Histoires ordinaires
190 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Histoires ordinaires , livre ebook

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
190 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Quatre nouvelles, des histoires de la vie quotidienne, des situations hors du commun, avec un fil conducteur : le couple Lecoq.

Trois copains et une femme dans « Tête à tête », une manipulation dans « Le bébé de Carine », un drame de village dans « La quincaillière », et une retraite pas si paisible dans « La fin de l'histoire ».

Les personnages, intéressants dans les quatre nouvelles, laissent penser au lecteur que les histoires « ordinaires » peuvent parfois ne pas l'être.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 07 avril 2016
Nombre de lectures 6
EAN13 9782334091343
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0060€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-334-09132-9

© Edilivre, 2016
Citation


Si les hommes et les femmes perdaient leurs défauts, leurs vies ne dépasseraient pas celle d’un poisson hors de l’eau.
G.V.
« Les tête à tête »
Je ne vais pas regarder tout l’après-midi les crânes des gens qui passent en-dessous de mes fenêtres qui sont situées au quatrième étage d’un immeuble confortable mais ennuyeux !
Je ferme les croisées et un silence se fait dans la pièce.
Je m’assois à gauche du canapé (le côté qui n’a connu que le poids de mes fesses). Quant à la droite, jamais aucun autre partenaire n’est venu s’y poser. Aucune de mes chaises de cuisine n’a supporté non plus un derrière étranger au mien.
L’assiette où je mets ma nourriture est la même depuis bien des années, puisque c’est celle que je place après chaque vaisselle au-dessus de la pile et que je reprends à chaque nouveau repas.
Tout est bien rangé dans l’appartement, et sans qu’il soit très luxueux, l’ambiance y est chaude et même conviviale.
Je ne recherche pas la propreté absolue, mais j’aime bien ne pas voir de poussière sur les meubles, ni des miettes de pain sur le sol, et lorsque sur mon passage j’aperçois la moindre petite chose qui n’a rien à faire par terre, eh bien sans même m’en rendre compte, je la ramasse et la mets à la poubelle.
J’aurai toujours le souvenir du jour où j’avais invité à dîner mon ami Jean-Louis et sa femme que je ne connaissais pas encore. D’ailleurs mon histoire commence depuis ce soir-là, lorsque son épouse m’avait dit, entre le fromage et le dessert : « Vous ne devez pas être facile à vivre, et j’ai une petite compassion envers les femmes qui doivent venir passer quelques heures avec vous quand cela vous convient, car sans vouloir vous offusquer, vous m’apparaissez comme un homme charmant, mais surtout lorsque vous êtes seul !
En plus, et en toute amitié (car je vous aime bien), je pense que vous êtes comme tous les célibataires endurcis, un peu de maniaquerie sur la poussière, un peu plus sur votre tranquillité, et quant au désir de votre liberté, elle doit être sans borne et sans limite. »
Mon ami avait été vexé de ces remarques à mon sujet, je sus un peu plus tard qu’une fois chez eux, il avait réprimandé sa femme et lui avait même demandé de m’appeler le lendemain pour s’excuser.
Ce qui d’ailleurs fut fait.
Son épouse me demanda même de lui dire le jour où je pourrais à mon tour venir déguster le repas que cette charmante personne allait préparer en mon honneur. La date fut retenue, et le samedi suivant je sonnai à leur porte, un bouquet de fleurs à la main, tout comme ils l’avaient fait le samedi précédent.
La soirée fut catastrophique. Je fus extrêmement maladroit ce soir-là. Du verre de porto renversé sur la moquette de salon à la cigarette quittant le cendrier pour finir sa consomption sur la table basse en merisier de style « Nouvelle Renaissance avec un tendance Louis XVI ».
Je ne sus vraiment pas comment me faire pardonner pour toutes ces maladresses.
Je fis mon apothéose sur un mur de la salle à manger, quand en voulant couper un morceau de la cuisse de mon coq au vin, celle-ci alla, avec la sauce qui l’accompagnait, se projeter sur un bouquet de fleurs de pommier que représentait le papier peint de chez « Nobilis ».
Et pour terminer cette dommageable soirée, je ne fus pas très correct verbalement avec la maîtresse de maison, car il m’était resté au travers de la gorge quelques critiques qu’elle m’avait proférées lors de notre première rencontre et que je n’avais pas du tout appréciées.
En prenant congé, je dis à cette femme qu’elle avait eu raison la semaine précédente de me dire que je n’étais pas facile à vivre, que je me comportais comme un rustre, et que c’était pour cette raison que je vivais seul la plupart de mon temps, comme un pauvre ermite, et alors pour passer mes journées solitaires, je m’occupais à faire du ménage pour me prouver que je vivais en sale égoïste, mais dans l’hygiène.
Je lui avouai également qu’aucune petite amie n’était à ma disposition, vu le mal que j’aurais à garder dans ma morbide tanière, ne serait-ce même que quelques minutes, une femme normalement constituée.
C’est presque les larmes aux yeux que je serrai la main de celui qui avait été mon ancien ami, en lui disant que j’étais devenu trop frustre pour bénéficier de son amitié, et qu’il valait mieux ne plus nous fréquenter.
