Destins croisés à Beau Soleil
194 pages
Français

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Destins croisés à Beau Soleil , livre ebook

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Description

Jusqu’à présent la guerre a épargné la famille Germain-Détrière. Certes, Arsène et son fils aîné Justin ont été mobilisés en 1940, mais Clémentine était confiante, elle savait qu’il ne leur arriverait rien, la fée Mélusine veillait, comme toujours. Et effet, ils ne tardent pas à rentrer de cette « drôle de guerre ». Cependant en 1942, Justin est brutalement arrêté par des policiers français. Avec d’autres prisonniers, il est d’abord envoyé en Allemagne. À son retour, le jeune homme fera un récit terrible de ce qu’il a vu, de ce qu’il a vécu. Puis, au sortir de la guerre, la vie reprend son cours. Clémentine ouvre un atelier de couture avec sa fille Lucie. Toujours un peu magicienne, elle sait innover, adapter, imaginer. D’ailleurs, au village, on la surnomme la Fée.


Bientôt Lucie et Lou, l’orpheline, voient leurs vies bouleversées par l’arrivée de Victor, porteur d’un projet fabuleux. Dès lors, les destins se croisent et s’entremêlent.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 29 janvier 2019
Nombre de lectures 0
EAN13 9782414295746
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0060€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-414-29575-3

