Houellebecq entre poème et prose
184 pages
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Description

L’originalité de ce livre consacré à Michel Houellebecq tient d’abord à ce qu’il est le premier ouvrage universitaire à mettre aussi nettement en valeur l’importance de la poésie dans l’oeuvre de l’écrivain, sans pour autant négliger ses romans – y compris le dernier paru à ce jour, Sérotonine, publié en 2019. Un autre de ses traits distinctifs : la perspective sociocritique adoptée par l’ensemble des collaborateurs. Les textes, placés à l’avant-scène, sont analysés de manière à montrer la façon dont ils travaillent la semiosis sociale, c’est-à-dire l’ensemble des moyens langagiers par lesquels la société se représente ce qu’elle est, ce qu’elle a été et ce qu’elle pourrait devenir. Les études rassemblées dans ce volume permettent d’envisager sous un éclairage nouveau les oeuvres poétiques et romanesques de Houellebecq, qui prennent systématiquement le réel à bras-le-corps, tout en restant attentives aux manifestations du monde sensible, aux passions et aux déchirements qui sont le lot de tout individu.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 25 novembre 2021
Nombre de lectures 2
EAN13 9782760645363
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1250€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Sous la direction d’Olivier Parenteau
Houellebecq entre poème et prose
Les Presses de l’Université de Montréal

Dans la même collection
Sous la direction de Claire Barel-Moisan et Jean-François Chassay, Le roman des possibles. L’anticipation dans l’espace médiatique francophone (1860-1940)
Sous la direction de Isabelle Boof-Vermesse et Jean-François Chassay, L’âge des postmachines
Jean-François Chassay, La monstruosité en face. Les sciences et leurs monstres dans la fiction
Elaine Després, Le posthumain descend-il du singe? Littérature évolution et cybernétique
Dominique Raymond, Échafaudages, squelettes et patrons de couturière. Essai sur la littérature à contraintes au Québec
Bernabé Wesley, L’oubliothèque mémorable de L.-F. Céline. Essai de sociocritique

Cavales


Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada Titre: Houellebecq entre poème et prose / [sous la direction de] Olivier Parenteau. Noms: Parenteau, Olivier, éditeur intellectuel. Description: Comprend des références bibliographiques. Identifiants: Canadiana (livre imprimé) 20210065184 | Canadiana (livre numérique) 20210065192 | ISBN 9782760645349 | ISBN 9782760645356 (PDF) | ISBN 9782760645363 (EPUB) Vedettes-matière: RVM: Houellebecq, Michel—Critique et interprétation. | RVM: Houellebecq, Michel—Œuvres poétiques. | RVMGF: Critiques littéraires. Classification: LCC PQ2708.O94 Z5 2021 | CDD 843.914—dc23 Mise en pages: Folio infographie Dépôt légal: 4 e trimestre 2021 Bibliothèque et Archives nationales du Québec © Les Presses de l’Université de Montréal, 2021 www.pum.umontreal.ca Cet ouvrage a été publié grâce à une subvention de la Fédération des sciences humaines de concert avec le Prix d’auteurs pour l’édition savante, dont les fonds proviennent du Conseil de recherches en sciences humaines du Canada. Les Presses de l’Université de Montréal remercient de son soutien financier la Société de développement des entreprises culturelles du Québec (SODEC).




