Je ne vous ai pas tout dit
254 pages
Français

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Je ne vous ai pas tout dit , livre ebook

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Description

Adam est transgenre.
D'aussi loin qu'il s'en souvienne, il a toujours eu envie, besoin de toucher, de sentir et de vivre cette féminité tapie au fond de lui.
C'est son secret. C'est ce qu'il croit ...
Ce qu’il ressent comme un secret inacceptable et inavouable va être dévoilé au grand jour.
Tout va changer, pourtant rien ne laisse présager du bouleversement à venir.
Adam craint d’avoir à supporter les regards méfiants, accusateurs de son frère, la honte dans les yeux de sa femme, le dégoût dans ceux de sa mère, le désarroi et la colère dans ceux de son père...
Il va devoir lutter de toutes ses forces, de toute son âme afin de vivre sa vie comme le lui dictent son cœur et son corps.
Mais ce combat n’est t-il pas perdu d’avance ?

Ce livre relate l’histoire de gens qui ont commis comme seul crime, celui d’être, de vouloir, vivre leurs différences.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 22 novembre 2017
Nombre de lectures 0
EAN13 9782414010271
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0067€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-414-01025-7

© Edilivre, 2017
Je ne vous ai pas tout dit
Alors que je marchais sur le chemin, comme tout le monde, dans cette forêt dense et lumineuse, je croisai la Différence .
Elle était seule et semblait triste.
Je m’arrêtai à bonne distance d’elle et lui demandai :
– Pourquoi es-tu là ?
La Différence me regarda.
– c’est le seul endroit que j’ai trouvé pour me retrouver. Et elle ajouta d’une petite voix.
– Ici je peux être moi-même.
– Et qui es-tu ?
– Je suis la Différence . Mais tu le sais, tu m’as bien reconnue, c’est pour ça que tu ne t’approches pas.
J’eus un peu honte que la Différence ait pu aussi bien lire en moi.
– Pourquoi ne veux-tu pas t’approcher ?
– Parce que si je viens trop près de toi, je pourrais moi aussi devenir une autre « Différence ».
– Et alors ? Ce serait grave ?
– Non ! Pas grave… Dangereux. Je veux être comme tout le monde. C’est ce qui est « normal » acceptable par tout le monde, qui est bien.
La Différence me regarda avec encore plus de tristesse…
– Ne sais-tu pas qu’il y a quelque chose de plus dangereux encore que d’être différent ?
– Non, qu’est-ce que c’est ?
– C’est de ne jamais savoir que l’on peut naître différent…
J’ignore pourquoi, c’est comme un bouton…un mécanisme nouveau, sur lequel on n’avait jamais encore appuyé pour l’allumer.
La crainte, l’incertitude, l’angoisse aussi… mais plus que tout la curiosité me fit faire un pas… puis un autre vers la Différence au point de me retrouver nez à nez avec elle.
– Si je te suis, est ce que je vais devenir comme toi ?
Différente ? Lui demandais-je avec inquiétude et appréhension ?
La différence eut un léger sourire et me répondit en me prenant la main et en empruntant un chemin que jusqu’alors je n’avais pas remarqué.
– Non, me dit-elle. Ce qui peut t’arriver de pire serait d’être comme tout le monde.
Alors, les sentiments que la société m’avait imposés depuis tant d’années, allèrent se tapir dans un coin de mon cœur et de ma tête, pour laisser émerger ce qui était jusque-là bien enfouis ; la curiosité, l’envie, la peur. Et alors que je m’avançais sur ce parcours inconnu, je compris que quoiqu’il m’arrive ou quoiqu’il se passe j’étais déjà devenue différente…
On était vendredi après-midi.
