Elle avait 15 ans sous l Occupation
114 pages
Français

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Elle avait 15 ans sous l'Occupation , livre ebook

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Description

En 1944, dans le Finistère occupé, un drame endeuille la famille de Marie : son père est tué devant elle par des soldats allemands. Elle a 15 ans et ne s'en remettra jamais.
Mais à la fin de sa vie, son passé la rattrape. Anaïck, la fille cadette de Marie, servira de lien entre ce lourd passé et le présent, si inextricablement liés. Elle a tissé des liens tenaces avec un passé concernant ses aïeuls. Son attitude est-elle dictée par la fidélité envers ses origines ou par la compassion envers sa mère, douloureusement marquée par son enfance ? Cette résurgence du passé sera un des chemins qui prépareront Anaïck à la séparation définitive d'avec sa mère tant aimée. Entourée par sa famille, Marie revivra, selon un scénario totalement inattendu, cet épisode douloureux de son histoire...

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 22 avril 2016
Nombre de lectures 2
EAN13 9782334135849
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0045€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composér Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d'adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-334-13582-5

© Edilivre, 2016
Dédicace

Pour toi, maman
Pour Yann
Chapitre I
Absorbée par ses plantations, Anaïck sursauta quand une voix gutturale marquée d’un fort accent l’interpella : « Bonjour Madame… Je me suis égaré… »
Elle releva la tête et vit un homme barbu de haute taille qui l’observait intensément de l’autre côté du muret.
– Excusez-moi, Madame, je vous ai surprise, je cherche le sentier côtier…
– Vous l’avez dépassé, Monsieur. Retournez sur vos pas répondit-elle en s’éclaircissant la voix, suivez la côte jusqu’au lavoir communal ; le sentier démarre juste à sa droite ; il contourne toute la presqu’île…
Il la remercia d’un sourire. Anaïck le suivit du regard jusqu’à ce qu’il disparaisse à l’angle du chemin, chassa le trouble que ce bref passage avait provoqué en elle puis tassa la terre autour du rosier qu’elle venait de transplanter. « J’espère que tu te plairas près de ces lavandes » lui dit-elle. Elle l’arrosa copieusement puis jeta un coup d’œil à sa montre :
– Yann, c’est l’heure ! Cria-t-elle.
Comme dans un rituel bien ordonné, Yann sortit de la maison de pêcheur et se dirigea vers l’ancienne étable ; il en rapporta deux haveneaux et deux paniers de pêche. Il avait chaussé ses bottes de « sept lieues » comme disait Maël, leur dernier petit-fils. Il passa un pull marin qui renforçait son allure sportive.
Anaïck l’attendait, déjà derrière la barrière, émerveillée qu’une fois de plus le brouillard du matin ait cédé la place à un ciel si lumineux. Des mouettes se pourchassaient en poussant des cris stridents.
– Je t’ai entendue parler… interrogea Yann.
– Un marcheur en quête du sentier côtier… Je ne l’avais pas entendu arriver ; j’ai eu un sentiment étrange et pas très agréable… comme s’il m’avait observée avant de m’interpeller. Il avait un accent prononcé.
– Ah vraiment ?… Ne traînons pas : c’est une grande marée ! s’exclama Yann en accélérant le pas.
Il jubilait à chaque marée prometteuse ; cette joie d’enfant émut Anaïck qui se laissa gagner par son entrain. Ils atteignirent l’aber ; elle adorait cette sensation de s’enfoncer dans le sable mou et glissant de ses rives. La mer avait largement déserté la plage désormais peuplée de petits personnages aux couleurs vives en pleine activité, grattant, ramassant, se penchant, se relevant. Elle aurait aimé avoir le talent pour peindre ce qui s’offrait à ses yeux…
Yann se dirigea directement vers de profondes flaques ; il écarta d’un geste rapide les longues algues brunes qui les camouflaient ; son haveneau ramena rapidement de belles crevettes grouillantes. Il renouvela son geste plusieurs fois puis prit la direction de rochers partiellement recouverts par la mer et n’hésita pas à plonger les bras sous l’eau froide pour ramener des ormeaux, denrée rare et délicieuse que seuls les habitués savaient pêcher.
Anaïck se régalait d’avance à la perspective de ce mets délicat qu’elle connaissait depuis qu’elle était enfant car son père aimait cette pêche difficile ; « ce n’est pas une pêche pour touristes » disait-il, un brin moqueur. Et c’était vrai…
La marée tint largement ses promesses et leur assura un dîner qu’ils qualifièrent de « royal » ; pendant que Yann préparait un pain aux algues, Anaïck cueillit des prunes de son verger. L’odeur du pain et du clafoutis aux prunes ne tardèrent pas à rivaliser dans la cuisine.
– On ouvre un « p’tit » Chablis ? interrogea Yann sans attendre de réponse car il partageait avec sa femme « un petit faible » pour ce vin qui leur rappelait de doux souvenirs. Il sourit. Anaïck lui rendit son sourire en admirant son regard d’un bleu profond, son teint hâlé et ses cheveux poivre et sel. Une émotion monta en elle : à cet instant précis, il lui plaisait comme au premier jour.
Ce n’est qu’en éteignant sa lampe de chevet, le soir, qu’Anaïck fut rattrapée par l’image de l’homme à la voix gutturale et à l’accent germanique. Son intuition lui dictait qu’il n’était pas passé là par hasard, que le sentier côtier était un alibi. Elle sut soudain avec certitude qu’elle le reverrait et un sentiment d’appréhension s’insinua en elle. Elle n’en parla pas à Yann qui se moquait parfois de ses fameuses intuitions féminines…