Introduction
Olivier Parenteau
D’ Extension du domaine de la lutte (1994) à Sérotonine (2018) en passant par La carte et le territoire , prix Goncourt 2010, ce sont avant tout les romans qui ont fait la notoriété de Michel Houellebecq et, de son œuvre, ce sont eux qui sont les plus lus et les plus commentés. Ils sont aussi les plus étudiés dans l’intellosphère universitaire 1 . Voilà une chose étonnante ! Alors que ces proses romanesques sont régulièrement données pour «clivantes», à l’exemple d’un roman d’anticipation comme Soumission (2015) dont l’action est projetée dans une France future où la République est dirigée par un président d’obédience musulmane, elles surmontent les différends qu’elles engendrent par la provocation que tantôt on leur prête et l’indécision que tantôt on leur concède. La provocation est-elle féconde ou impudente? Les avis sur cette question sont très nettement partagés. Certains jugent que «la question de la qualité littéraire des romans […] de Michel Houellebecq est réglée pour qui a le minimum de flair 2 »; d’autres, comme l’écrivaine Yasmina Reza, sentent bien que chez l’écrivain, le désir de choquer s’accompagne le plus souvent d’un besoin d’exprimer ou de suggérer quelque chose d’autrement plus grave:
Ah, pour une femme, lire Houellebecq est parfois effrayant. Je me souviens de ses descriptions de la femme qui vieillit et dont le vagin pend comme le menton de la poule: j’ai ri, je me suis dit «Salaud !» Mais c’est sa liberté d’écrivain: il n’a pas de gants à prendre. Et je ne vois pas de provocation: on sent que ce sont des sentiments beaucoup plus profonds qui engendrent cette crudité du regard. (Herne, 260)
Quant à l’écrivain et critique Pierre Jourde, qui lui consacre des pages décisives dans son essai La littérature à l’estomac , il avoue en toute humilité ne pas savoir si l’indécision (idéologique) entre plaisir de l’ironie et délectation morose appelle un dépassement ou si elle assèche par avance toute utopie nouvelle:
Faut-il penser que cette œuvre, par sa sincérité, son humour, transcende sa médiocrité, ses pulsions répugnantes? Doit-on au contraire considérer qu’elle tend au lecteur un piège gluant, qu’elle sert à justifier son auteur à ses propres yeux et aux nôtres, à nous faire partager médiocrité et frustrations, à nous y attirer? Dépassement ou simple entreprise de blanchiment? Je n’ai pas la réponse 3 .
Des chercheurs ont depuis mis en valeur et finement analysé le caractère duplice de la prose narrative de Houellebecq, révélant que chez elle,
la simplicité apparente de l’écriture dissimule une très vaste culture littéraire, philosophique, scientifique, sociologique, médiatique qui affleure par blocs et provoque des échos multiples. La naïveté apparente laisse percevoir un usage systématique de l’ironie et du second degré qui renverse les interprétations trop hâtives 4 .
On sent bien dans ces propos de Bruno Viard l’importance de séparer très distinctement le commentaire littéraire de la controversée personne de l’auteur, qui intervient malgré tout souvent dans le travail interprétatif des spécialistes. Cette question a été abordée de front à l’occasion du colloque Les «voix» de Michel Houellebecq , organisé à Lausanne en 2016. Ses organisateurs rappelaient d’entrée de jeu que l’écriture houellebecquienne confronte ses lecteurs à une «prise de parole ambiguë, minée de l’intérieur par une indétermination énonciative fondamentale, par une intertextualité ou une interdiscursivité qui est peut-être le lot de tout discours, mais qui se manifeste ici dans sa complexité la plus flagrante, la plus assumée et la plus travaillée 5 ».
Les études rassemblées dans ce volume se situent dans le sillage de ces travaux qui placent le texte à l’avant-plan et qui, lorsqu’ils se frottent aux délicates questions relevant de l’idéologie ou de la morale, le font non pour «évaluer» l’écrivain Michel Houellebecq 6 , mais bien pour permettre une meilleure compréhension de son œuvre. Leur originalité tient au fait qu’elles se situent majoritairement sur le terrain de la sociocritique ou développent une lecture des œuvres compatible avec le point de vue heuristique qui caractérise cette dernière 7 . Rappelons que
[p]ar son objet, ses hypothèses heuristiques et sa problématique générale, la sociocritique se distingue radicalement aussi bien de la sociologie empirique que de la sociologie de la littérature. Elle ne s’occupe ni de la mise en marché du texte ou du livre, ni des conditions du processus de création, ni de la biographie de l’auteur, ni de la réception des œuvres littéraires. […] En sociocritique, l’examen de la mise en forme n’a de sens que par réversion du texte vers ses altérités constitutives, c’est-à-dire vers les mots, les langages, les discours, les répertoires de signes qu’il a intégrés, qu’il corrèle les uns aux autres de façon étonnante et problématique, et qu’il transforme grâce à la distance sémiotique qu’il gagne sur eux par divers moyens scripturaux qu’il s’agit justement de faire apparaître et d’analyser 8 .
Ce qui revient à dire que les auteurs ayant contribué à cet ouvrage lisent les textes houellebecquiens de près, mais que cette lecture de proximité est ensuite ouverte sur des signes, des représentations, des récits, des images, des idéologèmes, des discours qui squattent et animent la semiosis sociale globale. Cette ouverture de la lecture sur les altérités des textes permet de dégager et de qualifier les relations qui unissent l’œuvre de Houellebecq avec le large «déjà-là» (Duchet) qui les entoure.
Or, il s’est avéré que l’adoption d’une telle approche avait deux conséquences directes. D’une part, l’attention à la matière langagière et esthétique conduisait à mettre en question ou carrément à contredire maints jugements portés et colportés sur Houellebecq et ses écrits, qu’ils soient littéraires, moraux ou politiques. Dans bien des cas, ces évaluations vite faites reportaient sans discernement des avis et des ragots émis sur l’individu «MH», déguisé ou non en «auteur» (à succès), sur les textes. D’autre part, la même concentration du regard sur le textuel et ses alluvions menait à prendre acte du fait que le genre poétique est au cœur du projet esthétique houellebecquien. À ce sujet, trois remarques s’imposent. Premièrement, les poésies de Houellebecq sont un secret malheureusement encore trop bien gardé. Les historiens de la littérature, qui font déjà assez peu de cas de son œuvre romanesque 9 , ne signalent pour ainsi dire jamais qu’il est l’auteur de quatre recueils de poésie, soit La poursuite du bonheur (1991), Le sens du combat (1996), Renaissance (1999) et Configuration du dernier rivage (2013); ses poèmes ne figurent que dans une seule des principales anthologies de la poésie française publiées depuis 2000 10 . La parution, en 2014, de Non réconcilié. Anthologie personnelle 1991-2013 dans la prestigieuse collection «Poésie» chez Gallimard permettra certainement de favoriser la connaissance de cette importante partie de son œuvre 11 .
Deuxièmement, le peu d’attention que les lecteurs spécialisés et le grand public accordent aux poésies houellebecquiennes est d’autant plus surprenant que leur auteur n’a de cesse de rappeler à qui veut bien l’entendre toute l’importance qu’il accorde au genre poétique 12 . Entre autres exemples, le 2 avril 2013, la une du quotidien Libération reproduisait en gros caractères les propos suivants de Houellebecq, extraits d’une entrevue accordée à l’occasion de la parution de son recueil Configuration du dernier rivage : «Le monde n’est plus digne de la poésie.» Est-ce à dire que la société occidentale contemporaine, sévèrement critiquée par Houellebecq, n’est plus bonne qu’à être inondée par le roman, genre commercial par excellence? Difficile de passer outre un tel

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