Invitation aux voyages
117 pages
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Invitation aux voyages , livre ebook

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Description

"Il est des instants magiques où le monde semble tourner autour de nous, instants que nous aimerions partager. C’est celui des sacs à dos dans le coffre de la voiture, des dernières vérifications de l’essentiel, des derniers contacts avant le départ, des premiers pincements, des premières exaltations, des premières projections dans les jours et semaines à venir, des innombrables visualisations de routes, bus, trains, bateaux, villes et villages, fleuves, océans, habitants, civilisations, montagnes, collines, emmerdes, hôtels, restaus." Les auteurs de ce livre nous entraînent dans des voyages itinérants où la misère côtoie souvent le désœuvrement et l’alcoolisme. Mais d’Ushuaia à l’Indonésie en passant par l’Alaska, ce sont également des paysages merveilleux, des populations accueillantes et désireuses de partager leur culture, des moyens de transports pour le moins originaux... en un mot l’aventure humaine, que ces éternels globe-trotters nous font partager avec enthousiasme et familiarité. Le récit est tellement direct et authentique qu’on a l’impression tenace de partager des souvenirs communs... et le moins que l’on puisse dire, c’est que ça donne envie.


Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 17 novembre 2011
Nombre de lectures 2
EAN13 9782748370812
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0082€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Invitation aux voyages
Michèle et Jean-Pierre Castagnès
Société des écrivains

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Société des écrivains
14, rue des Volontaires
75015 PARIS – France
Tél. : +33 (0)1 53 69 65 55
Invitation aux voyages
 
 
 
À nos trois enfants
À Gilles pour ses conseils judicieux
À Michèle, compagne de tant d’aventures
À toutes les personnes croisées en chemin
À Nadia pour son aide à la mise en page
 
 
 
 
Sommaire
 
 
 
 
 
 
 
Préface
 
 
 
Il suffit d’un rien ; peut-être d’une mince ligne jaune, tracée à même le sol, presque invisible mais bien présente. Pourquoi des mecs, habillés comme pour une guerre sont-ils placés de part et d’autre de cette foutue ligne ? Il doit y avoir un mystère, mais lequel ?
Cela me ramène dans les années cinquante à une époque où nous vivions en Creuse. Mon oncle et ma tante étaient propriétaires d’une maison de repos dans les Pyrénées-Orientales, en Cerdagne. Je venais d’avoir cinq ans, peut-être six lorsque mes parents décidèrent de rendre visite à cette famille éloignée. Une journée de train suffisait à peine pour nous rendre à l’autre bout du monde. Les préparatifs de ce long voyage s’effectuaient à grands coups de « Miladiou , nom de Diou !  » clamés par notre père, tant il était important de ne rien oublier pour cette fantastique expédition ! Le voyage en train nous conduisait par Ussel, Brive, Toulouse, Foix, La Tour de Carol. À une heure précise et alors que nous roulions entre Brive et Toulouse, notre mère ouvrit le panier en osier contenant pain, saucisson, œufs durs, pâté de campagne, clafoutis et litre de rouge. Le wagon s’emplissait d’odeurs de bouffe, surtout que les voisins de compartiment de troisième classe, alléchés par la charcuterie, ouvraient à leur tour leur boîte à trésor pour en sortir à peu près les mêmes victuailles. Un seul mot d’ordre : qui ne mange pas n’a pas sa place ici !
Dans cet étrange pays, nous constations que les gens avaient un drôle d’accent et que de grandes montagnes entouraient une immense vallée ; il y faisait très chaud. Les après-midi, après la sieste obligatoire, les hommes se réunissaient par groupes de quatre ou six, traçaient un rond sur la terre battue et, après avoir jeté une petite bille de bois, s’amusaient à lancer des boules métalliques vers ce petit objet qu’ils appelaient cochonnet. Parfois, l’un d’eux, l’air méchant, lançait sa boule de toutes ses forces sur les autres, déclenchant joie ou déception sur les visages attentifs et passionnés. Drôle de pays !
Mais je n’étais pas au bout de mes surprises. Quelques jours plus tard, un magnifique petit train jaune nous conduisit à quelques kilomètres de là, et nous laissa sur le quai d’une gare appelée d’un nom bizarre pour moi à l’époque : Bourg-Madame. À cette époque, nous les petits, nous suivions sans rien demander. Une petite route serpentant entre les maisons nous conduisit tout près d’une rivière aux eaux d’une incroyable limpidité. Je me souviens encore des truites à l’affût dans les courants, espérant le passage d’éphémères. Un pont de pierre enjambait cette rivière et c’est là que j’aperçus pour la première fois cette fameuse ligne jaune. Devant ma surprise et mon inquiétude, on décida enfin de me donner des explications :
— Tu vois, me dit ma tante, si tu franchis cette ligne appelée frontière, tu quitteras la France pour entrer dans un autre pays, nommé Espagne.
Incroyable ! Il me suffisait alors de sauter à pieds joints par-dessus ce trait pour voyager. Ce que je fis des dizaines de fois sous les yeux bienveillants de militaires armés. Et le grand saut commença. Les adultes tendirent des documents à ces militaires et toute la famille franchit le pont et… le trait pour s’engager vers l’inconnu. Après quelques centaines de mètres, une ville apparut : Puigcerdá.
Je ne le savais pas encore, mais l’Espagne franquiste avait pris bien du retard sous la houlette du dictateur. Ce pays qui avait connu tant de richesses du temps de ses sinistres conquêtes, pillant l’Amérique du Sud, était au bord de l’asphyxie. Il faudra attendre le régime de transition de Juan Carlos après la mort de Franco en 1975 et l’entrée dans la Communauté européenne le premier janvier 1986 pour que ce pays prenne enfin son envol et rattrape le temps perdu.
Quel étonnement que de voir des autos à trois roues (une à l’avant, deux à l’arrière), des camions appelés  pegazos cracher d’énormes nuages de fumée, des ouvriers portant sur leurs épaules des paniers d’osier remplis de cailloux pour réparer les routes, des papiers et des ordures laissés de toute part. Mais nous pénétrons dans cette ville qui appartient à un autre pays et là, partout des petits commerces exposent ce qui m’est inconnu. On me dit : chorizo, tapas, or de Tolède, gourdes pour boire un vin différent, sombreros, mantilles, affiches de corridas. J’écoute, je ne comprends pas les gens dans la rue. Ils ont une façon bizarre de s’exprimer. Ils font des RRRRRR et des RRRR, ils parlent fort, ils s’interpellent d’une maison à l’autre, d’une rue à l’autre. Ils jouent à même les trottoirs avec des petits rectangles de bois décorés de points. Par endroits, la musique est assourdissante et semble s’évader de chacune des maisons. Je remarque aussi que ces gens qui déambulent sont vêtus avec soin et que souvent les femmes portent des bijoux qui étincellent au soleil. Je n’ai pas assez d’yeux pour tout voir, mon nez n’est pas assez gros (et pourtant… !) pour tout sentir, mes oreilles pas assez larges pour tout entendre. Je suis heureux et me prends déjà pour un grand voyageur. J’aimerais que le temps s’arrête, que ce saut se prolonge indéfiniment. J’aimerais comprendre et parler comme eux, goûter à ces fruits, à ces friandises. J’aimerais courir avec tous ces enfants, galoper de rue en rue avec eux, crier comme eux, me salir comme eux. Et si on restait un peu plus ?
Sur le chemin du retour je me promets alors d’y revenir plus tard, quand je serai grand.
 
