Évasion
226 pages
Français

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Évasion , livre ebook

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Description

Un étudiant veut faire évader un ami d'un hôpital psychiatrique. Partisan d'une évasion en douceur, il sollicite ou se voit proposer l'aide de son oncle, d'une infirmière, d'un ancien de la guerre d'Algérie et d'une lycéenne.
Partagé par ailleurs entre le souvenir d'une fille partie en Amérique et sa liaison avec la lycéenne, il cherche avant tout à protéger sa tranquillité et son célibat.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 31 mars 2016
Nombre de lectures 1
EAN13 9782332999603
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0067€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-332-99958-0

© Edilivre, 2016
Evasion
 
 
Je suis entré dans l’hôpital psychiatrique et j’ai demandé à voir Henri. Un infirmier m’a indiqué le quatrième étage.
– Vous êtes un ami d’Henri ? m’a demandé le médecin responsable du service.
– Oui.
– Vous savez pourquoi il a été interné ?
– Pas exactement.
– Il a violé une vieille et après il lui a cassé la figure. Normalement ç’aurait dû être l’inverse. Quand on l’a retrouvé il était tellement ivre qu’il a fallu attendre un jour avant qu’il tienne des propos cohérents. Vous le connaissez bien ?
On avait grandi ensemble dans une cité où la majorité des locataires étaient des immigrés.
– C’est un ami d’enfance, je lui ai dit.
– Il est vraiment fou ou il joue la comédie ?
Je connaissais Henri, le roi des comédiens pouvait lui laisser sa couronne.
– Il y a beaucoup de délinquants qui jouent les malades mentaux pour ne pas se retrouver en maison d’arrêt, m’a dit le médecin. Pour votre ami j’ai un doute.
– Je peux le voir ?
– L’aide-soignant va vous conduire à sa chambre.
Henri était allongé sur son lit en pyjama. L’aide-soignant est resté dans le couloir. J’ai demandé à Henri ce qu’il faisait en pyjama à 4 heures de l’après-midi.
– C’est la tenue de la maison, il m’a dit, on est tous en pyjama. Il faut que tu me sortes d’ici.
– Qu’est-ce qu’il s’est passé exactement ? le médecin m’a dit que tu avais violé une vieille et que tu l’avais frappée après. Il s’étonne que tu ne l’aies pas frappée avant, c’est là où elles bougent le plus.
– Je ne l’ai pas violée. C’est la veuve de l’escalier C, celle qui a les seins qui lui tombent sur le ventre. Tu vois qui je veux dire.
– Vaguement.
Les seins fatigués ce n’était pas ce qui manquait dans la cité, surtout avec les femmes des immigrés qui passaient leur temps à faire des grossesses. Je revoyais l’escalier C et une femme entre deux âges. Elle habitait un appartement avec la porte souvent ouverte. Henri m’a expliqué leur soirée.
– Depuis qu’elle est veuve, il m’a dit, elle laisse toujours sa porte ouverte, c’est la solitude qui veut ça. Les immigrés voient la porte ouverte, ils trouvent ça accueillant. Un soir je suis entré à mon tour. Elle m’a offert à boire et le porto je n’ai jamais su dire non. Elle était contente que je partage la bouteille avec elle. Après on est passés au lit. Je l’ai honorée sans problèmes. J’ai terminé la bouteille de porto parce que je n’étais pas sûr d’en reboire de l’aussi bon. Mais quand j’ai bu je suis moins performant et j’ai été incapable d’honorer la veuve une deuxième fois. Quand un immigré vient la voir ça doit durer toute la nuit. J’allais pour partir mais elle s’est mise à gueuler que c’était honteux pour mon jeune âge de ne pas être plus capable que ça. Elle s’est jetée sur moi et j’ai été obligé de la frapper. Elle avait bu elle aussi et elle avait l’air d’aimer prendre des coups. Après je suis parti et je me suis retrouvé le lendemain allongé dans un terrain vague. J’étais à peine rentré chez moi quand la police a sonné. Ils m’ont dit qu’ils étaient là pour viol avec circonstances aggravantes. J’ai compris que je pouvais en prendre un maximum et j’ai joué les dérangés. Au lieu de la maison d’arrêt je me suis retrouvé ici.
– Tu leur as dit comment ça s’était passé exactement ? Que le viol avait été en réalité une partie de plaisir ?
– C’était le témoignage de la veuve contre le mien. Mais j’ai surtout mon passé contre moi.
Je connaissais son passé et ce n’était pas beau à voir. Le commissariat central et la correctionnelle lui tenaient lieu de résidences secondaires. Il n’avait encore jamais eu l’honneur des assises mais avec l’histoire de la veuve ça n’allait pas tarder.
– Il faut que tu me sortes d’ici, il m’a répété.
– Comment ça te faire sortir d’ici ?
– Avec cette histoire j’ai le choix entre la réclusion criminelle et l’hôpital psychiatrique avec traitement en rapport. Je ne sais pas ce qui est le pire et je ne tiens pas à le savoir. On a tout connu ensemble, ce n’est pas ici que tu vas me laisser tomber.
J’ai regardé sa chambre, on aurait dit une cellule de moine.
– Tu veux de la lecture ? Je lui ai demandé.
– J’ai tout ce qu’il faut. Ils sont attentionnés, ils ne me laissent pas dans le besoin.
En sortant je suis repassé devant le psychiatre.
– Je vais vous faire un billet de sortie pour que vous puissiez passer le contrôle, il m’a dit.
Je suis rentré à la cité et je suis allé voir la veuve. D’après la description de seins c’était bien elle. Elle ne voulait pas me laisser entrer.
