de pierre qui doivent le mener au bureau de l’attaché principal à la direction de l’urbanisme, il croise Henry d’Assonville, le bel et vieil architecte aux cheveux d’un blanc immaculé, dont la réputation internationale fait honneur à toute la ville. Le grand homme est enveloppé dans son imposant manteau Camel. Tout est contraste entre le port soigné de Henry d’Assonville et la tenue débraillée de Denis de Traymoye de Pezay : les cheveux bien peignés et la coiffure hirsute, la joue glabre et la barbe naissante, le manteau cachemire et le paletot de toile.
A cette minute, Henry d’Assonville ne regrette toujours pas d’avoir, il y a quelques années, accepté de prendre en stage le remuant fils du Procureur général Hervé De Traymoye de Pezay, à seule fin d’être agréable à son vieil ami.
Il est vrai, par quelle voyance Henry d’Assonville pourrait-il pressentir que son ancien stagiaire va bientôt l’entraîner par de-là le miroir, Ombre parmi les ombres ? Comment pourrait-il imaginer que va l’y pousser cette main presque filiale qu’il est en train de serrer ? A cette poignée de main le maître imprime même une chaleur particulière qui veut marquer son absence de ressentiment à l’égard de l’ingratitude de son jeune disciple. Bien qu’il ne puisse se dispenser d’une remarque sur sa coiffure, assemblage de mèches acajou manifestement coupées au hasard, il complimente, avec son ton inimitable de bienveillance hautaine, celui qu’il a un jour considéré comme son fils spirituel, ce jeune architecte talentueux qui eût l’inconscience de le quitter une fois son stage terminé. Il lui fait part de son heureux étonnement de le voir être parvenu à déposer à temps un projet architectural d’une telle ambition avec si peu de ressources. Oui, le timbre est sincère. De toute évidence, son ancien élève continue de l’impressionner. Mais Henry d’Assonville saisit aussi l’occasion pour avertir Denis de Traymoye qu’il ne doit pas se faire d’illusions, l’issue de ce concours sera comme le repas dans les meutes, les vieux loups d’abord… La vive réaction de Denis de Traymoye ne surprend pas le maître, qui ne doute pas que son jeune confrère concoure pour gagner. Il n’empêche, à chaque génération son moment. Le vieil architecte exprime son droit de préemption avec une tendresse non feinte. Il dit aussi ses regrets d’une jeunesse trop impatiente qui n’a pas mesuré l’immense cadeau que représentait sa proposition d’engagement définitif. Mais nulle rancœur dans les paroles d’Henry d’Assonville, nul reproche. Et voilà que, dans toute l’assurance de sa réputation, le grand homme reprend la descente du large escalier triste, satisfait de cette scène de réconciliation qu’il considère sans doute avoir menée avec brio et tact.
Mais que faisait Henry d’Assonville à cette heure matinale dans les couloirs de l’administration ? Voilà une question que se pose certainement Denis de Traymoye dont le regard jaune et gris ne lâche pas la silhouette de son vieux maître avant qu’elle ne disparaisse au détour du palier. Les deux mains du jeune homme tordent quelques mèches teintes de ses cheveux désordonnées. Comme elles, les destins d’Henry d’Assonville et de Denis de Traymoye de Pezay sont plus que jamais enchevêtrés.
Seul le drame les démêlera.
Et personne ne pourra rien empêcher.
ANTISTROPHE
Le drame sera double. Durant cette même nuit, Gilles de Boisset apprend le terrible secret de sa petite sœur adorée, Anne de Boisset. A nouveau, le drame va se nouer et, à nouveau, seul le drame le dénouera. Gilles de Boisset ne pourra s’accommoder d’un tel secret sans le venger. En vérité, qui le pourrait ? Sa petite sœur, pressée d’agir contre ses valeurs, acculée à tuer une petite vie qui naissait en elle, à évacuer le premier fruit d’un mariage rompu à la hâte pour s’offrir, le ventre encore endolori mais vidé de tout lien, à un jeune architecte dévoyé dont les frasques et la vie dissolue font la honte de ses parents et concentrent la répulsion outrée de son milieu.
Nul étonnement dès lors que Gilles de Boisset se soit écroulé sur le volant de sa petite voiture sportive dès qu’il s’y est installé en sortant de l’appartement dénudé de sa sœur. Nulle surprise qu’il pleure, qu’il pleure, le visage enfoui dans ses bras, qu’il pleure son innocence à jamais perdue. Cette souffrance le poursuivra toute sa vie, comme son impuissance face au drame de sa sœur. Il sanglote à l’imaginer, tout comme lui à cette minute, désemparée et en larmes, seule dans cette appartement vide, au milieu de caisses non déballées, cible de toutes les désapprobations pour n’avoir pas hésité à quitter brutalement un mari attentionné, fraîchement épousé.
La cruauté du destin a même obligé Gilles de Boisset à écouter sa jeune sœur chérie vouloir lui démontrer, toute une soirée durant, que ce fantôme cynique pour qui elle a détruit sa réputation lui a rendu une joie de vivre qu’elle ressentait comme avoir quelque peu perdue depuis ses fiançailles et son mariage. Quel supplice de l’entendre détailler les départs impromptus pour la visite d’une exposition exceptionnelle dans une grande métropole, les longues flâneries à travers les architectures remarquables de la ville, les petits déjeuners dans les salons de thé, les séjours soudains dans des hôtels singuliers. Il a écouté tous ces récits en serrant les dents, avec en mémoire le visage défait de son père quand celui-ci avait annoncé solennellement et personnellement à chacun de ses fils la décision de sa fille. Gilles se souvenait aussi avoir ressenti le même déchirement quand il se retrouvait en face du silence où s’était murée sa mère pendant des semaines.
Ce soir, sa sœur lui a répété qu’elle ne regrettait pas son choix. Mais il a semblé à Gilles de Boisset que la conviction n’y était plus, qu’elle s’efforçait de se convaincre elle-même. Ce que Gille de Boisset a retenu, c’est la tristesse d’être seule, d’être abandonnée, l’inquiétude de l’avenir, le doute sur la so

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