Instants d’exil
146 pages
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Instants d’exil , livre ebook

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Description

«Un simple instant peut durer une éternité. Pendant mon dîner les voyages m’ont fait vivre. J’ai été heureuse. J’ai eu un homme doux et docile, galant et courtois. Ai-je toujours besoin d’un être physique qui me réduit au plus grand des silences ? Si en moi toute ma vie peut se construire, que me sert-il encore d’être vouée à ce qui me range ? Le bar va bientôt fermer ses portes. Les lumières donnent l’alerte. Les fonds de verres se vident en vitesse. Les derniers numéros se communiquent pour la suite de la relation. Un client entre. Le serveur s’est déjà changé. Il n’y a plus de boisson à vendre. Les comptes sont faits. On n’attend plus que l’heure de la fermeture pour faire sortir tout le monde.»

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 14 novembre 2018
Nombre de lectures 0
EAN13 9782414276196
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0045€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-414-27620-2

© Edilivre, 2018
Instants d’exil
Comme tous les week-ends, on se rend dans ce petit restaurant situé au coin de l’avenue Foch, à huit heures du soir. Les heures de la journée sont consacrées au travail. Les vies de couple sont transformées en des amours à distance. On communiquerait par courrier s’il le fallait. Heureusement qu’avec la technologie on peut s’envoyer encore des messages instantanément ; et ce, toute la journée. Ce mode de vie réduit nos fréquentations en de rares occasions de rencontre. Cette fois l’atmosphère est particulière. Un groupe de jeunes filles occupe les places près de l’entrée principale. De la porte, à gauche, jusqu’au fond de la salle, vers les espaces à usage privé. Le mur a pris une autre coloration ce soir. Elles avaient des cheveux longs, courts, châtains, noirs, des chemisiers rouges foncés comme le vin de Bordeaux. Un pantalon unique fait la différence au milieu d’une panoplie de minijupes. Il est caché par une des tables. On le découvre lorsqu’elle se retire pour un moment d’intimité. Le regard de l’homme sur la fille-serveuse est ce que je l’imagine penser de sa tenue. Je me regarde à travers le miroir qui fait office de tableau lorsque je veux m’asseoir : une vieille femme. Deux gros mamelons attachés au thorax pour distraire ses mains le soir lorsqu’il ne peut pas tenir son stylo et écrire quelques ratés d’histoires sans tête ni queue.
Imaginez ma peine. Imaginez ma rage. Voyez-vous combien je n’ai plus envie que de m’éclipser. Mais la fille est belle. C’est donc normal. Tous les hommes aiment les filles présentables, jeunes et dynamiques. Elle travaille dans un restaurant où le nombre d’invités dépasse les attentes de n’importe quel client. Au juste, combien lui font un clin d’œil ? Combien se sentent obligés de laisser un pourboire rien que pour se faire remarquer ? C’est tellement dingue. Trop de choses devraient se raconter sur elle. Ce patron là-bas assis, l’air surveillant, n’est-il pas son amant ? Pourquoi l’observe-t-il de son haut tabouret ? Je me pose trop de questions sur cette peste. Assez ! Je n’en peux juste plus, rien qu’à l’idée de savoir qu’elle reviendra pour l’addition. Ou qu’elle passera à côté, près de nous, frottant sa minijupe contre le dos de mon homme. Des cuisses non couvertes qui sentent la force de la jeunesse de ce siècle envoûté. A la fois tendres et sauvages, douces et charmantes, elle les expose au regard de ceux qui sont toujours insatisfaits par leurs femmes. La nuit, une femme à la retraite après une longue vie maritale, ne peut plus satisfaire totalement le désir d’un bougre aussi vigoureux. Les cafés et les bistros sont très fréquentés par les mêmes personnes qui viennent des environs. Des prédateurs non réputés parce qu’ils paient bien leurs services. Quant à sa poitrine, j’avoue, qu’elle a les proportions d’une vraie beauté artistique. Deux petites ballons gonflés placés bout à bout pour captiver l’attention des pervers. Ce soir elle n’a pas de débardeur à l’intérieur. On sent qu’elle transpire lorsqu’on voit son tee-shirt collé à la partie supérieure de ses deux ballons gonflés. Une structure en forme de petits objets pointus en forme de sucettes. Je repense à ma jeunesse. J’étais magnifique dans cette robe de soirée, le soir de mes fiançailles. Une tenue en soie, bleue, conçue à ma taille. Celui qui allait devenir mon époux était jaloux et possessif.
– Y a-t-il un souci ma chère ? Me demande l’homme. Ça fait deux fois que je t’appelle, mais tu ne suis pas. Les hommes pensent toujours de travers. Une femme concentrée est un objet d’étonnement. Et un homme concentré, voilà un être préoccupé. Quelle vraie connerie tout ça ! N’avons-nous pas le même cerveau ? Dieu a-t-il fait un cerveau uniquement pour les hommes ? Je n’en croirai jamais de ma vie. Les femmes ont le droit de rêver. Ce qui est très juste à côté des hommes qui ont le droit de penser. Mais combien sont des hommes qui rêvent ? Ils ne sont ni gay ni homo. On dit qu’ils sont féminisés. Moi je ne vois aucun lien en tout cas. Chacun est libre d’adopter la posture qui lui va le mieux. Cette notion de liberté, ah j’y repense. C’est un acquis pour les jeunes de cette époque à qui l’on enseigne le droit à la défense dès le collège. Ma fille me l’a dit. Vieille et dépouillée de charme, je me contente de sauvegarder ma place auprès d’un gentleman qui peut s’envoler à tout moment. Le bonheur de cette relation amoureuse s’arrête à la trentaine comme disait ma mère. Dépassé cet âge, il faut simplement s’abandonner à celui qui vient avec des mots et des promesses. Accepter les caprices comme si l’on venait d’avoir un nouveau-né qui ne connait la moindre différence entre la nuit et le jour. Son cri est encore plus fort lorsque la fatigue de la mère devient grande.
