Du contrat social
138 pages
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Du contrat social , livre ebook

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Description

Extrait : "Je veux chercher si, dans l'ordre civil, il peut y avoir quelque règles d'administration légitime et sûre en prenant les hommes tels qu'ils sont et les lois telles qu'elles peuvent être."

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Nombre de lectures 504
EAN13 9782335028102
Langue Français

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Extrait

EAN : 9782335028102

 
©Ligaran 2015

Avertissement
L’objet de cette édition est de rendre possible à tous la lecture du Contrat social et d’en faciliter l’étude aux élèves des classes de philosophie et aux candidats à la licence ou à l’agrégation. L’ouvrage de Rousseau est universellement célèbre, mais fort peu lu, et en réalité fort difficile à lire. J’ai essayé, par un commentaire précis, d’expliquer tous les passages obscurs, de faire apparaître la suite des idées, de dégager les théories principales et d’en signaler la valeur. Dans une introduction, j’ai tenté de résumer le système politique de Rousseau et d’en faire comprendre la formation et l’influence. J’y ai joint une notice bibliographique, où l’on trouvera les moyens de compléter cette étude, dont je connais d’autant mieux-les lacunes que j’en ai davantage senti toute la difficulté.
Introduction
Le Contrat social parut, un an après la Nouvelle Héloïse , quelques semaines avant l’ Émile , au mois d’avril 1762. Rousseau avait alors cinquante ans : il était déjà célèbre. Il ne devait plus publier dans la suite que des ouvrages de polémique.
Le Contrat social diffère nettement de tous les autres ouvrages de Rousseau. D’abord, par le sujet même : ce n’est plus un roman, ni une lettre, ni même un discours, c’est un traité juridique et politique. Et le style en est tout nouveau : on n’y trouve plus les prosopopées, l’exaltation et l’enthousiasme des deux Discours  ; le ton, au contraire, en est grave, précis ; les mots techniques abondent ; çà et là, quelque ironie vigoureuse, un mouvement oratoire aussitôt arrêté rappellent seulement l’éloquence des premiers ouvrages : on sent que l’auteur prétend démontrer, avec une rigueur parfois mathématique, une thèse scientifique. Enfin, tandis que les Discours et la Lettre à d’Alembert étaient des ouvrages de circonstance, le premier presque improvisé, le second et le troisième hâtivement composés, le Contrat a toutes les apparences d’un ouvrage longuement médité, soigneusement ordonné, écrit à loisir.
Si nous en croyons Rousseau lui-même, le Contrat social n’est qu’un fragment d’un ouvrage beaucoup plus étendu, dont il avait conçu la première idée pendant son séjour à Venise en 1743, auquel il travailla assidûment pendant près de dix ans à partir de 1750 environ, et qui devait, sous le titre d’ Institutions politiques , « mettre le sceau à sa réputation » ; il finit par renoncer, vers la fin de 1759, à cette trop vaste entreprise et se contenta d’achever « en moins de deux années » le Contrai social . Les idées qu’il y expose constituent en effet un système progressivement élaboré et fermement arrêté : on en peut trouver les premières amorces en plusieurs passages de la fin du Discours sur l’inégalité  ; – il apparaît déjà très distinctement ébauché dans l’article Économie politique , paru dans l’Encyclopédie en 1755 et publie à part en 1768 ; – une lettre à Voltaire, du 18 août 1756, contient un exposé fidèle du chapitre sur la religion civile ; – un important manuscrit de la Bibliothèque de Genève, récemment publié, dont la date précise est incertaine, mais qui est sûrement antérieur au Contrat , en exprime déjà presque toutes les idées essentielles, souvent même dans les mêmes termes, mais selon un ordre différent ; – enfin, dans le V e livre de l’ Émile , que Rousseau comptait publier avant le Contrat , mais qui ne parut qu’un peu après celui-ci, et dans la sixième des Lettres écrites de la montagne (1764), les mêmes idées fondamentales sont résumées, sur quelques points même précisées et développées : nous avons donc le droit de regarder le Contrat social comme l’expression mûrie, systématique et définitive des théories politiques de J.-J. Rousseau.
J’examinerai sommairement, dans cette introduction, les origines du système politique de Rousseau et l’ influence qu’il a exercée ; mais je m’attacherai d’abord à dégager les idées maîtresses du Contrat social et à en montrer l’enchaînement et la portée ; car l’obscurité réelle de certaines parties de l’ouvrage, et surtout l’étonnante diversité des commentaires et des critiques dont il a été l’objet, obligent à rechercher la signification exacte de ce livre célèbre, si célèbre qu’on s’est dispensé souvent de l’étudier, parfois même de le lire, surtout quand on voulait le réfuter.
CHAPITRE I Le système du Contrat social

