Joseph-Marie Coët
292 pages
Français

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Joseph-Marie Coët , livre ebook

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Description

Quelque part en Bretagne, à une époque où la noblesse disposait encore de ses gens, le travail est difficile et la vie rarement tendre pour les hommes de peu. Quand ils meurent, d'autres les remplacent, un métayer chasse l'autre mais qu'importe l'humain quand la besogne est effectuée? Les mois et les saisons pourraient se succéder, mornes et rudes, si des amours clandestines ne voyaient le jour et si un nourrisson, encore dans ses langes et porteur d'un étrange médaillon, n'était retrouvé par des sœurs qui se chargeront de son éducation avant qu'il ne prenne son envol… Des rebondissements, un texte ancré dans le terroir mais qui ne boude pas une pointe d'exotisme, une époque révolue mais qu'il serait bon de ne pas oublier, un mystère, quelques histoires d'amour et des aventures à foison… Avec "Joseph-Marie Coët", Lucien Le Thuaut signe d'une plume alerte un grand roman populaire, rythmé et vivant. Percez le secret du médaillon, vous ne le regretterez pas!

Informations

Publié par
Nombre de lectures 101
EAN13 9782748368062
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0094€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait














Joseph-Marie Coët


Lucien Le Thuaut










Joseph-Marie Coët






















Publibook

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IDDN.FR.010.0116385.000.R.P.2011.030.31500




Cet ouvrage a fait l’objet d’une première publication aux Éditions Publibook en 2011




À la Bretagne
Pays de mes ancêtres
Àl’Armor-Bihan
Où vivent et reposent
Tant de gens que j'aime.





Kermeur



Par ces tristes journées de novembre toute la Bretagne
semblait en deuil, les nuages bas nourrissaient un crachin
froid et pénétrant, sœur Marie-Jeanne pourtant native du
pays tremblait de tout son être sous sa cape de serge grise.
L’humidité avait fini par s’imprégner dans l’épais tissu,
cependant elle allait à une allure vive dans ce chemin de
forêt qu’elle connaissait par cœur. Jamais elle ne s’y ferait,
la peur l’envahissait dès qu’elle entrait sous les grands
chênes dégarnis de leurs feuilles. Les troncs énormes d’où
filaient de grosses branches lui faisaient l’effet de géants
prêts à la happer, sa main serrait encore plus fort le panier
d’osier le calant bien sur sa hanche. Ses sabots de bois
glissaient sur l’épais manteau de feuilles mortes,
cependant elle irait remplir sa mission comme chaque semaine,
rien, ni la peur, ni le froid ne l’empêcherait d’aller faire
son devoir. Quand cette peur était trop grande elle disait
tout haut des ma doué béniguet espérant s’attirer la
protection du Tout-Puissant. Malgré tout elle avançait vers son
but, se repérant, ici à une souche, là à un gros rocher
faisant saillie dans les fougères roussies par le gel. Enfin elle
déboucha dans la petite clairière où l’odeur du feu de bois
l’accueillit. La masure située en plein centre de l’espace
dégagé n’avait de maison que le nom, elle était faite de
rondins de bois mal assemblés dont les interstices avaient
été bouchés avec de la glaise mêlée à de l’herbe sèche. Le
toit fait de chaume pendait comme le chapeau d’un
épouvantail, une minuscule fenêtre et une porte de bois donnait
un peu d’humanité à l’ensemble. La sœur se dirigea vers la
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bicoque et frappa comme à son habitude trois coups
vigoureux sur la porte qui en trembla du haut au bas.
— Nom de dious ma sœur ne frappez pas si fort, vous
allez tout faire tomber sur mon dos !
— Bonjour père Kermeur, comment ça va
aujourd’hui ?
— Bah ! Dame comme toujours, ça ira mieux quand
j’aurais rejoint ma pauvre femme et mes garçons, à part
vous qu’êtes une sainte et mon vieux Faraud, j’ai personne
d’autre pour me tenir compagnie.
Entendant prononcer son nom, une masse fauve se leva
de devant l’âtre, non sans peine le chien vint se frotter à la
robe de la sœur et leva vers elle ses yeux emplis de
tristesse à la quête d’une caresse qu’elle lui prodigua. Le
vieux chien satisfait retourna lentement à sa place.
— Voyons cette jambe père Kermeur !
Le vieil homme se leva de son séant et s’assied sur le
bord de la couche qu’il ne quittait plus guère.
Sœur Marie-Jeanne aimait bien ce vieux bonhomme
exilé dans la forêt et dont elle connaissait la si triste
histoire, Il lui rappelait son père. L’odeur rance qui prenait à
la gorge en entrant dans les lieux et la crasse qui régnait
dans l’unique pièce elle connaissait, elle était née dans un
milieu identique. Dernière fille d’une famille de douze
enfants elle n’avait connu dans son enfance que misère et
pauvreté. La condition de métayer de ses parents au
service du Comte, comme d’ailleurs tous ses autres couples
qui s’occupaient de maigres lopins de terre de ce hobereau
sans cœur était digne du moyen âge. Le comte raflait
toutes les maigres récoltes ne laissant à ses sujets que le
minimum pour survivre et sur ces maigres quantités le
brave et grassouillet curé venait prendre la part qui lui
revenait. Sans s’inquiéter le moins du monde de l’état
pitoyable des enfants qui, cachés derrière la blouse de leur
mère, voyaient cet intrus piller sans vergogne le sac
d’avoine qui servait à préparer la purée, qui accompagnée
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d’un morceau de pain noir, faisait la pitance de chaque
jour. Lorsque cet horrible vautour s’en allait, son sac sur le
dos le père de Marie-Jeanne laissait éclater sa colère.
— Il est parti ce suppôt de Satan, ce corbeau de malheur ?
— Tais-toi dont, lui disait sa mère il pourrait t’entendre
et alors, que deviendrions-nous ? Elle savait bien que si le
curé se plaignait du comportement de tel ou tel métayer le
comte ne renouvellerait pas son bail à la Saint-Michel et
que deviendraient-ils sur la route avec douze enfants ? Le
père le savait et se calmait aussi vite que sa légitime colère
était montée.

