Dernières Nouvelles Du Soleil
286 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Dernières Nouvelles Du Soleil , livre ebook

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
286 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Après « Des Nouvelles Du Soleil », voici les « Dernières Nouvelles Du Soleil ».
Comme dans le premier recueil, le fil rouge guidant le lecteur parmi ces histoires est la Provence. Tous ces récits sont baignés de Soleil, de ciel bleu et de Méditerranée. Avec en plus un ingrédient nouveau : Le mystère.
Si vous voulez savoir qui a tué Monica, comment on rencontre des fantômes, ou comment on voyage dans le temps, ouvrez vite ce livre et laissez-vous emporter dans un tourbillon de couleurs.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 17 juin 2015
Nombre de lectures 0
EAN13 9782332943934
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0075€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composér Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d'adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-332-94391-0

© Edilivre, 2015
Poker tricheur
L’Anguille devait son surnom à la façon habile avec laquelle il réussissait à glisser toujours entre les doigts de la police. Il alluma une cigarette, froissa son paquet vide et le jeta dans le cendrier.
– Sans moi, lança-t-il avec résignation.
Le grand Raymond, sec et gris comme un pin des Landes calciné, posa délicatement ses cartes devant lui et, dans un souffle désabusé, lança à son tour :
– Sans moi.
Bébert « le chargé » avait abandonné le tour dès le début. Il devait son surnom à son 38 qui ne le quittait jamais, sauf, bien sûr, à la table de poker du « Baron ». En entrant dans la pièce il s’en était délesté au profit d’Aldo qui l’avait soigneusement déposé dans une armoire déjà bien garnie devant laquelle il se tenait en permanence tel un chien de garde.
Il ne restait plus devant la table de poker que Michel « la Loi » et le Baron. La partie durait depuis 7 heures. Elle avait débuté à 9 heures du soir dans la chambre d’un grand hôtel marseillais que le Baron avait loué pour la circonstance. Sa passion pour les cartes le poussait à organiser souvent des parties aux conséquences parfois lourdes pour certains. Ce soir on était réunis entre amis et le jeu n’était pas des plus importants. « Juste pour se distraire », avait dit le Baron.
Ce n’était pas la première fois que Michel rencontrait les joueurs de cette nuit. Il les connaissait tous et tous le connaissaient. Aucun d’entre eux n’était un enfant de chœur, même si Raymond avait servi la messe dans l’orphelinat d’où il s’était échappé à 12 ans pour n’y jamais remettre les pieds, et même si le Baron assistait ponctuellement à l’office d’onze heures tous les dimanches, accompagné de sa sœur portant sur la tête le voile noir des filles du sud de l’Italie. La plupart de ceux qui jouaient, comme de ceux qui avaient obtenu le privilège d’assister à la partie, faisaient quelquefois les beaux jours mais souvent les mauvaises nuits des services de police marseillais.
Michel la Loi était l’exception. Il fréquentait ce milieu, côtoyait ce monde, mais n’en était pas. Il y était pourtant bien accepté parce qu’il était « régulier ». À trente cinq ans, Michel Leloy était un avocat connu. La presse avait cité son nom dans plusieurs affaires très médiatisées. Il jouissait auprès de ces messieurs de la pègre d’une bonne réputation. Il avait permis à plusieurs d’entre eux de se sortir sans trop de dégâts de situations délicates. Il connaissait bien les méandres des textes juridiques. Il utilisait la Loi au mieux des intérêts de ses clients sans, toutefois, jamais l’enfreindre. Son nom et sa profession lui avaient valu son surnom.
– Tapis, dit Michel d’une voix neutre en poussant tout l’argent qui se trouvait devant lui vers le centre de la table.
En bon joueur de poker, Michel ne montrait aucune trace de jubilation et son visage restait de marbre. Mais il bouillait intérieurement. C’était bien la première fois qu’en une partie aussi importante il touchait un carré d’as. Il en avait reçu deux en entrée et deux autres après avoir changé trois cartes, ce qui ne permettait pas à ses adversaires d’imaginer sa « main ». Il devait maintenant gérer au mieux cette aubaine. Il rageait de n’avoir pas une réserve très grande. Le « pot » s’élevait seulement à 2.000 € environ et, son tapis atteignait à peine 5.000 € Il ne pouvait donc espérer au mieux qu’un gain de 12.000 € si le Baron suivait. Michel faisait des vœux pour que ce soit le cas. Le Baron était très riche et supporterait cette perte avec philosophie. Il était réglo. Mais il prenait son temps, tripotant ses cartes négligemment sans détacher son regard d’aigle de celui de son adversaire.
– C’est dommage que tu n’aies pas plus de fric, dit-il enfin avec un léger sourire au bord des lèvres.
Michel ne pouvait répondre. Avouer qu’il aurait voulu jouer plus serait dévoiler son jeu. Il se contenta de garder un visage inexpressif sans, toutefois, baisser les yeux. Encore un long moment passa. Un silence lourd s’était établi. Autour de la table les respirations s’étaient bloquées, comme si les spectateurs étaient tombés soudain en apnée. Le Baron se décida enfin.
– Tapis suivi, dit-il.
Tous les regards se portèrent sur Michel. Celui-ci pouvait maintenant dévoiler ses batteries.
