Dis, quand retwitteras-tu ?
136 pages
Français

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Description

Archibald et Balthazar échangent essentiellement sur et autour du réseau social Twitter. Tous deux s'intéressent à la musique, et aiment divaguer. Alors que les changements sociétaux et technologiques s'imposent avec toujours plus de certitude, l'inventeur et le féru d'informatique entretiennent une relation d'amitié à distance, mais parviendront-ils à s'épanouir l'un et l'autre dans ce nouveau monde ?


Un récit d'anticipation rapprochée, entre narration et dialogues virtuels.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 04 janvier 2017
Nombre de lectures 0
EAN13 9782334240376
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0045€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composér Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d'adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-334-24035-2

© Edilivre, 2017
Chapitre I
Cette maisonnette en centre-ville n’était pas dénuée de charme. Balthazar avait ouvert le portail en bois beige et franchi les quelques pas qui le séparaient de la porte d’entrée, non sans jeter un œil sur la vigne, chargée de grappes miniatures, le long du muret de droite, et sur les grosses poires menaçant de dégringoler au moment où il introduisait la clef dans la serrure. Charmante, oui. Sans exagération. Mais vide. Il avait emporté son ordinateur.
Les mots du testament lui revenaient vaguement en mémoire. « Tu y as passé tes premières années. Peut-être t’en souviendras-tu ? » Il contempla l’escalier droit gris tourterelle et se revit soudain, accroché à une marche, brandissant un poisson du bout de sa canne à pêche. Par la baie vitrée, il apercevait le cerisier fatigué du jardin mitoyen. Le soleil dardait. Les murs épais le préservaient de la chaleur. Une longue brise tiède s’engouffra dans la pièce. Il monta à l’étage, ouvrit les fenêtres, crut reconnaître son ancienne chambre, puis celle de ses parents au plafond haut. La salle de bain bleue semblait plus étroite qu’elle ne l’était jadis. « J’ai finalement décidé de l’acheter. Pour que tu puisses y habiter, en cas de coup dur… »
Bien joué, Maman…, pensa-t-il. Le changement de cap s’y prêtait, en effet. Mais par où commencer ? Les valises l’attendaient à l’hôtel. Il eut envie d’arpenter le quartier puis de rejoindre la plage. La montre émit un bip : « Bien arrivé ? ». C’était Archibald. Balthazar se délectait du silence. Il se promit de répondre à la nuit tombée.
Le front de mer ressemblait à tous les fronts de mer qu’il avait jusqu’alors piétinés : déambulations au ralenti, tenues légères, odeurs de crèmes et lourdeur cotonneuse… Balthazar songeait à la couleur, à la taille et la forme de son futur canapé. Il prit place sur un banc et consulta avec frénésie l’ensemble des sites web spécialisés. Rien ne convenait. Il attendrait. Les démarches administratives avaient été considérablement allégées au cours de la dernière décennie. Il prononça le mot « Installation » et communiqua sa nouvelle adresse. Un message de confirmation apparut à son poignet. L’eau et l’électricité circuleraient d’ici quelques heures, le temps de penser au repas du soir, et à un quelconque couchage d’appoint.
Les yeux aimantés par un triangle de voile blanche, il les revit soudain, eux deux, libres et souriants. Il était en poussette de course, une rareté à l’époque, spécialement importée du Canada. Sa mère glissait à ses côtés, allait et venait en rollers. Son père poussait et courait, préférant l’allure monotone. Ils filaient ainsi tous les trois au rythme des vagues et du vent. Désormais, ils avaient déserté ce monde. Seul demeurait leur ADN enchevêtré, un peu ébahi devant l’étendue du sable bariolé. Il se sentit las, reporta ses achats au lendemain et regagna l’hôtel, où il s’assoupit sans offrir la moindre résistance.
La montre bipa. Balthazar étendit machinalement le bras. « Connecte-toi sur twitter dès que tu pourras. J’exige des nouvelles. Archibald ». Balthazar se contenta de grommeler un « ok » en guise de réponse. En écartant le rideau, il reçut les rayons étincelants du matin, comme un jet d’or sur le visage. La nuit le lui avait chuchoté, il irait au bazar du Troc chercher le nécessaire.
Quelques heures plus tard, alors qu’il évaluait tant bien que mal la nature esthétique des modèles exposés, il sentit une présence séduisante à portée de vue. Une jeune personne se tenait non loin, face à une bibliothèque en teck massif. Balthazar murmura dans sa montre : « Vous portez une jolie robe. » La femme consulta son poignet et redressa la tête, d’un air stupéfait. « Qui êtes-vous ? » répondit-elle. Balthazar la dévisagea, ravi de son petit effet. Il lui tourna le dos : « Un inventeur. Je peux entrer en contact avec les montres ravissantes qui gravitent autour de moi, dans un périmètre restreint. » Lorsqu’il voulut constater l’impact de ses paroles sur la belle inconnue, celle-ci avait disparu. Il enregistra les coordonnées de l’étrangère, à tout hasard. A la caisse, le vendeur lui demanda ce qu’il envisageait d’offrir en échange. Le bazar du Troc fonctionnait selon ces modalités depuis les récents décrets adoptés au sujet des ventes de biens non immobiliers. Balthazar n’avait pas réfléchi à la question. Le commerçant lui remit une liste des principaux services à la demande. « Réparateur de petits objets de valeur » figurait en troisième position. Pour se procurer le canapé-lit dépourvu de lattes et de ressorts, il lui fallait s’engager à réparer une dizaine de bibelots chaque semaine pendant quatre mois. Il signa. Des hommes hissèrent le sofa dans un fourgon, puis ils ajoutèrent une caisse remplie d’objets dorés et argentés. Balthazar prit alors le chemin de la maisonnette.