Il lève son verre jusqu’au niveau du visage. Il ne cesse de le retourner dans les deux sens, comme s’il suspectait une mouche de s’être égarée à l’intérieur. Au troisième tour un blanc pâle se laisse voir. Nos regards se croisent. Il retourne aussitôt dans l’autre sens. Les hommes avancés en âge sont très malins. Leur intelligence se développe en fonction de leurs besoins corporels. Il est clair qu’il veut d’une jeune pour ce soir. Peut-être que je gêne son action. Bon je m’en vais.
– Mais que se passe-t-il ? Me demande de nouveau l’homme. Tu t’en vas déjà ?
Il ne peut pas retenir ma main. Dans sa tête je suis très loin de lui. A l’autre bout de la table. Comme le prince Akim à la table du souverain de Zamunda. Il baisse son verre. Je pose mon petit sac sur la table.
– Je vais reprendre le souffle, rajoute-t-il.
Il pose son verre. – D’accord ! Il parle très peu dans de pareils moments. Lorsque la cible est bien calculée le prédateur presse l’aiguille du temps d’action avec sa pensée.
Un bel homme entre. Chemise brodée, un jaune éclatant, vif, peint la devanture de son haut. Une file de boutons brillants s’aligne du haut en bas, jusqu’à la taille. Ses yeux sont cachés dans des verres noirs comme un vrai dealer. Il traine derrière lui une suite d’hommes bien habillés. Tous vêtus de costumes noirs, élégants et beaux comme lui-même. Un fil blanc traverse leurs cous jusqu’à pénétrer dans leurs chemises. Ils étaient pareils. Même taille à peu près. On dirait des jumeaux. Ils étaient deux. Bien bâtis, gaillards et promptes dans leurs mouvements. L’homme au milieu m’approche tendrement. Il enlève son cigare de sa bouche. Dans la fumée qui parfume mon visage je vois apparaître la forme d’un cœur. Je comprends ce qui l’amène. Mais est-il amoureux ? Saura-t-il combler ma vie en y apportant ce qui manque ? Plus de temps pour de stupides interrogations. Je m’invite volontiers à sa table. Un entre-quatre décoré à mon goût. Il ne se montre pas surpris comme si un devin lui avait prédit la rencontre.
La jeune adolescente à la démarche de mannequin fait le va et vient plus d’une dizaine de fois. Une autre fait son apparition sur les pas de la première. Une troisième, et bientôt une quatrième passera. L’homme a dans sa veste ma main qu’il veut garder toute la soirée. Il est tard. – Tu peux finir ton verre et on s’en va ? – Oui, bien sûr ! Les bourgeois ont appris la galanterie depuis leur enfance. Il doit être italien. Il a grandi dans une famille noble. Ou a-t-il peut être seulement été éduqué dans une tradition à l’ancienne. Comme il traite la femme avec beaucoup d’attention ! Les deux hommes du cortège se pressent pour ouvrir la portière. Dans un croisement de feux signalant vert cette fois, nous rejoignons la grande avenue. Sixième rue, hôtel Laurrencia, la voiture s’arrête. Une suite privée au quatrième étage. Fauteuil en or, un lit de dernière technologie américaine bien fait. Le petit bouton qu’il appuie change le gros matelas en canapé énorme. Le second bouton rapproche une petite table qui laisse apparaître soudain un grand écran plat. Deux femmes se disputent à côté d’un bel homme. Soudain, un écran noir apparait.
– Je vais te proposer un film qui va te plaire, dit-il en souriant. C’est mon meilleur.
De nouveau l’image à la télé. Un canapé au milieu d’un grand salon avec deux jeunes femmes proprement vêtues. La première assise sur les jambes de l’homme velu allongé sur le dos. La seconde avec les jambes croisées sur une chaise comme si elle attendait son tour. On frappe à la porte. La télé est éteinte.
– La marchandise est là, annonce une voix qui m’est inconnue.
– Faites monter dans la salle de réception ! Répond l'homme.
Il se rhabille immédiatement. Un petit baiser pressé sur ma joue timide. Il disparaît comme l’inconnu d’il y a quelques instants. Je me réveille les yeux lourds. La télé a disparu. Une jeune demoiselle assise sur la chaise les deux jambes croisées. Elle lit un journal. Dès qu’elle a senti mon réveil elle s’est retournée vers moi.
– Monsieur Alejandro est parti il y a un moment déjà, me dit-elle. Il ne reviendra que dans une semaine. Voici votre dû. Vous pouvez faire votre toilette et rentrer chez vous. La suite sera occupée dans une heure par un autre patron, Monsieur Alberto. Laissez votre numéro si cela vous plaît d’être rappelée.
A la réception un vieux couple vient de déposer les bagages.
– Nous voulons une suite pour une semaine, affirme l’homme à la réceptionniste.
– Tout de suite monsieur dame ! Répond la réceptionniste. Tenez vos clés. Installez-vous au bar. Tout sera prêt dans une demi-heure.
– Merci, merci, répond la femme à son tour pendant que l’homme récupère les clés.
C’est l’appartement que j’ai occupé cette nuit. Il s’appelle donc Alejandro, mon mystérieux et élégant fumeur de Cohiba .
Le défilé de mod

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