© Edilivre, 2019
Remerciements


Merci à ma famille et à mes amis qui m’ont apporté leur aide et leurs conseils.
Merci tout particulièrement à mon mari pour son soutien.
Certaines histoires restent enfouies longtemps dans les cœurs et puis un jour elles jaillissent comme surgies d’elles-mêmes.
Une fois encore, à Beau Soleil, j’ai ouvert la porte de chêne.
Je me suis assise au bord de l’âtre.
Clémentine se tenait près de la cheminée, comme toujours, comme avant. Comment son âme pourrait-elle s’échapper ?
Elle m’a souri.
– Raconte… a-t-elle dit en posant son regard doré sur moi.
Doucement j’ai repris la plume que j’avais abandonnée.
Prologue
Octobre 1946
– Si tu la touches je te tue !
L’homme suspend son geste. Le fusil a bondi sur sa tempe. Il n’a rien entendu. Rien, à part les cris de Lou.
Il ne l’a pas entendu arriver.
– Retourne-toi ! Lentement… Très lentement. Et lâche ton couteau.
Il obéit, lentement, l’œil aux aguets, les sens en alerte.
Oh non ! On ne va pas lui voler sa vengeance, pas maintenant, pas après tout ce qu’il a dû faire pour en arriver là.
La haine jaillit.
Face à l’adversaire, il se lance en avant.
Le coup part. Il plonge !
A terre il saisit la jambe de l’autre. C’est la chute et le corps à corps. Les coups pleuvent en silence. La rage qui les anime est d’autant plus terrible qu’elle est muette.
Lou ne bouge pas. Dans ses yeux gris passe une lueur.
Elle empoigne la fourche qui se trouve là et la plante dans le mollet qu’elle saisit au vol.
Un hurlement.
– C’est fini. On va l’emmener.
Elle a dit cela calmement.
L’homme se relève et ramasse le fusil.
– Fini ?… Avec lui rien ne finit jamais !
Chapitre I Beau Soleil 1945
Clémentine se hâte ce matin. Le temps chaud arrive et il ne faut pas traîner pour livrer les commandes. Lucie l’accompagne. Deux silhouettes vives et alertes. Mère et fille partagent les mêmes traits séduisants, le même sourire, et si leurs regards diffèrent, on ne sait lequel retient le plus l’attention.
Des yeux dorés pour l’une, des prunelles vertes pour l’autre. Le même éclat, la même profondeur. On s’y perd avec une étrange volupté. Elles savent en jouer et leur complicité transparaît.
Ce n’est pas Arsène qui me démentira.
Sa femme, il la regarde comme au premier jour. Elle possède la même magie, la même aura. Entre eux, parfois, dans les moments forts, il l’appelle Mélusine.
C’est comme le rappel du pacte qui les lie à la Fée des sources.
Quant à sa fille, elle le fascine. Si elle ressemble à sa mère, elle est différente, plus enjouée et aussi moins sage, pense-t-il souvent. A vingt-deux ans, la beauté de Lucie attire : des cheveux noirs, des lèvres pulpeuses, un teint mat et lumineux de fruit d’été, l’écrin d’une vraie personnalité.
Quand elle arrive tous se retournent, puis se taisent, comme fascinés. Elle n’y prête pas attention. C’est comme ça depuis son enfance. Autour d’elle s’agite une véritable cour.
Ce sont d’abord ses frères, Justin et Martial.
Justin, son aîné, tente souvent des rappels à l’ordre, il voudrait la protéger.
– De quoi ? lui demande-t-elle avec insouciance.
– Mais… de tout ! Le monde est dangereux, petite sœur, tu crois toujours qu’il te sera donné, comme ça, gratis ! Tout se paye, crois-moi et surtout avec les gars. Tu les affoles ! Est-ce que tu t’en rends compte ?… A force de baver, y en a bien un qui deviendra enragé.
Elle éclate alors de ce rire unique qui rappelle à Arsène son jeune frère Antoine, disparu pendant la Grande Guerre. Elle aussi capture l’espace, transforme le monde qu’elle traverse. Elle aussi vit la poésie à ses heures. Son charme fait tourner les têtes, celles des hommes bien sûr, mais pas seulement. Elle tient aussi à séduire les femmes… comme pour les mettre à son service.
Du haut de ses vingt ans, Martial la regarde avidement. Il voudrait la conserver pour lui seul. Jeune dieu de la guerre, il a toujours rossé les gars qui s’approchaient un peu trop d’elle. La première fois il avait cinq ans. Benoît, un grand de sept ans, avait voulu l’embrasser sur la joue.
Il avait bondi et asséné un bon coup sur le nez du gamin. Il s’en souvient parce qu’il a vu le sang couler. Ce jour-là il a pris conscience de sa force. Il a toujours poussé plus vite que les autres. A présent il domine Arsène et Justin. Lui aussi, comme sa sœur, pose un œil vert intense sur le monde. Leurs regards jumeaux s’entrecroisent et traversent les êtres, les appréhendent, ne leur laissent pas de répit.
Mais il tranche sur Lucie avec son teint et ses cheveux clairs.
Aucun des trois n’a hérité des prunelles bleues d’Arsène, ce qui désole encore Clémentine.
Justin possède ses splendides yeux d’or, à elle.
Seul leur premier fils, Antoine, qui est mort à six mois de façon mystérieuse, et à qui ils avaient donné le prénom de son jeune oncle disparu dans les tranchées, en avait reçu le don.
