Geste migratoire
136 pages
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Geste migratoire , livre ebook

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Description

Migrer est incontestablement un geste de mobilité fondamental qui doit échapper aux interprétations superficiellement et rapidement élaborées.
L’essai va au-delà des regards simplistes en nous conduisant dans la complexité de cette thématique. Inscrivant le geste de migrer dans l’histoire de l’humanité qui se déroule, l’auteur ne manque pas de révéler, via des pistes empruntées à la philosophie et aux sciences humaines, certaines contradictions inhérentes au Réel. En effet, la Raison (Logos), telle qu’elle est appréhendée et instrumentalisée, n’est pas sans conséquence sur le cours de l’histoire humaine. Le texte nous convie à reconsidérer les paradoxes du désir de frontiérisation.

Informations

Publié par
Date de parution 07 avril 2020
Nombre de lectures 59
EAN13 9782312072197
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Extrait

Geste migratoire
Zachée Betche
Geste migratoire
Réflexions en temps de crise
LES ÉDITIONS DU NET
126, rue du Landy 93400 St Ouen
© Les Éditions du Net, 2020
ISBN : 978-2-312-07219-7
Avant -propos
Nous sommes logés aux confins de l’histoire qui, de toute évidence, abrite à sa façon des moments fort différents avec ses dynamiques passionnelles et ses exigences plus ou moins profondes. La périodisation de l’histoire ne passe pas par dessus les problèmes fondamentaux qui résistent et qui fondent inévitablement l’humanité. Il est des gestes auxquels même la post-vérité – cette attitude grandissante à laquelle nous semblons nous soumettre – ne saurait faire disparaître.
Ainsi, sans vouloir forcer, en nous installant dans la postmodernité qui est notre cadre temporel, nous saisissons notre monde dans son sens le plus complexe. Sur quoi devons-nous nous attarder lorsque de toutes parts des problématiques fusent et nous somment, sujet et institutions compris, à la recherche de solutions historiques face à ce qui s’obstine de nous conditionner ? Nous ne ferons plus longtemps le pitre devant la caméra alors qu’aux côtés des thèmes récurrents qui sont associés aux événements de la politique, de l’économie ou de l’écologie, il en est bien d’autres qui revendiquent une pertinence fondamentale.
La postmodernité parviendra-t-elle à offrir au monde un espace dépouillé des scories d’une modernité redondante qui n’a que trop duré et qui continue d’apprivoiser le commun ? La thématique de la migration des êtres humains, confisquée par l’acharnement extrême-droitiste, par exemple, pourrait se poser comme un sujet dépassant les clivages de quelque nature que ce soit. Elle entre dans une phase de questionnement qui mérite que l’on se pose pour y voir plus clair. Certes, il s’agit, au travers de cet ouvrage qui s’ouvre, de contribuer à une réflexion que de nombreux penseurs de tous horizons et toutes disciplines confondues ont déjà abordée. Mais comment s’y faire ? L’effort d’apporter un regard moins traditionnel, s’il en est, sera de se focaliser sur ce que représente cette réalité en tant que geste. Rien que ce vocable, d’une facilité langagière quotidienne, est porteur de promesses.
Qu’en est-il du geste migratoire ? Il va de soi que « quitter un monde ne procède jamais d’un simple caprice {1} . » Ce propos marque une part de complexité du projet migratoire à de nombreux niveaux qu’il convient ici de révéler. La pluralité des enjeux dénote de la difficulté inhérente au sujet de cet essai. Autant le signaler d’entrée, il ne s’agit pas, dans cette réflexion et à son issue, d’apporter une réponse qui soit définitive. D’ailleurs, telle n’est pas la destinée de la science, encore moins celle de la philosophie. En réalité, le malheur de la philosophie c’est d’être en dehors des prismes réducteurs que même la bonne conscience a voulu attribuer. Cette dernière a l’inconvénient d’être subversive parce qu’elle tutoie la réalité, la tourne et la retourne. Ici , elle se déploie comme une grille de révolte qui brise l’entropie. Sa fonctionnalité discursive ne vise certainement pas à étouffer le possible en terme d’espérance humaine concrète qui s’effectue dans la trame de l’histoire.
Il nous faut donc débusquer l’impensé de la migration, ces dires enfouis dans son propre inconscient qu’elle traîne. C’est pour cette raison que la première tâche dans cet essai va consister à faire émerger des clarifications. De quoi parle-t-on au juste ? Qu’est-ce que la migration et qu’en dit-on concrètement ? Le projet consiste à infléchir les assauts répétés d’une épistémologie autoritaire ayant apprivoisé les autres voies d’accès. C’est ce qui permettra d’embrayer sur l’état ou la photographie des mouvements migratoires. Telles qu’elles apparaissent dans le monde, il n’est pas impossible que certaines idées reçues soient recadrées pour espérer qu’elles rendent vraiment compte de ce qui se passe, de ce qu’il en est réellement. Est-il juste, par exemple, que ce qu’il convient finalement de nommer le paradigme de Lampedusa {2} – ce tamis troué au cœur de la surveillance migratoire ouest-européenne – révélant par le fait même la grippe qui endommage un pan du système, cristallise toute la question migratoire ?
Dans la deuxième partie de cet essai, la place sera donnée à la problématique de crise même si, à la vérité, cette notion traverse les différents axes de ma réflexion. Entendre résonner la thématique migratoire renvoie nécessairement, dans notre contemporanéité, au concept de crise. Ainsi , la démographie, les restes coloniaux, leurs actualisations ou reprises traduiront des préoccupations non moins centrales. Il s’agira aussi, dans la mêlée, de la fuite des cerveaux dont on élaborera les contours en ayant à l’esprit que la problématique migratoire est capable, si tant est que cela ne soit pas encore le cas, de bouleverser le monde dans lequel nous vivons.
Le troisième moment de l’essai est une évaluation du rôle de la Raison dans l’économie migratoire. En tant que moteur de l’histoire, selon une vision philosophique largement partagée, le Logos doit s’équiper en conséquence pour refuser de se compromettre dans de fausses vérités qui tentent de le désorienter. A ce moment précis du parcours de l’essai, il s’agira de relever les lieux où la Raison amorce sa chute ; là où précisément les déviations se sont manifestées. Il ne s’agit pas de se focaliser dans le confort de l’épiphénomène et sa superficialité maladive, mais de soulever ces thèmes sous-jacents qui ont fait de la migration une histoire de séduction et de convoitise plus qu’une opération proprement humaine sous l’emprise du néolibéralisme envahissant. Le monde est entré dans le consumérisme et ses mirages dont les raccourcis technologiques constituent un des aspects. C’est ce qui entraîne donc un dévoiement inévitable de la Raison.
Le rôle majeur joué par l’Occident – on celui qu’on lui attribue – dans la partition migrationniste ne sera pas périphérique dans cette réflexion. N’est-ce pas une lapalissade que d’affirmer qu’il est, bon gré mal gré, au cœur même de la problématique contemporaine ? En consacrant la quatrième partie à la seule critique de la raison migratoire, je tenterai de rechercher les fondements de ce geste. Pourquoi migre-t-on fondamentalement et qu’en est-il de son moteur essentiel ? Tel est le risque dans lequel j’invite le lecteur à se lancer. Risque de se faufiler dans les méandres d’une réflexion dont les ressorts se veulent quelque peu atypiques.
La dernière partie de cette réflexion oscillera entre poétique et réalité concrète. C’est dans ces lieux que tentent de surgir des caractéristiques de notre dimension humaine que nous devons valoriser. Car quel est finalement l’enjeu, au cœur de la mobilité humaine, qui nous concerne tous ? A quoi s’attendre lorsque l’homme est nerveusement posé comme finalité ?
A l’orée de cet essai, je voudrais tout particulièrement remercier Pascal-Blaise Beboua, Jean Koulagna, Lucie Essomba, Claudia Pellegrini, Hamadou Hassan Mossi, Badiadji Horretowdo et Christian Hamidou Hassana qui ont contribué à sa relecture. Qu’ils trouvent ici toute ma gratitude.
P ARTIE 1 : Délimitations des spectres migratoires
« Après cela, je vis quatre anges ; ils se tenaient debout aux quatre coins de la terre. Ils retenaient les quatre vents de la terre pour qu’aucun vent ne souffle ni sur la terre, ni sur la mer, ni sur aucun arbre. » Apocalypse 7:1 (La Bible)
1. Notifications et clarifications sous-jacentes
Cette réflexion préalable consiste à effectuer une tâche constituante. Autrement dit, il faut partir de ce qui est. Il s’agit de considérer la réalité ou le réel. Or, le tissu du réel – souvent traumatique – subit des transgressions ou des mutations quelquefois voulues dans l’histoire. Des notions, par idéologie, passivité ou ignorance, se perdent ou s’étiolent dans des séries de galvaudages et de récupérations de tout genre. Il faudra tenter sans compromission et, malgré tout, de toutes ses forces, de rester dans la quête permanente du vrai, à s’activer résolument à dire non seulement ce qui est, mais ce qui doit être. Partir d’une telle exigence à la fois philosophique et scientifique instaure le premier pas qui ouvre à la thématique du geste migratoire aussi bien dans sa diversité que dans ses méandres. Il apparaît donc important de procéder, via un jet de lumières crues, à la clarification de certaines notions anthropologiques, sociologiques et historiques qui tendent à appartenir à des grammaires subtilement ou grossièrement univoques. Car, définir le plus ordinairement c’est délimiter. On ne peut raisonnablement sortir de cette réalit&#

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