Le lendemain, Yann était déjà attablé devant un bol fumant lorsqu’Anaïck descendit dans la cuisine. Elle s’étira d’aise en humant le café et les tartines grillées. Le soleil inondait le carrelage bleu et blanc.
– Quelle belle journée ! Et si on… dit-elle en l’embrassant.
D’un regard, Yann lui fit signe de se taire, visiblement intéressé par ce que diffusait la radio. Elle écouta d’une oreille distraite en croquant dans ses tartines. Yann baissa le son de la radio :
– Et si on quoi ?
– Je proposerais bien une journée pique-nique ; on partirait en vélo…
Yann était toujours « partant » pour les sorties en plein air surtout en vélo. Il avait longtemps fait partie d’un club de cyclisme et comptait tout de même la montée du col du Galibier à son actif ! Anaïck aimait aussi le vélo mais pas les conseils techniques que son mari ne manquait pas de lui prodiguer longuement « pour l’aider » bien sûr ! Elle ne voulait pas être aidée : elle voulait découvrir les choses par elle-même. Quel foutu caractère ! disait-il alors… C’était l’un de leurs sujets de discorde.
« C’est parti pour le pique-nique ! » approuva-t-il gaiement.
Pique-nique ou pas pique-nique, tous les matins, et quel que soit le programme de la journée, le petit déjeuner d’Anaïck était immédiatement suivi d’un tour d’inspection du jardin ; l’objectif étant, ce jour-là, de vérifier le rosier, un Pierre de Ronsard réputé pour ses fleurs enivrantes. Ses feuilles d’un vert sombre se dressaient vigoureusement. Satisfaite de sa « transplantation » Anaïck l’arrosa légèrement, le félicita, enleva quelques fleurs fanées sur les hortensias puis prépara le pique-nique. Elle troqua sa tenue de jardin contre un bermuda et une tunique légère et noua ses cheveux bouclés indisciplinés. Yann préparait déjà les vélos…
La région était réputée pour ses trois abers, assimilés à de petits fjords, répartis sur la Côte des Légendes :
– l’Aber Wrac’h aux rives pleines de contrastes débutait par une embouchure gardée par de multiples îlots ; son nom breton signifierait « le havre de la fée ou de la sorcière ».
– l’Aber Benoit aux rives boisées était le domaine des parcs à huîtres ainsi qu’un abri naturel pour les bateaux.
– l’Aber Ildut, plus rural, était bordé de champs et de talus.
Aujourd’hui, c’est ce dernier qui eut la faveur d’Anaïck ; Yann connaissait le besoin régulier qu’avait sa femme de hanter ces sentiers témoins de ses vacances de petite fille. Ses grands parents maternels y possédaient une ferme, plus exactement sa grand mère car elle n’avait pas connu son grand père. Elle continuait à chérir ce lieu bien qu’il n’ait plus rien à voir avec celui de son enfance : la ferme n’existait plus, certains talus avaient été rasés. Mais le chemin de terre menant à la ferme d’autrefois était demeuré intact et suffisait à faire resurgir de doux souvenirs…
Elle se revoyait assise sur une charrette traînée par un robuste cheval à l’époque des moissons. Elle revivait le balancement de la charrette dans les chemins creux et le bruit de sabots du cheval dérapant sur les pierres. Debout en équilibre instable, elle essayait d’attraper les pommes des branches débordant sur les chemins. « Elles sont vertes, tu auras mal au ventre » lui disait sa grand-mère… Elle riait de plaisir sans l’écouter…
Elle revivait la fierté qu’elle éprouvait en ramenant le troupeau de vaches du pâturage. Plus exactement, elle accompagnait ses grands cousins et cousine… Elle jouait un tout petit rôle, un bâton à la main pour houspiller les vaches récalcitrantes. Encore fallait-il qu’elles ne le soient pas trop, récalcitrantes ! Car Anaïck n’était pas téméraire : elle avait peur des vaches au regard fixe, des cochons au groin menaçant, des coqs arrogants, des chiens en liberté et par-dessus tout des vipères qui hantaient ses cauchemars.
Odeurs de crêpes, de feu de bois, grandes tablées dans la cuisine paysanne, soirées près de la cheminée, rires, peurs enfantines dans une maison mal éclairée…
Ces précieuses images et ces sensations étaient gravées dans son cerveau avec une netteté incroyable.
Anaïck et Yann pédalaient d’un bon rythme. Le vent leur donnait des ailes aussi atteignirent-ils le sentier littoral avec rapidité ; à l’abri des talus odorants, une chaleur parfumée se dégageait des herbes sèches mêlées de coquelicots. Une trouée ménagée entre deux champs permettait d’accéder aux rives de l’aber. Yann proposa d’y faire la halte-déjeuner. Un chêne majestueux étendait ses branches au-dessus de l’eau tels des bras suppliants. Au bord de la rive, quelques rochers plats formaient une sorte de passerelle à ras de l’eau, incitant à explorer l’autre versant. Plus loin, un couple d’aigrettes se déplaçait précautionneusement, dédaignant manifestement leur présence : leur posture rappelait celle des petits rats de l’Opéra sans que l’on sache pourquoi : leur légèreté, leur port de tête, leur plumage blanc ?
L’aber semblait assoupi. Un bruit de clapotis, c’est tout. Leur pique-nique ne fut troublé que par le passage aussi soudain que rapide d’une mouette rieuse au-dessus de leurs têtes. Elle poussa un cri sonore et rauque. De qui se moquait-elle ?
Inlassablement, ils savouraient ce paysage de mer dans les terres, ce mariage étroit des éléments de la nature suscitant leur curiosité : la terre subissait-elle l’assaut de la mer ? Ou l’attendait-elle comme un complément pour exister vraiment ? Anaïck y voyait avec intérêt une des multiples

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