– Si vous acceptez un billet je peux faire mieux, Baron.
– Quelles garanties tu apportes ?
– Rien que ma parole d’honneur. Mais vous me connaissez. Vous savez ce qu’elle vaut.
Le Baron semblait réfléchir. Il ne pouvait ignorer maintenant que son adversaire ne bluffait pas.
– J’ai une autre idée, dit-il enfin.
Et se tournant vers les observateurs il lança :
– Voulez-vous sortir tous un moment ? Je vous appellerai pour la fin.
Venant du Baron cette demande polie était un ordre. Rocco Baroni, dit le Baron, originaire de Palerme, n’était pas n’importe qui. Ceux qui le connaissaient savaient qu’il était l’un des ténors de la pègre marseillaise. Tout ce qui se tramait d’un peu important dans le milieu passait plus ou moins par lui. Il ne serait venu à personne l’idée de poser une question, ni de discuter, encore moins de désobéir. Toute l’assistance, y compris les autres joueurs, se dirigea rapidement vers la porte. Seul Aldo resta devant son armoire comme un chien devant sa niche. Quand ils furent seuls, le Baron se leva et emplit les verres. Il tendit le sien à Michel qui se demandait à quelle sauce il allait être mangé. Il était rien moins que rassuré.
Enfin, le Baron, se calant bien en face de lui, lui demanda :
– Dis-moi, Michel, est-ce que tu connais ma sœur ?
Malgré son emprise sur lui-même, l’avocat laissa paraître son étonnement. Tout Marseille connaissait Maria, la sœur du Baron. C’était une grande et belle fille du sud, comme les a popularisées le cinéma italien d’après guerre. Elle allait allègrement sur ses 32 ans et n’était pas mariée. Il y avait à cela deux raisons : D’abord il eût fallu, pour l’épouser, le consentement de son redouté frère. Mais surtout, Maria était dotée d’un épouvantable caractère. Quelqu’un qui avait de la culture, l’avait un jour comparée à la Mégère Apprivoisée. Personne dans l’entourage du Baron ne connaissait ce personnage Shakespearien, mais ce terme avait de quoi épouvanter même les plus audacieux. Et, contrairement au destin de sa célèbre consœur, aucun galant n’avait eu le courage de tenter le dressage de ce fauve. En attendant, elle dirigeait la maison de son frère d’une main de fer, et même d’une main leste disait-on. Plusieurs employés de maison, femmes ou hommes, s’étaient plaints de ses débordements belliqueux. Mais le Baron avait su les faire taire, sans, toutefois, demander des comptes à sa sœur, la seule personne au monde qui lui tenait tête et qu’il redoutait.
– J’en ai entendu parler, mais je ne la connais pas personnellement répondit prudemment Michel.
– Tu sais qu’elle vit chez moi.
– Je l’ai entendu dire.
– Et tu sais qu’elle n’est pas mariée…
Un silence.
– Et tu sais aussi pourquoi.
Le Baron ne questionnait pas ; il affirmait.
– Je n’écoute jamais les ragots.
– C’est bien, ça. C’est très bien. Mais maintenant, Michel, écoute-moi bien ! Tu me connais. Tu sais que je n’admettrais de personne un mot désobligeant sur ma sœur. Mais à toi, je vais te le dire : c’est une teigne. Une poison. Une…
Les mots ne venaient pas.
– Une acariâtre !
Le baron paraissait soulagé d’avoir trouvé le qualificatif qui lui semblait le plus à même de résumer la forte personnalité de sa sœur.
Michel savait cela mais rien n’aurait pu le forcer à le dire, et surtout pas au Baron lui-même. Celui-ci continuait.
– Je ne suis que son frère et elle me fait une vie impossible. Je suis obligé de la supporter parce que j’ai juré à la Mama sur son lit de mort de veiller sur elle jusqu’à son mariage. Tu comprends ça, petit ? Je suis obligé de la garder avec moi jusqu’à ce qu’elle trouve un mari… Un mari ! Et ça, c’est pas facile, crois-moi.
Le Baron avait l’air désespéré. Michel, pourtant habitué à recueillir des aveux pitoyables, n’en croyait pas ses yeux. Le « dur » se trouvait nu devant lui.
– Pourquoi me dire ça à moi, Baron ?
– Parce que, tu l’as dit tout à l’heure, je te connais. Tu es un type honnête et loyal. Je sais aussi que, sans être dans la dèche, tu ne roules pas sur l’or.
C’était vrai. Michel gagnait bien sa vie, mais il avait les mains trouées. Il ne savait pas engranger.
– J’ai quelque chose à te confier. Je ne l’ai jamais dit à personne. Je sais que tu n’iras jamais le répéter.
– C’est beaucoup d’honneur, mais est-ce bien nécessaire ?
– Oui ! Écoute-moi bien, Michel. Je veux me marier.
C’était décidément le jour des confessions étonnantes.
– Félicitations.
– Oui. Merci.
Le Baron hésitait à continuer. Il se décida enfin.
– Je veux épouser madame Donnat, la veuve du notaire.
– Ah bravo ! Je vous réitère toutes mes félicitations, Baron. C’est une femme de qualité, charmante et intelligente. Et qui, parait-il à du caractère. Mais… en quoi ça me concerne ?
– Tu vas comprendre. Tant que ma sœur sera dans ma maison, Elvire… je veux dire madame Donnat, n’y entrera pas. Tu l’as dit : Elv… Madame Donnat, a du caractère. Et ma sœur… Enfin, bref ! Ça serait pire qu’Hiroshima ! Je ne tiens pas à déclencher la troisième guerre mondiale, tu comprends ?
– Tout à fait.
Le jeune homme trouvait la situation amusante. Mais une idée s’insinuait lentement dans son esprit.
– Et je commence à voir où vous voulez en venir. Vous voulez me faire épouser votre sœur, pour qu’elle quitte votre maison et laisse la place à votre future épouse.
– Tout juste ! Tu comprends vite, toi. J’en étais sûr.

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents