JULIEN
142 pages
Français

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JULIEN , livre ebook

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Description

Dans le contexte des années trente, Julien, quatrième enfant d'une famille de paysans montagnards, prend conscience au fil des ans qu'il n'est pas fait comme les autres hommes. Bien que doté d'une intelligence et d'un physique au-dessus de la moyenne de ses congénères, il ne peut pas s'affirmer complètement, relativement à la taille de son organe génital, si petit qu'il installe en lui un complexe rédhibitoire qui va lui pourrir la vie. Il ne pourra jamais connaître la plénitude d'une relation sexuelle réussie. Toute sa vie, tous ses actes, seront conditionnés par ce besoin inassouvi. Il ira jusqu'au bout de son calvaire. Il connaîtra l'injustice, l'amour, la haine et la rancœur. Une vie entière à vouloir être un homme et ne jamais le devenir. Et pourtant, les femmes l'attiraient.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 06 octobre 2015
Nombre de lectures 0
EAN13 9782332975256
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0052€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-332-97523-2

© Edilivre, 2015
Avant-propos
Ce roman a pour cadre les années 1930 à 1970. Il trouve sa source dans une famille d’agriculteurs de montagne propriétaires d’une ferme aux confins de la civilisation en cette période de l’entre-deux-guerres où le modernisme, le matériel, la communication, les dessertes et les mentalités ont du mal à franchir le mur imposant des us et coutumes. Pourtant, des gens ont vécu ces périodes, souvent repliés sur eux-mêmes par la force des choses, souvent ne percevant du monde extérieur que ce qu’en rapportait la presse, qui, lue avec plusieurs jours de retard, passait de main en main et de ferme en ferme au gré des visites périodiques. Le téléphone en zone rurale en était à ses premiers balbutiements. Les engins motorisés, destinés au déneigement, commençaient seulement à remplacer les antiques « triangles » tractés par quatre ou six chevaux, et encore, pas partout. Les premiers tracteurs agricoles pointaient leurs roues énormes, crachant d’épaisses fumées noires qui se plaquaient sur tout ce qu’elles croisaient au long de leur parcours. La médecine, grâce ou à cause des deux grandes guerres mondiales, avait fait de grands progrès, mais l’approche psychologique et psychiatrique des souffrances des êtres humains ne revêtait pas encore la notion psychosomatique de certaines douleurs qu’elle a découvertes aujourd’hui. L’approche du couple n’était fondée que sur l’antagonisme entre l’homme et la femme. Toute autre relation, qualifiée de « perverse » ou d’« anormale », était bannie et souvent réprimée avec sévérité par la justice.
C’est dans ce contexte qu’est né Julien, quatrième enfant de la famille. Comme tout être humain, il est destiné à vivre une vie ordinaire, conforme aux usages de la société de l’époque. La nature l’a doté d’une intelligence supérieure à la moyenne. Quoi que puissent en dire certaines personnes, je ne partage pas l’avis de ceux qui prétendent que chaque homme, à sa naissance, reçoit la même capacité intellectuelle, et les mêmes chances d’évolution ; qui soutiennent que seule l’éducation reçue induit la différence au sein de l’humanité. Pour ma part, je considère qu’il existe des disparités innées, intellectuelles ou physiques, qui font que certains deviennent par exemple poètes et d’autres champions dans le milieu sportif.
Grâce à cette intelligence ou à cause de cette faculté innée, Julien a perçu très jeune la notion d’injustice. C’est grâce à elle ou à cause d’elle qu’il a pris conscience très tôt du handicap physique qui allait lui pourrir l’existence. En dépit des affirmations qui se veulent rassurantes à ce sujet, un homme ne se reconnaît comme tel que par sa capacité à assurer « en mâle » l’acte sexuel. Évidemment, il n’est pas question, ce faisant, de prétendre qu’un homme est incapable de donner du plaisir à une femme s’il n’est pas doté d’un organe géniteur puissant ; en l’occurrence la taille et la grosseur de celui-ci ne sont pas synonymes de plaisir ou d’échec dans l’orgasme féminin.
Il s’agit, par ce récit, d’imaginer les répercussions existentielles engendrées par la taille insuffisante d’un sexe masculin. Conséquences psychologiques qui surviennent très tôt et se transforment la plupart du temps en un complexe rédhibitoire. Conséquences physiques ou intellectuelles qui peuvent conduire à une issue dramatique en fonction des écueils rencontrés. J’ai essayé de me mettre dans la peau de ce personnage, d’imaginer son parcours et ses épreuves. Il était né pour être un homme comme les autres. Il ne le fut pas, ne le fut jamais. Le sentiment d’injustice qui s’installa très tôt en lui se transforma en désir de vengeance, puis de haine, et le poussa à commettre l’irréparable.
Pourtant, dans le monde, il existe certainement des centaines voire des milliers d’hommes en proie à une telle souffrance. Mais dispose-t-on seulement de statistiques à ce sujet ? Comme pour les maladies que l’on dit orphelines, la recherche médicale n’est pas trop avancée en la matière. On sait seulement que la grande majorité des hommes dans ce cas restent célibataires. Ce texte explore d’autres possibilités. Il ne saurait en tout cas servir de guide ou de témoignage. Nous restons toujours dans le domaine de l’imaginaire : toute ressemblance avec une personne existante ou ayant existé ne serait donc que pure coïncidence.
Julien
 