§ 1. L’esprit et la méthode

« Je cherche le droit et la raison, et ne dispute pas des faits. » ( Ms. de Genève , I, v ; éd. Dreyfus Br., p 262).
Le Contrat social a pour sous-titre : Principes du Droit politique . Si Rousseau n’a pas tout d’abord expliqué le sens de cette expression, il a du moins, dans de nombreux passages parfaitement concordants, défini précisément l’objet qu’il se proposait. Voici comment débute le premier chapitre du Contrat  : « L’homme est né libre, et partout il est dans les fers… Comment ce changement s’est-il fait ? Je l’ignore . Qu’est-ce qui peut le rendre légitime  ? Je crois pouvoir résoudre cette question. » Il répète plusieurs fois que les clauses du pacte social n’ont « peut-être jamais été formellement énoncées ». Quand bien même elles l’auraient été, quand le contrat aurait eu une réalité historique, ce n’est pas ce fait , en tant que tel, qui aurait fondé le droit , mais seulement la raison nécessaire dont ce fait aurait été l’expression contingente ; car il ne s’agit pas de savoir ce qui est ou ce qui a été, mais seulement « ce qui doit être  ». Il est donc bien clair que le problème étudié par Rousseau dans le Contrat social n’est nullement un problème historique.
D’où vient donc que tant de critiques aient imité Voltaire et reproché à Rousseau d’avoir fondé son système sur une « erreur de fait », sur. une « chimère » n’ayant jamais existé ? – En grande partie, je crois, de ce qu’on a voulu voir dans le Contrat social une suite du Discours sur l’origine de l’inégalité et de ce qu’on a méconnu la différence profonde des problèmes posés dans les deux ouvrages, ce qui condamnait d’ailleurs à ne plus comprendre la différence de leurs solutions. Il s’agit dans le Discours , comme le titre l’indique, d’une question d’ origine , par suite, d’une question de fait ; Rousseau prétend d’ailleurs la résoudre par le raisonnement a et par une construction de l’imagination ; il ne se pique point d’exactitude historique ; la simple vraisemblance lui suffit, car il tient beaucoup moins à reconstituer des faits réels qu’à distinguer « l’homme de la nature et l’homme de l’homme » et à montrer ce que la vie sociale a dû ajouter d’inégalités factices aux inégalités primitives. L’esprit et la méthode du Discours ne sont donc pas réellement historiques : mais Rousseau, pour expliquer ses idées, n’en avait pas moins donné à son ouvrage une forme historique, et il s’est par là même exposé à des critiques très fondées. Mais, dans le Contrat , il s’agit d’un tout autre objet et Rousseau y déclare précisément «  ignorer  » comment s’est faite cette évolution qu’il retraçait dans le Discours  : ce n’est donc pas sur des évènements, réels ou hypothétiques, qu’il compte s’appuyer.
Ce n’est pas davantage sur l’histoire des doctrines, des lois ou des institutions : il ne traite pas du droit positif. Rousseau saisit chaque occasion de déclarer que, s’il se rencontre parfois avec Montesquieu dans l’étude des mêmes questions, pourtant le Contrat social diffère radicalement, par l’objet et par la méthode, de l’ Esprit des Lois  : Montesquieu, dit le précepteur d’Émile, « n’eut garde de traiter des principes du droit politique  ; il se contenta de traiter du droit positif des gouver

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