Étrange destin d un poupon
102 pages
Français

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Étrange destin d'un poupon , livre ebook

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Description

Agota visite sa famille en ex-Yougoslavie, elle voyage avec le Simplon Orient Express. À son retour, ses projets sont contrariés, les imprévus s’accumulent.
Deux ans plus tard, un événement perturbe les habitants d’un petit village à la frontière hongroise de l’ex-Yougoslavie. Deux enfants se rencontrent, nous les suivons dans les moments clés de leur vie. Avec eux, nous découvrons la vie d’un village et ses coutumes à cette époque.
En France, après le retour d’Agota, sa mère, le rêve d’une petite fille se transforme en cauchemar. À l’âge adulte, cette histoire la rattrapera.
Ce poupon, Baba, est au centre d’un roman qui évoque le deuil, celui du pays d’origine, celui de l’enfant imaginaire et réel. Il aurait pu s’intituler :
De quel bébé s’agit-il ?

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 31 juillet 2015
Nombre de lectures 0
EAN13 9782332970305
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0045€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-332-97028-2

© Edilivre, 2015
Prologue
Dans un demi-sommeil Ana sent qu’elle est giflée et secouée, elle distingue au loin une voix impatiente :
– Réveillez-vous, réveillez-vous !
Elle ouvre à demi les yeux, une femme coiffée d’une cornette la frappe sans ménagement. Ses paupières se referment malgré elle, elle ne veut pas se réveiller. La religieuse insiste, la secoue de plus en plus durement. Ana émerge difficilement du néant suivi d’un vague cauchemar de lit de bébé en fer forgé blanc rempli de billets qu’elle soulève rageusement, cherchant désespérément quelque chose.
Ana finit par ouvrir les yeux, elle est en colère après cette femme qui la rudoie. Elle a soif, elle demande de l’eau, on lui en donne un peu, trop peu pense-t-elle, elle a la nausée. Autour d’elle, des femmes alitées, des pleurs de nouveaux nés ; elle tourne la tête, à côté d’elle un berceau vide. Brutalement tout lui revient en mémoire ; l’hémorragie, l’annonce de la mort de son bébé in-utéro, l’anesthésie. Elle a envie d’hurler sa douleur, des larmes inondent son visage, elle s’agite. La religieuse s’énerve :
– Ça suffit, restez tranquille, ce n’est pas si terrible, vous en aurez d’autres !
Un hurlement s’échappe d’Ana, un cri pour dire sa révolte, son incompréhension devant tant de bêtise, pour dire non à cette femme, à cette injustice. Puis elle se tait.
Auprès du médecin venu à son chevet elle implore :
– Je veux sortir d’ici ! Je veux rentrer chez moi !
Il se tourne vers la religieuse :
– La 21 s’est libérée, faites transférer le lit.
– Mais… c’est une chambre privée, s’insurge-t-elle.
– Faites ce changement immédiatement ! S’impatiente le médecin.
Ana se tourne sur le côté, en position fœtale, ses paupières s’abaissent sur ses yeux voilés. Pendant plusieurs jours elle gardera pour elle les mots qui déferlent dans sa tête. Clovis, lui-même très triste, se sent impuissant devant sa détresse. Ensemble en silence, ils se soutiennent comme ils peuvent.
Elena arrive, malgré son grand âge elle a entrepris ce long voyage avec Ágota. Les gros, les vilains mots, les mots qui pourraient faire peur, se perdent dans la douceur de leurs bras. Patiemment Elena et Ágota, chacune à leur tour, écoutent ce flot de colère et de douleur, l’encouragent même parfois jusqu’à ce qu’il se tarisse.
Peu à peu Ana et Clovis retrouveront les mots pour panser ensemble leur blessure.
Bien des années plus tard…
Simon et Júlia sont très occupés, Ana les entend bavarder gaiement, elle s’approche sans faire de bruit, ils ne s’aperçoivent pas de sa présence tant ils sont affairés. Júlia habille un poupon pendant que Simon plie des vêtements de poupée qu’il range soigneusement dans une petite valise en fer blanc décorée d’oursons multicolores avec laquelle leur mère et leur tante ont joué petites.
Emue, Ana les regarde un moment, Júlia l’aperçoit :
– Mamie on emmène Thibault et Amandine, Simon prépare leur valise !
Thibault et Amandine sont deux poupons avec lesquels ils jouent beaucoup depuis la naissance de leur petite sœur Ida, il y a trois mois. Ana plaisante :
– Ce n’est pas possible ! J’en ai besoin.
Ana utilise ces poupées avec les enfants qu’elle a en thérapie. Elle continue :
– Comment vais-je faire sans mes poupées ?
Simon proteste :
– Mamie ! Tu es trop vieille pour jouer à la poupée ! Júlia renchérit :
– T’inquiètes pas Mamie, j’te promets qu’on t’ les ramènera mardi prochain.
La sonnette retentit.
– C’est Maman ! crient-ils en chœur. Elza, leur mère n’a pas le temps de poser son sac, qu’ils ont déjà pris chacun un poupon. Simon saisit la valise, ils sont prêts à partir. Elza s’étonne :
– Quelle impatience ! Que vous arrive-t-il ? Habituellement, vous n’êtes pas si pressés.
Elle ajoute :
– Pourquoi voulez-vous prendre ces poupées ? Vous avez les vôtres à la maison.
– Oui, mais aujourd’hui on emmène Thibault et Amandine, implore Simon bien décidé à ne lâcher ni la poupée ni la valise. Júlia, restée en retrait derrière lui, serre l’autre poupée contre elle et répète en hochant la tête :
– Oui on veut les emmener, ce sont nos bébés.
Attendrie Ana sourit, elle acquiesce au regard interrogateur de sa fille, cette semaine elle ne reçoit pas d’enfant en consultation.
