Emile et Aurélie, 25 ans plus tard
180 pages
Français

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Emile et Aurélie, 25 ans plus tard , livre ebook

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Description

Un quart de siècle s'est écoulé, le village de Reneux a bien changé et le monde aussi. Émile et Aurélie ont grandi. Ils exercent, à Reneux, la profession dont ils avaient rêvé à l'âge tendre. Lui est médecin, elle est vétérinaire. Ils vont être confrontés à des événements qui pourraient se produire n'importe où en ces temps troublés. Ce récit n'a pas une vocation polémique, mais il ne peut ignorer la réalité d'un contexte angoissant pour beaucoup d'Européens. Le « politiquement correct » n'y trouve pas toujours son compte, mais la réalité dépasse la fiction et cela donne bonne conscience à l'auteur. Les inquiétudes des personnages du livre sont celles de nos contemporains, donc les vôtres aussi.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 25 août 2017
Nombre de lectures 0
EAN13 9782342155327
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0064€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Emile et Aurélie, 25 ans plus tard
Pierre Kinet
Mon Petit Editeur

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Mon Petit Editeur
175, boulevard Anatole France
Bâtiment A, 1er étage
93200 Saint-Denis
Tél. : +33 (0)1 84 74 10 24
Emile et Aurélie, 25 ans plus tard
 
Fin des vacances, 1990
Les deux amis se sont assis en silence sur le petit muret qui entoure la maison d’Aurélie. Bouleversés par ce qu’ils viennent de vivre, ils gardent le silence un long moment. Bientôt, le soleil disparaît derrière le rideau d’arbres, à l’horizon, vers l’ouest, en direction de Marchon. Émile s’interroge. Il se demande si ce sont les événements tragiques de ces vacances pas comme les autres qui l’émeuvent à ce point ou si le baiser d’Aurélie ne serait pas la cause première de son trouble. Ah ! Ce baiser, tendre et passionné, soudain, spontané et tellement inattendu. Il reconnaît bien dans cet élan d’amour de son amie d’enfance, la nature généreuse, franche, impulsive de celle à qui il vient de dire pour la première fois : « Je t’aime, Aurélie ».
— Et maintenant ?
La voix adorée le ramène sur le muret qu’il avait quitté un instant pour un nuage doré.
— Tu me rappelles la question que je t’ai posée au début de nos aventures mouvementées : « Et maintenant, qu’allons-nous faire de tout ce temps ? »
— Oui, je me souviens, tu citais Gilbert Bécaud que tu croyais mort !
— C’est vrai, j’envoyais son âme à Dieu beaucoup trop tôt, du moins, je l’espère pour lui. Mais la question est pertinente, que faire ?
— Cette confrontation avec les horreurs de la guerre que nous avons découvertes ensemble m’enlève toute envie d’une activité banale. Tout cela nous a meurtris, mûris, vieillis. Je ne me sens plus comme une adolescente de quinze ans.
— Tu as raison, Aurélie, nous sommes vieux avant l’âge à cause de nos affreux aînés. Mais l’expérience nous a rapprochés, nous savons maintenant que nous sommes compatibles. Nous savons qu’ensemble, nous sommes capables de faire mieux qu’eux.
— Compatibles, compatibles, tu as une curieuse manière d’exprimer que nous sommes tout simplement amoureux ! Ton esprit cartésien reprend le dessus. Je te croyais plus romantique.
— Il faut, en effet, que j’abandonne cette habitude de tout décrire en termes scientifiques. Mais revenons à notre question. Il nous reste un bon mois de vacances à occuper intelligemment. Dans un premier temps, je te propose de tenir notre promesse à Adhémar Pissevin de l’aider pour la rédaction du récit qu’il souhaite léguer à la postérité.
— D’accord, nous devons déjà le revoir demain matin, ici même, pour élaborer une stratégie. En attendant, nous pourrions parler de notre avenir moins immédiat. Que comptes-tu donc faire mieux que les vieux ?
— D’abord, choisir un métier qui me permette de vivre en paix avec moi-même en aidant ceux qui souffrent. Si cela me permet de bien gagner ma vie et de fonder une famille, tant mieux mais là n’est pas l’essentiel. Que dirais-tu de médecin ?
— Oh ! Il me semble que tu places la barre bien haut !
— Écoute, Aurélie, si ce n’est pas moi qui le fais, ce ne sera pas un des nombreux cancres qui me servent de camarades de classe.
— Prétentieux avec ça ! Bon, je plaisante, je sais que tu es le meilleur mais un peu de modestie n’a jamais fait de mal à personne. Et puis, terminons d’abord nos secondaires, nous verrons ensuite.
— Je te rappelle que c’est toi qui as voulu parler de notre avenir moins immédiat !
— C’est vrai, Émile, tu as raison mais je ne pensais pas précisément à notre avenir professionnel.
— Ah ! Suis-je bête, j’oubliais que les filles n’ont pas les mêmes préoccupations que nous. Vous êtes sans doute moins terre à terre. Mais épuisons le sujet, qu’envisages-tu pour ton propre avenir professionnel ?
— Ton mot « bête » me fait penser que les gens me déçoivent bien plus que les animaux. Il me semble que vétérinaire me conviendrait mieux. Mais restons-en là, s’il te plaît, nous avons encore tout le temps d’y penser.
— Précisément, parlons-en du temps, il file tellement vite. Regarde, il fait déjà presque nuit.
— Alors, carpe diem avant qu’il ne meure.
Aurélie se blottit tendrement au creux de l’épaule d’Émile. L’obscurité naissante est leur complice. D’une main tremblante, le jeune homme relève doucement la tête blonde qui se laisse guider jusqu’à ce que leurs lèvres se soudent. Naturellement, avec une délicatesse extrême, Émile laisse glisser son bras jusqu’à ce que ses doigts gourmands rencontrent le sein de son amie. Aurélie accepte la caresse de son amoureux avec un frémissement qui augmente encore le trouble du garçon. Il a maintenant la main sur la poitrine de la jeune fille. Pour la première fois de sa vie, il touche les seins d’une femme. L’émotion lui étreint la gorge, un tsunami d’hormones envahit tout son être, son excitation atteint le sommet et il répand sa semence sur lui. Le plaisir est soudain, violent. Rien de commun avec ce qu’il ressent quand il se touche, seul, sous la couette. Un sanglot le submerge et il pleure dans les bras d’Aurélie.
— Mais Émile, tu pleures !
— De joie, Aurélie, de joie mais tu ne peux pas comprendre.
— Oh ! Bien sûr que si. Et tu ne dois pas avoir honte. Ce que nous vivons est parfaitement normal. Tu sais, dans ce fameux grenier que nous avons fouillé au début des vacances pour y chercher réponse à nos questions sur les Sangliers des Ardennes, et bien, j’y suis retournée, seule, et j’ai découvert un livre merveilleux qui s’appelle  Le Mariage parfait . J’ai trouvé dans cet ouvrage toute la théorie sur les choses de la vie.
— Aurélie !
C’est la voix de Germaine, inquiète, comme toujours, de ne pas voir rentrer sa fille.
— J’arrive, maman.
Les jeunes gens ne se séparent pas, ils s’arrachent et en éprouvent presque une douleur physique. Émile traverse la grand-rue à reculons et ne quitte pas des yeux le corps d’Aurélie qui trottine vers la maison. La jeune fille se retourne en agitant la main par-dessus la tête avant de disparaître à l’intérieur. Germaine fait un geste amical et referme la porte.
Émile se retrouve seul sur le sentier qui descend vers la vallée. L’obscurité est tombée et il bute sur les cailloux bien qu’il en connaisse l’emplacement par cœur tant il a parcouru ce raccourci. Un sentiment de honte l’envahit, accentué par le souvenir des dernières paroles de sa bien-aimée. Que sait-elle au juste ? Il se sent piégé, découvert, mis à nu. L’idée le fait sourire mais une sourde inquiétude le ramène à la réalité. Il a le sentiment qu’Aurélie exerce désormais sur lui un pouvoir qu’il n’aurait pu imaginer. La vie sans elle est désormais impossible. Il voit l’avenir et il a peur. Ce soir, il a caressé une poitrine naissante, ferme mais tellement douce et il a failli défaillir de plaisir. Demain, sans doute, il touchera Aurélie dans ses parties les plus secrètes. Leur intimité grandira et leur amour aussi. Ils termineront ensemble leurs études secondaires puis fréquenteront l’université. Il se voit déjà médecin et imagine sa femme en tablier blanc dans son cabinet de médecine vétérinaire. Évidemment qu’ils vont se marier ! Et avoir des enfants, sans doute. La perspective de ce futur avec Aurélie lui donne le vertige. Mais il sait que les choses se passeront exactement comme dans sa vision prémonitoire.
Hortense, sa grand-mère, est venue l’attendre sur le seuil de la maison.
— Mais enfin Émile, ta mère et moi étions mortes d’inquiétude.
— Il n’y a pas de raison, j’étais avec ma femme.
— Ta femme ! Qu’est-ce que tu racontes ?
— Oui, Aurélie et moi avons décidé de nous marier.
— Ne soyez pas stupides, vous n’êtes que des enfants !
— Oui, mais des enfants précoces qui connaissent déjà les choses de la vie.
— Arrête avec tes bêtises et viens manger, j’ai préparé un plat de pâtes avec une sauce rouge comme tu l’aimes.
Émile est à mille lieues des pâtes de sa grand-mère et de sa sauce rouge. Mais la pauvre ne peut pas comprendre. Elle n’imagine pas non plus que l’avenir sera tel que son petit-fils le décrit. Enfin presque tel. Personne ne peut en effet prévoir les tragiques événements qu’Émile et Aurélie vont vivre vingt-cinq ans plus tard.
Pierre Kinet
 
