Gaston et le Téléfon
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Gaston et le Téléfon , livre ebook

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Description

« Bernadette, elle est très chouette, et sa cousine, elle est divine ». Ainsi débute la chanson de Nino Ferrer « Gaston, y’a l’téléfon qui son » (sortie en 1967), dans laquelle l’artiste énumère toute une galerie de personnages. Dans ce roman, l’auteur David Petit-Laurent imagine une histoire qui lie tous ces personnages, jusqu’au fameux Gaston, dont on attend qu’il réponde enfin au téléphone, enfin, au Téléfon !


Les romans de David Petit-Laurent offrent souvent des clins d’œil à des chansons qui ont marqué une époque, une génération. Dans ce roman, il rend hommage, à sa manière, au répertoire de Nino Ferrer, et donne vie aux personnages chantés par l’artiste, tout en maintenant le suspense : Gaston va-t-il enfin répondre au Téléfon ?

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 19 octobre 2022
Nombre de lectures 0
EAN13 9782383512813
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0060€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Gaston et le Téléfon
 
 
La SAS 2C4L — NOMBRE7, ainsi que tous les prestataires de production participant à la réalisation de cet ouvrage ne sauraient être tenus pour responsables de quelque manière que ce soit, du contenu en général, de la portée du contenu du texte, ni de la teneur de certains propos en particulier, contenus dans cet ouvrage ni dans quelque ouvrage qu’ils produisent à la demande et pour le compte d’un auteur ou d’un éditeur tiers, qui en endosse la pleine et entière responsabilité.
 
 


 
 
 
 
 
 
Je dédie ce roman aux artistes inspirants,
À ces chansons qui nous accompagnent
Au fil du temps qui passe,
Et qui ponctuent nos souvenirs de douces mélodies…
 
