ÉLOGE DE LA DIALECTIQUE

Denis Collin

Description

La pensée qui suit des procédures est celle des machines, celle de la soi-disant intelligence artificielle. Cette « pensée » prétendue ne pense pas. La pensée proprement humaine, la pensée qui manifeste la liberté de l’homme est la pensée dialectique. Depuis sa naissance, la philosophie se pose comme pensée dialectique, dans sa capacité à examiner de chaque chose son revers et son avers, avec un seul objectif : rendre compte du réel, c’est-à-dire réaliser l’unité de l’être et de la pensée.Alors que la mécanique est devenue le modèle de nos sociétés, la dialectique cherche à saisir le vivant, à épouser ce qui n’est déjà plus mais devient autre. Tous les grands philosophes, de Platon et Aristote jusqu’à Hegel, Marx, Bergson et Husserl ou à Sartre, en passant par Descartes, Spinoza et Leibniz, furent des grands dialecticiens. Loin des bateleurs de foire, il s’agit de redonner à la philosophie sa dignité et son importance vitale pour l’esprit.

Informations

• Publié par: Studyrama Editions
• Date de parution: 01 janvier 2022
• Nombre de lectures: 4
• EAN13: 9782749550732
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 2 Mo

Extrait

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ÉLOGE DE LA DIALECTIQUE

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ÉLOGE DE LA DIALECTIQUE

DENIS COLLIN Agrégé de philosophie

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Mise en page : Alain Béthune Relecture : Le champ rond

© Bréal, octobre 2021. Toute reproduction même partielle interdite. ISBN : 9782749550732

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SOMMAIRE

Avant-propos .............................................................................................................................5

Chapitre I: UNE ÉTRANGE ENTREPRISE ..............................................................13

Chapitre II: LA DIALECTIQUE À L’ÉTAT NAISSANT .......................................27

Chapitre III: IDENTITÉ ET DIFFÉRENCE ...............................................................45

Chapitre IV: CONTRADICTION ET NÉGATION ....................................................59

Chapitre V: LA NÉGATION DE LA NÉGATION ...................................................73

Chapitre VI: GÉNÉRAL ET PARTICULIER .............................................................83

Chapitre VII: QUANTITÉ ET QUALITÉ .....................................................................97

Chapitre VIII: CONTINGENCE ET NÉCESSITÉ ..................................................117

Chapitre IX: LE TOUT ET LES PARTIES .................................................................131

Chapitre X: MÉTHODE SYSTÉMIQUE ET ANALYSE .....................................147

Chapitre XI: TOTALITÉ DIALECTIQUE ..................................................................161

Chapitre XII: LA MATIÈRE ET LES IDÉES ............................................................173

Chapitre XIII: SUJET ET OBJET ..................................................................................185

Chapitre XIV: THÉORIE ET PRAXIS ........................................................................201

Chapitre XV: DIALECTIQUE ET HISTOIRE .........................................................213

Conclusion ..............................................................................................................................223

Bibliographie ........................................................................................................................229

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AVANT-PROPOS

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« … traverser les déserts glacés de l’abstraction pour parvenir au point où il est possible de philosopher concrètement.» (W. Benjamin cité par Adorno)

a philosophie est dialectique, par nature pourrait-on dire. Sous ce terme cependant on entend des choses en apparence L fort diverses. La dialectique chez Platon est cette méthode du questionnement qui vise l’idée vraie. La dialectique chez Hegel est la logique elle-même en tant qu’elle exprime le mouvement de la pensée et le mouvement de l’être, qui sont un seul et même mouvement. Il y a une dialectique chez Aristote, mais aussi chez Kant. Cependant, toutes ces « dialectiques » paraissent si dié- rentes qu’on ne voit pas quelles leçons générales on en pourrait tirer. D’autant que, par malheur, la dialectique est souvent associée à la sophistique, c’est-à-dire à un art d’embrouiller les esprits, ce qui ajoute aux ambiguïtés de ce mot.

Une histoire de la dialectique nous permettrait de découvrir une unité profonde qui n’est rien d’autre que l’unité même de l’histoire de la philosophie. Ce travail mené à bien, il serait possible d’aborder les lois les plus générales de la pensée, cette logique dialectique qu’il ne s’agit pas d’opposer à la « logique formelle », mais qui en constitue au contraire le fondement ultime. Cela pourrait consti- tuer le l directeur d’une histoire de la philosophie, renouvelant les Leçons celle de Hegel. Toute histoire de la philosophie est une de philosophie, de même que toute philosophie est une perspective sur l’histoire de la philosophie, si l’on suit bien les enseignements d’Aristote.

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Le travail qui suit est plus modeste. Il est le fruit des réexions inspirées par une longue expérience de l’enseignement de la philo- sophie, principalement en classes de terminale et en classes prépa- ratoires : ce que vise l’exercice de la dissertation de philosophie, tant décrié dans certains milieux (y compris certains professeurs de philosophie) en raison de sa diculté intrinsèque, ce n’est pas l’éru- dition philosophique — qu’on attendra d’un étudiant en philosophie ou d’un candidat aux concours de l’enseignement — ni la manifes- tation des opinions des élèves, fussent-elles critiques, c’est exercer les esprits à la pensée dialectique, avoir « le sens du problème » en l’examinant sous toutes ses faces. Si on n’apprend pas la philoso- phie, mais seulement à philosopher, comme le dit Kant, la fréquen- tation des grands auteurs a d’abord cet objectif : développer le sens du problème, développer cette agilité de l’esprit à propos des ques- tions qui se posent à quiconque rééchit, et, en exerçant son esprit sur ces questions, avancer de quelques pas sur ce chemin tracé par Socrate : connais-toi toi-même.

Rééchir sur ce qu’est la dialectique, c’est tenter de penser la pensée, de dénir un chemin pour « s’orienter dans la pensée », comme le disait Kant. J’avais entrepris quelque chose de ce genre dans À dire vrai , un ouvrage qui visait à rétablir l’ambition vérita- tive de la philosophie et à entamer une critique systématique de la « pensée procédurale » ou encore de la pensée mécanique, de cette pensée « unidimensionnelle » qui tend de plus en plus à s’im- poser dans le monde ambiant de la modernité technologique. Ce travail, dans lequel certains lecteurs ont voulu voir un « retour à la philosophie spéculative », se plaçait dans une orientation suivie par certains philosophes, comme Herbert Marcuse dans L’homme

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