Il fit mine d’en avoir de la peine, et je crois à ce moment-là qu’il était heureux de ne plus m’avoir dans son amitié, ni même dans ses relations. Lorsque je m’excusais ensuite auprès de Fabienne (sa femme), celle-ci fut moins dupe de mes simagrées.
Elle comprit que toutes ces petites catastrophes en série avaient été volontaires, et que pour me venger de ses propos affligeants de la semaine précédente, j’avais tout simplement voulu prendre ma revanche.
Le lendemain matin, entre le reste de la biscotte que je me mettais dans la bouche et ma clé entrant dans le trou de la serrure pour fermer, le téléphone sonna.
– Allô ! c’est Fabienne ! J’espère que je ne vous dérange pas à cette heure matinale ?
– Eh bien c’est-à-dire que je m’apprêtais juste à partir, mais ça ne fait rien, je ne suis pas pressé à la minute. Aurais-je oublié quelque chose chez vous en partant ?
– Non, rien de matériel. Par contre, vous êtes parti trop précipitamment pour que je puisse vous faire des excuses sur le comportement que j’ai eu la semaine dernière chez vous.
– -Je ne me souviens plus qui a dit « Il n’y a que les gens faibles qui s’excusent » ? Si vous avez pensé ce que vous avez dit ce jour-là, vous n’avez pas à vous racheter. Vous vous êtes fait une opinion à mon sujet et vous êtes libre de vos critiques, « bonnes ou mauvaises ». Comme votre point de vue n’est pas à mon avantage, vous comprenez pourquoi je ne vous estime pas beaucoup, ni mon ancien ami, c’est-à-dire, « votre époux ».
– Tout ça je le sais, mon jugement à votre égard a été bien hâtif, mais je dois vous avouer pour ma défense que je vous ai considéré au premier abord comme un personnage égoïste, imbu de sa personne, rempli de vieux principes, consistant à penser que la femme n’est qu’un petit complément de l’homme, etc, etc.
La première fois que je vous ai vu, mes sentiments pour vous ont été à la limite de la haine, ensuite j’ai voulu analyser cette aversion qui vous concernait. Je suis comme tout le monde, je n’aime pas avoir tort, et surtout l’avouer.
Que vous me croyez ou non, hier j’ai vraiment eu l’intention d’obtenir entre nous une position de compréhension en attendant de la sympathie, et en plus (j’ai bien du mal à vous le dire), je pense être jalouse de vous. Oui, jalouse de votre vie, car vous êtes seul et avez l’air d’en être heureux.
Les femmes n’aiment pas trop voir les hommes qui peuvent se passer d’elles. Elles les méprisent et les traitent de pauvres célibataires endurcis.
Pendant toute la soirée que nous avons passée chez vous, je n’ai pas pu m’empêcher à chaque instant de me représenter à vos côtés, remplissant la tâche de maîtresse de maison. Dans mes pensées, je n’étais pas l’invitée, mais celle qui recevait.
Mon comportement peut vous paraître étrange, moi-même je ne m’explique pas cette curieuse attitude, ou alors je n’ose pas me l’avouer.
Enfin, tout ça est bien compliqué, et je vous prie de m’excuser pour le temps que je viens de vous faire perdre au téléphone. Je pense qu’il est inutile de vous demander votre discrétion au sujet de cette conversation. Je vais même vous avouer que je n’ai aucune crainte en ce qui concerne votre silence. Vous voyez, je vous donne toute ma confiance.
Cette femme vient de me surprendre, et sans penser à raccrocher mon téléphone, je reste comme un imbécile, debout, avec un air qui doit frôler l’idiotie.
Ma porte d’entrée toujours entr’ouverte me remet dans la réalité. Maintenant je vais être en retard au travail, et je n’aime pas ça.
J’ai toujours pour la durée de mon trajet, un livre de poche à lire pour que le temps me paraisse moins long. Ce matin, ça fait bien quatre ou cinq fois que je relis la même page car je n’arrive pas à me concentrer sur autre chose que la conversation que j’ai eue au téléphone avec Fabienne.
Ou bien cette femme veut me tendre un traquenard pour me faire payer l’humiliation qu’elle a eue hier, ou alors cet étrange revirement serait calculé dans l’espoir d’une réconciliation avec mon ami, ou encore d’autres causes que j’ignore et qui me tracassent.
Il y a maintenant deux semaines que s’est déroulée cette histoire, et ma vie a repris son rythme normal. J’ai oublié les incidents qui se sont passés avec Jean-Louis et sa femme Fabienne.
Ce qui me prouve que ces événements ne m’ont pas vraiment marqué.
Mais quand même, je ne me baisse plus pour ramasser le plus petit corps étranger sur la moquette du salon, ou pour essuyer promptement la moindre goutte d’eau qui viendrait se poser sur le carrelage de ma cuisine. Je dois bien avouer que malgré tout, Fabienne se trouve souvent placée virtuellement derrière mon dos, et c’est ce qui me fait vouloir oublier mes petites manies lorsqu’elles me viennent.
Si je veux me défaire de mes mauvaises habitudes de vieux garçon, c’est parce qu’en moi-même je me suis rendu compte que Fabienne avait raison en ce qui concerne mes manières de maniaque, ainsi que mes maudites obsessions pour le plumeau et l’aspiration.
Lorsque je repense à cette histoire, j’avoue être étonné que depuis quinze jours Fabienne n’ait pas fait suite à ce fameux coup de téléphone.
Je pensais que ce genre de femme ne laissait pas tomber aussi facilement ses objectifs « bons ou mauvais », et je dois dire que j’en sui

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents