Juste un p tit battement d’ailes
66 pages
Français

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Juste un p'tit battement d’ailes , livre ebook

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Description

Qui n’a pas rêvé, ne serait-ce qu’un jour, de tordre le cou aux préjugés de la morale ambiante, de contourner le système des puissants pour imposer celui des petits, des obscurs, des sans grades et ce sans employer la force, mais tout simplement en se servant d’une arme bien plus redoutable : l’humour ?


Alors, si le cœur vous en dit, suivez Slovo dans les brouillards de Londres, Alastair dans les rues de Paris ou Jules au cœur du maquis corse, ces petits héros de tous les jours trottinant à la poursuite d’une petite vengeance douce, tels des chats, en catimini.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 05 août 2016
Nombre de lectures 0
EAN13 9782334167970
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0037€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composér Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d'adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-334-16795-6

© Edilivre, 2016
1 Juste un p’tit battement d’ailes
Je m’appelle Jules. J’ai tout juste dix-huit ans, je vis depuis un mois chez un mec et je vais le tuer ce soir.
Vous allez me dire que c’est pas joli joli, la préméditation, et qu’en plus, aux assises, ça peut rapporter gros. Je sais, mais moi, les assises, j’y aurai pas droit.
Pour comprendre ce qui va lui arriver, au mec dont je viens de vous parler, Monsieur Raymond, qu’il s’appelle, il faut remonter un mois en arrière.
Ce jour-là, c’était un putain de dimanche ; vous savez, un de ces jours où l’ennui vous sort tellement par tous les pores qu’on attend sans le dire ce p***** de lundi… Alors, pour tuer le temps, Monsieur Raymond, comme tout le monde, était allé se promener, et c’est là qu’il nous a trouvés, parce qu’il faut que je vous dise que dans cette histoire, on est deux. Il y a moi, Jules, et il y a surtout l’amour de ma petite vie de pas grand-chose, donc j’y tiens encore plus. Elle, c’est Ma Belle. Ma Belle, c’est le nom que je lui ai donné dès que je l’ai vue, parce que j’avais jamais vu quelque chose de si parfait : l’allure, les yeux, le sourire, la voix surtout, car c’est une super chanteuse, à vous retourner le cœur tellement c’est beau quand elle chante.
Et c’est à cause de sa voix que Monsieur Raymond nous a emmenés chez lui. C’était beau, chez lui. Ça nous changeait des barreaux et des pièces sombres et sales où nous étions tous entassés. Il y avait de la lumière, les fenêtres étaient toujours ouvertes et Ma Belle pouvait chanter toute la journée en se regardant dans les miroirs.
Au début, ça l’a amusé, Monsieur Raymond, et puis, peu à peu, il s’est énervé.
Quand il rentrait le soir de son « p****** de boulot », comme il disait, sûr qu’il aurait bien aimé un peu de calme, rien que pour regarder M’ame Ockrent au JT de 20 heures ; mais nous, comme on était heureux de le revoir, on faisait un raffut pas possible, même qu’on couvrait la voix de M’ame Ockrent, et ça, Monsieur Raymond, il avait du mal à le supporter.
Et puis, il y a eu ce matin fatal.
Elle était pourtant bien gentille, la voisine de palier. Serviable, toujours souriante, une vieille dame bien propre, « à l’ancienne », comme on dit, avec ces jolis cheveux bleus qu’on ne trouve pas chez tout le monde. Mais ça, elle n’aurait pas dû.
– Ben dites donc, M’sieur Raymond – qu’elle lui a dit –, vous en avez une de ces têtes ! C’est vos petits qui vous donnent du fil à retordre ? Dame, à cet âge-là, on remue. Si vous voulez, je peux vous prendre la petite, moi ça me fera de la compagnie et vous, vous pourrez regarder votre JT en paix.
Et c’est ainsi, aussi bêtement que ça, que Belle, Ma Belle, est partie de l’autre côté du palier ; mais moi, comme je n’ai pas le droit d’aller la voir et que je l’entends chanter, ça me rend fou.
C’est pour ça que ce soir, je vais tuer Monsieur Raymond.
Je ne vais pas l’assommer, ni le jeter par la fenêtre, ni l’étrangler, ni l’empoisonner, ou tout ce qu’on voit dans les journaux, non, d’une part parce qu’il est beaucoup trop gros pour moi, mais surtout parce que j’ai mon idée.
Voyez-vous, les gens, même les plus malins ou les plus forts, ils ont tous une faille ; alors, il suffit d’être patient et ça, de la patience, j’en avais à revendre, vu que je n’avais rien d’autre à faire.
C’est comme ça que je l’ai vu. Il était pas bien gros et ne payait pas de mine, mais sans lui, Monsieur Raymond devenait très nerveux, transpirait à grosses gouttes et respirait avec difficulté. Il l’avait toujours à côté de lui, jour et nuit, au fond de ses poches, dans le salon, devant la télé, sur le plan de travail de la cuisine et surtout sur sa table de nuit. Il appelait ça son « viatique » !
Comme il pensait que je ne l’écoutais pas, ou pire, que j’étais trop bête pour comprendre ce qu’il disait, il avait un jour révélé à notre voisine aux cheveux bleus que s’il ne mettait pas la main dessus quand une crise le prenait, il était foutu. « Foutu », c’est une idée qui m’a bien plu.
– C’est sa crise – a dit le médecin de SOS appelé par la voisine aux cheveux bleus –, on aurait pu faire quelque chose s’il avait eu le temps d’attraper ses pilules, mais là, c’est trop tard.
– Qui va s’occuper de lui ? a ajouté le jeune toubib en me montrant du doigt.
– Bah, je vais le prendre chez moi, ça fera de la compagnie à la petite, a proposé la gentille voisine aux cheveux bleus.
C’est comme ça que j’ai retrouvé Ma Belle.
Entre nous, ça n’a pas été trop dur de balancer cette saloperie de médicament par la fenêtre ; il m’a juste fallu un p’tit battement d’ailes. Et qui, d’ailleurs, se serait méfié d’un petit perroquet du Gabon ?
2 Le petit portefeuille en cuir rouge
Je l’avais vu, à un franc tout rond, à la foire aux Miettes du boulevard Arago, il y a très longtemps… Enfin, au moins à l’époque où il y avait encore des francs, et donc des centimes. Le vendeur, ce jour-là, était une vieille dame, toute tassée sur son petit pliant, avec ses cheveux bleus frisés de frais, comme pour faire bonne figure. Elle m’avait dit avec un doux sourire « Vous savez, il est tout en cuir », comme pour me décider à lâcher cette misérable pièce d’un franc.
Elle avait posé sur un autre pliant ses pauvres trésors à vendre ce jour-là : un petit missel à la couverture en ivoire et au fermoir d’argent, une brosse à habits bien fatiguée, mais en vraies soies de sanglier, je vous prie, quelques cartes postales de Chamonix, il y a longtemps, une série de mouchoirs de fine baptiste brodés d’un G (un mari ou un père ?) et deux livres de la Bibliothèque Rose racontant les histoires de notre bonne comtesse de Ségur.
À l’époque, j’étais jeune et très con, et j’étais ravie de faire, comme on dit, une bonne affaire. Pensez donc, un petit portefeuille de marque et tout en cuir rouge. Le genre de truc que j’aurais dû payer au moins cinquante francs chez le maroquinier du coin. Et j’étais là, presque sur le point de marchander pour voir si, par hasard, je pouvais l’emporter pour cinquante centimes.
Ceux qui ne connaissent ni le boulevard Arago, ni la foire aux Miettes, peuvent directement changer d’histoire, car il y a sur ce boulevard-là, ce jour-là, comme qui dirait une ambiance particulière. Tout d’abord, cela tient au fait que depuis le Moyen Âge, lors de cette foire réservée exclusivement aux habitants du quartier, artisans et commerçants de la Bièvre et des alentours venaient y vendre, pour des prix dérisoires, tout ce qui...

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