– J’ai déjà tout dit à la police et je n’ai plus de porto à boire, elle m’a dit. Sortez.
– On pourrait parler d’autre chose. Il n’y a pas que les viols dans la vie.
Elle a hésité mais elle avait envie de se raconter, d’autant plus que j’étais français comme elle et ça crée des liens. On a parlé de choses et d’autres. Au bout de quelques minutes je l’ai sentie plus détendue.
– Ça ne vous ennuierait pas d’aller à la police, je lui ai demandé, et de dire que votre viol ce n’était qu’une partie de plaisir un peu arrosée ? ça rendrait service à Henri.
– Pourquoi est-ce que j’irais leur raconter ça ? J’ai été précisément violée, il n’y a pas à revenir là-dessus. Et les coups dans la gueule vous croyez que c’était pour le plaisir ?
– Henri m’a dit que c’était effectivement ça.
– Mais il est dingue votre ami ! Qui c’est qui est dans un asile psychiatrique en ce moment, c’est lui ou c’est moi ?
– Vous maintenez que vous avez été molestée et violée ?
– Mais bien sûr.
Dans son regard il y avait un mélange de solitude, d’alcool, de quarante ans de cité et ça devenait fâcheux pour Henri. Je lui ai posé les mains sur les épaules en signe de non-violence.
– Vous vous rappelez bien avoir bu avec Henri ? je lui ai demandé. Dans ces cas-là on n’a plus toute sa tête et on se mélange les idées. Essayez de vous rappeler.
– J’ai bu parce qu’il m’avait forcée. Vous pouvez enlever vos mains ? C’est comme ça que ça a commencé l’autre soir.
J’ai appuyé davantage mes mains.
– Écoute-moi, espèce de vieille folle, Henri peut en prendre pour plusieurs années à cause de tes hallucinations, alors tu reviens sur ta déposition ou je monte tous les immigrés de la cité contre toi.
– Les immigrés ils sont trop contents de trouver ma porte ouverte. Sortez de chez moi ou je crie.
J’ai visité un par un tous les immigrés de l’escalier C. Ils étaient d’accord pour me rendre service, entre voisins pas de problèmes. Quand je leur ai dit que c’était au sujet de la veuve ils ont hésité.
– Tu comprends, m’a dit Abdul Malik, cette femme c’est le paradis à domicile. En plus elle est atteinte de ménopause et pour nous c’est un soulagement. On n’a pas à se retirer à temps à cause de la fécondité. Et si on va au commissariat pour témoigner on se fera refouler en tant qu’immigrés.
Il m’a offert du thé en guise de consolation. Je ne pouvais pas leur en vouloir de préférer forniquer avec une vieille qui leur faisait gratuit et sans limite de temps que d’aller s’attirer des ennuis avec la police. La femme d’Abdul m’a apporté des rondelles de saucisses au cumin. Ce n’était pas l’idéal avec le thé mais ça partait d’un bon sentiment.
Je suis rentré chez moi et je me suis allongé sur mon lit. J’ai contemplé les lézardes du plafond. L’une d’elles partait du dessus de la fenêtre pour terminer trois mètres plus loin près du tuyau à gaz et elle n’allait pas tarder à en rejoindre une autre qui était de l’autre côté du tuyau.
J’ai repensé à Henri. C’était son témoignage contre celui de la veuve. Pour le viol il aurait le bénéfice du doute mais il avait contre lui les coups qu’il avait mis à la veuve et son passé judiciaire. En mettant les choses au pire il en prenait pour cinq ans. Je me voyais mal le faisant évader de l’hôpital, c’était moins gardé qu’une prison mais ce n’était pas un boulevard pour autant. J’ai eu envie tout à coup d’oublier Henri. Il était toujours partant pour les coups les plus tordus, ce qui m’avait fait passer deux fois en correctionnelle. Les deux fois j’avais eu des non-lieux mais à force de jouer on finit toujours par perdre.
J’ai repensé à sa sœur avec qui j’avais vécu pendant cinq ans. Ça faisait huit mois qu’elle avait quitté la cité. Je me suis fait un café et je suis allé le boire à la fenêtre. J’ai repensé à ces cinq années passées avec Sophie et je lui parlais à voix basse, je lui demandais si elle était bien en Amérique, si elle ne regrettait pas la cité et si elle pensait revenir un jour. Il arrivait que les voisins me voient parler seul et sourire dans le vide. Je leur faisais des signes de la main pour les rassurer et leur montrer que tout allait bien.
J’allais m’endormir mais j’ai entendu du bruit dans le couloir. C’était Djamal, le fils d’Abdul Malik qui était collé contre Raïssa Haykad. Dès que Raïssa m’a vu elle s’est précipitée chez ses parents. J’ai morigéné Djamal.
– Je t’ai déjà dit que ce n’était pas des heures pour tripoter Raïssa, tu as toute la journée pour le faire.
– On ne fait rien de mal. Je lui touche simplement le cul.
– A force de lui toucher le cul elle va finir par se retrouver enceinte. Il y a suffisamment de gosses comme ça ici, ce n’est plus une cité c’est une maternité.
– Tu as des nouvelles de Sophie ? Elle avait dit qu’elle nous enverrait des cartes postales mais je n’en ai pas encore vu la couleur d’une. Elle est dans quel pays maintenant ?
– Je n’en sais rien et c’est préférable. Ça me permet de rêver davantage.
– C’est la seule de la cité qui est partie. Les autres aussi parlent de partir mais ils sont toujours là. Quand tu auras fini tes études tu partiras toi aussi ?
– Je ne sa

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