Épisode 1
« Bernadette »
C’est un lundi matin d’octobre, de l’An 1993. Ce n’est pas n’importe quel lundi matin d’octobre, puisque c’est le premier lundi du mois. Le 4 octobre. Le lundi 4 octobre 1993 pour être précis. Pour être encore plus précis, il faudrait donner l’heure à la seconde près, mais à cet instant précis où chaque seconde compte, Bernadette n’a pas le temps, justement, d’appeler l’horloge parlante. Et en même temps, elle n’en a cure. Ce n’est que le début de la matinée, elle aura bien le temps, plus tard, de se faire du souci sur ce temps qui s’effiloche, et de stresser pour ne vraiment pas être en retard. Mais à cet instant de la matinée, dans cette aube grisâtre, Bernadette est confiante. Rien que pour ça, Bernadette, elle est très chouette .
Bernadette est encore seule dans son bureau, et ce n’est pas pour lui déplaire. Elle est l’une des premières à arriver dans le quartier des « administratifs » au sein de l’usine. Elle aime travailler dans la fraîcheur matinale, dans le silence, la concentration pleinement dédiée à ses saisies comptables, et autres codifications ésotériques. Bernadette est la Comptable en Chef de l’usine, et travaille avec Joséphine et René. Ces deux collègues ne sont pas encore arrivés, et elle ne les blâme pas. Premièrement, il est encore tôt, le soleil tarde à percer les nuages gris de ce lundi automnal, et deuxièmement, elle sait qu’elle peut compter sur eux quand il faut donner un bon coup de collier, notamment au moment des clôtures comptables. Aujourd’hui n’est pas jour de clôture. Mais c’est jour de finalisation des paies. Et c’est Bernadette, en tant que Comptable en Chef, qui est en charge de la production du Saint Graal pour les salariés. Les salariés qui, juste pour cette noble mission, déclarent aisément que Bernadette est très chouette. Cela n’est pas pour lui déplaire, aux dépens de son ego qui apprécie l’univers feutré de la comptabilité, même si elle a bien conscience qu’il s’agit d’un intérêt ponctuel, périodique, et avant tout financier. Ainsi est la nature humaine, et Bernadette s’en accommode sans frustration aucune.
La Comptable en Chef vient de terminer le classement de différents documents. Ils sont alignés devant elle, sur son grand bureau, à côté de l’ordinateur qui en occupe l’angle. Elle est contente car elle a reçu tous les documents attendus. Par courrier interne pour certains, par fax pour d’autres. Mais elle se rend compte qu’un des documents n’est pas contresigné par le PDG. Aïe, pense-t-elle, en se mordant machinalement la lèvre supérieure. Il est impératif que ce document soit validé, signé par le PDG. Bernadette ne plaisante pas avec les procédures, on est comptable ou on ne l’est pas. Ce document est important, puisqu’il s’agit des primes sur objectif des chefs d’équipe. Elle se voit mal faire les paies du mois de septembre sans ces primes. Ça serait la révolution au sein de l’usine. Les palettes seraient de sortie, parfumées à la merguez. La CGT guette toujours le moindre prétexte pour débrayer. Bernadette a une poussée de stress, qui fait rougir ses joues. Elle se lève pour ouvrir la fenêtre derrière son bureau. Même s’il ne fait pas chaud dehors, elle a besoin d’un coup de frais. Elle profite de l’absence de ses deux collègues pour cela. Puis elle regarde sa montre. Il est encore tôt. Elle peut avoir la validation du PDG avant 10 heures. Cela lui laissera une heure pour codifier les éléments et les saisir sur les matricules concernés. L’informaticien vient à 11 heures pour enregistrer les éléments sur la disquette. Cette disquette partira ensuite au siège social pour le traitement final des paies, avant 14 heures, pour que le service central de la Comptabilité prépare les chèques de salaires. Bernadette se dit que c’est faisable.
Bernadette se détourne de la fenêtre, délaissant ainsi le paysage caladois qui s’offre à elle, et retourne à son bureau. Elle prend une feuille, écrit les quelques mots suivants : «  à faire valider avant 9 h 30 par le PDG – SVP – URGENT – d’avance Merci Gaston !  », et signe de son nom, apposant à côté le tampon de son service comptable. Ensuite, elle y ajoute le document qui lui fait souci, et dépose le tout dans le fax. Elle tape sur la touche du numéro préenregistré qui envoie dans les secondes qui suivent une copie des deux feuilles. Première partie OK, pense-t-elle. Maintenant, la balle est dans le camp de Gaston. Aïe derechef… Elle regarde sa montre, il n’est pas encore 8 h, il serait exceptionnel que Gaston soit déjà à son poste, pense-t-elle. Mais elle a envie d’y croire, et puis il faut laisser le bénéfice du doute au jeune homme.
Bernadette prend le combiné de son téléphone, compose le numéro, et attend. Il y a ce fameux bruit de grimace, avant que la tonalité soit lancée. Première sonnerie. Bernadette inspire. Deuxième sonnerie. Bernadette expire. Et ainsi de suite. Bernadette raccroche à la cinquième expiration. Elle rappellera donc plus tard, ne perdant pas espoir. Son esprit reste quand même contrarié. Elle s’en veut. Elle n’a pas anticipé ce défaut de signature, aurait dû prévenir la semaine dernière tous les acteurs de la chaîne pour éviter ce souci de dernière minute qui va mettre en panique tout le process des bulletins de paie. Mais voilà, la semaine dernière, ça courait dans tous les sens au sein de l’usine, il y avait une grosse commande à faire partir pour satisfaire un nouveau client, le business avait alors pris le pas sur certains traitements administratifs. Bernadette grogne contre elle-même, car elle s’est fait avoir comme une bleue, ou alors elle a trop fait confiance. « La confiance n’exclut pas le contrôle » disait son ancien responsable. Alors pour éviter de vivre la même déconvenue dans trois mois, Bernadette se note tout de suite dans l’éphéméride posée sur le bureau un rappel la semaine qui précèdera la préparation des paies.
Bernadette a besoin de se changer les idées avant de codifier les éléments de paies déjà en sa possession. Il lui faut un café. Elle a envie d’un café. Mais elle veut aussi attendre ses collègues de travail, pour prendre la pause avec eux. Elle est partagée entre l’envie de passer un bon moment entre collègues et son besoin exprimé dans l’instant. Puis elle se dit que ce n’est pas le bon jour pour se rendre à la machine à café, parce que les salariés vont lui demander où en sont les paies, et s’ils toucheront telle ou telle prime. Et si jamais elle rencontre un chef d’équipe, elle va se sentir mal à l’aise. Bon, le café à la machine à café, ça ne sera pas pour aujourd’hui finalement. Mieux vaut ne pas prendre de risque. Au pire, elle demandera à l’un de ses collègues d’en prendre un pour elle. Ça sera moins amusant, tant pis.
Bernadette est une comptable très appréciée à la machine à café. Sous ses airs de dame sérieuse se cache une personnalité dynamique à l’humour pince-sans-rire qui fait souvent mouche, pour ne pas dire toujours. Bernadette est un petit bout de femme, dépassant timidement le mètre soixante, une brune aux cheveux courts, lunettes vissées sur le bout du nez pour mieux voir tous les comptes du plan comptable, des yeux marrons qui s’illuminent à chaque bon mot, une petite bouche qui paraît austère mais qui s’élargit aisément pour propager la bonne humeur. Bernadette accepte le fait d’approcher de la cinquantaine, elle sait qu’ainsi va la vie, et qu’elle ne retrouvera pas les folles années de sa jeunesse. Bernadette sait que chaque tranche d’âge a ses avantages, ses inconvénients, et elle préfère se focaliser sur les avantages. Elle ne voit pas le crépuscule orangé de ses quarante ans, mais voit plutôt l’aube rougeoyante de ses futurs cinquante ans. Ses enfants grandissent à vue d’œil, et s’apprêtent à quitter le cocon familial. Cela fera du vide dans la maison, qui sera alors remplie par du temps qu’elle pourra consacrer qu’à elle, si son mari la laisse un peu tranquille pour ça. La vie n’est-elle pas chouette, se demande-t-elle ? Bien sûr que si ! Et justement, pour adouber cette pensée positive, ses deux collègues de travail arrivent…

—  Bonjour Bernadette, comment ça va ?
—  Bonjour René, la semaine débute sur les chapeaux de roue, mais ça va. Bonjour Joséphine ! Comment ça va vous deux ? Vous avez passé un bon week-end ?
—  Bonjour Bernadette, répond Joséphine. On a ressorti la petite laine ce dimanche, l’automne est bien arrivé.
—  Je n’ai pas vu qu’il y avait un dimanche, dit à son tour René, j’étais à un repas dansant de Conscrits samedi soir, je suis rentré seulement hier après-midi.
—  Ah, d’accord ! Tu as quand même les yeux bien en face des trous pour travailler ?
—  Oui, Bernadette, je te rassure, je me suis couché tôt hier pour compenser.
Joséphine s’installe à son bureau sans entrer plus dans la conversation. Joséphine est la plus discrète du service. Son bureau est d’ailleurs dans l’angle derrière la porte, la rendant impossible à voir si on passe juste une tête dans le bureau. René, quant à lui, est plus volubile, et préfère être proche de la porte. Il voit ainsi le couloir, et les gens passer. Beaucoup lui font signe de loin, d’ailleurs. Certains lui demandent chaque lundi s’il n’a pas trop fait la fête durant le week-end. René est quelqu’un de sérieux dans l’exécution de son trava

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