1. Adhemar Pissevin évoque ses souvenirs
Le vieux journaliste free-lance vient de pénétrer dans la cantine de la séniorie et, comme de coutume, jette un regard circulaire pour chercher quelque connaissance avec qui partager le repas de midi.
— Adhémar ! Quelle surprise, tu me reconnais au moins, André Dupuis, nous étions ensemble au journal « Demain ». Cela doit faire vingt ans que tu as quitté la maison.
 
Personne ne peut oublier cet énergumène de Dupuis. Hors normes par la taille, la corpulence, l’ampleur des gestes mais surtout par l’intelligence très nettement au-dessus de la moyenne, ce journaliste ne laisse personne indifférent. Son audace lui a valu quelques procès retentissants mais son habileté lui a toujours permis de s’en sortir la tête haute. Il dénonçait les scandales mais n’écrivait jamais rien qui ne soit vrai et vérifiable. Pissevin avait beaucoup d’estime pour son cadet de plus de vingt ans qu’il considérait comme un homme intègre à la plume redoutable.
— Vingt-cinq ans exactement.
— Donc, le calcul est simple, tu dois avoir quatre-vingt-cinq ans.
— En effet, et toi soixante ou un peu moins. Mais que viens-tu faire dans ce petit bout du monde ?
— Habiter, Adhémar, habiter. J’ai perdu ma femme l’année dernière et ma fin de carrière a été difficile à cause de la solitude. Nous n’avions pas d’enfants et je n’ai pas les moyens de m’offrir une gouvernante. Les possibilités d’hébergement à Marchon ne sont pas intéressantes. Quand j’ai vu

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