L Entrecriture de marguerite duras
226 pages
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L'Entrecriture de marguerite duras , livre ebook

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Description

Cet ouvrage invite à suivre au plus près les mouvements d’oscilla­tion de l’écriture de Marguerite Duras – d’un genre médiatique à l’autre – et les modulations d’une trame narrative présente d’une œuvre à l’autre : la romance, la jeune fille et l’amant, le bal… La « nature indécise » de la langue durassienne est ici révélée, décor­tiquée, par une relecture attentive et enthousiaste de l’auteure. Celle-ci met au jour un aspect inexploré de l’esthétique de l’artiste en comparant un triple corpus (littérature, théâtre, cinéma) et se penche notamment sur les croisements entre poétique et politique dans leur relation à l’Histoire, ainsi que sur les aspects subversifs qui marquent l’entrécriture de Marguerite Duras.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 18 septembre 2018
Nombre de lectures 0
EAN13 9782760639157
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,1150€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

L’ENTRÉCRITURE DE MARGUERITE DURAS
Du texte au film en passant par la scène
Julie Beaulieu
Les Presses de l’Université de Montréal



Mise en pages: Yolande Martel Epub: Folio infographie Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada Beaulieu, Julie, 1976-, auteur L’entrécriture de Marguerite Duras: du texte au film en passant par la scène / Julie Beaulieu. (Espace littéraire) Présenté à l’origine par l’auteur comme thèse (de doctorat – Université de Montréal), 2007 sous le titre: L’entrécriture dans l’œuvre de Marguerite Duras: texte, théâtre, film. Comprend des références bibliographiques. Publié en formats imprimé(s) et électronique(s). ISBN 978-2-7606-3913-3 ISBN 978-2-7606-3914-0 (PDF) ISBN 978-2-7606-3915-7 (EPUB) 1. Duras, Marguerite – Critique et interprétation. 2. Intermédialité. 3. Éclectisme dans la littérature. I. Titre. II. Collection: Espace littéraire. PQ2607.U824Z565 2018  848’.91209  C2018-940871-5 C2018-940872-3 Dépôt légal: 3 e trimestre 2018 Bibliothèque et Archives nationales du Québec © Les Presses de l’Université de Montréal, 2018 www.pum.umontreal.ca Cet ouvrage a été publié grâce à une subvention de la Fédération des sciences humaines de concert avec le Prix d’auteurs pour l’édition savante, dont les fonds proviennent du Conseil de recherches en sciences humaines du Canada. Les Presses de l’Université de Montréal remercient de leur soutien financier le Conseil des arts du Canada et la Société de développement des entreprises culturelles du Québec (SODEC).


Table des matières
LISTE DES ABRÉVIATIONS
INTRODUCTION
Les prémisses d’une entrécriture
La cinéaste de la signification
Le texte
La parole et l’écriture
Le mot
L’intermédialité profonde de l’œuvre
De la critique à la philosophie
Le synopsis
PREMIÈRE PARTIE
Une écriture filmique à venir
CHAPITRE 1
La poétique durassienne
La poésie
L’absence
L’esthétique
L’intertextualité et l’intermédialité
Les frontières du poétique
CHAPITRE 2
La lecture cinématographique de Un Barrage contre le Pacifique
L’expérience cinématographique
La nuit noire de la salle obscure
La distanciation
Le voir-voyeurisme
L’émergence d’une écriture poétique
L’échec de la représentation
CHAPITRE 3
Du poétique au filmique dans le texte théâtral
«Texte théâtre film»1
La force de l’image
La culture de l’ambivalence
DEUXIÈME PARTIE
L’entre-deux-écritures
CHAPITRE 4
Le mouvement de l’écriture et l’écriture en mouvement
L’entre-deux
Le Camion ou le devenir-film11
CHAPITRE 5
Le devenir de l’écriture
La réécriture
Le texte-film ou le roman cinématographique
CHAPITRE 6
Entre texte, théâtre et film
Le théâtre d’une écriture: le cinéma d’India Song1
La mise en scène des Yeux bleus cheveux noirs
TROISIÈME PARTIE
La poétique d’une écriture avant-gardiste
CHAPITRE 7
Une écriture montée
Écrire, dit-elle
L’attente
La mise en désordre
Le récit-rhizome
CHAPITRE 8
Une écriture poétique
De l’importance du langage
L’influence symboliste
Interlude poétique I: India Song
L’image verticale
Le montage
Interlude poétique II: Césarée
CHAPITRE 9
Une écriture subversive
Esthétique et politique
Écriture et histoire: Aurélia Steiner
Fragments d’histoires
Écriture, mémoire, histoires
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE


LISTE DES ABRÉVIATIONS
Pour les chapitres ou les sections portant essentiellement sur un texte ou un film du corpus clairement identifié, seules les pages seront indiquées entre parenthèses à la suite de la citation afin d’alléger le texte. Lorsque plusieurs textes et films sont convoqués dans un même chapitre ou une même section, les abréviations suivantes seront utilisées pour éviter toute confusion: A L’Amant
ACN  L’Amant de la Chine du Nord
ASP  Aurélia Steiner (Paris)
ASV  Aurélia Stener (Vancouver)
C  Le Camion
CÉ  Césarée
E  Écrire (livre qui contient le texte éponyme «Écrire»)
EC  L’Éden Cinéma
HMA  Hiroshima mon amour
IS  India Song
M  La Musica
MDM  Marguerite Duras à Montréal
MN  Les Mains négatives
NN  Le Navire Night
RLVS  Le Ravissement de Lol V. Stein
YBCN  Les Yeux bleus cheveux noirs
YV  Les Yeux verts


