Ernest Maltravers
683 pages
Français

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Ernest Maltravers , livre ebook

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Description

Ernest Bulwer-Lytton (1803-1873)



"À quatre milles environ de l’une de nos villes manufacturières du nord s’étendait, en l’année 18.., une lande vaste et désolée. Il est impossible d’imaginer un endroit plus triste : quelques chétives touffes d’herbe y poussaient çà et là, sur un sol noir et pierreux. On n’apercevait pas un arbre sur toute cette aride étendue. La nature elle-même semblait avoir déserté cette solitude, comme si elle en eût été chassée par le bruit mugissant des forges du voisinage ; et même l’art, qui tire parti de toutes choses, avait dédaigné de mettre à contribution ces stériles régions. Il y avait quelque chose de fantastique et de primitif dans l’aspect de ce lieu, surtout lorsque, dans les longues nuits d’hiver, on y voyait flotter les reflets rouges et irréguliers de ces feux lointains qui donnent aux abords de certaines manufactures une si étrange apparence. On avait peine à s’imaginer, tant ce désert semblait abandonné des hommes, que des feux humains seuls en illuminassent la morne et stérile solitude. Sur une étendue de plusieurs milles on n’apercevait nul vestige d’habitation ; mais en se rapprochant du côté de la ville, on découvrait, à peu de distance de la route qui traversait la lande, une misérable petite cabane isolée."



Le jeune Ernest Maltravers se perd dans la nuit et parvient jusqu'à une chaumière dont l'occupant n'est guère engageant. Malgré tout, Ernest est invité à se restaurer et à passer la nuit. Mais quelles sont les véritables intentions de son hôte ?


A suivre : "Alice, ou les mystères".

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 0
EAN13 9782374638911
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0019€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Ernest Maltravers
 
 
Edward Bulwer-Lytton
 
Traduit de l'anglais par Emma Collinet
 
 
Avril 2021
Stéphane le Mat
La Gibecière à Mots
ISBN : 978-2-37463-891-1
Couverture : pastel de STEPH'
lagibeciereamots@sfr.fr
N° 890
LIVRE I
 
I
 
Mes intentions à l’égard de la jeune fille étaient très honnêtes, je le jure... pourtant qui aurait soupçonné le piège où je fus pris,
(S HAKSPEARE . Tout est bien qui finit bien , acte IV, scène III.)
 
