Fille d Ouessant (roman)
159 pages
Français

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Fille d'Ouessant (roman) , livre ebook

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Description

Yannick Madec, jeune fille paysanne, orpheline de père et de mère, îlienne d’Ouessant, éprouve une intense et sincère passion pour un jeune écrivain parisien, venu chercher le calme et le repos sur l’île, et qui, recherchant une location chez l’habitant, s’installe chez elle. Après l’inévitable départ de l’intellectuel parisien, Yannick va alors accepter — sans conditions — le mariage avec un pêcheur de ses connaissances. Mais elle découvre assez vite qu’elle était enceinte : les relations avec son mari, taciturne et ivrogne, s’enveniment alors que celui-ci comprend que l’Étranger l’a précédé dans l’intimité de Yannick... Puis la mystérieuse disparition en mer du pêcheur et la naissance de la petite Josik qu’il faut élever seule et qui ressemble tellement à son père...


Chronique douce-amère sur une vingtaine d’années d’une vie de femme libre à Ouessant, au sortir de la Grande Guerre, où les prémices de la modernité se font jour déjà au sein de la société îlienne traditionnelle.


Charles Marie Joseph Poncelain d’Eschevannes (Carlos d’Eschevannes de son nom de plume), né à Vitry-le-François (1886-1970), médecin militaire, écrivain, romancier. A partir de 1954, il devient évêque, puis en 1967, patriarche de l’Église catholique indépendante. On lui doit également la première traduction en français des œuvres du grand moine irlandais saint Colomban.


Fille d’Ouessant, roman écrit dans l’île en 1922, a été publié initialement en 1924.

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 1
EAN13 9782824056142
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0056€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Livres sur Ouessant










ISBN

Tous droits de traduction de reproduction et d’adaptation réservés pour tous les pays.
Conception, mise en page et maquette : © Eric Chaplain
Pour la présente édition : © edr/ EDITION S des régionalismes ™ — 2021
Editions des Régionalismes : 48B, rue de Gâte-Grenier — 17160 cressé
ISBN 978.2.8240.1081.6 (papier)
ISBN 978.2.8240.5614.2 (numérique : pdf/epub)
Malgré le soin apporté à la correction de nos ouvrages, il peut arriver que nous laissions passer coquilles ou fautes — l’informatique, outil merveilleux, a parfois des ruses diaboliques... N’hésitez pas à nous en faire part : cela nous permettra d’améliorer les textes publiés lors de prochaines rééditions.


AUTEUR

CARLOS D’ESCHEVANNES




TITRE

FILLE D’OUESSANT (roman)




A J. L. P.
qui m’a inspiré ce livre,
et à M. Claude FARRÈRE
qui l’a accueilli,
je le dédie cordialement et respectueusement.
C. d’E.
AVANT-PROPOS
N otre passé littéraire n’est pas vierge. Nous nous sommes essayé dans l’histoire et dans la philosophie. Certains nous reprocheront sans doute de nous être permis d’aborder le roman, c’est-à-dire la vie telle qu’elle est, avec ses beautés comme avec ses faiblesses.
Quoi qu’on dise et quoi qu’on fasse, l’amour sera toujours le grand levier du monde.
Nous avons tenté d’analyser les sentiments de l’homme, si jaloux de sa priorité et de son égoïste tranquillité, de l’homme demeurant éternellement jeune et exigeant que l’objet de son amour ne vieillisse pas.
Alain d’Avile n’est pas un phénomène, c’est l’homme que nous croisons tous les jours. Yannik Madec, bien que fille d’Ouessant, est femme de tous les temps, de tous les pays ; son amour est pur et elle en meurt.
Avant d’oser publier cet ouvrage, malgré les si pressants encouragements de M. Henri de Régnier, nous avons longuement médité une page récente de M. Anatole France : « Une bonne compilation ne compromet pas celui qui la mène à bien et même peut lui valoir quelque honneur, sans lui faire courir beaucoup de dangers. Il n’en est pas de même de toute œuvre littéraire où l’auteur met la marque de son esprit, se signale, se révèle, se répand, enfin cherche à marquer dans la poésie, dans le roman, dans la philosophie ou dans l’histoire.
C’est une aventure qu’il ne faut pas tenter si on a le souci de sa tranquillité et de son indépendance.
...Un homme ne s’élève que sur des monceaux d’injures et, pour quiconque pense et agit, c’est mauvais signe de n’être pas vilipendé, insulté, menacé » (1) .
Nous n’avons pas cru devoir reculer devant certaines hardiesses de langage parce que nous estimons que tous les gestes de la nature sont nobles et grands.
Comme, d’autre part, nous n’avons nul souci de notre tranquillité et que nous respectons les droits de la critique, nous nous sommes décidé à publier Fille d’Ouessant .
C. d’E.



(1) Anatole France, La Vie en fleur.