La sœur remonta le pantalon crasseux jusqu’au genou,
le pansement de la semaine précédente était tout imprégné
de sang et de pus mêlés. Avec d’infinies précautions, elle
commença à le défaire, le vieil homme appuyé en arrière
sur ses deux coudes serrait les dents ne voulant pas
montrer sa souffrance. Malgré lui de temps en temps il laissait
échapper des grognements de douleurs, ponctués de gast,
fitendou gast. Il savait que la gamine faisait du mieux
qu’elle pouvait et que malgré les soins qu’elle lui
prodiguait un beau jour il en crèverait de cette foutue jambe. La
sœur en avait enfin fini de défaire le tissu qui protégeait la
plaie. Elle apparut béante, le mal gagnait du terrain,
chaque fois qu’elle changeait le pansement la plaie était plus
grande, on voyait maintenant jusqu’à l’os, elle ne put
réprimer un frisson que le vieux perçu.
— C’est pas beau, hein ? Ça me ronge cette vermine, ça
me ronge, j’ai hâte que ça me ronge pour de bon et que je
rejoigne enfin ma défunte femme et mes deux garçons !
— Allons père Kermeur il ne faut pas dire des choses
comme ça, c’est vrai que c’est pas joli mais on va y arriver
à force croyez-moi, et puis il faudrait que vous vous
calmiez un peu sur la goutte chiste ça n’arrange pas les
choses ça non plus !
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— Tu sais, ma gamine, j’ai plus que ça de bon sur cette
maudite terre ! Ça et ta présence chaque semaine et que le
bon Dieu auquel je ne crois plus beaucoup soit remercié
pour ça.
— Ne blasphémez pas, notre passage sur terre est une
épreuve et nous en serrons récompensé le jour du
jugement dernier. Dieu reconnaîtra les siens et vous en êtes,
mon bon monsieur Kermeur !
— Tu es une bonne gamine, tu sais je ne peux que
difficilement t’appeler ma sœur tu pourrais être ma fille et ça,
j’en serais très fier. Crois-moi, dit le vieil homme avec
émotion. Mais tu sais très bien que cette foutue jambe ne
guérira jamais, malgré tous les bons soins que tu y mets, le
mal est l&#

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