Drapeau rouge
230 pages
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Drapeau rouge , livre ebook

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Description

Laurent et sa sœur Florence dirigent en commun un village de vacances sur la côte atlantique. La formule « all inclusive » ainsi que les activités proposées, toutes bien rodées, attirent chaque année de nombreux vacanciers venant de tous les horizons. Tout semble aller pour le mieux dans le meilleur des mondes jusqu'à ce que des événements étranges viennent troubler la quiétude de ce club de loisirs charentais. Cette année, un concurrent sans scrupule semble avoir décidé de s'emparer du site idyllique d'y installer une grosse structure, sur des terrains pourtant réputés inconstructibles. Loin de se laisser impressionner, Laurent et Florence vont engager une lutte sans merci dans un suspense haletant où tous les coups seront permis et dont tout le monde ne sortira pas indemne.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 15 juin 2016
Nombre de lectures 0
EAN13 9782342052329
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0082€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Drapeau rouge
Ray Monllor
Mon Petit Editeur

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Mon Petit Editeur
175, boulevard Anatole France
Bâtiment A, 1er étage
93200 Saint-Denis
Tél. : +33 (0)1 84 74 10 24
Drapeau rouge
 
 
 
 
 
1
 
 
 
« Ouh… ! Ben mes aïeux ! Qu’est-au qu’au l’est, encore ? O l’étions perdue ou pas c’te cacugne ? Mais ça serait-y qué saurait pu où qu’elle habiterait, la p’tite dame ? Quoi ça serait qué chercherait, c’te mounaque ? Vous seriez-t’y pas à pédaler dans les “mojettes”, la gueuse ? Ouh… ! Et O serait pas la première, fi d’garce ! Eh bé tu m’en dirais tant ! Et s’rait pas rosbif en plus c’te grognasse ? Si c’est-y pas malheureux des sauvages pareils ; y sont cons ces coincés ! Et y z’y parlent même pas français, j’parille !
Et l’eau ! Et veut aller où, que drôlesse de mes fesses ? Elle aurait-y la comprenette en vadrouille ?
Tiens ! J’parierais qué O serait chaude de la moniche ! Comme la braise ! Pour sûr, mon chéti ! P’t’êt qu’elle aurait la moule à la pêche au bout chaud ? Si qué voudrait, en suce, voir un champignon, j’irais t’lui en mettre un gros sous le nez, ça prendrait pas deux heures ! O l’aurait pas tout perdu, dans sa culotte en coton, que drôle ! »
Ainsi parlait, dans son langage, en ce frais petit matin de juin, le paysan charentais accosté au bord de la route par cette touriste matinale désespérée (traduction du paragraphe précédent sur commande).
Le petit autochtone sollicité était la caricature même du Charentais profond, une espèce en voie de disparition. Avec son béret bien enfoncé sur une citrouille patinée au Pineau des Charentes, son bénard de velours usé, de trois tailles trop grand, et tombant en accordéon sur ses bottes en caoutchouc kaki et son gros pull en laine jamais lavé depuis la foire expo de la cagouille en 1964, il était parfait, lui qui revenait des champignons. Parfait oui, mais Martien pour la touriste, voire davantage ! Et la petite dame en question, effectivement de nationalité anglaise, était complètement perdue. Elle avait tourné, tourné, et son GPS lui racontant n’importe quoi, elle s’était enfin décidée à demander son chemin. Et, ma foi, avec cet indigène, elle se disait qu’elle avait gagné le gros lot ; elle se sentait encore moins sortie de l’auberge. Elle était là, aux commandes de sa petite bagnole au volant facho, garée au bord de la route, désemparée. Ça faisait bien deux heures qu’elle tournait en rond dans ces chemins qui se ressemblaient tous. Elle avait bien l’adresse « Promenade de l’océan », avait bien vu des panneaux indiquant le Village de vacances mais rien ne correspondait sur son appareil qui devait manquer de mises à jour. Au bord de la crise de nerfs elle s’était résolue à demander son chemin et elle n’était pas déçue du voyage. Elle ne comprenait pas un mot de ce qu’il lui racontait l’autre abruti. Elle le regardait avec désolation. C’était le seul être vivant qu’elle avait croisé. Faut dire qu’à six heures du matin, y’avait pas urgence pour les vacanciers. Le vieux, qui ne devait pas l’être autant que ça, faisait peut-être de son mieux pour la dépanner, mais elle ne pigeait que couic. Elle avait envie de pleurer.
Et puis l’horizon de leur dialogue de sourds sembla soudain se dégager. Elle avait quand même bien fait car le local, après avoir bien pris son panard de voir la panique de la miss enchaîna :
— Disez-moi, ma jolie p’tite dame, ça serait t’y pas le campine « coule clube » que vous chercheriez ? Ou plutôt, le cule club ? Car il paraîtrait que ça forniquerait dur là-dedans ! Mais avec son air de pas y toucher, o s’rait au jus qu’ça m’étonnerait point, que pétasse. C’est pas des molles de la cuisse ces Angueulaises ! Elles font semblant, mais… é viendrait point aussi loin juste pour bouffer des moules ! Pensez-vous ! quoi que !
—  What ? Yes ! Oh yes ! KOol Club ! ressuscita la British avec dévotion.
Elle tendit vers la grosse gueule couperosée de l’autre, son papier officiel de réservation au club.
— Bé voilà ! Fi d’putain ! Je m’en doutais, à c’t’heure ! Regardez-z’y donc l’adresse, miss machin de mes deux : aqui, o serait écrit what  ? La Palmyre, ou je me trompe-t-il ai-je, nom d’Dieu ? On croiv’rait qué saurait pas lire c’te bourrique ! Ici, vous seriez à Saint-Palais que j’me la couperais bien si j’me tromperais. Il faudrait aller plus loin, à 5 kilomèt’. Tout droit ! Todo béret chaud si tu serais Espadrille.
Et il indiqua d’un index à l’ongle en deuil la direction à suivre :
—  How many ? demanda l’Anglaise en parlant des kilomètres.
— Caisse è’m chante là, Oh Mamy ! è’s prend pour Nicoletta ? Non ! Pas Aux manies, et pas puce en Roumanie ! Au « coule clube » comme c’est qu’y disent ! Mais ça seriont à la Palmyre, ma p’tit’ dam’ ! Pas à Saint-Palais, couillonne !
—  Couille on ? How many kilometers, for Coullle on ?
— Kilomèt’ cinq ! Comme cinq you ! Capito, p’tite salopiote ? Saint-Cloud !
—  Oh yes ! You’re welcome ! répondit machinalement la miss perdue.
— O yes de mes fesses ! You , belle conne !
La p’tite dame anglaise se sécha les yeux, enclencha la première et prit la direction indiquée par l’autre dégénéré.
— À vot’ servis’, ma p’tite dam’ ! fit l’indigène en faisant le salut militaire d’une main et un doigt d’honneur à la perfide Albion de l’autre.
 