I.
U ne petite pluie fine, tiède, faisait tomber sur la ville cette tristesse navrante que les charmes de l’ Hôtel de la Marine — un palace où l’estampage est passé au rang des institutions légales — ne pouvaient atténuer.
Alain d’Avile, dans le hall, regardait distraitement quelques publications illustrées et banales, en attendant que l’heure passe.
C’était un homme dans la force de l’âge, ne ressemblant ni à un prêtre, ni à un comédien, ni à un domestique — et bien moins encore à un « étranger ». Sa beauté était mâle. Il n’avait pas sacrifié à cette triste mode qui mutile l’homme et fait de lui une sorte d’eunuque glabre.
A trente ans, il avait déjà beaucoup vécu et ses facultés étaient à leur apogée. Longtemps il avait parcouru les mondes et son cœur était rempli de doux souvenirs...
Rêveur par tempérament, il avait choisi, cette année-là, comme retraite, l’île proche et pourtant si séparée du monde : Ouessant.
M. Baedeker lui avait affirmé qu’il y trouverait le calme nécessaire aux travaux de l’esprit, et il avait voulu voir cette terre nouvelle.
Voilà pourquoi, tout à l’heure, il sera au nombre des rares passagers du petit vapeur qui fait le service Brest-Le Conquet-Molène-Ouessant, avec la permission de la mer, souvent mauvaise.
Vers midi, la pluie avait cessé. Le soleil perçait la voûte grisâtre du ciel. Toutes les choses qui semblaient mornes un instant auparavant revivaient. Une sensation de bien-être envahissait Alain. Il allait enfin fuir cette infernale vie de Paris, travailler en paix, se reposer !
Alain a ses défauts : les défauts des gens de la ville. Il se retourne pour dévisager les femmes. C’est une sotte manie dont il voudrait se débarrasser, d’autant qu’il n’a jamais adressé la parole aux inconnues qui, pendant une seconde, ont retenu son attention. Mais toujours, machinalement, il les a déshabillées — car il a l’imagination féconde. Du premier regard, il sait si la jambe est bien faite et si le sein est ferme. Il regarde en artiste et prend en pitié celles dont la croupe est trop près de terre , celles qui sont ou trop grasses ou trop maigres.
Ah ! si les hommes savaient comme ils ont tort d’agir ainsi ! C’est peut-être un de ces regards qui, un beau jour, a fait comprendre la puissance de sa beauté à quelque fille demeurée innocente, et qui sait si cette admiration fugitive n’a pas décidé de coupables vocations ?
Il se peut qu’ils aient ainsi rendu, sans s’en douter, des maîtresses coquettes, des amants jaloux, qu’ils aient causé des drames...
Aujourd’hui, Alain ne philosophe pas tant. Tout en gagnant lentement l’embarcadère, une blonde cigarette aux lèvres, il suit du regard les midinettes brestoises. Il faut bien, n’est-ce pas, qu’il emporte dans ses yeux la vision des femmes aguichantes. Là-bas, à la campagne, il ne rencontrera que des sauvages. Et, quand le bateau démarre, d’un regard il embrasse la terre civilisée et lui sourit. Peu à peu, elle s’estompe.
Au large, l’air semble plus pur, l’âme plus légère. Elle s’unit à celle de la nature. Courte escale à Molène...
Là-bas, à un mille à peine, Ouessant est en vue : plateau rocheux, père, dirait-on, de tous ces récifs, visibles et invisibles, qu’il faut, à chaque instant, éviter.
La mer est d’un bleu profond, dur, car le vent du nord s’est élevé et le vapeur doit lutter sévèrement contre les lames pesantes et courtes.
Oh ! rudes côtes de grès d’Armorique qui soutenez. l’assaut, que de combats sont racontés par vos grèves sablonneuses, vos lourds galets, vos rochers écartelés, vos grottes profondes, vos hérissements sauvages !
Quelques voiles brunes passent, tels de grands oiseaux qui piquent droit au nid, dans un vol lent mais sûr.
Les détails se précisaient : un phare, une petite jetée grisâtre, quelques mâts qui grossissent insensiblement.
Ouessant ! Une terre comparable à la patte de quelque crabe gigantesque, un roc un peu plus grand que les autres, dominé par une forteresse et balayé par les vents du large. Désillusion.
Alain a été tiré de sa rêverie par les cris de la sirène et par les ordres lancés au porte-voix.
Lampol ! Village banal.
On va accoster. A terre, quelques groupes indifférents : des pêcheurs comme partout ailleurs, quelques femmes aux visages neutres qui s’arrêtent un instant pour reprendre haleine et repartent avec leurs lourds paniers.
Sur un bateau, on n’a pas la sensation d’être perdu. Les gens qui vous croisent sont des transplantés comme vous, et les plus sauvages s’apprivoisent vite. La sympathie se lit dans les regards ; les relations se nouent facilement. Mais, dès qu’on a mis le pied sur un continent, chacun se rend à ses affaires, selon ses goûts, ses appétits, et le voyageur demeure seul.
Ils étaient en tout une demi-douzaine qui débarquaient à Ouessant avec Alain : touristes cosmopolites à lunettes d’or et cannes ferrées — gens encombrants et grotesques, partout les mêmes.
Il les laissa filer devant et prit la route qui s’offrait.
A la croisée des chemins, de grands Christs attendent le voyageur, lui rappelant sa ré

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