Deux nouvelles et une fantaisie
368 pages
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Deux nouvelles et une fantaisie , livre ebook

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Description

Pour commencer, une histoire étrange de religion du Livre, pleine de langues et de trous, aux éclats de rire tels des bris de verre, irriguée de poésie, peuplée d’amoureux des lettres, d’agents de l’ordre opaques et de zélateurs « bienveillants » de la non-lecture : Fort de café !
À suivre, l’histoire échevelée de l’émancipation d’une jeune Maghrébine assoiffée de vivre, de plaire, de danser, d’aimer – et quoi de plus ordinaire ? Et quoi de plus beau ! ٤AjibaPour finir, une fantaisie d’outre-tombe, tissée de fariboles où ne se dit rien moins, croyez-le, que la vérité : Ma vie au paradis ou la prophétie au jardin ! En prime : des bribes d’autofiction fictive, St Antoine l’ermite et une ménagerie de charme. Drôle de trame !

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 20 mai 2014
Nombre de lectures 0
EAN13 9782332648549
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0090€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-332-64852-5

© Edilivre, 2014
Fort de café
 
 
 
* *       *
1 – C’est un de ces pays au littoral démesurément étendu adossé à des montagnes, avec des plateaux aménageant une montée par paliers que des fleuves ont creusés de vallées, comme il en existe des centaines de par le monde, avec des paysans bornés, engoncés dans les superstitions, des ouvriers à la pelle, tâcherons miséreux pour la plupart, des bourgeois à la ville, essentiellement dans la capitale, et, entre deux, des petits-bourgeois dont la croissance est limitée à une administration déjà pléthorique… Quoi d’autre ? Des prisons bien remplies, des services administratifs et de police corrompus, un espionnage intérieur omniprésent, des partis politiques tous aussi soigneusement respectueux du « Président Bien Aimé »… Bref, un pays tout à fait comme les autres. Si je pouvais risquer l’expression, je dirais : « un peu n’importe lequel », c’est égal. Appelons-le Nimporte, à défaut d’Utopie qui est déjà pris.
J’étais récemment de séjour dans sa capitale, « N » comme il se doit, prononcé localement « Henné ». C’est bien, vous voyez que ces gens ont des idées, voire de l’esprit ! Même si les méchantes langues d’un endroit dont je vais vous parler ne ratent pas une occasion d’insinuer que l’orthographe officielle de cet, ou de cette, ‘Henné’, devrait plutôt se conformer à la transcription du nom autochtone, lequel signifierait quelque chose comme envie ou… ‘haine’ ! Probablement une de ces rationalisations rétrospectives dont la tradition orale est coutumière, qui plus est, mâtinée de transferts linguistiques surprenants. Néanmoins, elle a son effet…
Or donc, j’étais assis en terrasse, dans une avenue centrale en surplomb avec vue sur la plage. Je venais de déjeuner lorsqu’un homme d’âge mûr est venu s’asseoir à la table voisine et, sans que je sache ni comment ni pourquoi, nous nous sommes mis à converser. En fait, je sais : nous nous sommes trouvés d’emblée sympathiques. Je n’oserais pas déblatérer sur mon compte, mais quant à lui, c’est un fait que son teint basané, ses cheveux roux bouclés, presque crêpés, son allure à la fois bonhomme et subtilement austère, sa mise vestimentaire simple mais élégante, et surtout, surtout, son sourire avenant, respirant la fraîcheur d’esprit et la disponibilité, me l’avaient dès le premier abord, rendu fort sympathique. C’était visiblement un étranger comme moi, mais il eut tôt fait de m’informer qu’il habitait ce pays et qu’il était de passage dans la capitale pour y accueillir un prix Nobel de littérature. C’était pour le lendemain matin et il partirait immédiatement avec lui pour Liber, la capitale si joliment nommée de la région si laidement nommée, quant à elle, Logorrhéa. Ce nom-là, par contre, seuls les originaires des autres provinces se permettent de le brocarder, ne me demandez pas pourquoi.
Je le pressais de questions, de sorte qu’il commença à me raconter son histoire. Mais il y mit tant d’esprit et de détails, tant de détours et tant d’incidentes, sur sa vie de bourlingueur aujourd’hui « posé », hier perpétuellement en mouvement – « je me considérais jusqu’à ces temps récents, m’avoua-t-il un moment, si vous me passez l’aspect un peu m’as-tu-vu de l’expression, comme une sorte de musicien ou d’ʻartiste du voyage’ » – qu’au bout d’une heure, nous n’en étions encore qu’aux préliminaires…
« Je me suis plu tout de suite dans ce pays, même si les locaux, comme vous le savez certainement, n’ont pas très bonne réputation. Il est vrai qu’ils ne se montrent pas très accueillants, que nous leur sommes, dans l’ensemble, indifférents, mais justement, ça me convenait ! Et puis, le climat, lui aussi, convenait fort bien à mes problèmes de santé – permettez-moi de ne pas détailler… (il soupira) – en tout cas, dans le coin que j’ai déniché et où j’habite désormais. Le Logorrhéa.
Les gens de cette région ont une réputation pire que les autres, mais vous savez, en la matière, tout est venu, non pas du contact avec les gens d’ici, car le tourisme est une chose récente, mais comme souvent, de la spécialisation de toute une partie de leur diaspora, présente comme elle l’est dans les grandes capitales du monde, dans toutes sortes de trafics à proprement parler stupéfiants ! Dans la pratique, je peux vous le certifier, si vous-même vous ne l’avez pas encore aperçu (il ne me donna pas le temps de répondre, d’ailleurs il en serait de même le reste du temps, sauf exception), ils sont bien plus sympas qu’on ne le dit. Je m’y suis fait assez vite de grands amis et de grandes amies.