 
 
2
 
 
 
La route de la Grande Côte traversait la merveilleuse forêt de pins qui longeait tout le littoral jusqu’à Ronce les bains. À cette heure matinale, elle était déserte et incitait à la rêverie. C’était un domaine fragile, protégé, et en permanence surveillé, par crainte d’incendie notamment. La terrible catastrophe de 1976 était encore dans tous les mémoires. Des hectares et des hectares de belle forêt étaient partis en fumée, cette année-là. Les habitants de la région avaient failli manger de l’éléphant grillé tellement le zoo avait été menacé par les flammes. Et la cause de l’incendie était restée un mystère. Depuis, aucune habitation, aucune construction n’était plus autorisée sur tout le domaine forestier. Et durant les mois d’été même dans les campings, les barbecues individuels étaient interdits sous peine d’amende. Tout le long de cette route étroite avaient été aménagés de nombreux parkings pour les estivants, très nombreux chaque année. Il faut dire que les plages étaient belles et variées. De la plage familiale de Pontaillac à la pointe espagnole, il y avait des dizaines de kilomètres de sable fin et de vagues prodigieuses qui amenaient leur lot de baigneurs et de surfeurs. Sans compter les nombreuses plages réservées aux naturistes qui étaient très prisées. C’était un lieu de vacances idéal pour les amoureux de la plage.
 
 
Après être passée devant le parking réputé pour les rencontres nocturnes homos, un grand panneau vint à la rencontre de notre anglaise un peu bigleuse : « KOol club » au rond-point à gauche !
— Ouf ! lâcha-t-elle en anglais, ce qui doit faire à peu près : « ouf ! » en français.
Elle contourna prudemment le rond-point proche du Zoo de La Palmyre et aperçut enfin son but, droit devant, bannière au vent : « Le KOol Club », en rouge et blanc. Elle engagea, avec un soulagement sans limite, sa petite voiture essoufflée dans la grande allée bordée de palmiers, alternant élégamment avec des haies de lauriers roses en fleurs. Elle s’arrêta devant le vigile qui contrôlait les entrées. Il vérifia les papiers que l’arrivante lui mettait sous le nez, puis, sans plus attendre actionna donc la barrière qui donnait accès au village. Malgré l’heure matinale, il lui accorda ainsi l’autorisation de pénétrer dans le petit paradis et la petite voiture se rangea sagement au milieu de ses petites sœurs. Enfin ! La conductrice s’endormit sur le champ à son volant, épuisée par tant d’émotions.
 
Au KOol club on y venait en voiture, en train, en avion, tout était possible, même si la clientèle était en majorité française.
L’endroit, il faut le dire, était majestueux. Il avait été installé sur l’emplacement d’un ancien camping et d’un village de vacances de l’EDF. Les deux structures n’en faisaient à présent plus qu’une et la situation était unique, sur un promontoire rocheux qui dominait la Gironde, avec l’estuaire et le phare de Cordouan, majestueux, veillant sur leur sommeil. Le KOol Club s’ouvrait entièrement sur la mer. Il avait été progressivement reconstruit ce qui faisait qu’il ne restait plus rien du camping et de ses bungalows bidonville. Tout était en dur, en solide, bien ancré à la roche, idéalement placé pour profiter des bienfaits de l’Atlantique mais à l’abri de ses colères. Il y avait le bâtiment central avec la réception, le restaurant et le Lobby bar. Un peu sur le côté se trouvait l’amphithéâtre en plein air pour les soirées clémentes, et la salle de spectacle couverte, en cas d’intempérie, ainsi que l’indispensable discothèque. Tout autour s’étendaient de luxuriants jardins au sein desquels étaient disséminés de nombreux pavillons où était confortablement logée la clientèle. Tous les pavillons donnaient sur la mer et étaient équipés de ce qui se faisait de mieux au niveau confort. Le reste du domaine contenait les installations sportives, l’espace Spa et fitness, et puis les boutiques du complexe. L’ensemble était d’une beauté à couper le souffle (d’ailleurs j’en aperçois plusieurs qui ont du mal à respirer). Quand on y avait goûté, on n’avait qu’une envie en partant : y revenir au plus tôt.
Le village dormait encore, mais on sentait déjà un frémissement, un début d’agitation. Le personnel d’entretien, lui, était déjà sur la brèche, nettoyant ceci, réparant cela, arrosant copieusement

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