Je tiens à remercier les personnes qui, au fil des années, ont contribué de près ou de loin par leur soutien, leurs conseils et leur bienveillance à la réalisation de ce projet que je caressais depuis plusieurs années déjà.
Germain Lacasse, Michèle Garneau, Silvestra Mariniello, Lucie Roy, Cécile Hanania, Rosanna Maule, Louis Goyette (in memoriam), Chantal Savoie, Johanne Villeneuve, Andrea Oberhuber, Maud Fourton, Christophe Meuré, Martin Picard, Sébastien Côté, Frank Runcie, Richard Bégin, Styliani Kokkali, Luciene Guimaraes de Oliveira et Aurélien Cibilleau.
Je remercie également les participantes et participants du séminaire de 2 e et 3 e cycles sur Marguerite Duras (texte, théâtre, film) qui s’est tenu au Département de littérature, théâtre et cinéma de l’Université Laval à l’hiver 2016, ainsi que l’équipe des Presses de l’Université de Montréal.
Merci à ma famille et à mes proches.


À Duras, pour qui c’est par le manque qu’on dit la chose.
Tant de désir
Seule une voix grisée
en creux de l’image
dévoile timidement la blancheur de son sein
lorsque allongée dans sa robe vermeille
comme placée dans l’attente éternelle
l’absence de la chose
sous cette épaisse lumière
un cri dans la nuit noire
originel comme les empreintes sur la paroi érodée
ces mains
libérées du jour
comme cet appel à mourir
qui glisse sur la brise saline
fait écho à la pluie d’été
aux abords du château déserté
à l’aube du jour
alors que monte la mer sur les roches noires
je me penche pour ramasser
ce qui reste de ça
de vous
de cet éclat lumineux de votre amour
l’oubli de la chose miroite
écrite
dite
vue
lue
sur une plage de l’Atlantique
muette de ce qui n’a pas eu lieu
tant de désir
tant de mirage dans cette chaleur
que le désert blanc n’a pu soutenir
tant de misère dans cette poussière humide
que le vent n’a pu balayer
tant de souvenirs qui se meurent
enfouis dans les bras chargés d’une mer sombre
J.B.


INTRODUCTION
Dominique Noguez dit qu’«aimer quelqu’un, c’est beaucoup de choses» (2001: 17). Aimer Marguerite Duras, c’est forcément être passionnée d’elle, du personnage mythique qui s’est développé au fil des années, et à plus forte raison de son écriture: cette manière qui est sienne, et singulièrement poétique, de dire les choses pour mieux les faire exister.
L’écriture durassienne fascine et intrigue; elle engage le corps entier, le bouleverse. Elle fait éclater la notion du genre, transgresse les conventions de la représentation, met en scène les tabous. De nature subversive, elle n’a aucune limite ni frontière. Elle voyage, tragique et douloureuse, va et vient telle la marée qui lèche le sable d’une plage désertée, à l’image du marin de passage qui prend Aurélia pour ainsi la nommer, dans ce même mouvement des corps qui s’enlacent. Revenir inlassablement sur les traces de l’effacement pour en arriver au creux de l’écriture, clé de cet enchantement du texte, de cet envoûtement sublime de l’image au contact de la voix, la sienne, qu’on nomme durassienne, reconnaissable à son timbre unique. Sonder l’image créée par le texte, descendre dans ses profondeurs intimes, tel est le projet de cette étude: interroger le texte et l’image, questionner l’entre-deux qui les unit et les sépare à la fois, sur la scène comme à l’écran. Répondre à cet appel d’une écriture exigeante, parfois intolérable, qui ébranle les systèmes et conventions de la tradition logocentrique.
Cette descente vertigineuse au cœur de l’écriture durassienne demeure cependant risquée. Danger, d’une part, de répétition, tant l’écriture de Marguerite Duras multiplie les publications scientifiques, toujours plus fécondes, comme si, à l’image même de la réécriture qu’elle met en pratique, la critique repassait inlassablement sur ses propres pistes, en proie au mystère d’une écriture dont la magie réside dans les méandres de son récit, qui invite au même et à l’autre 1 . Danger, aussi, une fois penché sur la mer lisse du miroir durassien, de se noyer dans les eaux troubles d’une vie entièrement consacrée à l’esclavage de l’écriture 2 : production dense, abondante et circulaire. Cependant, le plus grand danger pour qui aspire à une meilleure connaissance de l’œuvre durassienne demeure la perte de cette fascination troublante. Risque bien réel pour qui tente de découvrir comment l’écriture se fait, comment elle «s’écrit», là, sous les yeux du public de cinéma. Comment opère la magie du texte (des voix) sur la scène et à l’écran? Que se cache-t-il derrière cette singularité, cette profondeur douloureuse de l’écriture durassienne, qui fait qu’on l’adule ou la déteste, toujours avec ce même élan d’enthousiasme?
Écrire sur Marguerite Duras, sur son œuvre, est contagieux. C’est également un paradoxe, selon Noguez, qui a bien connu l’auteure et a aussi tenté, à plusieurs reprises, d’accéder aux «mystères» de son écriture:
Paradoxe, car il s’agit en somme d’aller jusqu’à savoir imiter ce qui est en principe inimitable. Faux danger, vain paradoxe. Car l’enchantement, conscient, parfois redouble: la lecture devient co-création – «création dirigée», disait Sartre – et on a l’émotion d’inventer presque en même temps que l’écrivain ces tournures imprévues qui sont sa vérité et sa fraîcheur. Et l’on peut bien imiter, c’est-à-dire retrouver la respiration, les types de mots, les tics, même: l’essentiel, l’aptitude à varier soudain, à surprendre, reste hors de portée (2001: 17-18).
Jouissanc

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