Leur population est bigarrée, suite aux multiples métissages dont ils sont issus depuis un passé si lointain que nulle trace n’en figure nulle part, hormis ces reflets cuivrés ou argentés, cette texture de peau inimitable, ces chevelures noir de jais, crêpées ou déliées, attestant de mélanges d’apports orientaux et occidentaux, avec des pincées de gens du grand Nord, ces chevelures blondes qui surgissent de temps à autre et ces yeux bleus – tenez comme ce gars, là-bas ! Magnifique ! Le climat de ce bled et l’équilibre de leur alimentation de base s’y ajoutant, ça donne, surtout, ces filles splendides, vous êtes d’accord ? »
Je ne pouvais qu’acquiescer, enthousiaste : « On se croirait en Polynésie avec Gauguin ! Car, depuis, là-bas, elles ont pris du poids, les donzelles ! C’est pas comme ici ! » À l’instant même, passait à notre hauteur une beauté aguichante moulée dans son jean …
Nous rîmes de bon cœur.
« Mon premier voyage dans ce pays – je revenais de Kirghizie, via le Kazakhstan, le Tadjikistan, l’Ouzbékistan, l’Afghanistan, le Pakistan… pour commencer ! Mais laissons là, sinon nous y passerions la nuit sans aucune chance d’atteindre le Logorrhéa ! Rendez-vous compte : j’ai eu des discussions échevelées avec des Mazdéistes, des Chiites septimains et même, je vous le dis, des Assassins, si si si !, vous savez, le « vieux (fou) de la montagne » – ils existent encore ! Le plus dingue, ce fut avec les Manichéens, il y en a foison, tous dissimulés sous d’autres confessions. Oh là là, quel voyage ! Enfin… mes premiers pas ici m’ont enthousiasmé. Il faut dire qu’au débouché de toutes ces émotions, le Loggorhéa était un paradis de calme et de volupté paresseuse !
Comme toujours, je me suis mis à chercher tous les chemins de traverse, à me construire chemin faisant un itinéraire qui me menât aux circuits les plus écartés du pays. C’est ainsi que j’ai découvert ma région et son climat idéal. Il y fait chaud pratiquement toute l’année mais les influences conjuguées des courants marins et de l’intérieur des terres entretiennent au long de l’année sur cette région – elle est sur les flancs de la montagne, en haut de la vallée – un climat équilibré qui me convient à merveille.
Vous allez me dire, et vous avez raison : si elle est si accueillante, comment se fait-il qu’elle soit restée à l’écart des courants de communication ? Eh bien, voilà ! Dans les derniers siècles, l’évolution des conditions du trafic maritime a malmené l’assise économique du pays et ça fait longtemps que Nimporte n’a plus vu d’immigrants débarquer en nombre sur son littoral. Il s’en est suivi un repli général du pays sur lui-même, lequel a généré, pour ainsi dire, une ‘fermentation’ propice à des développements très particuliers, vous allez voir. Le Logorrhéa a connu dans ce contexte une certaine croissance, mais un déclin inexorable est venu la stopper quand on a construit la « nouvelle route » – on l’appelle toujours comme ça, même si elle est déjà fort ancienne… »
(D’ailleurs, si vous me permettez d’interpoler, ses habitants sont connus pour avoir maintenu l’usage de leur vieille monnaie qui n’a depuis longtemps plus cours que dans leur tête, en complet divorce avec les espèces qu’ils manipulent ; le taux de change les oblige à multiplier ou diviser par 75, ce qui rallonge considérablement toutes les transactions, mais c’est pour les locaux un de ses grands avantages, dont ils se félicitent.)
« … de l’autre côté de la vallée. Désormais, tous les trafics, d’hommes et de marchandises, passaient à près de cent kilomètres de là. Liber et le Logorrhéa se sont mis en vivre en circuit fermé. Bien sûr, il y a l’émigration, mais elle ne fut jamais, jusqu’à l’époque récente, qu’une migration à courte distance et saisonnière, dans la vallée en contre-bas ; et il y a dorénavant le tourisme, mais, comme vous le savez, c’est un phénomène encore récent.
Bref, à chaque fois que je suis revenu dans le pays, même quand j’ai parcouru d’autres régions, je suis revenu à Liber, au Logorrhéa, comme attiré par un aimant. C’est ainsi que, la cinquième ou la sixième fois, je ne sais plus, j’ai découvert, stupéfait… »
Il suspendit son propos et me demanda :
« Pourquoi ne viendriez-vous pas avec moi là-bas ? Je suppose que la compagnie d’un Prix Nobel ne vous dérangera pas ! Vous êtes là pour combien de temps ? »
À vrai dire, je ne le savais pas, j’avais prévu de durer, autant que ce serait possible, c’est tout, avec mes premiers vrais mois de vacances depuis des siècles, mais je ne voulais pas le dire de sorte qu’on pût en tirer avantage à mes dépens. C’était ma règle jusqu’ici, comme toujours. Un peu bêtement, je dois l’avouer (mais je préfère cette bêtise à l’erreur contraire), je la lui ai appliquée et j’ai dit :
« Un mois… C’est-à-dire qu’il me reste en gros trois semaines. »
« Parfait ! La suite de mes exploits, ce sera pour la route ! Je vous retrouve ici demain, sur le coup de 10h. L’avion arrive à 7h. Nous vous prendrons au passage, à moins que vous ne nous trouviez ici même, assis à vous attendre ! Je vous souhaite une bon

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