 
« La soirée »
Jeannine attendait, impatiente, que cela se termine au plus vite. Dans cette chambre d’hôtel bon marché où son amant de passage, désargenté, l’avait entraînée, elle regrettait déjà d’avoir tout fait pour en arriver là. Non pas que l’acte sexuel auquel elle allait participer sans contrainte lui fît peur, non, car elle n’était pas ce que l’on appelle une oie blanche, mais parce qu’elle commençait à trouver le temps long. Des préliminaires de toutes sortes, elle en avait connu. Des jeux attisant le désir physique, elle en avait pratiqué avec divers partenaires, masculins ou féminins, dans la recherche permanente du seul plaisir sexuel. Pourtant, elle n’était pas non plus ce que l’on appelle une fille facile. Elle aimait par-dessus tout être conquise petit à petit, elle aimait ce moment où le désir s’installait en elle. Elle adorait prolonger les préliminaires au cours desquels les tabous tombent comme par enchantement ; quand la limite entre moralité et perversité n’est plus qu’un concept aux contours flous et sans danger ; quand la découverte du corps de l’autre incite à l’exploration des zones érogènes ou supposées comme telles. Pousser le désir à son paroxysme représentait pour elle la condition nécessaire à l’explosion salvatrice de l’orgasme. Elle choisissait ses partenaires, personne ne les lui imposait.
Mais en ce moment, l’homme qui était depuis un certain temps dans la minuscule salle de bains commençait à l’exaspérer passablement. Déjà, après qu’elle eût accepté et répondu à ses avances à l’occasion d’une soirée dansante organisée par des amis communs, il lui en avait fallu du temps pour le convaincre de terminer leur rencontre en un lieu plus discret. À tel point qu’elle se demandait s’il n’était pas qu’un simple « allumeur », type ambigu qui ne va jamais au bout des choses. Mais non, puisque finalement il avait accepté cette proposition. Elle se disait même qu’elle s’était trompée sur le personnage, car il avait insisté pour payer intégralement le prix de la chambre, s’offusquant presque qu’elle eût proposé le partage des frais. Bien qu’elle eût préféré un hôtel un peu plus « attrayant », que ce partage des frais eût permis, elle ne voulut pas vexer son partenaire d’un jour.
La soirée dansante, programmée au profit d’une œuvre humanitaire, avait pourtant bien commencé. Jeannine avait été conviée par des amis de longue date, Jean et Denise, qui lui présentèrent un homme qu’elle n’avait encore jamais rencontré. D’allure sportive, physiquement solide et large d’épaules, il dégageait une certaine prestance que les 35 ans qu’il avouait et sa brillante conversation classaient aussitôt parmi les gens « intéressants ». Ses yeux émeraude, encadrant un nez aquilin, animaient sans cesse un regard franc. Sa chevelure auburn abondante, fortement gominée, comme le voulait la mode, n’arrivait pas à cacher un front proéminent et quelque peu dégarni, censé abriter un cerveau hors du commun.
Elle, âgée de 30 ans, possédait déjà à son actif quelques expériences malheureuses. Elle avait ainsi été larguée, comme on le dit vulgairement, après seulement quelques mois de vie commune. Était-ce son caractère qu’elle savait plutôt égocentrique, son incapacité à faire des concessions, à reconnaître l’avis des autres ? Elle l’ignorait. S’attacher à une personne de façon durable lui posait des difficultés sans nom. Elle avait donc pris le parti de se laisser vivre comme ça. De bras en bras, d’aventure en aventure, elle prenait le plaisir qui s’offrait à elle. Les méthodes contraceptives qu’elle appliquait lui avaient plutôt bien réussi jusqu’à présent. Pour le reste, on verrait plus tard…
Sténodactylo dans une entreprise d’horlogerie, elle percevait un salaire convenable qui, sans être faramineux, lui permettait de mener une vie décente et indépendante dans un petit appartement du centre-ville. Consciente de sa beauté et de ses charmes, elle n’éprouvait aucune peine à satisfaire sa soif de conquête. Cependant, elle n’avait jamais partagé son chez-elle avec quiconque, même à l’époque où elle vivait en couple, préférant garder ce lieu comme un sanctuaire dédié à son indépendance. Pour héberger ses liaisons éphémères, elle privilégiait un endroit neutre, destiné à n’être jamais que le témoin de l’histoire d’un jour, d’un soir ou d’une nuit. Cette volonté n’était pas bien comprise de ses relations du moment, mais elle s’en moquait. Elle arrivait d’ailleurs toujours à s’en féliciter à l’occasion des ruptures successives.
Le bel inconnu dansait bien, connaissait beaucoup d’auteurs, de philosophes, de créateurs ou d’inventeurs. Il était intarissable sur les sujets contemporains. Il faisait preuve d’une grande culture. Elle se laissa aller au son de ses chaudes paroles et son corps souple se confia peu à peu au physique musclé de ce cavalier d’exception. Elle ne comprit pas sur l’instant pourquoi son amie lui avait dit au sujet de cet homme :
« Je n’arrive pas à le comprendre, si beau, si intelligent, et néanmoins toujours seul. Depuis le temps que nous le fréquentons, certes de façon épisodique, je ne lui connais aucune liaison amoureuse. Avec mon mari, nous n’avons rencontré aucune de ses conquêtes bien qu’il nous assure qu’elles sont nombreuses. »
Julien sortit enfin de la sall

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