À quatre milles environ de l’une de nos villes manufacturières du nord s’étendait, en l’année 18.., une lande vaste et désolée. Il est impossible d’imaginer un endroit plus triste : quelques chétives touffes d’herbe y poussaient çà et là, sur un sol noir et pierreux. On n’apercevait pas un arbre sur toute cette aride étendue. La nature elle-même semblait avoir déserté cette solitude, comme si elle en eût été chassée par le bruit mugissant des forges du voisinage ; et même l’art, qui tire parti de toutes choses, avait dédaigné de mettre à contribution ces stériles régions. Il y avait quelque chose de fantastique et de primitif dans l’aspect de ce lieu, surtout lorsque, dans les longues nuits d’hiver, on y voyait flotter les reflets rouges et irréguliers de ces feux lointains qui donnent aux abords de certaines manufactures une si étrange apparence. On avait peine à s’imaginer, tant ce désert semblait abandonné des hommes, que des feux humains seuls en illuminassent la morne et stérile solitude. Sur une étendue de plusieurs milles on n’apercevait nul vestige d’habitation ; mais en se rapprochant du côté de la ville, on découvrait, à peu de distance de la route qui traversait la lande, une misérable petite cabane isolée.
Au moment où mon histoire commence, deux personnes étaient assises dans cette demeure solitaire. L’une d’elles était un homme d’environ cinquante ans, dont les vêtements sales et déguenillés se faisaient remarquer pourtant par une certaine prétention de mauvais goût. Autour d’un cou maigre et nerveux, s’enroulait orgueilleusement un mouchoir de soie, orné d’une large broche en fausses pierres ; ses culottes déchirées étaient également décorées de boucles, l’une de strass et l’autre d’acier. Sa charpente osseuse, mais large et robuste, indiquait une force remarquable. Sa figure était sillonnée de rides profondes et prématurées, et ses cheveux grisonnants ombrageaient un front bas, rugueux et repoussant, où régnait un perpétuel froncement de sourcils, que nul sourire des lèvres (et cet homme souriait souvent) n’en pouvait chasser. C’était un visage qui parlait d’un long endurcissement dans le vice : un visage sur lequel le passé était écrit en caractères ineffaçables. La main du bourreau ne l’aurait pas marqué plus lisiblement, ni de manière à éveiller plus infailliblement les soupçons des hommes honnêtes ou timides.
Il était occupé à compter quelques pièces de monnaie de peu de valeur ; et quoiqu’il fût facile d’en additionner le montant, il les comptait et les recomptait, comme si, par ce moyen, il eût espéré augmenter la somme.
« Il doit y avoir quelque erreur. Alice, dit-il en grommelant, il n’est pas possible que nous soyons si bas percés ; pas plus tard que lundi, j’avais deux livres dans le tiroir, et maintenant... Alice, vous m’avez volé une partie de cet argent. Malédiction ! »
La personne à laquelle il s’adressait ainsi, était assise de l’autre côté d’un feu terne et à demi éteint ; elle releva tranquillement les yeux sur lui ; son visage contrastait singulièrement avec celui de l’homme.
Elle paraissait avoir environ quinze ans ; son teint était d’une pureté et d’une délicatesse remarquables, en dépit de la teinte hâlée que ses habitudes de travail y avait répandue. Ses cheveux châtains, d’une abondance extraordinaire, même dans une fille aussi jeune, tombaient négligemment en boucles naturelles sur son front. Ses petits traits enfantins étaient charmants, irréprochables même ; mais l’expression en était pénible : elle était si vide ! Au repos c’était presque l’expression d’une idiote ; mais qu’elle vînt à parler, sourire ou remuer seulement un muscle, et alors ses yeux, son teint, ses lèvres  s’animaient, de façon à prouver que l’intelligence était encore là, quoique imparfaitement éveillée.
« Je n’en ai pas volé, mon père, dit-elle d’une voix calme ; mais j’en aurais bien pris si je n’avais craint d’être battue par vous.
– Et pourquoi avez-vous besoin d’argent ?
–  Pour acheter de quoi manger quand j’ai faim.
–  Pas autre chose ?
–  Je ne sache pas. »
La jeune fille se tut ; puis au bout de quelques instants :
« Pourquoi, dit-elle, ne me laissez-vous pas aller travailler à la manufacture avec les autres jeunes filles ? J’y gagnerais de l’argent pour vous, et pour moi aussi. »
L’homme sourit d’un sourire qui sembla mettre en relief tout ce qu’il y avait de révoltant dans sa physionomie.
« Enfant, dit-il, vous avez juste quinze ans, et vous êtes bien niaise ; si vous alliez à la manufacture, peut-être me quitteriez-vous ; et que ferais-je sans vous ? Non, je crois que, jolie comme vous l’êtes, vous pourriez faire plus d’argent autrement. »
La jeune fille ne parut pas comprendre cette insinuation ; mais elle répéta machinalement :
« Je voudrais bien aller à la manufacture.
–  Sottises ! dit l’homme avec colère, j’ai presque envie de... »
Il fut interrompu en ce moment par le retentissement d’un coup violent contre la porte de la cabane.
L’homme devint pâle.
« Qu’est-ce donc ? grommela-t-il. Il est tard..., onze heures presque. Encore..., encore ! Demandez donc qui frappe ainsi, Alice ! »
La jeune fille s’arrêta un moment devant la porte ; en cet instant, sa taille harmonieuse, quoique petite, son regard attentif, les couleurs changeantes de son visage, la tendre jeunesse, et la grâce singulière de son attitude et de ses gestes, eussent inspiré à un artiste le type idéal de la beauté champêtre.
Après un moment d’hésitation elle appliqua ses lèvres à une crevasse de la porte, et répéta la question de son père.
« Pardonnez-moi, je vous prie, dit une voix claire et forte, mais courtoise pourtant ; j’ai aperçu de la lumière à votre fenêtre, et je me suis hasardé à demander s’il y a quelqu’un chez vous qui veuille bien me conduire à *** ; je rétribuerai convenablement celui qui me rendra ce service.
–  Ouvrez la porte, Alice, » dit le propriétaire de la masure.
La jeune fille tira un grand verrou de bois, et un homme de haute stature franchit le seuil.
Le nouveau venu était dans la première fleur de sa jeunesse ; il avait peut-être dix-huit ans ; son air et son apparence étonnèrent également le père et la fille. Seul, à pied, à une heure semblable, il était pourtant impossible de ne pas le reconnaître pour un gentilhomme ; néanmoins ses vêtements étaient simples et quelque peu souillés de poussière, et il portait un petit havre-sac sur l’épaule. En entrant il souleva son chapeau avec une certaine urbanité étrangère, et une profusion de cheveux brun-clair retombèrent sur son front noble et élevé. Ses traits étaient beaux, sans l’être pourtant à un degré remarquable, et son aspect était à la fois hardi et avenant.
« Je vous suis bien reconnaissant de votre politesse, dit-il en s’avançant négligemment, et en s’adressant à l’homme, qui l’examinait d’un œil scrutateur ; et j’espère, mon brave, que vous ajouterez encore à ma gratitude en m’accompagnant à ***.
–  Vous ne pouvez guère vous tromper de route, dit l’homme d’un ton bourru : les lumières vous serviront de guide.
–  Elles n’ont guère servi qu’à m’égarer jusqu’à présent, car elles semblent entourer toute cette lande, et je ne puis découvrir de route qui la traverse ; cependant si vous

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