Allongé dans la barque, Adam se laissait bercer par le doux mouvement de tangage de son embarcation. Les yeux levés vers le ciel, la tête posée sur son avant-bras il contemplait les nombreuses étoiles en cette nuit chaude de juillet. Il adorait ce spectacle ainsi que ce sentiment de béatitude. Comme il était bien !
Le chant des grillons, les bruits de la nuit et le clapotis de l’eau venaient rompre ce silence tant apprécié.
Seul, face à l’immensité de ce grand drap noir, percé de milliards de têtes d’épingles brillantes, Adam prenait le temps.
Il se trouvait dans la maison du lac.
Heureusement, il avait cet endroit. Quand ses parents étaient encore mariés, c’était la maison où avec Henry, son frère aîné, ils venaient passer les week-ends et leurs vacances.
Adam l’adorait. Elle représentait l’autre moitié de sa vie.
On aurait pu l’appeler « la cabane du pêcheur ». Elle était toute en bois. L’intérieur comme l’extérieur. Les meubles, les escaliers, tout ici évoquait la nature. Au fil du temps, son père avait meublé la maison avec beaucoup de « souvenirs » qu’il rapportait de ses nombreux voyages là où sa passion pour la pêche le conduisait. La maison avait deux chambres au rez-de-chaussée dont une ne servait maintenant que pour le matériel de pêche, et il y avait celle où Henry et lui avaient passé beaucoup de temps, la mezzanine et son œil de bœuf donnant directement sur le lac. Sur le côté de la maison se trouvait un cabanon. Son refuge, son sanctuaire qu’il avait entièrement aménagé. La partie la plus exceptionnelle se trouvait derrière celle-ci : Une terrasse qui donnait sur le lac. Au ponton une barque était attachée. On avait les pieds dans l’eau.
C’est là qu’il se trouvait. Adam pensait qu’il devait sortir de cette barque, soit pour rentrer chez lui, et il n’en avait pas du tout envie, soit pour rentrer dans la maison du lac. Mais comme il était bon pour lui de rester ici…
Adam avait rêvé de ce moment toute la semaine, son moment.
Son paquet l’attendait sur le lit.
L’ouvrir représentait en soi tout un programme. En prenant tout son temps, il commença à retirer le ruban adhésif, ensuite il écarta les pans du carton, retira les protections se trouvant dans le colis et prit soin de les poser juste à côté afin de ne rien laisser traîner.
La jolie boîte blanche s’accordait si bien avec le couvre-lit de dentelle. Avec beaucoup de précautions, il se saisit du contenu, prit le temps de poser le carton au sol. De ses mains, il caressa l’emballage. Son toucher était doux.
Il aimait prendre le temps d’ouvrir ses paquets. Il n’y avait aucun bruit dans le cabanon de la maison du lac.
Ce matin il avait embrassé Élisabeth, sa femme qui partait travailler et Enola, leur fille qui partait aussi à son boulot d’été.
Une fois qu’elles étaient parties, il s’était rendu dans la maison du lac.
Il était seul. Merveilleusement seul.
Il défit le lien qui retenait encore l’ouverture, de ses mains qui sentaient bon la crème. Une feuille de soie couvrait l’article. Il la souleva délicatement.
Il était encore plus beau que sur le site où il l’avait commandé. D’un rouge brocard, le bustier était superbe. De fines broderies partaient du haut vers le bas. Des petits boutons étaient cousus sur le devant. Un nœud permettait de le resserrer au niveau de la poitrine. C’était avec des fils de satin qu’on pouvait le fermer dans le dos. Il le prit dans ses mains. Comme à chaque fois, il porta à son visage ce si fragile mais si beau morceau de tissu. Quel bonheur ! Il était si doux !
Il adorait ces moments qui lui permettaient d’avoir accès à ces matières, jusque-là réservées aux femmes.
Il posa la lingerie sur le lit, retira le dernier morceau de tissu du fond du carton. Il était aussi emballé dans du papier de soie.