ET SI C’ÉTAIT ÇA le point de départ ?
 
Ces courts séjours à la frontière espagnole se renouvelèrent chaque année me rapprochant de l’âge adulte, de mon irrésistible envie d’évasion. J’eus la chance de rencontrer Michèle avec qui j’allais partager tant d’aventures et de voyages. Ensemble et avec nos trois enfants, nous avons parcouru toute l’Europe en caravane, travaillé un an au Canada dans les années soixante-dix. Plus tard, nos enfants ayant tracé leur propre route, les voyages se succédèrent au rythme de deux ou trois par an. Notre modeste maison de Haute-Corrèze était alors le siège d’intenses élaborations d’itinéraires, de choix à privilégier, de cartes, de documents, de guides touristiques. Très rapidement nous avons été attirés par le continent américain et par l’Asie. Notre mode de voyage sac à dos, loin des circuits organisés demande une préparation sans faille et très pointue.
Nos sacs à dos ne pèsent jamais plus de 14 kg et contiennent le nécessaire pour voyager durant plus d’un mois. C’est un peu compliqué quand il s’agit de voyages où nous aurons à subir d’importants écarts de température. Nous prévoyons de laver notre linge dans nos différents hébergements bien que cela pose parfois des problèmes. Une bonne trousse à pharmacie nous permet de franchir sans encombre les maux les plus ordinaires et les poches de nos sacs sont pleines de ficelle, épingles, bougies, allumettes, papier collant, colle, verres et couverts en plastique, couteau, sacs poubelle, éponges, draps très fins pour en recouvrir d’éventuels matelas un peu trop crades, couvertures de survie, lampes électriques, piles. Il faut pouvoir y loger les petites trousses à toilette, ainsi que la boussole, l’altimètre, les paires de jumelles, la loupe et les indispensables cartes routières, guides touristiques, et divers documents. Il fut un temps où nous écrivions aux offices de tourisme des pays concernés par notre voyage ; à présent, tous les renseignements se trouvent sur le net, ce qui facilite grandement la préparation. Deux paires de chaussures suffisent : nu-pieds et chaussures de marche.
Le voyage commence bien longtemps avant le décollage de l’avion et ce sont souvent des mois de recherches de documents, de choix d’itinéraires, de calendriers locaux pour ne rien manquer des activités des lieux traversés. Nous modifions à plusieurs reprises nos projets des différentes visites, essayant de faire en sorte que le voyage soit le plus riche possible. Ce sont alors des discussions continuelles avec Michèle pour aller vers ce qui devrait être l’idéal. Nous essayons de mettre toutes les chances de notre côté pour que ce voyage soit une réussite. Bien sûr, il nous est arrivé d’échouer, ce que le lecteur pourra découvrir en poursuivant la lecture de ces pages.
La réservation des vols devient une chose banale et très aisée avec l’arrivée d’internet. Auparavant, il nous fallait contacter une agence de voyages pour ces réservations d’avions et depuis, les billets électroniques ont remplacé avantageusement tous ces dossiers que nous recevions par la poste.
Enfin, toujours grâce aux énormes progrès des moyens de communication, nous réservons systématiquement une chambre d’hôtel pour le jour de notre arrivée, jour qui constitue le départ de notre aventure. Après, nous nous débrouillons au coup par coup.
Les pages qui suivent sont des épisodes de notre vie de voyageurs : anecdotes ou longs récits de quelques pays traversés, écrits réalisés le plus souvent à vif et toujours bien réels.
J’emploie la deuxième personne du singulier dans quelques récits pour m’adresser directement au lecteur, comme nous le faisons

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