Confortablement installé, il laissa une pensée rassurante vagabonder. La minuscule cour dallée lui rappela ses premières expériences, lorsqu’il créait des arcs-en-ciel en aspergeant une traînée de photons. Qu’avait-on fait de cette baignoire en plastique bleue qu’on remplissait d’eau chaude à son retour de plage ? La boîte du bazar du Troc contiendrait-elle aussi quelques mystères ? Deux de ses cinq valises renfermaient son arsenal d’outils. Cette ligne de bagages avait été conçue pour s’attacher en un ensemble fluide, malléable et compact. Il sortit en direction de l’hôtel, heureux de pouvoir se dégourdir les jambes.
La station balnéaire battait son plein. Sur la place, le grand écran lumineux de la vaste opération « Paradis fiscaux » affichait en continu le nom des fraudeurs et les montants saisis. Balthazar s’étonnait de cette initiative gouvernementale internationale qui consistait à informer les citoyens de la planète en temps réel. Les chiffres exorbitants s’ajoutaient les uns aux autres en bas du cadre, prolongés par des images illustrant les sommes représentées sous forme d’hôpitaux, de logements sociaux écologiques, d’universités, d’usines futuristes, d’agriculture sophistiquée, d’énergies nouvelles… Photos de paysages et de contrées les plus diverses se succédaient. Certains badauds fixaient le panneau, assis sur une chaise. Il s’agissait d’une projection silencieuse quasi cinématographique en plein air, destinée à contenir les émeutes qui avaient dangereusement secoué le début du XXI ème  siècle.
De retour à son domicile, Balthazar s’empressa de vérifier sa connexion wifi. Le programme « Installation » lui fit remplir un questionnaire avant de lui attribuer sa ligne personnelle et le dirigea vers des sites d’électroménagers à sa convenance. Il acheta un frigo et une gazinière sur un site dégriffé, puis un peu de vaisselle, du linge de maison et quelques produits ménagers en provenance de l’Usine de la Région. Il reçut la liste des sites de producteurs locaux qui livraient dans sa rue et, là encore, passa commande pour le lendemain. Il était grand temps de faire signe à Archibald. Twitter était un moyen comme un autre de rester en contact avec lui, de tâter le pouls du monde aussi. Peut-être était-ce la première fois de sa vie qu’il en ressentait réellement l’utilité.
Archibald
Tu connais Trumbl ?
Balthazar
Non.
Archibald
Tu devrais aller y faire un tour.
Balthazar
Pas le temps.
Archibald
Qu’est-ce que tu fais ?
Balthazar
Je remets tant bien que mal le pied à l’étrier.
Archibald
Ah.
Balthazar
Le format me plaît, ça me rappelle mon vieil ordi, quand le clavier ne marquait plus ni le i, ni le u. La contrainte en soi.
Archibald
Oui, on est un peu à l’étroit, c’est vrai, mais c’est finalement tout l’intérêt.
Balthazar
Tu connais Trumbl ?
Balthazar et Archibald se connaissaient de longue date. Les mots échangés tissaient une trame qui seuls les concernait, sorte d’instrument de mesure à pulsations affectives. Ce soir-là, Balthazar déplia son sac de couchage et, une fois de plus, ne tarda pas à s’endormir. Il rêva de boîtes à musique, d’horloges ancestrales et de planisphères nacrés. Dès son réveil, il ouvrit le carton d’objets en espérant y découvrir un trésor.
La déception l’attendait : un sucrier en argent fissuré, un hermès endommagé, quelques vases en porcelaine fendillés, un presse-papier de Murano englué, un candélabre oxydé… Rien n’attisa sa curiosité. Cependant, il déballa le matériel et entreprit son travail de réparation. Il souda, colmata, récura toute la matinée, et lorsqu’il eut terminé, astiqua la totalité jusqu’à obtenir pour chacun une apparence aussi impeccable que celle d’un bibelot neuf.
Satisfait, il ramena la boîte au bazar. Il avait décidé d’en finir avec ce troc en l’espace de deux semaines, afin de pouvoir au plus vite se consacrer à ses recherches personnelles. En chemin, la montre bipa. Il reconnut les coordonnées de la jeune femme croisée la veille, mais cette dernière n’apparaissait nulle part. Soudain, il l’aperçut au volant d’une voiture électrique. Elle conduisait l’un de ces véhicules que la commune mettait à disposition des habitants, moyennant un abonnement annuel. Le feu passa au vert. Une multitude d’engins motorisés à deux, trois ou quatre roues démarrèrent sans un bruit tandis que des vélos de toute facture et de toute taille, des trottinettes et des rollers suivaient depuis la piste qui leur était réservée. Balthazar regarda la belle passagère s’éloigner avec regret.
Au bazar du Troc, un responsable examina à la loupe le contenu rapporté. Il sourit et fit signe à un employé. On emporta les objets réparés et on déposa une autre caisse sur le comptoir. Pendant l’inventaire, Balthazar recula un peu et répondit à Archibald qui venait

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