Malgré la taille quarante-deux, dans ses grandes mains, la culotte, du même rouge que le bustier, disparaissait. Il y avait si peu de tissu ! Un moment de stress l’assaillit à la pensée que cela ne lui irait pas. Douché et rasé de prés, sa peau était douce et sentait bon la fleur de camélia. Il entreprit de mettre le sous-vêtement. Défaisant entièrement les lacets il passa ses bras dans les bretelles. Avec adresse, il commença à renouer les liens dans le dos, petit à petit la lingerie se mettait en place.
Il ne put aller jusqu’en bas.
Son dos, trop large, ne le lui permettait pas. Tant pis, c’était quand même très beau. Gardant assez de tissu pour faire un nœud, il mit la culotte.
Ses cuisses, qu’il avait toujours eu très musclées, ne laissèrent pas passer le sous-vêtement au-delà de ses genoux. Il avait pourtant commandé la plus grande taille ! Il fut surpris de sentir des larmes percer aux coins de ses yeux.
La semaine avait été terrible pour lui.
L’attention et la sollicitude dont Élisabeth ne cessait de l’entourer chaque jour davantage, loin de le rassurer ne faisaient qu’aggraver son sentiment d’étouffement et de culpabilité.
Aujourd’hui, plus que d’habitude, il avait vraiment eu besoin de trouver le réconfort que lui procuraient ces instants hors normes. Mais la crainte qu’il avait eue en passant la commande, qu’il ne puisse pas les mettre, se vérifiait cruellement.
Retirant la lingerie, il se regarda dans le miroir.
Un homme d’un mètre quatre-vingt-dix, tout en muscles. Des yeux bleus, une peau mate, des cheveux lisses qui lui arrivaient sur la nuque, il se savait beau.
Il lui était arrivé lorsqu’il était jeune, d’éclater la couture de son pantalon rien qu’en forçant sur le muscle de son mollet.
Sa mère, son frère racontaient ce fait avec fierté.
Il s’avait qu’Élisabeth avait toujours était attirée par sa carrure de « baraqué ».
Tout le monde le trouvait si beau, si grand, si fort. Un homme.
Si seulement ils savaient.
Se détournant de son reflet, il se laissa tomber sur son lit, face en avant, écrasant le bustier sous son poids.
Il le prit dans ses mains. C’était une jolie pièce de lingerie qui allait rejoindre son placard, son dressing. Perruques, robes, lingerie, chaussures, au fil des années, il s’était composé une garde-robe à faire pâlir d’envie n’importe quelle femme souhaitant cultiver sa féminité.
Cela faisait plus de vingt ans qu’il avait investi le cabanon. Plus personne ne venait dans cet endroit, dont il était maintenant le seul à en avoir la clé.
Seule Élisabeth connaissait son secret. Ou plutôt ce qu’elle pensait en avoir été un. À ce jour, elle était persuadée qu’il appartenait au passé. Si elle savait…
Il n’avait jamais eu l’intention de le lui avouer ; un jour alors qu’il essayait une nouvelle robe dans leur maison, il n’avait pas eu la patience d’attendre de se retrouver dans la maison du lac, elle avait ouvert la porte. La stupeur, l’incrédulité, puis l’incompréhension s’étaient affichées sur son visage. Elle avait porté une main à sa bouche, comme si elle allait avoir un relent.
– Mais qu’est-ce que tu fais ? C’est une blague ? Tu es devenu fou ?
Aussi surpris qu’elle par son irruption, Adam avait répondu la première chose qui lui était venue à l’esprit :
– Oui, je crois que je suis fou.
Sans l’avoir voulu, il s’était mis à pleurer.
– Élisabeth, j’ai peur, je ne sais pas ce qui m’arrive, je t’en prie ne pars pas, ne me laisse pas, j’ai besoin de toi, aide-moi, je t’en prie !
À ce moment-là, Adam comprit à quel point ses paroles étaient vraies.
– Je n’en peux plus, je ne sais pas quoi faire !
Prenant s

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