En s’endormant Ana repense à cette scène. La phrase de Simon a fait écho à une autre, en voyant Simon et Júlia accrochés à leur poupée elle a était troublée plus que de raison.
Sa nuit est agitée, elle erre dans la maison de son enfance avant de retrouver sa chambre de petite fille. Au milieu de la pièce, un petit lit de poupée en fer forgé blanc déborde de feuilles mortes, elle se précipite sur le lit, soulève énergiquement les feuilles qu’elle jette sur le sol jusqu’à ce qu’elle trouve, enfoui sous cet amoncellement, un poupon, son baba 1 , très beau dans sa barboteuse bleu ciel. Elle le sort avec précaution, le prend contre elle, le cajole. Soudain la pièce s’obscurcit, le poupon lui échappe, le lit, les feuilles disparaissent. Ébahie elle marche à tâtons vers le chambranle de la porte, elle veut éclairer la pièce.
Elle se réveille bouleversée, la main sur l’interrupteur de sa lampe de chevet.
1. En hongrois baba signifie bébé, poupon, poupée.
Première partie Ágota
Déchirement
Le cœur battant Ágota se presse, le dos légèrement voûté elle résiste au vent qui souffle par bourrasques, dans sa hâte elle se tord les pieds sur le chemin pierreux. Enfin elle aperçoit les deux cheminées dressées vers le ciel, les murs blancs au fond du jardin envahi de hautes herbes. Essoufflée elle s’accroche au portillon, son ventre pèse, son bébé s’agite, elle prend le temps de le calmer et d’apaiser les battements désordonnés de son cœur. Son regard enveloppe la façade aveugle avec ses volets fermés à la peinture écaillée, elle sursaute, une persienne décrochée bat désespérément au premier étage. À droite, elle peut voir une partie des dépendances dont les grandes portes détériorées se disloquent. Maintenues fermées par leurs serrures, retenues par leurs gonds à demi arrachés elles semblent sur le point de s’effondrer.
L’opulente et belle demeure de son enfance respire l’abandon, sa gorge se noue, elle pousse le portillon de fer rouillé, emprunte le chemin pratiqué entre les herbes folles et les ronces. Sous la grosse pierre près de la fontaine, elle trouve la clef. La porte ouverte, une odeur d’humidité l’assaille, elle traverse le vestibule, se précipite sur les fenêtres de la salle à manger dont elle réussit à ouvrir les volets malgré la végétation sauvage qui entoure la maison.
Dans la cuisine, les lourdes portes du four à pain baillent lamentablement, la pierre qui servait de plan de travail est fêlée, l’évier est ébréché. La chaleur, l’animation, les bonnes odeurs, en particulier celles du pain cuit, du mákos bejgli 2 ou diós bejgli, 3 ou encore du rétes 4 , qui embaumaient cette pièce centrale manquent terriblement.
En frissonnant, Ágota quitte la cuisine pour emprunter l’escalier qui sentait bon le bois ciré. De grosses rides se dessinent sous la poussière, les marches ont souffert, elles semblent avoir vieilli plus qu’elles n’auraient dû.
A l’étage Ágota s’oriente tant bien que mal dans l’obscurité, d’emblée elle se dirige vers l’une de ses pièces préférées, celle où elle se réfugiait dès qu’elle le pouvait. Elle pousse la porte déjà entrouverte, une clarté diffuse éclaire la pièce, les volets à claires-voies laissent passer la lumière. Une vision cauchemardesque l’accueille, les murs blancs sont tachés d’humidité, un vieux miroir menace de se décrocher, la tapisserie du mur du fond a laissé son empreinte, sur le mur de droite des étagères pendent, vestiges de rayonnages couverts de livres. Le confortable fauteuil de cuir où elle se pelotonnait s’affaisse tristement dans le coin droit de la pièce. Sur le mur de gauche la trace de quelques photographies témoigne d’un lointain passé. Elle ouvre fenêtres et volets pour aérer, comme pour redonner vie à cette pièce, faire disparaitre cette insupportable sensation d’abandon. Sur les étagères, elle repère un rescapé, un très vieux livre de contes hongrois, celui-là même qu’utilisait son père lorsqu’il lui racontait une histoire. Que de fois, elle-même, elle l’avait feuilleté. Tremblante elle le ramasse, d’un revers du bras, sans égard pour la manche de sa veste, elle enlève la poussière qui s’est accumulée sur la couverture. Il est abimé par l’humidité, ses belles pages en papier épais ont résisté, seules les illustrations sont légèrement décolorées. Emue, elle le serre contre sa poitrine.
C’était le bureau de son père, un endroit préservé après son départ pour l’Argentine et l’annonce de sa mort, un lieu où elle se plaisait à le faire revenir lorsqu’elle se sentait seule.
C’est dans cette pièce qu’elle avait décidé de partir à sa recherche refusant de croire à son décès.
Bouleversée, maintenant le livre contre elle, toute à sa tristesse Ágota pousse encore quelques portes, la même désolation règne dans toutes les pièces. Après avoir raccroché le volet qui battait, lentement elle redescend au rez-de-chaussée, elle ne s’y attarde pas. A quoi bon ?
Les volets puis la porte refermés, elle jette un dernier regard à cette maison qui a abrité son enfance, cette maison où elle a connu tant de joie, quelques chagrins aussi, cette maison qui, définitivement, n’est plus la sienne.
2. Roulé au pavot
3. Roulé aux noix
4. Gâteau traditionnel hongrois
Retour de Yougoslavie
Le trajet en autocar jusqu’à Zagreb est long, Ágota s’agite sur son siège, elle a mal au dos, elle ne sait plus comment mettre ses jambes qu’elle allonge puis replie sans cesse. Son bébé appuie i

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