La famille a vécu des heures tragiques. Comme si une malédiction s’était abattue sur elle. 1
Après la disparition du plus jeune des quatre, la Grande Guerre a quand même renvoyé au pays ses trois frères. Aristide, l’aîné, rescapé mais résigné, comme vidé de désir. Gustave ensuite, qui, à peine remis de ses souffrances, a voulu, contre l’avis de ses parents, se lancer dans le commerce avec sa jeune et fragile épouse Berthe. Il a vu ses rêves disparaître quand elle a sombré dans l’alcool après la naissance de leur enfant. La mise au monde avait été tellement pénible qu’elle ne s’en n’est jamais remise. Un jour où elle était plus ivre que d’habitude, elle a voulu ranimer le feu dans la cheminée en y jetant un bidon d’essence. Les flammes l’ont avalée devant Louise, leur petite fille de quatre ans.
Et enfin Arsène, le plus farouche. Il a été le premier à secouer le joug familial de leurs parents, Marie-Louise et Léopold, en épousant Clémentine, une étrange fille mi-femme, mi-fée, habitée par Mélusine.
Leurs trois fils ne voulant plus vivre à l’ancienne, les parents, déçus et ulcérés, ont décidé de donner leurs biens à l’église. Le domaine de Sainte Soline, en partie, et l’argent qu’ils auraient dû leur léguer en héritage. L’abbé Bernardeau, en qui ils avaient une absolue confiance, s’est chargé avec ténacité de les dépouiller à son profit.
La famille s’est déchirée. Longtemps. Devant la menace de voir tout disparaître dans les poches de l’abbé, Aristide a cédé. Il a repris le domaine avec ses parents. Gustave a acheté le Café Épicerie de Saint Jean, comme prévu. Arsène a tout quitté. Il a bâti une autre vie avec sa Clémentine, une autre vie qui, un temps, a connu le bonheur à Beau Soleil . Hélas ! Le serpent a frappé. Une première fois. Clémentine a failli mourir sous la morsure de la vipère, le jour même où elle a su qu’elle attendait leur premier enfant. Arsène l’a ramenée à la vie dans une lutte sans nom au cœur du ruisseau qui traverse la ferme et qui, dit Clémentine, est habité par Mélusine. Cette nuit-là, la magicienne a lutté avec lui de toutes ses forces pour la sauver de la Faucheuse. Revenue à la vie, la jeune femme a cru en l’avenir. D’autant qu’elle a mis au monde un magnifique garçon. Hélas ! Le bonheur retrouvé a été de courte durée. L’enfant du miracle, le petit Antoine, est mort à son tour, mystérieusement.
Heureusement Justin est venu peu après consoler ses parents qui, longtemps, ont tremblé pour sa fragile existence.
Arsène a gardé l’allure fière des Germain-Détrière. Droit, le visage ouvert et déterminé, vaillant, toujours brun de peau et de cheveux. Il a veillé sur Beau Soleil, c omme il l’a juré après la terrible disparition de Berthe. A bout de souffrance et gonflé de révolte, un matin d’automne il a traqué et vaincu les vipères qui hantaient Beau Soleil , il a traqué et vaincu le Mal qui s’acharnait sur eux. Ce jour-là Clémentine a vu Mélusine combattre à ses côtés.
Clémentine, elle aussi, a fait un serment à Arsène. La naissance de Lucie et puis celle de Martial l’ont accompli et confirmé les promesses de bonheur à venir.
Le lieu est resté protégé. Les années se sont écoulées dans la paix.
Le Mal s’est écarté, il a reculé, il semble s’être évanoui comme par enchantement. Et la famille entière a bénéficié de cette fabuleuse protection. C’est comme si le Malheur n’osait plus les approcher, comme si les malédictions d’antan s’étaient retirées au fond des grottes légendaires les plus reculées du Poitou pour n’en plus jamais sortir.
Et ça suffisait bien ! – pensait Arsène.
Jamais il ne permettrait que les siens soient de nouveau les victimes d’un Destin maudit.
Il lui arrivait parfois de songer à la tragédie que son instituteur, passionné par la Grèce antique et la littérature classique, lui avait fait découvrir.
Le Maître avait poussé le zèle jusqu’à mettre en scène un extrait de « Phèdre » pour la fête de fin d’année. Suprême audace dans notre campagne ! Le succès avait été mitigé, même si les parents, tout fiers, avaient tiré gloriole de la performance de leurs rejetons. Arsène avait eu la chance de tenir le rôle d’Hippolyte. Trouver un garçon pour endosser celui de Phèdre n’avait pas été une mince affaire ! Aucun des élèves ne voulait se ridiculiser. Pour réussir, l’instituteur avait dû déployer des trésors de persuasion et de diplomatie. On avait fini par faire venir un jeune écolier de Brioux, à vingt Kilomètres de là. Ses parents avaient accepté à condition que personne ne l’apprenne , là-bas. Le gamin s’appelait Camille et il possédait d’ailleurs un véritable talent.
Un vers lui restait en tête, obsédant, un vers extrait d’une tirade dont il avait oublié le reste, mais qui chantait à ses oreilles.
« C’est Vénus toute en

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